Le syndrome de sevrage de l’alcool apparaît lors de l’arrêt ou de la réduction soudaine d’une consommation chronique d’alcool. Peu de facteurs permettent de prédire l’intensité du syndrome de sevrage de l’alcool et la survenue de complications [1Goodson C.M., Clark B.J., Douglas I.S. Predictors of severe alcohol withdrawal syndrome: a systematic review and meta-analysis Alcoholism Clin Exp Res 2014 ;  38 : 2664-2677 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références]. Le tabagisme concernerait jusqu’à trois-quarts des patients atteints d’un trouble de l’usage de l’alcool [2Guydish J., Passalacqua E., Tajima B., Chan M., Chun J., Bostrom A. Smoking prevalence in addiction treatment: a review Nicotine Tobacco Res 2011 ;  13 : 401-411 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références] et des études précliniques ont suggéré que le tabac pourrait moduler les neuroadaptations induites par le sevrage de l’alcool, notamment sur le système GABAergique. Le tabagisme pourrait ainsi moduler les symptômes de sevrage et augmenter le risque de rechute [3Cosgrove K.P., McKay R., Esterlis I., Kloczynski T., Perkins E., Bois F., et al. Tobacco smoking interferes with GABAA receptor neuroadaptations during prolonged alcohol withdrawal Proc Natl Acad Sci U S A 2014 ;  111 : 18031-18036 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références].

Étudier le rôle du statut tabagique dans l’intensité du syndrome de sevrage de l’alcool.

Des analyses transversales complémentaires ont été conduites sur les données d’inclusion de l’essai randomisé contrôlé MAGMA (NCT03033823). L’étude MAGMA inclut des patients hospitalisés et traités pour un syndrome de sevrage de l’alcool. La variable dépendante était l’intensité du syndrome de sevrage de l’alcool, mesuré par le score total à la Clinical Institute Withdrawal Assessment for Alcohol - Revised (CIWA-Ar). La variable explicative était le statut tabagique. La comparaison entre les deux groupes (fumeurs versus non-fumeurs) a été effectuée avec le test de Mann–Whitney.

Au total, 83 patients ont été inclus dont 61 fumeurs (73 %). Il n’a pas été retrouvé de différence significative d’intensité du syndrome de sevrage de l’alcool en fonction du statut tabagique. Le score moyen à la CIWA-Ar était de 13,14 chez les non-fumeurs et de 12,62 chez les fumeurs (W=745 ; p=0,44) (Fig. 1).

Nos résultats ne sont pas en faveur d’une augmentation de la sévérité du syndrome de sevrage chez les fumeurs comparés aux non-fumeurs. Ce constat renforce la pertinence clinique à promouvoir le sevrage concomitant des deux substances, cette stratégie ayant par ailleurs montré des bénéfices dans les pronostics de ces deux troubles de l’usage [4Apollonio D., Philipps R., Bero L. Interventions for tobacco use cessation in people in treatment for or recovery from substance use disorders Cochrane Database Syst Rev 2016 ;  11 : CD010274

Cliquez ici pour aller à la section Références]. Des études cliniques prospectives s’intéressant aux associations entre l’évolution des symptômes au cours du syndrome de sevrage de l’alcool, le statut tabagique et l’existence d’une substitution nicotinique pourraient permettre d’affiner ces résultats préliminaires.