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Clinique différentielle du spectre de l’autisme : l’intérêt de penser un « autisme ordinaire » - 25/02/21

Differential diagnosis on the autism spectrum: Theorizing an “ordinary autism”

Doi : 10.1016/j.evopsy.2020.02.005 
Antoine Frigaux  : Psychologue clinicien, doctorant contractuel, Joëlle Lighezzolo-Alnot : Professeur de psychologie, Jean-Claude Maleval : Psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, professeur émérite de psychologie clinique, Renaud Evrard : Psychologue clinicien, maître de conférences HDR en psychologie
 Laboratoire INTERPSY EA 4432, Université de Lorraine, INTERPSY, 54000 Nancy, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

Les données sur la prévalence du trouble du spectre autistique (TSA) témoignent d’évolutions cliniques accompagnées par les nosographies psychiatriques induisant de nouvelles pratiques diagnostiques. L’autisme est ainsi passé d’un syndrome rare aux formes cliniques graves à un nouveau paradigme, celui de l’ordinaire, autant en termes de fréquence que d’intensité des troubles ouvrant le spectre sur des populations aux phénotypes nouveaux qui confrontent les cliniciens à des défis théorico-cliniques. Pour y faire face, nous proposons l’hypothèse d’un autisme « ordinaire » ou « invisible » pour définir des fonctionnements psychiques autistiques non prototypiques aménagés suivant une structure autistique telle que théorisée par les développements psychanalytiques, afin de se doter de repères théoriques nouveaux et nourrir nos pratiques et la recherche fondamentale.

Méthode

Nous passerons d’abord en revue les mutations nosographiques du DSM-5 et leurs implications autant concernant les fonctionnements psychiques non prototypiques de l’autisme qui échappent au spectre autistique aux frontières floues, notamment pour la population adulte, que dans les cas du diagnostic différentiel compliqué par des inclusions de faux-positifs dans le TSA pour des raisons cliniques et sociétales. Ensuite, nous discuterons la définition de l’autisme « ordinaire » ou « invisible » dans un modèle structural psychanalytique, comme une orientation épistémologique possible pour cerner et concevoir les pratiques en direction de l’hétérogénéité clinique de l’autisme en dehors des bornes du spectre psychiatrique.

Résultats

La problématique différentielle apparaît centrale aussi bien au niveau théorique que dans les pratiques diagnostiques et la reconnaissance de ces limites engage à promouvoir les recherches scientifiques et applications cliniques sur ce sujet. Une solution que nous envisageons est à trouver dans le prolongement du modèle psychanalytique structurel de Maleval : nous proposons un « autisme ordinaire », construit en analogie à une psychose ordinaire, pour définir des phénotypes autistiques, établis sur une structure psychique autistique, présentés de plus en plus fréquemment par des populations de sujets aux expressions phénoménologiques moins « extraordinaires » que les cas classiques d’autisme et qui remettent désormais en cause la relation entre normal et pathologique.

Discussion

L’opérationnalisation de ces modélisations théoriques pourra passer par la poursuite des tentatives de modéliser les constantes structurales autistiques qui se prolongent du spectre autistique jusqu’à la clinique « ordinaire » de l’autisme, et qui pourraient être des outils discriminants orientant le diagnostic différentiel mais aussi un support pour développer et affiner des pratiques thérapeutiques.

Conclusion

Se doter de ces repères théoriques en pensant un autisme « ordinaire » nous paraît être une urgence autant d’un point de vue clinique et diagnostique que pour soutenir un positionnement éthique pour encadrer les pratiques thérapeutiques autour de l’autisme.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objectives

Data on the prevalence of Autism Spectrum Disorder (ASD) reveal several clinical evolutions inducing new psychiatric definitions and diagnostic practices. Thus, autism has shifted from being a rare syndrome with severe clinical forms to a new paradigm: the paradigm of “ordinary” or “invisible” autism, in terms of the frequency and the intensity of the disorders. These changes incorporate new populations into our conception of autism, with new phenotypes that pose theoretical and clinical challenges to clinicians. In response, we propose the hypothesis—based on psychoanalytic theories of psychic structures—of an “ordinary autism” as a definition of a non-prototypical autistic psychic functioning that falls outside the DSM diagnostic framework. This idea seems to provide us new theoretical references that nourish our practices as well as fundamental research.

Method

First, we will review the nosographic mutations of the DSM-5 and their implications for non-prototypical psychic modes of functioning of autistic people that may not be contained within the autism spectrum's blurry boundaries—especially for the adult population without intellectual delay and in the case of complicated differential diagnosis for clinical and societal reasons. Next, we will discuss the definition of “ordinary” or “invisible” autism in a psychoanalytic structural model, as a possible epistemological orientation for identifying and designing practice with the clinical heterogeneity of autism outside the boundaries of psychiatric ASD.

Results

The autistic population targeted by the DSM-5 criteria is different from that previously defined by DSM-IV. This leads to two consequences: on the one hand, autistic modes of functioning are not limited to individuals who have been diagnosed with Autism Spectrum Disorders as defined by the DSM-5; thus individuals with autism do not have access to the diagnosis of ASD or are given other diagnoses. The alternative diagnoses proposed by the DSM-5 that attempt to correct this diagnostic exclusion—such as Social (Pragmatic) Communication Disorder— are unsatisfactory. Therefore, there is an entire segment of the autistic population that has subclinical, non-prototypic autistic manifestations or more subtle phenomena discernible in the broader autistic phenotype or subthreshold autism spectrum that does not have access to the ASD diagnosis and raises differential diagnostic issues. On the other hand, it appears that the autism spectrum brings together extremely different entities and false positives such as schizophrenia and schizophrenic spectrum personality disorders under one diagnostic rubric. Then, the differential problem appears central: both at the theoretical level and in diagnostic practices. The recognition of these limits should encourage us to promote research and clinical applications on this subject. One solution that we envisage is to be found in an extension of Maleval's structural psychoanalytical model: we propose the notion of “ordinary autism”—an echo of ordinary psychosis—to define attenuated or compensated non-prototypical autistic phenotypes, increasingly frequent and with fewer “extraordinary” phenomenological expressions than the classic cases of autism which now call into question the relationship between the normal and the pathological.

Discussion

“Ordinary autism” seems to offer clinicians the opportunity to formalize the new contemporary and extensive clinical reality of autism. This term situates itself within a theoretical model whose current and future developments might help us respond to clinical and diagnostic issues, but also to therapeutic and societal ones. We propose to continue on the path of the operationalization of these theoretical models in order to identify autistic structural constants that could be found throughout the “ordinary” clinic of autism and could serve as differentiating tools for diagnosis as well as a support in developing and refining therapeutic practices.

Conclusion

We conclude that there is an urgent need to conceive of “ordinary autism” to provide us with reference points to respond to new clinical issues, but also to reintroduce respect for the autistic person in his or her subjectivity to the center of our therapeutic practices.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Trouble du spectre autistique, Diagnostic différentiel, Trouble de la communication sociale, Syndrome d’évitement pathologique des demandes, Structure psychopathologique

Keywords : Autistic spectrum disorder, Differential diagnosis, Social communication disorder, Pathological demand avoidance syndrome, Psychopathological structure


Plan


 Toute référence à cet article doit porter mention : Frigaux A, Lighezzolo-Alnot J, Maleval JC, Evrard E. Clinique différentielle du spectre de l’autisme : l’intérêt de penser un « autisme ordinaire ». Evol psychiatr. 2021; 86 (1): pages (pour la version papier) ou adresse URL et date de consultation (pour la version électronique).


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