Le cancer anaplasique de la thyroïde (CAT) est un cancer agressif, caractérisé par un taux de survie à un an à 20 %. Malgré tout, dans cette population le pronostic reste hétérogène et certains patients pourraient bénéficier de traitements multimodaux agressifs. L’objectif de cette étude était d’identifier des facteurs pronostiques pertinents pour prédire la survie des patients atteints de CAT.

Entre 2000 et 2017, 162 patients atteints de CAT et ayant bénéficié d’une radiothérapie externe ont été inclus. Les patients ont été séparés en deux sous-groupes : ceux traités par chirurgie et radiothérapie postopératoire (groupe CHIR, n=96) et ceux traités par radiothérapie exclusive (groupe RAD, n=66). La méthode d’imputation multiple de Rubin a été utilisée pour traiter les données manquantes, générant cinq datasets imputés. Pour chacun des groupes CHIR et RAD, des facteurs pronostiques de la survie ont été identifiés par un modèle de régression de Cox sous contrainte LASSO, en utilisant une approche de validation croisée par blocs. Une heatmap des p-values des paramètres des modèles poolés sur les cinq datasets imputés permettait de visualiser les résultats de la sélection LASSO à travers les différents blocs de validation, et ainsi d’étudier leur stabilité.

Pour le groupe CHIR, la survie médiane était égale à 12,1 mois, les facteurs pronostiques identifiés par sélection LASSO étaient : l’âge au diagnostic, le « Performance Status », le stade TNM (sur la tumeur et sur le plan ganglionnaire), et la qualité des marges de résection. Le modèle final, dont les paramètres étaient poolés sur les cinq datasets imputés, obtenait un indice C de Harrell égal à 0,70. Après discrétisation des prédictions individuelles du modèle, les patients étaient répartis en trois classes : risque faible (n=32), risque intermédiaire (n=32) et risque élevé (n=32), dont les médianes de survie observées étaient respectivement de 65,5, 9,5 et 8,1 mois. Pour le groupe RAD, la survie médiane était égale à 5,4 mois, les facteurs pronostiques identifiés étaient : le « Performance Status », le stade TNM sur le plan ganglionnaire, et la réalisation ou non d’une radiothérapie extensive incluant les aires ganglionnaires. Le modèle final obtenait un indice C de Harrell égal à 0,73. Après discrétisation des prédictions individuelles du modèle les patients étaient répartis en deux classes : risque faible (n=33) et risque élevé (n=33), pour lesquels les médianes de survie observées étaient respectivement égales à 8,2 et 3 mois.

La survie des patients atteints de CAT est influencée par l’état général des patients, et l’extension locale et ganglionnaire de la tumeur. Ces critères doivent être pris en compte lors du choix des modalités de traitement. La réalisation d’une radiothérapie extensive est associée à une amélioration de la survie chez les patients traités par radiothérapie exclusive. Deux modèles pronostiques sont proposés. Une validation externe devra être réalisée avant toute utilisation de ces modèles pour la pratique clinique.