Infections à Vibrios non cholériques dans l’Ouest de la France de 2000 à 2019 - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
Les infections à Vibrio sont rares mais potentiellement graves. Elles sont associées à des facteurs environnementaux en lien avec des produits de la mer et se produisent surtout l’été.
L’objectif de l’étude est d’identifier les caractéristiques épidémiologiques et cliniques des patients pour lesquels une infection à Vibrio non cholérique a été diagnostiquée dans l’Ouest de la France de 2000 à 2019.
Matériels et méthodes |
Les données rétrospectives, épidémiologiques et cliniques des patients présentant une infection à Vibrio non cholérique ont été recueillis dans sept centres hospitaliers de l’Ouest de la France entre 2000 et 2019.
Résultats |
Soixante patients ont été inclus, 78,3 % (47) sont des hommes. L’âge moyen est de 55,9 ans. Un facteur d’exposition environnemental est identifié chez 60 % (36) des patients. Parmi les infections, 77,1 % (44) ont lieu entre juin et septembre. Les symptômes apparaissent à 2,8jours suivant l’exposition. La clinique prédominante est celle de gastro-entérite (38,3 % ; 23), suivi des dermohypodermites (31,7 %, 19), des otites chroniques (18,3 %, 11) puis des pneumonies (11,7 %, 7). Il existe un cas (1,7 %) d’endocardite. Quatre cas de gastro-entérite se sont compliqué de pancréatite, péritonite, abcès hépatique et iléite phlegmoneuse. Le V. alginolyticus est retrouvé chez 35 % (21) des cas, le V. parahaemolyticus chez 30 % (18), le V. cholerae non O1/non O139 chez 16,7 % (10), le V. vulnificus chez 10 % (6). Les gastro-entérites sont essentiellement dues au V. parahaemolyticus (39,1 % ; 9) et au V. cholerae (39,1 % ; 9). Les V. alginolyticus, parahaemolyticus et vulnificus se partagent les dermohypodermites avec une prédominance pour le V. alginolyticus (36,8 % ; 7). Le V. alginolyticus est responsable de plus de la moitié des pneumonies (54,1 % ; 4). Une guérison est obtenue dans 88,3 % (53) des cas contre 7 (11,7 %) décès. La majorité des patients a bénéficié d’une antibiothérapie (90,2 % ; 46), plus de la moitié (57,9 % ; 11) des dermohypodermites a nécessité une prise en charge chirurgicale, dont 45,6 % (5) une amputation. Le V. vulnificus est responsable de 60 % (3) des amputations. La pneumonie est responsable de 42,9 % (3) des décès. Les patients qui décèdent ont en moyenne 77 ans (p=0,001) et sont atteints d’une hémopathie maligne (p=0,004). Les facteurs significatifs associés au décès sont l’hémopathie maligne et la néoplasie.
Conclusion |
Les infections à Vibrio touchent préférentiellement les hommes et sont plus souvent létales lorsqu’une néoplasie ou hémopathie maligne est associée. Les dermohypodermites sont fréquemment délabrantes, nécessitant dans plus de la moitié des cas une sanction chirurgicale. Les pneumonies sont dues à l’inhalation d’eau, leur issue est fatale dans plus de 40 % des cas.
Notre étude confirme la saisonnalité de ces infections. Le réchauffement climatique pourrait être responsable d’une augmentation de ces infections. La déclaration obligatoire des infections à Vibrios non cholériques permettrait une surveillance de ce phénomène.
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Vol 50 - N° 6S
P. S126 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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