Les accidents de la route sont à l’origine de 3 % des accidents du travail, 17 % des accidents mortels du travail. C’est ainsi qu’environ 100 personnes qui perdent la vie chaque année sur la route en mission dans des accidents qui causent la mort de plus de 700 personnes au total. De même, 300 personnes environ perdent la vie lors d’un trajet domicile-travail dans des accidents qui causent la mort de plus de plus de 600 personnes au total. Depuis le début des années 1960, le risque de perdre la vie par milliard de kilomètres parcourus en France n’a cessé de décroître, passant d’environ 240 à 6 aujourd’hui. Les grandes causes de l’insécurité routière ont une à une régressé, grâce à une réglementation de plus en plus efficace et une amélioration régulière des véhicules et de l’infrastructure. C’est ainsi que les parts explicatives des plus importantes de ces causes ont diminué, vitesse, alcool, vulnérabilité du véhicule, non port de la ceinture et du casque. Elles laissent une place relative plus grande à des facteurs à l’origine moins identifiés mais qui deviennent l’objet d’une plus grande attention. C’est le cas de la distraction au volant, mais c’est aussi le cas de l’utilisation de médicaments psychotropes, responsable d’une part faible mais non négligeable (environ 4 %) des accidents de circulation. Il est vraisemblable que les accidents du travail non routiers soient également impactés par ces consommations, mais les données nous manquent pour en mesurer l’ampleur. Ce constat est d’autant plus regrettable que les acteurs engagés dans la prévention des risques professionnels, et en premier lieu la médecine du travail, constituent une opportunité pour la prévention. Il importe ainsi de mieux connaître ce rôle des facteurs de santé pour en mesurer les enjeux. Nous présentons ainsi pour finir le projet TARPON, un exemple d’initiative à même de répondre à cette question, et qui permettra pour la première fois d’étendre au domaine de l’ensemble des traumatismes professionnels ce qui est connu en matière de risques liés à la prise de médicaments pour le traumatisme routier. Ce projet utilise les derniers développements des technologies de classification par réseaux de neurones artificiels pour construire une base exhaustive des accidents ayant fait l’objet d’une visite dans un service d’urgences de France. À terme, c’est environ 7 millions de visites chaque année suite un traumatisme qui pourront être mises en relation avec les consommations médicales.