Les tumeurs des voies aérodigestives supérieures sont très souvent associées à un état nutritionnel précaire. La radiothérapie, par ses effets secondaires au niveau des muqueuses sécrétoires et sensorielles, aggrave ce risque de dénutrition. Notre étude rétrospective avait pour objectif d'évaluer l'intérêt d'une prise en charge nutritionnelle précoce et régulière pendant la radiothérapie sur le maintien du statut nutritionnel du patient.

Les 52 patients inclus dans l'étude ont été classés rétrospectivement en deux groupes selon leur observance au suivi diététique proposé: groupe 1 « bonne observance » et groupe 2 « mauvaise observance ».

Les 31 patients inclus dans le groupe « bonne observance » ont perdu en moyenne de 1,9 kg entre la fin et le début du traitement, alors que les 21 patients du groupe « mauvaise observance » ont perdu en moyenne 6,1 kg au cours du traitement (p<0,001). Cette quasi-stabilité pondérale dans le groupe 1 était associée à une fréquence plus faible des interruptions du traitement (6 contre 33%, p=0,03) et à une gravité moindre des mucites (10% de grade 3 dans le groupe 1 contre 52% dans le groupe 2, p=0,006). La quantité de calories ingérées sous forme de compléments alimentaires était supérieure dans le groupe « bonne observance », ce qui participait au maintien du poids (1200 calories dans le groupe 1 contre 850 calories dans le groupe 2, p<0,05).

Les conseils nutritionnels donnés et la prescription de compléments alimentaires adaptée ont ainsi permis de limiter efficacement la perte de poids au cours du traitement et en conséquence aussi de limiter les interruptions de traitement et la gravité des mucites. Une systématisation de la prise en charge nutritionnelle précoce des patients irradiés pour un cancer des cancers des voies aérodigestives supérieures paraît donc indispensable.

The head and neck tumors are most often associated with a precarious nutritional status. Radiotherapy increases the risk of denutrition because of its secondary effects on the secretory and sensorial mucous membranes. The purpose of our retrospectively study was to evaluate the interest of a precocious and regular nutritional therapy on the ability to maintain the nutritional status of the patient during the radiotherapy.

The fifty-two patients included in the survey have been classified retrospectively in two different groups based on their observance to the nutritional therapy: group 1 “good observance”, group 2 “bad observance”.

The 31 patients of group 1 have lost an average of 1.9 kg by the end of the irradiation, whereas the 21 patients of group 2 have lost an average of 6.1 kg (p<0.001). The almost stability in weight of patients in group 1 was linked to a lower frequency of breaks in the radiotherapy (6 vs 33% p=0.03) and in a decrease in grade of inflammatory mucous membranes (10% of grade 3 in group 1 vs 52% in group 2, p=0.006). The quantity of calories ingested in form of nutritional supplements was greater in group 1 and consequently enabled patients to stabilized their weight (1200 calories in group 1 versus 850 calories in group 2, p<0.005).

The given nutritional advice and the prescription of adapted nutritional supplements consequently allowed limiting efficiently the weight lost during the irradiation and the grade of mucositis. The systematization of a precocious nutritional therapy for patients irradiated for head and neck tumors seems absolutely essential.