Impasses entre la maladie mentale et la loi belge sur l’euthanasie - 29/05/20

Doi : 10.1016/j.fjpsy.2019.10.441 
M. Brusselmans
 Clinique Fond’Roy – Epsylon asbl, Bruxelles 

Résumé

La Belgique s’est dotée en 2002 d’une loi légalisant l’euthanasie, sous certaines conditions. Une des particularités de cette loi est qu’elle ouvre la possibilité de formuler une demande d’euthanasie basée uniquement sur une souffrance psychique constante et insupportable, même sans issue fatale à brève échéance. Cette loi est problématique au regard de la notion de la souffrance psychique qui relève de la maladie mentale, souffrance psychique qui est l’objet d’attention principal de la part des psychiatres.

La fonction psychiatrique même semble déstabilisée et remise en question par l’application de cette loi : le psychiatre est sensé mettre en oeuvre des soins pour soulager la souffrance psychique de son patient, et est confronté en parallèle à une loi qui autorise son patient à lui demander, selon certains critères, somme tout peu restrictifs et fortement interprétables, qu’on l’euthanasie au nom de cette même souffrance psychique.

Le problème du diagnostic psychiatrique est aussi fréquemment relevé, ainsi que la difficulté à prédire les pronostics en psychiatrie. Des divergences importantes se présentent aussi quand il s’agit de définir précisément quelles seraient les thérapies indispensables et utiles. Quant à la notion d’incurabilité dans le cadre de la maladie mentale et de sa souffrance, une majorité d’auteurs sont concordants pour pointer qu’il n’est pas possible de l’affirmer.

De surcroît, nous assistons actuellement en Belgique à une dérive conceptuelle inquiétante soutenue par certains qui consiste à promouvoir l’euthanasie dans le cadre des maladies mentales « afin d’éviter que ces personnes ne doivent se suicider dans des modalités brutales ».

Ceci est un glissement sévère vers une utilisation large de la loi sur l’euthanasie dans le cadre des troubles mentaux, s’appuyant sur des apriorismes étonnamment simplistes à propos du pronostic de la maladie mentale et de son incurabilité.

En outre le cadre légal actuel de contrôle mis en place en Belgique apparaît très nettement insuffisant pour garantir le respect des principes éthiques fondamentaux.

En conclusion, cette loi continue à poser dans le domaine de la santé mentale des questions éthiques graves, tant sur le concept du diagnostic en psychiatrie que de l’incurabilité de la maladie mentale. Il est urgent de réfléchir d’une manière plus approfondie sur la nécessité de mieux protéger les droits des plus démunis tels que, entre autres, les malades mentaux.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Euthanasie, Maladie mentale, Souffrance psychique, Suicide


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Vol 1 - N° S2

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