L'infestation des poux de tête constitue un enjeu sociétal et de santé publique et une source d'anxiété pour les enfants, leurs familles et le milieu scolaire.

Notre étude a suivi une approche de recherche-action. Les émotions ressenties à l’égard des poux de tête ont été estimées auprès d'un échantillon par convenance d'enfants fréquentant une école primaire située à Rouyn-Noranda, Québec. Les enfants visés ont dessiné ce qu'ils ressentent s'ils ont des poux de tête. Des informations sur la classe de primaire, le sexe et les antécédents des poux de tête ont été fournies par les parents. Les dessins ont été interprétés à l'aide d'une grille et des statistiques descriptives ont été réalisées sur les données recueillies.

Entre le 20 et le 30 septembre 2019, 79 sur 127 enfants (62 %) inscrits en 1^e, 2^e et 3^e année ont soumis un dessin. La prévalence déclarée de l'infestation a été de 13,5 %. Des émotions négatives ont été plus fréquemment exprimées par les enfants de 2^e et 3^e année que par ceux de 1^e (respectivement, 91 % versus 69 %, p bilatérale=0,021 Test Mid-P exact). La tristesse a été dessinée par 63 % des enfants de 2^e et 3^e et par 32 % de ceux de 1^e année (p bilatérale=0,015, Test X² de Pearson). La présence d'un ombrage intense (indicateur émotionnel) a été plus fréquente chez les filles que chez les garçons (respectivement, 64 % versus 37 %, p bilatérale=0,021, Test X² de Pearson). Quatre dessins (5 %) ont illustré explicitement la stigmatisation vécue par les enfants infestés.

Nos résultats montrent l'impact émotionnel de l'infestation et des réactions négatives de l'entourage chez les enfants infestés, en particulier chez ceux qui sont plus à risque d'infestation. Ces connaissances mobilisatrices peuvent faire partie d'un programme de sensibilisation aux méfaits causés par l'infestation sur l'estime de soi des jeunes enfants.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.