Cet article analyse certaines formes de configurations subjectives contemporaines influencées par le contexte anthropologique marqué par l’hybridation croissante entre la psyché et le numérique. Cela conduit plus précisément à interroger le développement et l’utilisation de prothèses psychiques comme mécanisme compensatoire face à certains processus de désubjectivation et d’effacement identitaire.

Le cas clinique de Catharina, une jeune femme hospitalisée en psychiatrie, est analysé à partir du référentiel psychanalytique. Cette étude de cas permet d’explorer les dynamiques psychiques à l’œuvre dans les problématiques limites de la subjectivation, en particulier les mécanismes de dépendance à des prothèses numériques et leur impact sur la construction identitaire.

Le fonctionnement psychique de Catharina se caractérise par un vécu d’effacement de soi et une dépendance à des prothèses numériques développées pour assurer une forme de continuité narcissique.

Ces prothèses, tout en permettant une régulation de l’économie psychique, renforcent les logiques de clivage et de dissociation. Elles conduisent également à une délégation à l’environnement technologique de certaines fonctions psychiques, en particulier la réflexivité. Cette externalisation, bien qu’elle offre une illusion de maîtrise et de continuité, fragilise le processus de subjectivation en empêchant le développement mature et autonome des logiques de symbolisation.

La clinique des problématiques limites de la subjectivation à l’ère du numérique met ainsi en lumière les souffrances exacerbées du sujet contemporain, confronté à la dissolution des cadres traditionnels de l’identité et du narcissisme. Dans le travail psychothérapique auprès de tels patients, il s’agira de porter une attention soutenue aux dynamiques transférentielles marquées par le vécu de vide et de néantisation, tout en se concentrant sur la relance des capacités de symbolisation, en contrepoint d’une utilisation réifiante et aliénante des prothèses psychiques.

This article analyzes certain forms of contemporary subjective configurations influenced by the anthropological context marked by the growing hybridization between the psyche and digital technology. More specifically, it examines the development and use of psychic prostheses as compensatory mechanisms in response to processes of desubjectivation and identity erasure.

The clinical case of Catharina, a young female hospitalized in a psychiatric service, is analyzed through a psychoanalytic framework. This case study explores the psychic dynamics at play in borderline subjectivation issues, particularly the mechanisms of dependence on digital prostheses and their impact on identity construction.

Catharina's psychic functioning is characterized by an experience of self-erasure and a dependence on digital prostheses developed to ensure a form of narcissistic continuity.

While these prostheses help regulate the psychic economy, they reinforce mechanisms of splitting and dissociation. They also lead to a delegation of certain psychic functions—particularly reflexivity—to the technological environment. This externalization, though providing an illusion of mastery and continuity, weakens the subjectivation process by hindering the mature and autonomous development of symbolic functions.

The clinical study of borderline subjectivation issues in the digital age thus highlights the exacerbated suffering of contemporary subjects, faced with the dissolution of traditional frameworks of identity and narcissism. In psychotherapeutic work with such patients, particular attention must be given to transferential dynamics marked by experiences of emptiness and annihilation, while focusing on reviving symbolic capacities as a counterpoint to the reifying and alienating use of psychic prostheses.