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Étiologies et pronostic des syndromes inflammatoires prolongés inexpliqués : à propos de 57 cas - 11/06/21

Doi : 10.1016/j.revmed.2021.03.268 
S. Bera 1, Y. Jamilloux 2, M. Gerfaud-Valentin 3, S. Durupt 4, R. Nove-Josserand 5, J.C. Lega 6, I. Durieu 7, A. Hot 8, P. Sève 3,
1 Médecine interne, Hôpital de la Croix-Rousse - HCL, Lyon 
2 Service de médecine interne, Hôpital de la Croix-Rousse - HCL, Lyon 
3 Médecine interne, Hôpital de la Croix-Rousse, Lyon 
4 Médecine interne, CHU Lyon Sud, Lyon 
5 Service de médecine interne, Centre de ressource et de compétences de la mucoviscidose, centre hospitalier Lyon-Sud, Pierre-Bénite 
6 Médecine interne et vasculaire, chem Grand Revoyet, Pierre-Bénite 
7 Médecine interne, Centre Hospitalier Lyon-Sud, Pierre-Bénite 
8 Médecine interne, Hôpital Édouard Herriot, Lyon 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le syndrome inflammatoire prolongé inexpliqué (SII) est défini par analogie avec la fièvre prolongée inexpliquée, par : un syndrome inflammatoire (CRP ≥ à 30mg/L et/ou élévation de la vitesse de sédimentation selon la formule de Miller), évoluant ≥3 semaines associé à une température corporelle ≤38,3°C, sans étiologie identifiée au terme de 3jours d’hospitalisation ou 3 consultations [1]. Contrairement aux fièvres prolongées inexpliquées, peu d’études se sont intéressées aux SIIs [3, 2]. Nous avons réalisé une étude afin de définir le spectre étiologique, la rentabilité des examens complémentaires et le pronostic des SIIs.

Patients et méthodes

Nous avons conduit une étude rétrospective de 2005 à 2020 dans un centre universitaire. Le diagnostic de SII reposait sur les critères de Vanderschueren [1]. Les observations ont été identifiées à partir de l’outil informatique Easily Recherche, en utilisant les mots clés : « syndrome inflammatoire prolongé », « syndrome inflammatoire inexpliqué », « syndrome inflammatoire » ET « prolongé » ET « inexpliqué », et en interrogeant les médecins de trois services de médecine interne. Le diagnostic positif des maladies systémiques (artérite à cellules géantes (ACG), vascularites à anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) …) reposait sur les critères actualisés et consensuels de classification. Seuls les examens complémentaires, qui ont concouru au diagnostic étiologique, ont été considérés comme contributifs. L’efficacité et la tolérance des traitements d’épreuve (antibiothérapie, colchicine, corticoïdes, immunosuppresseurs) ont été analysées. La guérison a été définie par l’absence de symptôme et une protéine C-réactive<15mg/L, ceci en l’absence de traitement.

Résultats

18 hommes et 39 femmes (âge moyen : 67 ans, extrèmes : 29-100 ans) ont été inclus. Après un suivi médian de 48 mois, un diagnostic était retenu chez 26/57 patients (46 %). Il s’agissait de : (1) 13 maladies inflammatoires non infectieuses (7 ACG, 3 polyangéites microscopiques (PAM), une maladie de Takayasu, une sarcoïdose, et une maladie de Still), avec un délai diagnostique moyen de 67jours 2) 10 néoplasies (8 hémopathies malignes : 3 lymphomes, 2 myélodysplasies incluant un patient qui présentait un phénotype compatible avec un VEXAS, une leucémie aiguë myéloblastique cryptoleucémique, un thymome, une maladie de Castleman ; et 2 tumeurs solides), avec un délai diagnostique moyen de 20jours 4) et une cause autre : un syndrome de Sweet (688jours). Un 18FDG-PET a été réalisé chez 42 patients (72 %) et a été contributif dans 12 cas (29 %). Cinq patients ayant un 18FDG-PET contributif présentaient des anomalies au scanner initial, qui ont été considérées a posteriori comme contributives. La recherche d’ANCA et les sérologies ont été contributives dans 3 cas de PAM et un cas de fièvre Q aiguë, respectivement. L’échographie trans-thoracique (30 patients) n’a jamais été contributive mais l’échographie transoesophagienne a été contributive dans un cas. Parmi les 23 biopsies d’artère temporale réalisées systématiquement, 5 (22 %) ont été contributives. Le myélogramme, réalisé chez un tiers des patients, a été contributif dans 3 cas d’hémopathies. Les biopsies ganglionnaires, musculaires et cutanées, orientées par le 18FDG-PET, ont été contributives dans 6 cas (5 hémopathies et une sarcoïdose), un cas (tumeur solide) et un cas (syndrome de Sweet profond), respectivement. Les endoscopies (gastroscopie : 61 % des patients ; coloscopie : 53 % ; fibroscopie bronchique : 28 %) et la biologie moléculaire (28 %) n’ont jamais été contributives. Au terme du suivi, 8 des 31 patients sans diagnostic étaient considérés au terme du suivi comme guéris : 3 spontanément et 5 après un traitement d’épreuve (2 patients sous corticostéroïdes et antibiothérapie, 2 patients sous antibiothérapie seule et un patient sous corticostéroïdes seuls). Cinq patients (16 %) sans diagnostic étaient décédés : un décès était lié au traitement d’épreuve. Les autres causes de décès étaient : une infection pulmonaire, une décompensation cardiaque, et deux causes inconnues. Le SII a persisté chez 18 patients sans diagnostic final, dont 10 avaient reçu un traitement d’épreuve.

Conclusion

Plus de la moitié des SII demeure d’étiologie indéterminée. Les maladies inflammatoires non infectieuses et les hémopathies rendent compte de la majorité des causes identifiées. Le 18FDG-PET a été contributif au diagnostic dans 29 % des cas. La majorité des SII sans diagnostic identifié persiste. La mortalité est élevée dans ce groupe de patients. La place et la nature des traitements d’épreuve reste à définir.

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Vol 42 - N° S1

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