La vaccination antiamarile, basée sur la souche virale atténuée 17D, reste contre-indiquée en cas de traitement antirejet pour greffe d’organe solide. L’amélioration de la qualité de vie des sujets transplantés les amène à voyager, y compris en zone d’endémie amarile. Ceci n’est possible que si une vaccination antiamarile effectuée avant la greffe reste immunogène lors du voyage. L’objectif de ce travail était d’évaluer la persistance des anticorps (Ac) neutralisants antiamarils chez des sujets transplantés vaccinés antérieurement contre la fièvre jaune.

Une analyse rétrospective a été menée sur tous les sujets transplantés vus au Centre Médical de l’Institut Pasteur de 2004 à 2008 et ayant bénéficié d’un titrage d’Ac antiamarils.

Sur 41 transplantés vus en consultation avant un voyage, 12 ont bénéficié d’un titrage d’Ac antiamarils, en vue d’un séjour en Afrique (11 cas) ou au Brésil (1 cas), d’une durée de 15 à 90 jours. Il s’agissait de 9 hommes et de 3 femmes, d’âge moyen de 48 ans (27-70 ans). Ils étaient transplantés de rein dans 11 cas, de foie dans 1 cas, depuis 6 mois à 21 ans, et suivaient un traitement antirejet triple dans 9 cas, double dans 2 cas, simple dans 1 cas. La date de la dernière vaccination antiamarile était connue dans 9 cas, remontant à 9 à 27 ans. Dans ces 9 cas, et au total dans 11 cas sur 12, le titre des Ac antiamarils était protecteur (extrêmes : < 5 à 80).

Les Ac antiamarils restent durablement à un titre protecteur chez ces transplantés d’organe solide, à la suite d’une vaccination, même ancienne, pratiquée avant la greffe d’organe. Cette donnée conforte la possibilité pour les transplantés de voyager en zone d’endémie amarile, sans avoir à être revacciné contre la fièvre jaune. Elle interroge sur l’intérêt de discuter cette vaccination en pré-greffe chez les sujets très à risque de se rendre en zone d’endémie.