In this article, the authors elaborate on the issue of turning disability experience into expertise, and that of the development of disability epistemology. They do so by applying an approach transposed from the field of science and technology studies (STS). As a field and approach that departs from more traditional understandings of epistemology, STS could well serve the articulation of a proper disability epistemology, and as such it could inform the wider field of disability studies. To this end, the article focuses on a European city's Accessibility Advisory Committee (AAC), led by and (largely) composed of volunteering citizens living with an impairment. In order to influence the city's built environment, the AAC has to develop tools to translate its experience into something usable for the professionals (planners, architects, city council and city administrations) involved in the decision-making process. One tool the AAC uses is a move-through building assessment. The authors follow the devising and realization of such a move-through assessment organised by the AAC where people with different impairments together with nondisabled participants visit a recently finished building to assess its accessibility based on their proper experience. The empirical material comes from observations obtained through participant observation of the assessment, its preparation and the collective discussions afterwards. The analysis of the ethnographic material of this move-through assessment provides a rich understanding of how citizens with an impairment can impact their city's built environment and vice versa. Three strands are explored: How is the tool devised? How is it put into practice? How does it affect the participating actors?

Cet article questionne la transformation de l’expérience du handicap en expertise. L’approche choisie par les auteurs est transposée du champ des Science and Technology Studies (STS). Dans la mesure où le champ et l’approche des STS s’écartent d’une conception traditionnelle de l’épistémologie, les STS se prêtent particulièrement bien à l’étude d’une épistémologie propre au handicap, elle-même susceptible d’apporter une contribution originale aux Disability Studies. En suivant cette perspective, l’article se concentre sur une expérience menée par le comité consultatif sur l’accessibilité (CCA) d’une ville européenne, dirigé par et (largement) constitué de citoyens bénévoles qui vivent avec un handicap. Pour parvenir à exercer une influence sur l’environnement bâti de la ville, le CCA est appelé à développer des outils permettant de traduire leur expérience dans une forme utilisable par des professionnels (planificateurs, architectes, les différentes administrations urbaines concernées) impliqués dans les processus de décision. Un des outils qu’utilise le CCA est une évaluation de l’usage des bâtiments réalisée en les parcourant. Les auteurs ont suivi le travail d’élaboration et la réalisation d’une évaluation organisée par le CCA. Cette évaluation consiste en une visite, par des personnes qui vivent avec un handicap et des personnes valides, d’un bâtiment qui vient d’être achevé afin d’en tester l’accessibilité. Les données empiriques ont été collectées lors d’observations participantes réalisées au cours de l’évaluation, de sa préparation et des discussions collectives qui suivent l’évaluation. L’analyse du matériel ethnographique permet de comprendre la manière dont des citoyens vivant avec un handicap peuvent influer sur l’environnement bâti de leur ville et inversement. Trois dimensions de l’expérience sont explorées : comment l’outil d’évaluation est-il construit ? Comment est-il mis en pratique ? Comment affecte-t-il les acteurs qui participent à l’expérience ?