Méthodologie - 23/09/11
Ce livre est avant tout destiné aux professionnels. Par conséquent, un certain nombre de notions déjà explicitées notamment dans les ouvrages publiés par les éditions Masson sont considérées admises. Par contraste, il nous apparaît fondamental de rappeler que le concept homéopathique de « maladie » est, lui, original. Au sein de celle-ci, le dysfonctionnement est la traduction, soit de façon inopinée soit d’une façon chronique, d’un désordre de l’énergie vitale. Parallèlement aux approches objectives et psychanalytiques du corps malade, l’homéopathie propose la lecture thérapeutique via le concept du corps vécu (Marchat P., 2006).
Pour rétablir l’équilibre de la santé, la thérapeutique homéopathique consiste à proposer au tableau clinique morbide un médicament dont l’absorption crée des symptômes analogues à celui-ci. La définition suivante a été élaborée dans une commission de l’Ordre national des médecins :
– | « L’homéopathie est une méthode thérapeutique basée sur le trépied conceptuel d’Hahnemann : similitude, globalité, infinitésimalité — Administration à des doses très faibles ou infinitésimales de substances susceptibles de provoquer, à des concentrations différentes chez l’homme en bonne santé (pathogénésie), des manifestations semblables aux symptômes présentés par le malade. |
– | « L’application correcte de la méthode implique, après diagnostic, la comparaison par le médecin de l’ensemble des symptômes de l’affection et des réactions individuelles du patient avec la pathogénésie des médicaments utilisables1. . » |
Dans le cadre de notre étude, nous avons voulu répondre à un certain nombre de questions cliniques qui prennent particulièrement en compte deux impératifs : les recommandations médicales indispensables et la méthode en vue de trouver le remède similaire, le simillimum.
Cet abécédaire comprend 140 ordonnances. Pour des raisons évidentes – mais qu’il n’est pas inutile de rappeler – d’indications et de contre-indications, toutes les pathologies ne sont pas envisagées, notamment celles qui mettent en jeu le pronostic vital et les troubles psychiatriques. Notre but n’est pas de rédiger un guide supplémentaire, mais d’inscrire le prescripteur dans cet art de guérir.
Lors de la première consultation, nous orientons notre interrogatoire sur :
– | les circonstances de l’apparition du trouble ; |
– | la recherche de la cause, les causes étiologiques, voire épidémiques ; |
– | la localisation précise avec les termes du patient et la confirmation par l’examen clinique ; |
– | les irradiations ; |
– | l’importance des sensations ; |
– | les modalités : les facteurs d’amélioration et d’aggravation ; |
– | les symptômes concomitants ; |
– | la consultation pour un motif se valorise qualitativement, c’est-à-dire de façon hiérarchisée en fonction d’une grille, dont l’ordre décroissant est le suivant. |
OrdreQualitéPremierSigne étiologiqueDeuxièmeSigne psychiqueTroisièmeSigne généralQuatrièmeModalité généraleCinquièmeSigne régional
|
En fonction de ce schéma, nous recherchons les anomalies pathologiques selon leur qualité et leur originalité, autant de symptômes définis ainsi dans un aphorisme de Samuel Hahnemann :
– | « La comparaison de l’ensemble des symptômes de la maladie naturelle avec la liste des symptômes pathogénétiques de médicaments bien expérimentés est, il est utile de le répéter, la condition sine qua non pour trouver, parmi ces derniers, une puissance pharmacodynamique similaire au mal à guérir. Mais il faut surtout et presque exclusivement, dans la recherche du remède homéopathique spécifique, s’attacher aux symptômes objectifs et subjectifs caractéristiques les plus frappants, les plus originaux, les plus inusités et les plus personnels. |
– | « Ce sont ceux-là principalement qui doivent correspondre aux symptômes très semblables du groupe appartenant au remède à trouver, pour que ce dernier soit celui qui convienne le mieux à la guérison. |
– | « Au contraire, les symptômes communs et vagues comme les malaises, la lassitude, le mal de tête, le manque d’appétit, un mauvais sommeil, etc. méritent peu d’attention, soit à cause de leur caractère banal et imprécis, soit aussi parce qu’on les rencontre dans presque toutes les maladies et dans presque tous les médicaments2. . » |
Ainsi observons-nous, notons-nous et répertorions-nous les signes cliniques que nous comparons à notre connaissance de la matière médicale homéopathique. Notre ordonnance s’appuie sur un schéma différent selon les écoles de prescription. S’agissant de l’homéopathie française, les méthodes employées par les professionnels se distinguent en :
– | prescription d’un seul médicament, « l’unicisme » (ou homéopathie classique3. ) ; |
– | ordonnancement de plusieurs médicaments, un principal accompagné de satellites, le « pluralisme »4. ; |
– | proposition de mélange de plusieurs médicaments homéopathiques en basse dilution, le « complexisme ». |
Pour illustrer, prenons l’exemple d’un sujet victime d’une entorse bénigne5. , améliorée par le repos et la pression. Outre les gestes indispensables de strapping et de mise au repos, nous suggérons trois ordonnances.
La première est celle d’une totale adéquation entre la maladie et un remède, deux tableaux identiques. Dans ce cas, la posologie est la déclinaison de ce médicament en une dose plus ou moins répétée ou des prises de ce médicament plusieurs fois par jour.
La deuxième est la couverture du problème par plusieurs médicaments, confortés par des remèdes complémentaires, satellites du principal.
La troisième est l’emploi de plusieurs remèdes homéopathiques mélangés dans une préparation, en dilution basse.
En vue de réduire les accidents liés à l’utilisation des matières premières, utilisées en homéopathie, non reconnues ou dont la toxicité est mal documentée, les pouvoirs publics ont précisé la réglementation des préparations magistrales à but thérapeutique et leurs critères de remboursement par les caisses d’assurance-maladie7. :
– | intégrer la liste des « matières premières » homéopathiques, au nombre de 305 souches (en septembre 2007), répondant aux spécifications des monographies de la Pharmacopée européenne retenue ; |
– | ne pas se substituer à une spécialité déjà disponible ; |
– | porter la mention manuscrite « prescription à but thérapeutique en l’absence de spécialités équivalentes disponibles ». |
Pour le choix des dilutions, quel que soit le mode de prescription, nous optons, le plus souvent, pour les propositions suivantes :
– | les doses tubes, contenant environ deux cents globules, sont titrés à la 9 CH ; |
– | les prises quotidiennes sont portées à la 5 CH, des exceptions sont faites pour des dilutions plus réactives ; |
– | les basses dilutions les plus fréquemment ordonnées sont la teinture-mère (TM), les 3 DH et X DH respectivement pour les triturations et les solutions liquides. |
Pour faciliter la rédaction de l’ordonnance homéopathique, nous utilisons des abréviations :
– | pour les médicaments homéopathiques, nous écrivons le terme usuel, par exemple Arnica, en italique, puis le nom entier est indexé en fin d’ouvrage, Arnica montana, avec sa traduction française, « arnique des montagnes » ; |
– | nous employons le « et/ou » en cas de possibilité d’association et le « ou » en cas d’impossibilité ; |
– | nous utilisons pour spécifier la modalité les sigles mathématiques « > », supérieur à, pour l’amélioration et inversement, le signe « < », inférieur à, l’aggravation ; |
– | les produits composés sont inclus dans une accolade avec en regard : aa q.s.p. (en quantité égale). |
De plus hautes dilutions dynamisations (9 CH, 12 CH, 15 CH et 30 CH) sont envisageables si et seulement si les signes sont nombreux et valorisés mais surtout s’ils affectent les signes mentaux et révèlent ainsi le simillimum du patient. Quant aux dilutions korsakoviennes, elles sont très utiles si l’on choisit la méthode du remède unique (avec la précaution des doses en échelle croissante).
En vue d’une recherche plus approfondie, intitulée « Pour en savoir plus », une bibliographie récente est donnée en fin de prescription. De plus, en fin d’ordonnance, pour le conseil en officine, les spécialités des laboratoires français de fabrication des médicaments homéopathiques dans la pathologie énoncée sont mentionnées.
Dans le cas d’un succès, le suivi ne s’arrête pas à cet instant. On aboutirait à une suppression ou une palliation des symptômes tandis que le but consiste à accompagner le patient. Dans le cas d’un échec, le médicament sélectionné, unique ou accompagné, couvre peu ou pas du tout la symptomatologie. Les remèdes homéopathiques ont pour particularité de posséder de multiples facettes tant sur les points d’impact que sur les sensations particulières. Et ce sont ces dernières qui sont prééminentes sur les signes locaux. Pourquoi ? Pour cette raison que l’homéopathie considère la maladie comme un trouble de la dynamique vitale. Cependant, un incident de parcours comme une rhinopharyngite ou bien un eczéma révèle l’un des aspects de la modalité réactionnelle de chacun, de la maladie chronique ou un épisode intercurrent. Cela rejoint la réflexion suivante : « Si la maladie récente, dissemblable, est la plus forte, elle supprime temporairement et suspend l’ancienne plus faible, jusqu’à ce qu’elle ait achevé son cours ou soit guérie8. […] ».
Ce point nous invite à réfléchir sur le destin de notre patient et confirme que son motif actuel de consultation est la partie visible de l’iceberg, sa maladie chronique, en vue de trouver la réponse la plus similaire possible à son trouble.
L’étape suivante vise à un approfondissement de l’interrogatoire, l’étude de la matière médicale homéopathique et le maniement des répertoires, en vue d’affiner la valorisation des signes et d’établir un schéma personnalisé dans la maladie chronique.
Pour la médecine française, la thérapeutique homéopathique répond aux patients souvent laissés de côté, soit par une inadéquation entre eux et le traitement académique proposé, soit par une attitude du patient méfiant envers une proposition standardisée et commerciale. En fait, elle dépasse ce cadre en proposant un paradigme différent de la pensée médicale domiante et un choix complémentaire ou alternatif au schéma thérapeutique.
En fait, si les homéopathes connaissent, dans les pathologies de terrain, des succès reconnus, par leur écoute, leur observation et leur traitement, ils rencontrent également des résultats dans le traitement des maladies aiguës et des motifs de consultation de médecine générale. La difficulté est de l’attester. En effet, la plupart des établissements hospitaliers français, à l’inverse de leurs homologues anglais, indiens, brésiliens, etc., n’offrent pas ou peu de consultations ni de traitements homéopathiques. Les statistiques relevées par la caisse primaire d’assurance-maladie et les unions professionnelles des médecins libéraux commencent à recenser les multiples consultations de plusieurs milliers de médecins français, connus sous l’étiquette de mode d’exercice particulier (MEP), mais la plupart spécialisés en médecine générale.
Ces propositions, ouvertes et justifiées, sont une des illustrations du travail quotidien des médecins homéopathes français.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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