On sait que des symptômes subjectifs désagréables, tels que des démangeaisons, des douleurs et d’autres sensations désagréables (picotements, brûlures…), ont une influence négative sur la qualité du sommeil. L’objectif de cette étude était d’évaluer la prévalence des troubles du sommeil chez les patients atteints de dermatoses et d’identifier l’influence des démangeaisons, de la douleur et d’autres sensations désagréables sur la qualité du sommeil.

Une enquête internationale anonyme en situation réelle a été menée auprès d’individus âgés de 18 à 75 ans, avec ou sans dermatose (confirmée par un médecin). Le questionnaire était composé de 25 items couvrant les caractéristiques sociodémographiques, les sentiments subjectifs des individus sur la qualité globale du sommeil et les sensations désagréables de la peau, telles que la douleur, les démangeaisons, et autres. La gravité des troubles du sommeil et les sensations désagréables ont été évaluées à l’aide d’une échelle visuelle analogique (EVA) de 10cm.

Les données de 3834 questionnaires ont pu être utilisées pour l’analyse statistique : 2871 (67,3 %) sujets constituaient le groupe « dermatoses » et 863 (32,7 %) le groupe témoin. Nous avons constaté une prévalence significativement plus élevée des troubles du sommeil chez les patients atteints de dermatoses (71,2 % contre 32,7 % dans le groupe témoin, p : 6,46E-88). Les patients atteints de dermatoses qui n’avaient pas de sensation désagréable signalée présentaient un risque significativement plus élevé de troubles du sommeil que les sujets du groupe témoin (RC 1362 [IC 95 % 1,975–2,405] p : 0,0013). La présence de sensations désagréables restait fortement associée à la présence de troubles du sommeil (OR 1,641 [IC 95 % 1,393–1,933] p<0,0001). Le prurit, la douleur cutanée et les autres sensations cutanées désagréables étaient des prédicteurs significatifs de troubles du sommeil, avec des odd ratios de 1,670 [IC 95 % 1,417–1,967] p<0,0001, 1,625 [IC 95 % 1,345–1,962] p<0,0001 et 1,326 [IC 95 % 1,087–1,617] p<0,0001, respectivement. Les scores de sommeil étaient fortement associés à une augmentation de la gravité du prurit (r : 0,25, p : 6,02 E-27) et de la douleur (r : 0,25 p7,93E-21).

Malgré certaines limites et le biais potentiel dû à la conception de l’étude sur Internet, nos résultats confirment pour la première fois l’influence des symptômes subjectifs sur la qualité du sommeil chez les patients atteints de dermatoses. Les dermatoses peuvent aussi avoir des effets négatifs sur la qualité du sommeil par d’autres mécanismes.