Connaître les facteurs prédictifs de la progression de la maladie rénale chronique (MRC) est certainement très utile pour orienter la prise en charge des malades rénaux chroniques.

Il s’est agi d’une étude de cohorte rétrospective. Ont été inclus, les patients atteints de MRC, âgés d’au moins 18 ans et ayant un suivi néphrologique pendant au moins trois ans.

Nous avons utilisé un modèle de classes latentes pour étudier les possibles trajectoires de la créatininémie ainsi que les facteurs prédictifs de ces différentes trajectoires. Des modèles à plusieurs trajectoires de créatininémie ont été comparés selon l’Akaike Information Criterion (AIC).

Nous avons inclus 123 patients (sex ratio=1,9) de moyenne d’âge 55,5±15,9 ans. Parmi quatre modèles, nous avons retenu celui à trois trajectoires (AIC le plus faible). Dans ce modèle, nous observions une première trajectoire (classe 1) marquée par une évolution très rapide. La deuxième trajectoire (classe 2) était marquée par une évolution plus ou moins stationnaire. La troisième trajectoire (classe 3) était caractérisée par une augmentation modérément rapide. Après analyse multivariée, le délai depuis le diagnostic de la MRC prédisait une progression de la créatininémie dans les classes 1 et 3. La provenance du milieu urbain était associée à une baisse moyenne de 1,859μmol/L et 2,128μmol/L de la créatininémie dans l’évolution des classes 2 et 3. La présence d’une anémie à l’admission était associée à une augmentation moyenne de 1,741 ; 3,3580 et 3,522μmol/L respectivement dans les classes 1, 2 et 3.

Cette étude confirme l’influence négative du retard au diagnostic et la prise en charge de la MRC sur son évolution. Elle nous rappelle aussi cette réalité qu’est la MRC « inversée ». La prise en compte des facteurs identifiés pourrait contribuer à mieux définir une stratégie de prévention de l’insuffisance rénale terminale dans notre pays.