À propos de l’interruption volontaire de grossesse : La population française est-elle bien informée ? - 09/05/24
Résumé |
Introduction |
Malgré un accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) des plus aisés dans le monde, le taux d’IVG (tous termes et méthodes confondus) est en augmentation en 2022 après une période de stabilisation (234000 en 2022 soit 17000 de plus qu’en 2021) avec d’importantes disparités régionales en termes de taux, de professionnels disponibles et de lieux de réalisation. Les données démographiques et de réalisation des IVG sont publiées chaque année. Il n’existe pas à notre connaissance d’études en France qui ait interrogé la population générale sur son niveau d’information sur ce sujet.
Objectif |
Évaluer les connaissances de la population française sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) : méthodes, accès, idées reçues. Méthode Etude de cohorte observationnelle conduite par questionnaire anonyme en ligne via les réseaux sociaux du 05,06.22 au 05,11.22 auprès de la population de plus de 15 ans résidante en France métropolitaine et ultramarine (hors sage-femme/gynécologue/médecin généraliste ou étudiant (SF/GM-GO/MG)). Les questions portaient sur différents domaines relatifs à l’IVG (législation, professionnels, méthodes, idées reçues). Les participants étaient informés que répondre valait consentement avec possibilité de rétractation.
Résultats |
4915/5101 participants répondaient aux critères d’inclusion (96,4 %) qui résidaient dans toutes les régions de France. 95,7 % étaient des femmes, 30,7 % étudiants, 14,4 % professionnels de santé, 35,8 % avaient des revenus mensuels de moins de 1000 euros, 73,6 % étaient en couple (cohabitant ou non). L’âge médian était de 26 ans [interquartiles 1–3 : 22–30], 4,1 % étaient mineurs. 67,9 % s’estimaient bien/plutôt bien informés sur les lois régissant l’IVG. Les connaissances générales à propos l’IVG correspondaient à une moyenne de 67,5 % de réponses exactes. Les lacunes y étaient toutefois d’importance majeure et diffèraient selon les régions. Dans les rubriques « IVG médicamenteuse », « IVG chirurgicale » et « Contraception post-IVG » les notions les plus méconnues étaient (avec des taux de réponses exactes) : Terme pour pratiquer une IVG médicamenteuse ou chirurgicale (31,4 % et 39 %) ; Professionnels de santé pouvant réaliser les IVG médicamenteuses ou chirurgicales (38,9 % et 31,1 %) ; Lieux dans lesquels peuvent être effectuées les IVG médicamenteuses (38,8 %) ; Type d’anesthésie pouvant être utilisé pour l’IVG chirurgicale (19,1 %) ; Pose de dispositif intra-utérin directement après une IVG (30,8 %) Dans les rubriques « IVG chez la mineure », « IVG chez la majeure » « Prise en charge globale d’une IVG » les notions les plus méconnues étaient : Délais de réflexion pour la patiente mineure et majeure (16,8 % et 19,3 %) ; Nécessité d’un consentement d’une personne majeure pour une patiente mineure (45,1 %) ; Réalisation d’un entretien psycho-social pour la personne majeure (taux de réponses exactes : 33,7 %) ; Clause de conscience pour les professionnels de santé (taux de réponses exactes : 31,9 %) Dans la rubrique « Mythes à propos de l’IVG » les fausses idées les plus répandues étaient (avec un taux d’adhésion) : L’avortement cause dépression et anxiété (60,7 %) ; L’avortement cause infertilité ou des complications lors des futures grossesses (21,3 %).
Conclusion |
La population répondante est plutôt jeune. Il semble y avoir des confusions selon le terme de grossesse en ce qui concerne les professionnels à contacter et lieux où se rendre, ce qui pourrait entraîner des retards de prise en charge. L’allongement du délai de l’IVG était récent comparativement à la période de l’étude. Si la législation sur l’IVG en France semble ne pas être totalement inconnue, la contraception post-IVG et les idées reçues restent des points majeurs à développer. D’autre part, il semble intéressant de s’intéresser à la qualité des réponses selon les régions en fonction de l’offre de soins et de la densité des professionnels de santé aptes à prendre en charge/réalise les IVG.
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Vol 52 - N° 5
P. 362-363 - mai 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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