Digitalisation, Intelligence Artificielle (IA), Cloud, Big Data, cyber sécurité, la révolution numérique a déjà et aura un impact considérable sur la santé de l’ensemble des salariés de tous les secteurs d’activité par le biais de l’incontournabilité des outils, de la vitesse de leur évolution et de leur complexité grandissante redessinant sans cesse les environnements de travail. Mais derrière ces outils, il y a des femmes et des hommes, spécialistes de l’ingénierie, architectes, développeurs, testeurs, qui sont déjà et seront graduellement confrontés à de nouvelles problématiques de santé inhérentes à leur métier et aux méthodologies de production mises en œuvre pour favoriser l’innovation. Si l’avenir des métiers de l’ingénierie est plutôt rassurant, en termes d’emploi, (selon une étude réalisée par le cabinet EY pour le compte de l’OPIIEC en décembre 2018, le secteur des métiers de l’ingénierie devrait embaucher 50 à 60 000 personnes par an entre 2018 et 2021), il en va tout autrement du rapport subjectif à l’activité et en particulier du sens que les concepteurs trouvent, ou plutôt ne trouvent plus à leur travail… L’augmentation du nombre de cas d’épuisement professionnel chez les développeurs est alarmante. Ce constat est à l’origine d’une étude, sous forme d’une recherche action menée auprès d’équipes de R&D (recherche et développement) d’un leader européen de l’ingénierie et d’une société de services informatiques (SS2I). L’objectif étant d’appréhender le réel de l’activité des développeurs en s’immergeant au sein des équipes afin, dans un premier temps, de comprendre le fonctionnement des méthodologies de production de type AGILE et SAFE et leur impact sur la santé. Puis dans un second temps, par le biais d’entretiens individuels, d’aller questionner le rapport subjectif au travail, et de tenter de mettre en lumière ce qui conduit, certains des plus passionnés, à l’épuisement total. Dans ces secteurs hyper concurrentiels, où la pression est constante, comment est-il possible de conjuguer l’exigence du travail bien fait (jugement de beauté et d’utilité) avec l’injonction de vitesse de production, de changement permanent de spécifications, et de qualité dégradée. Qu’en est-il du conflit éthique évoquer par certains développeurs conscients de fabriquer des produits, qui facilitants au premier abord, participent finalement à la destruction de bon nombre d’emplois. Comment est-il possible de continuer à produire à long terme, un produit dénué de tout matérialité ? Ces questions seront présentées sous forme de poster avec en conclusion quelques modestes pistes pour la prévention.