Leucémie cutanée et réaction exagérée aux piqûres d’insectes : une présentation particulière - 28/11/23
, A. Chamli 1, I. Helal 2, A. Jday 1, R. Cherni 3, H. Hammami 1, S. Fenniche 1, A. Zaouak 1Résumé |
Introduction |
L’atteinte cutanée spécifique au cours des leucémies myéloïdes aiguës (LMA) ou « leukemia cutis » est définie par l’infiltration du derme par les cellules hématopoïétiques. Nous décrivons un cas de leucémie cutanée secondaire avec une réaction exagérée aux piqûres d’insectes.
Observation |
Patiente âgée de 48 ans, suivie en hématologie depuis un mois pour une LMA de type monoblastique et recevant un traitement par chimiothérapie. Elle consultait pour des lésions polymorphes évoluant depuis 3 semaines, faisant suite à des piqûres de moustiques. À l’examen, on notait la présence de multiples vésicules et papulonodules ulcérés de la face et du décolleté. Un halo hémorragique était objectivé cliniquement et à la dermoscopie. Des plaques infiltrées et croûteuses des deux avant-bras ainsi qu’un purpura des deux cuisses ont été observés. Une biopsie cutanée a été réalisée. L’examen histologique a montré une infiltration tumorale du derme faite de cellules atypiques à noyau encoché. À l’immunohistochimie, les cellules néoplasiques exprimaient le CD68 avec un marquage négatif au CD3 et CD20. Le diagnostic d’une localisation cutanée de LMA a été porté. La patiente était décédée après un intervalle de deux semaines suite à une septicémie.
Discussion |
Les manifestations cutanées non spécifiques dans les LMA sont décrites chez 30 % des patients. Elles peuvent être associées à des dermatoses réactionnelles, des infections ou encore liées aux traitements prescrits. Cependant, l’atteinte cutanée spécifique ou « leukemia cutis » est rare et rapportée dans 10 % à 15 % des cas. Elle est liée à une infiltration du derme et du tissu sous-cutané par les cellules blastiques. Elle peut être révélatrice de l’hémopathie dans un tiers des cas. Les lésions sont souvent polymorphes et diffuses posant un défi diagnostique. Les papulonodules et les plaques infiltrées sont souvent décrits. Le purpura et le halo hémorragiques entourant les lésions sont évocateurs. Elles peuvent être expliquées par la thrombopénie souvent associée à l’hémopathie. Notre cas est particulier par la présentation vésiculeuse et la réaction exagérée aux piqûres d’arthropodes rarement rapportées. Ce dernier phénomène est essentiellement associé aux leucémies lymphoïdes chroniques. La physiopathologie est mal connue. L’hypothèse d’une stimulation antigénique avec un recrutement des cellules hématopoïétiques malignes aux sites cutanés lésés a été avancée. Dans tous les cas décrits et comme chez notre patiente, le leukemia cutis est souvent associé à une aggravation du pronostic de la LMA avec un taux de survie faible.
Conclusion |
Les réactions exagérées aux piqûres d’insectes, le halo hémorragique ainsi que le purpura doivent faire évoquer le diagnostic d’une leucémie cutanée secondaire au cours des LMA. L’histologie et l’immunohistochimie sont indispensables afin d’établir un diagnostic précoce. Le pronostic est souvent réservé.
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Vol 44 - N° S2
P. A471 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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