Présentation d’une étude pilote prospective, randomisée en simple aveugle sur cinquante patientes hospitalisées dans l’unité des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) à la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale, GHU Paris, Sainte-Anne, service du Professeur Gorwood. Cette étude a pour objectif d’évaluer les actions de soins mises en place par les infirmiers dans le programme thérapeutique, au cours de l’hospitalisation des patients anorexiques. Il s’agit de vérifier les impressions cliniques d’effet positif sur la perturbation de la perception de l’image du corps d’un soin spécifique : le toucher thérapeutique. Les cinquante patientes incluses dans l’étude sont réparties dans deux groupes : vingt-cinq dans le groupe référence bénéficient de la technique de toucher thérapeutique, vingt-cinq dans le groupe témoin bénéficient d’un entretien de relation d’aide thérapeutique centré sur l’image du corps. Les résultats attendus sont une diminution de l’écart entre la perception de l’image du corps et la forme réelle mesurée par l’infirmière ainsi qu’une meilleure appropriation proprioceptive des nouvelles dimensions corporelles. Le toucher thérapeutique est une pratique innovante issue de la formation clinique infirmière. Depuis plus d’une dizaine d’années, cette approche s’est développée dans le cadre de la prise en charge de personnes souffrant d’anorexie mentale et de boulimie, dans l’unité de soins TCA. C’est une approche holistique dont l’objectif est d’intervenir directement sur un symptôme majeur dans l’anorexie mentale et la boulimie, la dysmorphophobie. Le contact physique proposé par le soignant est ciblé autour de la perception du schéma corporel et va favoriser la mise en place de la relation d’aide. Cette approche permet d’effectuer un travail d’écoute autour des perceptions corporelles du patient, et de l’accompagner dans sa reprise de poids, en étant au plus près de ses besoins et de ses limites. La relation de soins se développe sous plusieurs angles (la détente physique, psychique et émotionnelle), par le biais de plusieurs techniques qui incluent la relaxation et la visualisation. Cette démarche vise à créer un espace sécure et adapté aux besoins, et aux possibilités du patient. Cette intervention autour de l’enveloppe corporelle va susciter, à travers des sensations et des ressentis, un remaniement des cognitions anorexiques. L’accompagnement infirmier vise à renforcer la réalité positive du corps, qui, dans cette pathologie, est souvent perçu comme menaçant. L’objectif est d’améliorer la perception de l’image corporelle tout en approfondissant la relation de confiance. Les indications de cette approche s’appuient sur des diagnostics infirmiers : perturbation de l’image corporelle, perturbation de l’estime de soi, déni non constructif, etc. Elle est toujours validée par une prescription médicale. Divers concepts en sciences infirmières tels que, l’estime de soi, l’alliance thérapeutique, la confiance, le corps, les émotions etc, vont être mobilisés au cours de cette démarche. Par le biais de compétences spécifiques que le soignant a développées, il s’agit d’améliorer chez le patient la prise de conscience de ses propres ressources.