Daptomycine : prescription, tolérance et modalités de surveillance de la toxicité musculaire au sein d’un centre hospitalo-universitaire - 12/06/24
Résumé |
Contexte |
Un rapport de la Haute Autorité de santé sur la prise en charge médicamenteuse de la personne âgée, estime à 50 à 70 % la proportion d’évènements indésirables évitables, dont la majorité est liée à un suivi clinico-biologique insuffisant ainsi qu’à des modalités de gestion de traitement inadaptées.
La daptomycine, antibiotique de la classe des lipopeptides, à spectre d’activité couvrant les bactéries à « Gram positif », est un principe actif de choix permettant d’évaluer la survenue d’évènement indésirables évitables. En effet, une toxicité musculaire à type de rhabdomyolyse peut apparaître sous daptomycine, pouvant être prévenue par le dosage d’une enzyme musculaire : la créatinine phosphokinase (CPK). Un dosage hebdomadaire (ou bi-hebdomadaire) des CPK est recommandé tout au long du traitement ; une élévation des CPK à des taux supérieurs à 5 fois la normale (5N) doit conduire à l’arrêt de la daptomycine.
Objectifs |
Les objectifs de cette étude sont d’analyser les modalités de suivi biologique des patients traités par daptomycine au sein de notre centre, ainsi que d’évaluer la tolérance clinique, et l’iatrogénie médicamenteuse. À terme, cela permettra de renforcer la sécurisation de la prise en charge thérapeutique.
Méthode |
Une étude rétrospective a été menée de 2019 à 2021, via une extraction des données du logiciel d’aide à la prescription Orbis®, intéressant l’ensemble des patients traités par daptomycine plus de trois jours : données démographiques, poids, posologie, taux de CPK, date de prélèvement, co-médications, mention d’une symptomatologie compatible avec la rhabdomyolyse dans l’évolution médicale.
Résultats |
Un total de 61 prescriptions a été analysé : 37 hommes, 24 femmes, âgés de 64 ans en moyenne. La posologie moyenne était de 9,8mg.kg−1 et l’adaptation posologique en cas d’altération de la fonction rénale a été réalisée chez 100 % des patients. Le suivi complet des CPK a été réalisé chez 56 % des patients (n=34) et 21 % n’ont eu aucun dosage des CPK durant le traitement (n=13). Quatorze patients ont bénéficié d’un suivi des CPK à intervalle non-régulier (23 %). Une augmentation des CPK supérieure à cinq fois la normale a été observée pour 3 patients (5 %) dont 2 co-traités par statines. Néanmoins, aucun retentissement clinique n’a été rapporté, malgré un maintien de la daptomycine.
Discussion/Conclusion |
L’étude met en évidence une bonne tolérance clinique de la daptomycine, en accord avec les données de pharmacovigilance, même pour des taux de CPK supérieurs à 5N. Le suivi des CPK est majoritairement réalisé. Les posologies prescrites sont conformes aux recommandations. Une réflexion sur des mesures d’amélioration du suivi des CPK pourrait être menée, en intégrant les compétences de l’équipe pluridisciplinaire d’infectiologie, afin de renforcer la sécurisation de la prise en charge thérapeutique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Bon usage des antibiotiques, Créatine kinase du muscle, Rhabdomyolyse
Plan
Vol 59 - N° 2
P. e178 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?
