Le « trouble » de l’éjaculation précoce : le critère d’une minute maximum de pénétration en question - 01/08/14

Doi : 10.1016/j.sexol.2014.06.005 
P. Kempeneers a, b, , M. Desseilles b, c
a Département des sciences de la santé publique, université de Liège, Liège, Belgique 
b Clinique psychiatrique des Frères Alexiens, rue du Château-de-Ruyff, 68, B-4841 Henri-Chapelle, Belgique 
c Département de psychologie, université de Namur, Namur, Belgique 

Auteur correspondant. Clinique psychiatrique des Frères Alexiens, rue du Château-de-Ruyff, 68, B-4841 Henri-Chapelle, Belgique.

Résumé

Il existe actuellement une tendance à réserver le diagnostic de trouble de l‘éjaculation précoce (EP) aux seuls cas caractérisés par des durées de pénétration inférieures ou égales à une minute environ. L’idée sous-jacente est que ces situations relèveraient d’une étiologie essentiellement bio-constitutionnelle et qu’un traitement pharmacologique au long cours constituerait l’unique option thérapeutique valable. À l’examen de la littérature cependant, les évidences scientifiques invoquées en soutien de cette proposition apparaissent assez faibles. Bon nombre de personnes souffrant d’éjaculer trop rapidement présentent en effet des durées de pénétration supérieures à une minute, et il semble que les formes sévères d’EP puissent aussi répondre favorablement à des traitements psycho-sexologiques. En outre, s’il s’avère certain que des variables biologiques influencent la latence éjaculatoire, rien ne permet cependant de prétendre qu’elles jouent, dans les formes sévères d’EP, un rôle exclusif de facteurs étiologiques psychosociaux. Il apparaît ainsi « prématuré » de fonder le diagnostic d’EP sur une durée de pénétration d’une minute maximum, ce critère détermine plutôt un gradient de sévérité du trouble. Considérant que, en matière de durée de pénétration, les critères de désirabilité se situent souvent au-delà des normes biologiques, il semble délicat de soutenir que seules les formes d’EP les plus sévères auraient une origine bio-constitutionnelle. Dans tous les cas au demeurant, la constitution s’avère relativement plastique, sensible aux apprentissages à visée adaptative. Ceux-ci sont sans doute plus difficiles à réaliser par les porteurs d’une forme sévère du trouble, mais pas impossibles. La question de l’indication d’un traitement pharmacologique ou psycho-sexologique gagnerait à se dégager d’un simple critère de latence éjaculatoire.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

The current trend is to reserve the diagnosis of premature ejaculation (PE) for cases where penetration lasts for about one minute or less. The rationale is that the aetiology is primarily bio-constitutional, and that long-term pharmacological treatment is the only viable option. However, the literature contains little scientific evidence to support this argument. In fact, a good number of individuals who suffer from overly rapid ejaculation present with penetration duration exceeding one minute, and even severe forms of PE have responded favourably to psycho-sexological treatment. Moreover, although certain biological variables are known to influence ejaculation latency time, nothing indicates that they play an exclusive role of psychosocial etiological factors in severe PE. Therefore, it would be ‘premature’ to base a PE diagnosis on a maximum penetration duration of one minute, which should instead be considered a severity gradient. Given that desired criteria for penetration duration often exceed biological norms, it would be inappropriate to propose that only the most severe forms of PE have constitutional origins. In any case, the constitution is relatively flexible, and can respond to adaptive learning. An adaptive learning approach would undoubtedly be more difficult to apply in severe cases, but not impossible. The issue of whether to use pharmacological versus psycho-sexological treatment could be sidestepped by moving beyond the single criterion of ejaculation latency.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Éjaculation précoce, Latence éjaculatoire, Étiologie, Traitement, Thérapies cognitivo-comportementale, Thérapie sexuelle, Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine

Keywords : Premature ejaculation, Ejaculation latency, Aetiology, Treatment, Cognitive behavioural therapy, Sex therapy, Selective serotonin reuptake inhibitors


Plan


 An English version of this article is available on line, at http://dx.doi.org/10.1016/j.sexol.2014.06.005.


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