Grâce aux antirétroviraux, les adolescents vivant avec le VIH (AVVIH) infectés en péri-natal constituent une population émergente en Afrique de l'Ouest depuis les années 2010. Chez eux, les troubles de santé mentale sont des comorbidités mal estimées qui peuvent impacter le suivi et l'observance au traitement antirétroviral (TAR). Nous avons estimé la prévalence de la dépression et de l'anxiété chez les AVVIH dans le projet OPTIMISE-AO au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire.

OPTIMISE-AO-ANRS-12390 est un essai séquentiel visant à améliorer l'annonce du statut d'infection par le VIH et l'observance au TAR chez les AVVIH de 10 à 17 ans, dans six cliniques pédiatriques de quatre pays (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Togo). À l'inclusion, la dépression et l'anxiété ont été mesurées à l'aide du « Patient Health Questionnaire-9 » et du « General Anxiety Disorder-7 » respectivement, et leurs facteurs associés identifiés par régression logistique.

De février à octobre 2021, 317 AVVIH ont été inclus dans trois centres à un âge médian de 14 ans (intervalle interquartile : 12-16). La majorité avaient plus de 12 ans (85 %), et 52 % étaient de sexe féminin. A l'inclusion, seulement 41 % étaient complètement informés de leur statut VIH (nommaient leur maladie comme étant le VIH/sida). Un AVVIH sur trois (34 %) présentait une dépression ou une anxiété légère à modérée. Ajusté sur le sexe, l'âge et le fait d'habiter avec des frères/sœurs infectés par le VIH, les AVVIH non informés de leur statut VIH (rapport de cotes ajusté [RCa] : 2,50, IC_95% : 1,41-4,43) et ceux inclus en Côte d'Ivoire (RCa : 8,94, IC_95% : 4,16-19,19) présentaient un risque plus élevé de dépression ou d'anxiété.

Une approche intégrée de prévention et prise en charge de la dépression/anxiété est nécessaire pour améliorer la qualité de vie des AVVIH en Afrique de l'Ouest.