Introduction – objectifs : Les traitements anti-CMV peuvent entraîner chez l’immunodéprimé l’apparition des résistances aux antiviraux. Plusieurs travaux ont fait état de l’antipaludéen artésunate (ArtS) dans ces situations, avec une efficacité variable. Nous rapportons notre expérience de l’ArtS chez 5 patients greffés.

Matériels et méthodes : Trois patients transplantés d’organe solide et 2 patients ayant reçu une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques ont présenté, sous traitement anti-CMV, une infection à CMV avec des souches génotypiquement et phénotypiquement résistantes au ganciglovir et/ou au cidofovir et foscavir. Un traitement par ArtS a été institué en maintenant les anti-CMV classiques.

Résultats : L’évolution a été favorable dans 3 cas et défavorable (décès des patients) dans 2 cas. Les 3 patients qui se sont améliorés présentaient une réplication isolée du CMV, ou une maladie à CMV (fièvre, leucopénie) sans atteinte d’organe ; la charge virale sanguine CMV s’est négativée en 1 à 3 mois. L’ArtS a été arrêté 3, 4 et 7 mois après négativation, sans rechute à l’arrêt. Les 2 cas d’évolution défavorable avaient une atteinte d’organe. Le 1^er était atteint d’encéphalite et polyradiculonévrite avant l’introduction de l’ArtS ; 19 jours après l’introduction de l’ArtS, une pneumonie à CMV avec SDRA est suvenue. Le 2^d, qui avait une pneumonie à CMV a eu une évolution respiratoire fatale à 10 jours de l’introduction de l’ArtS. Dans les 2 cas, on avait pourtant observé une diminution de la charge virale sous ArtS.

Conclusion : Ces observations suggèrent que l’ArtS serait utile pour traiter les patients avec une maladie à CMV sans atteinte d’organe en cas de résistance du CMV virologiquement prouvée ; mais l’ArtS ne serait pas efficace en cas de maladie d’organe à CMV, particulièrement pulmonaire ou neurologique.