Il n'existe que très peu de données à long terme sur la cinétique des anticorps chez les survivants de la maladie à virus Ebola (MVE). L'objectif de cette étude était de modéliser la réponse humorale en anticorps chez les survivants de la MVE en Guinée.

A travers une étude de cohorte prospective, nous avons collecté des échantillons de sang auprès de 683 parmi les 802 patients guéris de la MVE en Guinée inclus dans l’étude PosEtboGui et suivis régulièrement jusqu'à cinq ans après leur sortie du centre de traitement Ebola (CTE). La présence d'anticorps a été évaluée en utilisant trois antigènes : glycoprotéines (GP), nucléoprotéines (NP) et protéines virales 40-KDA (VP). Les facteurs prédictifs des niveaux d'anticorps GP, NP et VP ont été explorés au moyen d'un modèle linéaire mixte. Un modèle logistique mixte a été réalisé pour estimer la probabilité de séropositivité au cours du temps.

Au total, 310 patients (45 %) étaient des hommes et 544 (79 %) des adultes. On observe une diminution statistiquement significative des anticorps au fil du temps, les anticorps anti-NP diminuant plus rapidement. Soixante mois après la sortie du CTE, la probabilité d'avoir des anticorps contre GP était de 76,2 % (IC 95 % 67,2-83,3), 59.4 % (IC 95 % 46,3-71,3) contre NP, et 60,9 % (IC 95 % 51,4-69,8) contre VP. La persistance du virus Ebola dans le sperme était associée à des niveaux plus élevés d'anticorps. Nous avons observé chez certains survivants des anticorps évoluant en dents de scie suggérant une re-stimulation antigénique à partir d'un autre réservoir.

La probabilité que les survivants de la MVE aient des anticorps contre un ou plusieurs antigènes Ebola reste élevée, mais environ 25 % des survivants avaient des anticorps indétectables cinq ans après la sortie du CTE, ce qui pourrait avoir des implications pour de futures épidémies d'Ebola.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.