Facteurs de risque de COVID-19 chez les soignants - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
Le personnel soignant est en 1re ligne face aux agents infectieux respiratoires émergents transmissibles comme le SARS-CoV-2. L’objectif de l’étude est d’identifier les facteurs associés au diagnostic de la COVID chez les soignants.
Matériels et méthodes |
Dans notre hôpital, les soignants symptomatiques étaient systématiquement testés par une RT-PCR SARS-CoV2 sur frottis rhinopharyngé. Tous les soignants vus en consultation ou hospitalisation entre le 3 mars et le 24 avril 2020 ont été inclus. Les données démographiques, le service d’affectation pendant la crise sanitaire (unités COVID versus autres unités), les données cliniques et paracliniques ont été colligées de façon prospective et standardisée.
Étaient considérés comme soignants : les infirmiers, les aides-soignants, les agents de service hospitaliers, les étudiants en étude de santé, les médecins et les pharmaciens. Le diagnostic de COVID était retenu sur une RT-PCR SARS-CoV-2 positive. Un cas confirmé de COVID est défini par un patient symptomatique avec RT-PCR SARS-CoV-2 positive sur frottis rhinopharyngé. Les soignants symptomatiques avec PCR SARS-CoV2 positives (nommés soignants COVID) ont été comparés à ceux symptomatiques ayant une RT-PCR négative. Une analyse multivariée a ensuite été réalisée.
Résultats |
Au total, 777 personnels soignants ont été testés. Les infirmiers et aides-soignants étaient les soignants les plus souvent testés (32 % et 17 % respectivement). L’âge moyen était de 38 ans (±12) et 639 (82 %) étaient des femmes. Le délai moyen entre le début de symptômes et la consultation/hospitalisation était de 4,4jours (±4). Treize pour cent (102/777) soignants travaillaient dans les unités COVID. Le diagnostic de COVID a été retenu chez 251/777 (32 %) soignants symptomatiques testés. Seulement 18/777 soignants COVID ont été hospitalisés (2 %) et aucun n’est décédé.
Les soignants COVID avaient été plus souvent en contact avec un cas confirmé d’infection à SARS-CoV-2 (75 % vs 63 %, p<0,001) mais n’étaient pas plus souvent affectés dans les unités COVID (16 % vs 12 %, p=0,17).
Les soignants COVID avaient plus souvent de la fièvre (41 % vs 31 % ; p<0,01), une anorexie (8 % vs 2 % ; p<0,001), des myalgies (66 % vs 56 % ; p<0,01), une anosmie (31 % vs 3 % ; p<0,001), une dysgeusie (26 % vs 6 % ; p<0,001) et une pneumonie (4 % vs 0 %, p<0,001). La dyspnée, la toux et les douleurs thoraciques ne différaient pas entre les deux groupes.
En analyse multivariée, étaient associés au risque d’avoir la COVID pour un soignant le contact avec un cas confirmé COVID (OR : 1,7 ; IC95 % : 1,1–2,5) et le fait d’être infirmier (OR : 1,77 ; p=0,026) et les signes cliniques suivants : fièvre (OR : 1,71 ; p=0,002), l’anorexie (OR : 3,22 ; p=0,004) et l’anosmie (OR : 16,82 ; p<0,001).
Conclusion |
Les infirmiers et les aides-soignants sont les deux catégories professionnelles les plus souvent infectées par SARS-CoV-2. Les tableaux cliniques sont peu graves, probablement en lien avec une moyenne d’âge basse. Chez un soignant symptomatique, le fait d’être infirmier et d’avoir été en contact avec un cas confirmé de COVID est associé au diagnostic de COVID et doit conduire à une éviction professionnelle pour éviter la transmission croisée du virus.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 50 - N° 6S
P. S68 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
