Évaluation multidisciplinaire de patients souffrant de symptômes persistants après la COVID-19 : caractéristiques cliniques, diagnostics retenus et satisfaction à l’égard du programme - 28/11/23
Résumé |
Introduction |
Les symptômes prolongés après la COVID-19 (ou COVID long) constituent un problème de santé publique car ils concernent environ 10 % des patients 6 mois après l’infection, mais leur physiopathologie demeure inconnue et aucun traitement médicamenteux ne semble efficace. Un programme multidisciplinaire proposant une évaluation complète et standardisée des patients souffrant de ces symptômes en hôpital de jour a été ouvert en juin 2021. L’objectif de cette étude était de (i) décrire les caractéristiques des patients vus durant la 1re année, (ii) présenter les conclusions issues de la synthèse multidisciplinaire et (iii) évaluer la satisfaction des patients 3 mois après leur venue.
Patients et méthodes |
Les patients souffrant de symptômes prolongés (plus de 3 mois) et invalidant après une COVID-19 étaient référés dans notre centre par un médecin, un dispositif d’appui à la coordination « COVID long » ou à leur propre demande. En amont de l’HDJ, un bilan paraclinique orienté par les symptômes était réalisé en ville en coopération avec leur médecin traitant, suivant les recommandations de la HAS, et les patients remplissaient des auto-questionnaires explorant fatigue (échelle de Pichot), activité physique (échelle de Ricci et Gagnon), qualité de vie liée à la santé (échelle SF-12), anxiété et dépression (échelle HAD) et fardeau psychologique associé aux symptômes (échelle SSD-12). Le jour de l’hospitalisation, les patients étaient successivement vus par un interniste, un psychiatre spécialisé dans les troubles somatiques fonctionnels et un enseignant en activité physique adaptée, qui recueillaient les informations cliniques de façon standardisée et se réunissaient ensuite pour faire une synthèse et définir un programme de soin personnalisé. Une enquête de satisfaction et une nouvelle évaluation de la fatigue (échelle de Pichot) étaient réalisés 3 mois plus tard.
Résultats |
Parmi 286 patients consécutifs (âge médian : 44 ans ; 70 % de femmes), les symptômes les plus fréquents étaient la fatigue (86 %), l’essoufflement (65 %), les arthromyalgies (61 %) et les troubles cognitifs mineurs (58 %), avec une durée médiane de 429 jours d’évolution (IQR : 216–624). Les questionnaires ont révélé de faibles niveaux d’activité physique et de qualité de vie, ainsi que des niveaux élevés de fatigue, d’anxiété, de dépression et de fardeau psychologique. Après évaluation psychiatrique, 32 % et 23 % des patients répondaient aux critères diagnostiques de trouble dépressif ou anxieux, respectivement. Des arguments positifs (cognitifs et comportementaux) pour un trouble somatique fonctionnel ont été retrouvés chez 76 % des patients, dont 96 % n’avaient pas de constatations cliniques ou paracliniques susceptibles expliquer les symptômes. Chez 10 % des patients un problème somatique sans lien avec le COVID permettait d’expliquer les symptômes. Un déconditionnement à l’effort était également très fréquent, motivant une prescription de réhabilitation par l’activité physique chez 91 % des patients. Trois mois plus tard, 72 % des patients s’étaient améliorés sur l’échelle de fatigue, 23 % étaient stables et 5 % s’étaient aggravés. La satisfaction médiane des patients était de 8/10 (IQR : 6–9) et elle ne variait pas significativement en fonction du diagnostic retenu.
Conclusion |
Les patients explorés dans notre centre tertiaire présentaient des symptômes multiples de très longue durée et une altération sévère de la qualité de vie. Après évaluation multidisciplinaire, la grande majorité a reçu un diagnostic de trouble somatique fonctionnel, parfois associé à un trouble dépressif ou anxieux. La plupart des patients avaient également un déconditionnement à l’effort. L’originalité de notre programme est de poser le diagnostic de trouble somatique fonctionnel sur des arguments positifs – et non seulement par élimination – et de prévoir un temps de psychoéducation lors de la consultation psychiatrique. Par ailleurs, l’intervention systématique d’un enseignant en activité physique adaptée permet d’évaluer et de lutter contre les freins à la reprise de l’activité physique.
En l’absence de groupe contrôle, il est difficile de tirer des conclusions solides sur le bénéfice de ce programme, mais au vu de l’ancienneté des troubles, les résultats semblent satisfaisants en termes d’amélioration de la fatigue à 3 mois. Par ailleurs, les patients ont déclaré un niveau élevé de satisfaction à l’égard du programme, y compris en cas de diagnostic de trouble somatique fonctionnel.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 44 - N° S2
P. A368 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
