L’acide perfluorooctanoïque (PFOA) a été utilisé dans une usine de plasturgie de 2004 à fin 2008 sous forme de son sel d’ammonium, comme adjuvant de polymérisation (surfactant) dans la fabrication de fluoropolymère, aux propriétés de résistance élevée à la température et aux agents chimiques. Il a été substitué et une dépollution des cuves a eu lieu. L’équipe d’opérateurs de production a été suivie depuis le début de l’exposition, ainsi que les prestataires.

Utilisé sous forme liquide, bien absorbé par toutes les voies, le PFOA n’est pratiquement pas métabolisé. Il persiste de façon prolongée dans le sang et les tissus (foie, reins). Dans le sérum, il est transporté lié à l’albumine. Il n’est pas lipophile. Il est lentement éliminé sous forme inchangée par voies urinaire et fécale. Il existe une excrétion biliaire et un cycle entérohépatique. Sa demi-vie chez l’homme est estimée à 4 ans environ.

Biopersistant et bioaccumulable, ses rejets industriels ont été à l’origine d’une contamination durable de l’environnement. Le PFOA a été retrouvé jusque dans l’Arctique, dans la chair des ours polaires. En population générale américaine, la moyenne géométrique de la concentration sérique en PFOA a diminué de 70 % entre 2000 et 2014. Les concentrations sériques étaient plus élevées au voisinage des usines (3M et DuPont).

Le PFOA n’a pas été retenu dans la liste des perturbateurs endocriniens (PE) par la CE actuellement.

L’entreprise a assuré une surveillance biologique des expositions professionnelles (SBEP) à partir de décembre 2004. Les campagnes de biométrologie (annuelles le plus souvent) avec rendu individuel des résultats et restitutions aux CHSCT par le médecin du travail, ont permis d’établir une courbe de toxicocinétique du PFOA chez les salariés et les prestataires.

On observe une décroissance lente des concentrations sériques en PFOA, avec une élimination qui semble biphasique. La demi-vie d’élimination est d’environ 4 ans.

Le PFOA est classé C2 R1B par le CLP. Une revue de toxicologie de 2004 montre une toxicité faible du PFOA. Les études de mortalité chez les travailleurs exposés sont négatives. Les investigations épidémiologiques n’ont pas trouvé d’associations cohérentes entre l’exposition professionnelle au PFOA et les effets néfastes sur la santé. Une revue des études épidémiologiques sur le PFOA publiée en 2010 conclut que les preuves épidémiologiques d’effets sur la santé restent limitées.

Les opérateurs suivis n’ont pas présenté de problème de santé. L’étude de la fonction rénale n’a pas détecté d’anomalie. Bien que l’on ne puisse pas réaliser de statistiques sur cet effectif faible, une étude des bilans lipidiques et des transaminases n’a pas montré plus de perturbations qu’en population générale.