Expression de p40 expression dans les carcinomes à cellules de Merkel : un potentiel piège diagnostique - 26/11/20
et
groupe de Dermatopathologie de la SFD
Résumé |
Introduction |
L’expression de ΔNp63, i.e. p40, est utilisée comme marqueur de carcinome épidermoïde en pratique quotidienne dermatopathologique. Cependant, l‘expression de p40 a été récemment rapportée dans une autre entité tumorale, le carcinome de Merkel (CCM) (4 cas positifs/53) (Walsh et al., 2019). En effet le CCM est un cancer de la peau rare et agressif. Alors que 80 % des CCM sont provoqués par l’intégration du polyomavirus de Merkel (MCPyV), les 20 % de tumeurs MCPyV-négatives sont induits par les UV et comportent des caractéristiques morphologiques et immunohistochimiques distinctes des premières. Au microscope, le CCM apparaît comme une prolifération de cellules tumorales basaloïdes. Par conséquent, les autres proliférations basaloïdes tel que les carcinomes neuroendocrines extracutanés ainsi que les carcinomes épidermoïdes peu différenciés représentent des diagnostics différentiels de cette entité. Dans ce contexte, la positivité de p40 dans les CCM pourrait constituer un écueil diagnostique, incitant le pathologiste à conclure à tort à un carcinome épidermoïde peu différencié face à une prolifération basaloïde exprimant p40, notamment sur biopsie de petite taille. L’objectif de cette étude était donc d’évaluer la fréquence d’expression de la p40 dans les CCM et de déterminer les caractéristiques des CCM p40(+).
Matériel et méthodes |
L’expression de la p40 a été évaluée par immunohistochimie dans une cohorte française multicentrique de tumeurs CCM (n=68). Les caractéristiques cliniques, morphologiques et immunohistochimiques des cas exprimant la p40 ont secondairement été étudiées.
Résultats |
Parmi les 68 échantillons analysés, une expression de p40 par les cellules tumorales du CCM n’était observée que dans 3 cas (4 %) (Supplément en ligne). De manière intéressante, dans aucune de ces 3 observations, il n’était mis en évidence la présence du MCPyV (détection par immunohistochimie et PCR), suggérant une oncogénèse UV-induite. En effet, les trois tumeurs étaient toutes situées en zones photoexposées et deux d’entre elles étaient des tumeurs composites associant une composante CCM à une composante de type carcinome épidermoïde (expression de la P40 dans les deux composantes). En immunochimie, ces cas comportaient un profil immunohistochimique dit « aberrant » avec négativité de la cytokératine 20 (CK20) (n=2/3), expression de CK7 (n=1/3), du TTF1 (n=1/3) et expression anormale de p53 (absence complète d’expression : n=1/3 ; surexpression : n=2/3).
Discussion |
Une expression de p40 peut être observée dans de rares cas de CCM viro-négatifs, et notamment au sein de tumeurs composites (dans les deux composantes). La positivité de p40 était fréquemment associée à un profil atypique du CCM, avec absence de CK20 et absence de détection du MCPyV, augmentant le risque d’erreur diagnostique. Ce profil particulier ne doit pas conduire à un diagnostic erroné de carcinome épidermoïde peu différencié.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Carcinome de Merkel, Carcinome neuroendocrine, Immunohistochimie, P40
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A226-A227 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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