Étude des déterminants socioprofessionnels de la souffrance psychique au travail - 15/02/08
S. Fanello [1],
E. Parot [1],
V. Chalvin [1],
J.P. Vincent [1],
C. Casanova [1],
C. Gaudemer [1],
Y. Roquelaure [2]
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Objectifs |
Les objectifs de ce travail étaient d'évaluer l'importance de la souffrance psychique des employés d'une entreprise du tertiaire du Maine-et-Loire et de déterminer les facteurs de risque ainsi que les modérateurs de cette souffrance afin de mettre au point une prévention efficace.
Population et méthode |
Un tirage au sort, stratifié sur la famille de métiers, a permis de sélectionner les 310 agents nécessaires à la réalisation de l'enquête. Le questionnaire comprenait cinq rubriques : une fiche socioprofessionnelle (27 items) ; 14 questions concernant les modérateurs de stress (support social de DUKE, activités de loisirs et comportements de santé) ; le GHQ 12 (General Health Questionnaire) ; 60 questions portant sur la perception de l'environnement de travail par l'individu réparties en neuf rubriques (la charge de travail perçue, la prévisibilité du travail, l'autonomie, la reconnaissance, les soutiens social et professionnel, l'équité au travail, la perception des valeurs au sein de l'entreprise et la formation). Les données recueillies étaient anonymes et confidentielles. L'analyse des données a été réalisée à l'aide du logiciel SPSS™ (version 10.1). Une analyse univariée a été réalisée (chi-deux de Pearson, ANOVA, corrélations) ainsi qu'une analyse multivariée (régression logistique).
Résultats |
Le taux de réponses était de 75 %. Les 231 répondants étaient représentatifs de l'entreprise sur le sexe, l'âge et les familles de métiers.
Le score moyen du GHQ 12 était de 12,7 ± 6,1. 41,6 % étaient en souffrance psychique (score > 12/36).
Après régression logistique, les principaux déterminants sociaux de la souffrance psychique étaient l'âge (> 40 ans, p = 0,004), le sexe (les femmes, p = 0,02), la pénibilité des transports (p = 0,055), la prise de sédatifs nerveux (p = 0,009) et les familles de métiers (la modalité de référence étant la direction, p ≤ 0,006).
Concernant les déterminants « professionnels », seule l'autonomie au travail demeurait significative, après régression logistique, et tout particulièrement le contrôle du rythme de travail (p = 0,013).
Pour les modérateurs de stress, l'analyse multivariée retenait deux items liés à une souffrance psychique : se réunir moins d'une fois/mois avec des amis (p = 0,009) et ne pas avoir ri aux éclats durant la semaine (p = 0,009).
Discussion et conclusion |
La souffrance psychique dans cette entreprise est élevée. Les actions de prévention pour réduire ou éliminer les facteurs de risque toucheront directement l'environnement et la source de travail (accompagnement aux changements : formations adaptées ; management participatif ; mise en place de politiques équitables).
Il s'agira aussi d'aider les individus en leur offrant des activités de relaxation ou des espaces de discussion dans lesquels les employés pourront exprimer leur point de vue sur le travail.
Le médecin du travail devra gérer la réhabilitation, le processus de retour au travail ainsi que le suivi des individus qui souffrent ou qui ont souffert de problèmes de santé mentale.
Risk factors of work-related psychological distress: survey among 231 employees of a service company. |
Aim of the study |
The objectives of this work were to assess the extent of psychological distress among employees of a service company in the district of Maine-et-Loire and to assess the risk factors and moderators of this distress in order to develop effective prevention measures.
Population and methods |
A random drawing, stratified by job categories, selected the 310 employees necessary for this survey. The questionnaire included five sections: social and occupational data (27 items); 14 questions about “stress moderators” (DUKE's social support), leisure activities and health behaviors); the GHQ 12 (General Health Questionnaire); 60 questions about the individual's perception of the work environment, divided into 9 subsections (perceived workload, predictability of work, autonomy, recognition, social support at work, fairness at work, perception of the company's values and training). The data were collected on an anonymous and confidential basis. SPSS™ (version 10.1) software was used for data analysis, including both univariate (Pearson's chi-square, ANOVA, correlations) and multivariate (logistic regression) analyses.
Results |
The response rate was 75%. The 231 respondents were representative of the company for sex, age and job groups.
The mean GHQ 12 score was 12.7 ± 6.1. Psychological distress (score > 12/36) was noted among 41.6% respondents.
After logistic regression, the principal social determinants of psychological distress were age (> 40 years, p = 0.004), sex (women, p = 0.02), transportation difficulties (p = 0.055), use of sedatives (p = 0.009), and job group (with management as the reference category, p = 0.006).
Concerning job-related determinants, only autonomy at work remained significant after logistic regression, most especially control over work pace (p = 0.013).
Multivariate analysis found two items among the stress moderators to be related to psychological distress: meeting with friends less than once a month (p = 0.009) and not having laughed hard during the past week (p = 0.009).
Discussion and conclusion |
Psychological distress is high in this company. Prevention activities to reduce or eliminate the risk factors must directly affect the environment and the work source (changes will require appropriate training, participatory management, and the development of more equitable policies).
It is also necessary to help the employees by offering them relaxation activities or opportunities for discussion where they can express their points of view about work.
The occupational physician must manage this rehabilitation, the process of return to work, and the follow-up of individuals who have or had mental health problems.
Mots clés :
Souffrance psychique
,
Travail
,
Tertiaire
Plan
© 2004 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 65 - N° 4
P. 326-334 - juillet 2004 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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