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Uvéites et grossesse : une étude rétrospective bicentrique - 16/06/22

Doi : 10.1016/j.revmed.2022.03.297 
S. Giorgiutti 1, , M. Gerfaud-Valentin 2, Y. Jamilloux 2, A. Bert 2, E. Weber 2, G. Richard-Colmant 2, D. Krencker 1, L. Ballonzoli 3, L. Kodjikian 4, A.S. Korganow 1, V. Poindron 1, P. Sève 2
1 Immunologie clinique et médecine interne, cnr reso, maladies auto-immunes et systémiques rares, hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Strasbourg 
2 Médecine interne, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon 
3 Ophtalmologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg 
4 Ophtalmologie, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les uvéites sont de causes multiples, dominées par les étiologies inflammatoires systémiques et les entités purement ophtalmologiques. Si l’âge moyen au diagnostic a été estimé à 48,8 ans dans un centre tertiaire, une proportion significative de ces pathologies affecte des femmes en âge de procréer [1]. Les données concernant les grossesses chez des patientes souffrant d’uvéites sont peu nombreuses, en particulier dans les populations européennes. Les rares études antérieures ont montré une amélioration de l’inflammation au cours de la grossesse en particulier au cours des 2e et 3e trimestre [2]. L’objectif du travail est de décrire l’évolution et le traitement des uvéites non-infectieuses au cours de la grossesse et dans le post-partum, ainsi que l’occurrence d’éventuelles complications obstétricales.

Patients et méthodes

Nous avons réalisé une étude de cohorte rétrospective bicentrique au sein de 2 centres hospitaliers universitaires. Ont été incluses les patientes ayant mené au moins une grossesse au-delà de 10 semaines d’aménorrhées (à terme ou non) et ayant un diagnostic d’uvéite non infectieuse porté avant ou pendant la grossesse, ou dans les 6 mois du post-partum.

Résultats

Quatre-vingts grossesses survenant chez 60 patientes ont été identifiées. L’âge médian au diagnostic de l’uvéite était de 29 ans (extrêmes : 5–39). Il s’agissait essentiellement d’uvéites antérieures (25 cas, 41,6 %) et de panuvéites (20 cas, 33,3 %). L’atteinte était bilatérale dans 63,3 % des cas, l’uvéite granulomateuse dans 45 % des cas. Les étiologies étaient les suivantes : idiopathique (19 cas, 31,7 %), sarcoïdose (16 cas, 26,7 %), uvéites associées à HLA-B27 (10 cas, 16,7 %), Vogt-Konayagi-Harada (VKH) (5 cas, 8,3 %), choroïdites multifocales (3 cas, 5 %), maladie de Behçet (2 cas, 3,3 %), sclérose en plaque, syndrome auto-inflammatoire indifférencié, arthrite juvénile idiopathique, choroïdite ponctuée interne et choriorétinopathie séreuse centrale (1 cas de chaque). Pour 48 patientes correspondant à 68 grossesses, l’uvéite avait été diagnostiquée en médiane 4 ans auparavant (extrêmes : 0–20 ans). Pour 7 de ces grossesses, l’uvéite était active au début de la grossesse. Un traitement systémique était en place en début de grossesse dans 31/68 cas, modifié dans 8 cas avec 4 arrêts de traitement et 4 désescalades thérapeutiques. Une complication obstétricale est survenue pour 22/68 grossesses (32,4 %) incluant 10 patientes qui recevaient un traitement systémique. Il s’agissait : d’une hypertension artérielle gravidique (4 cas), d’un diabète gestationnel (8 cas), d’une fausse couche précoce (2 cas), d’une grossesse extra-utérine (1 cas), d’une pré-éclampsie (2 cas), d’une menace d’accouchement prématuré (3 cas), d’un petit poids pour l’âge gestationnel (2 cas). Nous avons identifié 18 poussées nécessitant une modification thérapeutique (26 %) au cours de ces 68 grossesses : 6 au premier trimestre (T1), 6 au deuxième (T2), 1 au troisième et 5 dans les 3 premiers mois du post-partum. Ces poussées sont statistiquement associées à une inflammation non contrôlée en début de grossesse (p=0,01). Les modifications thérapeutiques en début de grossesse n’étaient pas statistiquement associées aux poussées ultérieures même s’il existait une tendance en ce sens (odds ratio 3,2 [0,85–12,2], p=0,19). Neuf uvéites ont débuté au cours d’une grossesse : 7 à T1 (dont 2 en périconceptionel) et 2 à T2. Parmi ces 9 femmes, 4 ont bénéficié d’un traitement systémique par corticoïdes et 1 cas de VKH a reçu de l’azathioprine. Deux cas d’hypertension artérielle gravidique et un cas de diabète gestationnel (en l’absence de corticoïdes) sont survenus. À noter, 3 uvéites survenues de novo dans les 2 mois du post-partum dont 1 VKH. Les grossesses de ces 3 patientes étaient sans particularité.

Conclusion

Nous rapportons la plus grande série de patientes étudiant les uvéites au cours de la grossesse avec une cohorte représentative des populations occidentales en termes d’étiologies. Nos données sont en accord avec la littérature, les poussées survenant principalement au cours des premiers mois de la grossesse [3, 2]. Les poussées sont statistiquement liées à l’activité de la maladie en début de grossesse. En revanche, ni l’activité de l’uvéite ni les traitements systémiques en route en début de grossesse ne semblent impacter la survenue de complications obstétricales. Ces données sont à confirmer de façon prospective à partir d’une cohorte plus large.

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