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Chapitre 16
Paralysies oculomotrices isolées et multiples

P. Lebranchu

Points importants –
  • Les critères cliniques ne sont pas suffisants pour catégoriser une paralysie oculomotrice isolée comme « microvasculaire ». Même en les respectant strictement et dans un centre de neuro-ophtalmologie spécialisé, ces critères sont pris en défaut dans 5 à 13% des cas.
  • Pour que le patient ne perde pas la chance d'un traitement adapté et précoce, la question n'est désormais plus de savoir s'il faut réaliser une neuro-imagerie, mais quand il faut la réaliser.
Introduction
Sur 100 patients consultant en urgence pour diplopie, 67% présentent une atteinte d'un nerf crânien [1]. Cela signifie que plus de 3 patients sur 10 ont une autre localisation: musculaire, jonction neuromusculaire ou centrale. Un déficit oculomoteur, quelle que soit son origine, est évoqué en cas de déviation incomitante, augmentant dans le champ d'action du muscle atteint et diminuant dans le champ d'action opposé. La mesure de cette incomitance peut être qualitative ou quantitative (déviométrie et coordimètre), mais l'évaluation clinique d'un trouble oculomoteur dans un contexte d'urgence est difficile. Celle-ci requiert une expertise spécialisée et peut facilement être prise en défaut [ 2–4 ]. Or, l'orientation initiale est primordiale pour aboutir à un diagnostic et une prise en charge adaptée. Trois règles de base sont importantes pour interpréter un trouble oculomoteur (fig. 16-1
Fig. 16-1
Champs d'action et actions des muscles oculomoteurs d'un œil droit.a.Champ d'action des muscles oculomoteurs, chaque flèche représentant la direction du regard où l'action du muscle est maximale. b.Actions des muscles oculomoteurs, décomposées en actions horizontale, verticale et oblique. La taille de chaque flèche est proportionnée en fonction de l'action du muscle. c.Action des muscles droits et obliques dans la verticalité (en abduction, en position primaire et en adduction).
Source: fig.a etb: Vignal-ClermontC, TiliketeC, MiléaD. 2éd. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson ; 2016 ; fig. c, d'après Espinasse-Berrod MA. 3éd. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson ; 2018 (dessin de Cyrille Martinet).
):
  • le champ d'action des muscles (fig. 16-1a) : chaque flèche correspond à l'endroit du regard où la force exercée par le muscle est maximale et où le déficit oculomoteur sera maximal en cas de paralysie. Cela ne signifie absolument pas que seul ce muscle permet au globe d'atteindre cette direction ;
  • la force de chaque muscle sur les mouvements horizontaux, verticaux et torsionnels (fig. 16-1b) : il faut retenir que les droits latéral et médial contrôlent les mouvements horizontaux, les droits supérieur et inférieur l'essentiel des mouvements verticaux ; l'action principale des muscles obliques est torsionnelle, permettant de contrebalancer la torsion induite par les muscles verticaux lors de leur contraction ;
  • les forces respectives développées par les muscles droits et obliques lors des mouvements verticaux (fig. 16-1c) : les muscles droits sont les principaux élévateurs/abaisseurs du globe (dans l'abduction, mais également dans l'adduction).
Nous pouvons en tirer les conclusions suivantes :
  • un déficit complet du droit supérieur provoque un déficit global de l'élévation (très légèrement plus en abduction qu'en adduction) ; de même, un déficit complet du droit inférieur provoque un déficit global de l'abaissement ;
  • un déficit de l'oblique supérieur provoque un déficit relatif de l'abaissement en adduction (dans son champ d'action) ; il provoque surtout un trouble torsionnel.
Enfin, il faut garder à l'esprit que si le globe ne va pas dans une direction, cela peut être par :
  • déficit d'un muscle participant à cette action : défaut d'innervation, de la jonction neuromusculaire, des fibres musculaires.
  • restriction du muscle antagoniste : fibrose, co-contraction.
Paralysie du nerf oculomoteur (III)
Son incidence à l'âge adulte est de 3,5 à 4 cas pour 100 000 habitants [5], passant de 1,7/100 000 avant l'âge de 60 ans à 12,5/100 000 après 60 ans [6]. Toutes étiologies confondues, il existe une légère prépondérance féminine (60 % des cas) ; 2% des cas sont bilatéraux, les autres se répartissant équitablement entre droite et gauche (tableau 16-1
Tableau 16-1
Fréquence des étiologies des paralysies de la IIIe paire crânienne dans la population générale.
ÉtiologieAkagi et al., 2008 [8] Étude monocentrique (n = 63)Park et al., 2008 [52] Étude monocentrique (n = 48)Fang et al., 2017 [6] (n = 145)
Congénitale3% ExclusExclus
Traumatique16% 19% 12% 
Microvasculaire35% 35% 42% 
Anévrismale16% 10 % 6% 
NeurochirurgicaleVoir «Autres » nr4% clippage d'anévrisme 6% autres neurochirurgies 
Néoplasique8% 6% 11% 
Indéterminée19% 4% 
Autres24% infection, neurochirurgie, HSV, syndrome de Miller-Fisher et fistule carotidocaverneuse 10 % (pour III, IV et VI) Post-neurochirurgie, syndrome de Miller-Fisher, HSV, granulomatose avec polyangéite, syndrome de Tolosa-Hunt, hémorragie sous-arachnoïdienne 4% AVC 2% syndrome de Tolosa-Hunt 2% apoplexie pituitaire 1% maladie de Horton 5% autres: fistule carotidocaverneuse, VZV, méningite carcinomateuse, thrombose du sinus caverneux, migraine 
AVC: accident vasculaire cérébral ; HSV:  ; VZV: .
) [6].
Présentation clinique
Sa présentation est polymorphe en fonction du nombre de muscles atteints, de l'importance de la paralysie et de l'atteinte du contingent parasympathique destiné à la pupille (fig. 16-2
Fig. 16-2
Formes cliniques des paralysies du III en fonction de la topographie.1: artère communicante postérieure ; 2: bifurcation du tronc basilaire ; 3: nerf oculomoteur ; 4: artère cérébrale postérieure ; 5: artère cérébelleuse supérieure ; 6: artère cérébrale moyenne ; 7: artère carotide interne.ACI: artère carotide interne ; CBH: syndrome de Claude Bernard-Horner ; FCC: fistule carotidocaverneuse ; HSV: herpes simplex virus ; SEP: sclérose en plaques ; VZV: varicella-zoster virus.
Source: fig. à gauche: dessin de Cyrille Martinet ; fig. à droite: Vignal-ClermontC, TiliketeC, MiléaD. 2éd. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson ; 2016.
). Le terme « paralysie partielle » regroupe une paralysie incomplète de tous les muscles innervés par le III ( global pattern ) et une paralysie de seulement quelques muscles ( focal pattern ). Ce terme est source de confusion, pouvant être évitée par les dénominations suivantes:
À chaque fois, il convient de préciser si la musculature intrinsèque est atteinte : mydriase ou anisocorie avec pupille la plus grande du côté paralysé.
Paralysie ou parésie GLOBALE du III
Tous les muscles sont atteints. Le patient ne rapporte pas de diplopie (« ptosis salvateur »). Il existe une divergence en position primaire accompagnée de façon inconstante d'une hypotropie. La divergence diminue dans l'abduction, augmente dans l'adduction. L'analyse de la motilité met en évidence un déficit d'élévation, d'abaissement et d'adduction qu'il faut quantifier.
Paralysie ou parésie focale du III
Chaque muscle est innervé par un sous-noyau du III. Le nerf se divise en deux branches à son entrée dans la fissure orbitaire supérieure. La branche supérieure innerve les muscles droit supérieur et releveur de la paupière supérieure, la branche inférieure, les muscles droits médial, inférieur, oblique inférieur et parasympathique pour le ganglion. Une atteinte focale peut résulter soit d'une lésion partielle du nerf comme une compression anévrismale de sa partie supérieure, soit d'une lésion d'une de ses branches ou d'un ou de plusieurs des sous-noyaux. Ces deux situations entraînent en général une paralysie d'au moins deux muscles, l'atteinte brutale d'un seul muscle est le plus souvent liée à un autre mécanisme. En revanche, il n'est pas rare qu'un déficit persiste isolément en phase séquellaire.
Une paralysie focale peut s'exprimer de façon variée selon le nombre et la profondeur des différents éléments touchés (fig. 16-3
Fig. 16-3
Paralysie focale du III droit.a.Les photographies dans les 9positions du regard illustrent l'atteinte des muscles droits médial et supérieur droits, du releveur de la paupière supérieure droite et révèlent une anisocorie minime. b.Les schémas de Lancaster confirment les déficits d'action à droite, avec des hyperactions controlatérales.
). Deux présentations typiques peuvent être retenues :
  • atteinte de la branche supérieure : hypotropie de l'œil paralysé, diminuant fortement dans le regard en bas, augmentant fortement dans le regard en haut ; l'élévation est globalement touchée. Cette situation est souvent prise à tort pour une «paralysie des deux élévateurs » lors de la lecture du coordimètre. L'examen confirme la persistance du ptosis en position primaire. Si le ptosis disparaît lorsque l'œil fixe, il s'agit d'un faux ptosis lié à l'hypotropie et il faut remettre en cause le diagnostic de paralysie du III ;
  • atteinte de la branche inférieure : hypertropie et exotropie en position primaire. L'hypertropie augmente dans le regard en bas, diminue dans le regard en haut. L'exotropie augmente dans l'adduction, diminue dans l'abduction. La motilité oculaire retrouve un déficit d'adduction et d'abaissement.
Il existe un grand nombre de diagnostics différentiels mimant ces situations, principalement des atteintes restrictives musculaires (dysthyroïdie) ou de la jonction neuromusculaire.
Plusieurs cas d'atteinte anévrismale ont été publiés avec une atteinte partielle de la musculature extrinsèque. L'atteinte complète dans les paralysies microvasculaires ne représente que 25 à 45% des cas [4,7] ; le reste du temps, il peut s'agit d'une parésie de l'ensemble du III ou, plus rarement, d'une atteinte focale de quelques éléments (parésie ou paralysie focale, essentiellement de la branche supérieure) [7]. Par ailleurs, une étude récente révèle que 26% des paralysies du III se manifestent par une atteinte extrinsèque complète, avec une proportion identique quelle que soit l'étiologie [6]. Le ptosis n'est pas non plus un signe d'orientation, présent dans 85 à 90 % des cas [6,8]. Ainsi, la présentation clinique extrinsèque de la paralysie du   III ne permet pas d'écarter à elle seule les causes graves.
Signes de régénérations aberrantes
Ces signes apparaissent après une lésion axonale du III, provoquant une erreur lors de la réinnervation et concernent 14 à 22% des atteintes compressives (anévrismes inclus), post-traumatiques ou neurochirurgicales [6]. La forme la plus fréquente est la rétraction de la paupière lors de l'adduction ou de l'abaissement (phénomène de pseudo-Graefe), parfois on relève une constriction pupillaire dans l'adduction.
Ils ne s'observent pas en cas d'atteinte microvasculaire, de maladie de Horton, d'atteinte inflammatoire (syndrome de Tolosa-Hunt) ou d'apoplexie pituitaire. Les lésions microvasculaires provoqueraient une lésion démyélinisante réversible et ne sont donc pas pourvoyeuses de ces signes  [4].
Atteinte pupillaire
La « règle de la pupille » est souvent utilisée pour orienter le diagnostic étiologique d'une paralysie du III: masse compressive en cas de mydriase, épargne pupillaire en cas d'atteinte microvasculaire. En effet, le faisceau parasympathique situé dans le nerf oculomoteur présente une double spécificité: sa position superficielle dorsale le rend extrêmement sensible aux phénomènes compressifs et sa double vascularisation (vasa nervorum et vaisseaux récurrents issus des artères communicante postérieure ou carotides) le rend très peu sensible à l'ischémie des artères intraneurales. Certaines séries retrouvent une anisocorie dans 85 à 95% des atteintes anévrismales, avec une mydriase pathologique franche (>2mm) [4]. L'étude récente de Fang et al. [6] modère cette association, ne retrouvant une mydriase initiale que dans 33% des atteintes anévrismales (toutes liées à un anévrisme de l'artère communicante postérieure, n = 3) ; aucun des anévrismes du sinus intracaverneux (n = 5) ne présentait de mydriase initialement, mais tous présentaient une mydriase après traitement. D'autres étiologies semblent fréquemment associées à une atteinte pupillaire [6]: 71% des atteintes post-traumatiques ou post-neurochirurgicales, 81% des atteintes compressives non anévrismales. D'un autre côté, une épargne pupillaire est majoritairement observée en cas d'atteinte microvasculaire. Cependant, une minorité des atteintes microvasculaires (16 à 35%) présentent tout de même une anisocorie, en général de plus faible amplitude (<1mm) [6,8,9]. Ainsi, la présence d'une faible anisocorie (entre 0,5 et 2 mm) ne permet pas d'orienter clairement le diagnostic quel que soit le degré de douleur ou la profondeur de la paralysie associée, les étiologies se répartissant de manière équivalente (42%) entre atteintes microvasculaires et compressives [10]. Nous pouvons donc retenir que la mydriase est un signe sensible mais peu spécifique d'atteinte compressive  ; l'absence de mydriase est beaucoup moins orientante .
Une atteinte pupillaire liée à une paralysie du   III est quasiment toujours associée à une atteinte de la musculature extrinsèque  : une mydriase totalement isolée liée à une paralysie du III n'a été rapportée que dans 4 cas (une dissection carotidienne, un kyste arachnoïdien, une lésion kystique du nerf et une étiologie non précisée) avec une évolution rapide et fréquente vers une atteinte de la musculature extrinsèque [11,12].
Atteinte douloureuse
La douleur est typiquement présente dans les atteintes anévrismales (78 %) [6], particulièrement en cas de fissuration sous la forme d'une céphalée en coup de tonnerre. Elle est rapportée dans d'autres mécanismes compressifs (20 % des méningiomes, 80 % des métastases) [6], mais elle est également présente dans 61 à 77% des paralysies microvasculaires du III, se localisant dans la tempe ou le globe [6,13]. Elle précède alors souvent l'apparition de la paralysie [13]. Les caractéristiques de ces douleurs péri-orbitaires ne permettent pas de différencier les atteintes microvasculaires simples de celles compliquant une maladie de Horton [14]. Une douleur oculaire ou des maux de tête sont également rapportés dans la majorité des atteintes post-traumatiques, des apoplexies hypophysaires ou lors d'une atteinte inflammatoire du sinus caverneux (syndrome de Tolosa-Hunt, par exemple). La présence ou l'absence de douleur ne sont actuellement plus retenues comme un caractère orientant le diagnostic.
Atteinte isolée neurologiquement
La paralysie par atteinte microvasculaire est typiquement isolée, alors qu'elle est accompagnée par d'autres signes neurologiques dans 83 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC), 81% des compressions (hors anévrisme), 78% des traumatismes et 33% des anévrismes (avant neurochirurgie) [6].
Étiologies
Chez l'adulte, la principale cause de paralysie du III correspond à une atteinte microvasculaire (35 à 40 %), classiquement décrite dans les livres comme brutale et d'emblée maximale, touchant complètement la musculature extrinsèque, épargnant la pupille (fig. 16-4
Fig. 16-4
Nombre de cas et causes des paralysies acquises du III, par décennie de vie (population-based study, Rochester, États-Unis).
D'après Fang C, Leavitt JA, Hodge DO, et al. Incidence and etiologies of acquired third nerve palsy using a population-based method. 2017;135(1):23–8.
). L'âge moyen des patients présentant une atteinte microvasculaire est de 68 ans [6]. La cause la plus redoutée est l'atteinte anévrismale (6 à 16%), à évoquer systématiquement en cas de mydriase, d'atteinte focale ou de parésie. Une atteinte progressive peut être liée à une compression (néoplasie 6% à 11%, anévrisme, etc.). La cause traumatique (12 à 19%) est évoquée dans un contexte de traumatisme crânien grave. Les autres causes sont isolément plus rares, mais représentent de façon cumulée près d'une paralysie sur cinq: elles figures 16-2 et 16-4 ainsi que dans le tableau 16-1.
En pratique, seule une atteinte neurologiquement isolée et extrinsèque complète du III avec épargne totale de la pupille, chez un patient de plus de 50 ans sans autres facteurs de risque que des antécédents cardiovasculaires, peut réellement faire évoquer en premier une atteinte microvasculaire . Cependant, même dans cette situation, la réalisation systématique d'une imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale et orbitaire avec angio-IRM retrouve une autre étiologie dans 9 % des cas [2]. Dans tous les autres cas, il faut imager en urgence pour éliminer un anévrisme et une apoplexie hypophysaire, et faire un bilan biologique pour rechercher une maladie de Horton .
Évolution
La probabilité de récupération spontanée après atteinte acquise de la IIIe  paire crânienne, en fonction du mécanisme étiologique, est abordée dans le tableau 16-2
Tableau 16-2
Probabilité de récupération spontanée après atteinte acquise de la IIIe paire crânienne, en fonction du mécanisme étiologique.
ÉtiologieAkagi et al., 2008 [8] Étude monocentrique (n = 63)Fang et al., 2017 [6] (n = 145)
Traumatique40 % 22% 
Vasculaire91% microvasculaire 95% microvasculaire 67% AVC du tronc 
Anévrismale0 % 33% 
Néoplasique40 % 19% 
Inflammatoire100 % maladie de Horton 100 % syndrome de Tolosa-Hunt 67% apoplexie hypophysaire 
Indéterminée50 % 
AVC: accident vasculaire cérébral.
.
Particularités de l'enfant
L'incidence de la paralysie du III avant l'âge de 18 ans est comprise entre moins de 1 et 1,7/100 000habitants [15,16]. La fréquence relative des étiologies est abordée dans le tableau 16-3
Tableau 16-3
Fréquence des étiologies de paralysie de la IIIe paire crânienne dans la population pédiatrique.
ÉtiologieSchumacher-Feero et al., 1999 [19] (n = 53)Ng et Lyons, 2005 [17] (n = 18)
Néoplasique12% 22% 
Traumatique31% 28% 
Congénitale41% 33% 
Inflammatoire/infectieuse6% 6% 
Vasculaire8% 11% 
Idiopathique2% 2% 
. L'atteinte pupillaire est fréquente avec, dans la série de 18 patients de Lyons, 8 mydriases, 4 myosis et 2 mydriases évoluant progressivement vers un myosis [17]. Contrairement aux formes de l'adulte, cette atteinte pupillaire ne semble par orienter principalement vers les étiologies compressives [18]. Les signes de régénération sont également fréquents (32 à 38%), essentiellement dans les formes congénitales et tumorales [17,19].
Paralysie du nerf trochléaire (IV)
L'atteinte du IV est la forme la plus fréquente de paralysie rencontrée chez l'enfant [16]. Son incidence avant 18 ans est comprise entre 2,7 et 3,4 pour 100 000 habitants (voire 5,6% pour 100 000 habitants si l'on inclut les «hyperactions isolées de l'oblique inférieur »). Le pic du diagnostic est centré vers 3 ans [15,16]. Il s'agit essentiellement de formes congénitales (11 cas sur 13) [16], avec une minorité de formes traumatiques et neurochirurgicales à partir de la deuxième décennie [20]. L'incidence augmente à l'âge adulte, comprise entre 5,8 et 6,3 pour 100 000 habitants [5,20]. La paralysie est unilatérale dans 95% des cas [20], touchant sensiblement plus fréquemment le côté gauche (53%). Elle présente une prédominance masculine à l'âge adulte (55 à 68% [15,20,21]) possiblement en raison de la fréquence importante des traumatismes crâniens dans cette population. L'âge moyen au moment du diagnostic varie de 41 ans [20] à 52,5 ans [21], s'étalant de 2 à 90 ans.
Présentation clinique
Paralysie unilatérale
Sa présentation clinique est très variée selon son étiologie, et sa compensation est souvent source de confusion diagnostique. Dans sa forme la plus typique (fig. 16-5
Fig. 16-5
Paralysie du IV gauche.a.Photographies des yeux dans les 9positions du regard. Noter l'absence de déviation visible en position primaire, le déficit d'abaissement de l'œil gauche dans l'adduction, l'élévation de l'œil gauche dans l'adduction. b.Test de Bielschowsky tête penchée sur épaule gauche, révélant une hypertropie gauche. c.Schémas de Lancaster illustrant l'hypertropie gauche en position primaire (après décompensation), le déficit d'action dans le champ d'action de l'oblique supérieur gauche, les hyperactions de l'oblique inférieur gauche et du droit inférieur droit. d.Torticolis de fixation tête penchée sur l'épaule droite. e.Coupe coronale d'IRM centrée sur les orbites, confirmant l'hypotrophie du muscle oblique supérieur gauche (flèche).
), ici IV gauche, on note les caractéristiques suivantes:
  • position primaire (fig. 16-5a): absence de déviation ou hypertropie de l'œil paralysé ;
  • version horizontale (fig. 16-5a): augmentation de l'hypertropie en adduction (élévation en adduction), diminution de l'hypertropie en abduction ;
  • déviométrie dans les 9 positions du regard: augmentation de la déviation dans l'adduction et/ou dans le regard en bas et en dedans ;
  • duction monoculaire: limitation de l'abaissement en adduction (inconstant) ;
  • signe de Bielschowsky (fig. 16-5b) : augmentation de l'hypertropie lorsque la tête est penchée sur l'épaule du côté paralysé et diminution dans le sens inverse ;
  • torticolis de fixation (fig. 16-5d): tête penchée sur l'épaule controlatérale à la paralysie, plus rarement tête tournée vers l'épaule controlatérale à la paralysie (œil paralysé en abduction) ;
  • tracé coordimétrique, interprétable uniquement en cas de correspondance rétinienne normale (fig. 16-5c) : hauteur en position primaire, déficit dans le champ d'action de l'oblique supérieur, hyperaction de l'oblique inférieur homolatéral (loi de Sherrington) et du droit inférieur controlatéral (loi de Hering).
Les paralysies récentes nécessitent un bilan rapide, mais ont un excellent pronostic de récupération, alors qu'au contraire, les paralysies congénitales ne nécessitent aucun bilan urgent mais s'aggraveront avec le temps. Le diagnostic acquis ou congénital repose sur un faisceau d'arguments (tableau 16-4
Tableau 16-4
Arguments pour différencier les paralysies anciennes des paralysies récentes du IV.
Paralysie ancienneParalysie acquise récente
Motif de consultationGêne esthétique Asthénopie, fatigue visuelle, tension péri-orbitaire, pas toujours bien exprimée Difficulté d'adaptation (verres progressifs, ordinateurs) Diplopie intermittente CervicalgiesDiplopie récente
Début des symptômesDate inconnue, non préciseDate et circonstances précises
DiplopieNon ressentie, intermittente Si ressentie, la diplopie:– est verticale– apparaît/augmente dans le regard latéral Invalidante, la diplopie est:– verticale avec souvent une composante torsionnelle– apparaît/augmente dans le regard en bas et en dedans 
TorticolisAncien et souvent non remarqué (voir les photographies anciennes) Source de cervicalgiesRécent Le patient en a conscience
VisageAsymétrie faciale ? Décalage interincisif des dents ?Pas de conséquence
DéviométrieLa déviation verticale devient concomitante dans l'adduction (identique en haut et en bas)La déviation verticale est maximale en bas et en dedans
AFVAugmentée (>6Δ) Normale (2 à 6Δ) 
Signe de BielschowskyCompensé par l'AFV Nécessite une dissociation par test à l'écran alternéNet d'emblée
Examen de la torsion subjectiveNon ressentie Valeur faible (<5°) Concomitante dans les 9 positions du regard Invalidante (torsion de la seconde image) Valeur modérée (5 à 8°) Augmente en bas et en dedans
Torsion objectiveExcyclotorsion moyenne de 10° sur l'œil parésié ou l'œil non parésié (mesurée sur RNM) mais recouvrement avec valeurs normales (7°)
Correspondance rétinienneAnormale (pas de vision binoculaire) si décompensation précoce Normale si compenséeNormale
AFV: amplitude de fusion verticale ; RNM: rétinographie non mydriatique.
). L'origine congénitale est définie dans les études par un strabisme vertical ou position anormale de tête remontant à l'enfance, une amplitude de fusion verticale supérieure à 6 dioptries, une absence de torsion subjective ressentie [20,21]. L'IRM orbitaire (fig. 16-5e) objective une atrophie relative du muscle oblique supérieur dans 50 à 60 % des cas, sans que cette hypotrophie ne puisse être corrélée à l'origine ou l'importance de la paralysie [22]. Une IRM réalisée dans le mois qui suit l'apparition des symptômes et qui objectiverait une atrophie musculaire serait en faveur d'une forme congénitale [23].
Il est cependant très fréquent que la présentation clinique ne soit pas si stéréotypée, et il existe des variations cliniques en fonction de son ancienneté (contracture) et des moyens de compensation utilisés : déficit visible uniquement dans l'adduction (types I à III de Knapp), dans le champ inférieur du regard (type V) ou combinant les deux (type IV).
Paralysie bilatérale
Les atteintes bilatérales provoquent un tableau clinique très différent (tableau 16-5
Tableau 16-5
Particularité clinique de la paralysie bilatérale du IV.
Début des symptômesPost-traumatique, post-neurochirurgical
DiplopieTrès invalidante, torsionnelle+++ (diagnostic d'interrogatoire !), non prismable malgré la très petite déviation en position primaire (les prismes ne compensent pas la torsion) 
TorticolisLe patient adopte une position de tête «menton abaissé regard en haut » typique 
DéviométrieSyndrome V: ésotropie dans le regard en bas 
Examen de la torsion subjectiveExtorsion subjective >10–15°, augmentant dans le regard en bas (jusqu'à 20°). Ce signe est quasi pathognomonique 
ParticularitéLe tableau clinique peut être très asymétrique: contrôler systématiquement la torsion subjective dans les atteintes post-traumatiques ou neurochirurgicales 
), avec une diplopie impossible à prismer en raison de la torsion, malgré une déviation peu importante mesurée en position primaire. Les particularités cliniques de l'examen (fig. 16-6
Fig. 16-6
Paralysie bilatérale du IV.a.Position typique de torticolis, menton abaissé regard vers le haut. b.Schémas de Lancaster illustrant l'absence de déviations horizontale ou verticale en position primaire et dans le regard en haut, un syndrome alphabétique en V, un petit déficit d'abaissement de l'œil gauche dans l'adduction. c.Mesure de la torsion subjective à la paroi tangentielle de Harms: normale (0°) dans le regard en haut ; excyclotorsion anormale dans la position primaire (10°) et le regard en bas (26°). d.Mesure de la torsion objective sur les rétinophotographies: excylotorsion à la limite supérieure de la normale: 9,6° et 11,7° pour une normale comprise entre 5 et 7°. Noter l'absence de correspondance entre les torsions subjectives, ressenties par le patient, et objectives mesurées au fond d'œil.
) sont les suivantes :
  • position primaire : peu de déviation visible (les déficits verticaux s'annulent) ;
  • version horizontale : élévation en adduction de chaque œil (mais parfois très peu visible): hypertropie droite (HD) en version gauche, hypertropie gauche (HG) en version droite ;
  • duction monoculaire : limitation de l'abaissement en adduction (inconstant) ;
  • signe de Bielschowsky : HD sur épaule droite, HG sur épaule gauche ;
  • torticolis de fixation (fig. 16-6a) : le patient adopte une position de tête «menton abaissé regard en haut » typique (le torticolis à lui seul évoque le diagnostic).
Étiologies
La principale cause de paralysie du IV est congénitale : 85% chez l'enfant, entre 35 et 50 % chez l'adulte [16,20,21]. Cette parésie peut être compensée pendant tout ou partie de la vie, expliquant un âge de révélation fréquemment retardé. Parmi les hypothèses pour expliquer cette révélation tardive sont évoquées la perte progressive des capacités de compensation avec l'âge, la presbytie et l'utilisation plus fréquente du regard vers le bas (verres progressifs).
À l'âge adulte, les atteintes traumatiques et microvasculaires représentent chacune entre 20 et 37% des étiologies selon les séries (tableau 16-6
Tableau 16-6
Étiologies des paralysies du IV en fonction de différentes études.
ÉtiologieDosunmu et al., 2018 [20] (n = 73)Mollan et al., 2009 [21] Étude monocentrique (n = 150)Park et al., 2008 [52] Étude monocentrique (n = 46, uniquement acquises)
Congénitale49% 35% Exclus
Traumatique18% 28% 30 % 
Microvasculaire24% dont:
  • 18% HTA
  • 1% diabète
  • 5% mixte
21% dont:
  • 9% HTA
  • 1% diabète
  • 1% dyslipidémie
  • 9% mixte
37% 
Neurochirurgicale3% 5% Voir «Autres » 
Néoplasique1% (déjà connue) 3% (schwannome ou multiples) 0 % 
Infectieuse1% HSV 0 % Voir «Autres » 
Indéterminée4% 9% 32% 
Autres4% (pour III, IV et VI) Post-neurochirurgie, syndrome de Miller-Fisher, HSV, granulomatose avec polyangéite, syndrome de Tolosa-Hunt, hémorragie sous-arachnoïdienne 
HSV:  ; HTA: hypertension artérielle.
) [20,21]. Toutes deux présentent les caractéristiques cliniques d'une atteinte acquise (la première dans un contexte traumatique, la seconde dans un contexte isolé chez un patient de plus de 50 ans, avec souvent des facteurs de risque cardiovasculaire). L'âge moyen des atteintes microvasculaires est plus élevé (65,9 ±10,8 ans) avec comme principal facteur de risque l'hypertension artérielle parfois combinée avec le diabète [21]. Trente pour cent des atteintes post-traumatiques peuvent être bilatérales [24]. Les atteintes tumorales sont extrêmement rares: 1patient dans l'étude épidémiologique de Rochester, dont le cancer était déjà connu [20] ; 2,7% dans une série de 150 cas [21]. Dans cette dernière série, l'atteinte était isolée dans 1 cas unique (schwannome douloureux du IV), les autres cas présentant une atteinte multiple d'autres nerfs crâniens.
Les paralysies bilatérales du IV se rencontrent quasi exclusivement dans des étiologies post-traumatiques (50 à 75% des cas) ou dans un contexte tumoral (secondaire à la lésion, ou surtout après sa résection neurochirurgicale) [20,21]. Une atteinte combinée avec d'autres nerfs crâniens est également plus fréquente en cas d'atteinte post-traumatique (5/7) ou tumorale (1/7).
Évolution
L'amélioration après atteinte microvasculaire est fréquente, avec des taux de récupération de 60 à 93% [8,21]. Le délai moyen est de 10,5 semaines, allant de 3 semaines à 6 mois. L'amélioration spontanée d'une atteinte post-traumatique est plus rare, allant de 23% [21] à 57% [8]. Lorsqu'elle a commencé à se décompenser, l'atteinte congénitale a tendance à s'aggraver dans le temps.
Paralysie du nerf abducens (VI)
C'est la paralysie oculomotrice la plus fréquente. Son incidence à l'âge adulte varie de 10,4 à 11,3 cas pour100 000 habitants, avec un pic d'incidence entre la 7e et la 8e décennie [5,25]. Le sex-ratio est de 1 homme pour 1 femme [25]. Son incidence chez les enfants de moins de 18 ans est de 2,5 pour 100 000 habitants, correspondant quasi exclusivement à des formes acquises [16]. Elle touche indifféremment le côté droit ou gauche [26] ; 3% des cas sont bilatéraux, 12% des cas sont associés à une atteinte d'autres nerfs crâniens [25].
Présentation clinique
Le signe d'appel est en général une diplopie horizontale homonyme. Le patient adopte spontanément une position de torticolis pour lutter contre la diplopie (tête tournée vers l'épaule du côté paralysé) : il existe souvent une ésotropie en position primaire qui augmente en abduction et diminue en adduction (fig. 16-7
Fig. 16-7
Paralysie du VI droit.a.Photographie de la motilité oculaire dans les 9positions du regard, avec déficit d'abduction de l'œil droit. b.Position de torticolis tête tournée vers l'épaule droite pour diminuer la diplopie. c.Schémas de Lancaster avec déficit du droit latéral droit et hyperactions consécutives.
). Le déficit d'abduction peut être complet (œil bloqué en adduction) ou partiel. La parésie du VI peut alors se présenter avec une déviation minime (absente) en position primaire, classiquement plus importante en vision de loin qu'en vision de près ; le déficit n'est alors évident que dans l'abduction. La paralysie peut être isolée ou associée à d'autres signes neurologiques en fonction de la localisation de la lésion (fig. 16-8
Fig. 16-8
Présentation clinique d'une paralysie du VI en fonction de la topographie de la lésion.ACI: artère carotide interne ; AVC: accident vasculaire cérébral ; CBH: syndrome de Claude Bernard-Horner ; FCC: fistule carotidocaverneuse ; HIC: hypertension intracrânienne ; SEP: sclérose en plaques ; VZV: varicella-zoster virus.
). La quantification du déficit d'abduction varie énormément d'un praticien à l'autre et est rarement reproductible. La classification descriptive (œil bloqué en adduction, n'atteint pas la ligne médiane de n %, atteint la ligne médiane, dépasse la ligne médiane de n %, ou abduction normale) semble préférable à la classification nord-américaine allant de 0 à –5 en fonction de l'importance de la limitation [27].
Étiologies
Les étiologies sont dominées par l'atteinte microvasculaire (28 à 35 %), avec pour principaux facteurs de risque l'hypertension artérielle (50 à 80 %), le diabète (24 à 54%) ou le tabagisme (14%) (tableau 16-7
Tableau 16-7
Étiologies des paralysies du VI en fonction de différentes études.
ÉtiologiePatel et al., 2004 [25] (n = 137)Park et al., 2008 [52] Étude monocentrique (n = 108)Peters et al., 2002 [31] Étude monocentrique 20 <âge <50 ans
Traumatique12% 19% Non inclus
Néoplasique5% 6% 33% bénignes ou malignes, dont 15% dans le sinus caverneux 
Post-neurochirurgicale3% Inclus dans «Autres » 
Microvasculaire35% dont:
  • 19% HTA
  • 12% HTA +diabète
  • 4% diabète
28% 4% 
Vasculaire encéphalique6% dont:
  • 4% AVC
  • 2% anévrisme
5% anévrisme 2% anévrisme 
Inflammatoire7% SEP 24% SEP 
Autres8% Neurosarcoïdose, abcès parasellaire, syndrome de Tolosa-Hunt, mucocèle sinusien, apoplexie pituitaire, méningite, malformation artérioveineuse 19% (pour III, IV et VI)Post-neurochirurgie, Miller-Fisher, HSV, granulomatose avec polyangéite, Tolosa-Hunt, hémorragie sous-arachnoïdienne 9% virose 7% HIC idiopathique 7% méningite 2% dégénérescence spinocérébelleuse progressive 
Idiopathique26% 24% 13% 
AVC: accident vasculaire cérébral ; HIC: hypertension intracrânienne ; HSV:  ; HTA: hypertension artérielle ; SEP: sclérose en plaques.
) [26,28]. Les complications de la maladie de Horton représentent 5% des atteintes vasculaires [2]. Une origine «idiopathique » (malgré les explorations de neuro-imageries) peut représenter jusqu'à 25 à 30 % des paralysies du VI [25,29]. Le traumatisme est la troisième cause la plus fréquente, de façon isolée ou combinée avec d'autres déficits. Les tumeurs représentent une origine non négligeable, par atteinte directe, par hypertension intracrânienne (HIC) associée ou par séquelle post-neurochirurgicale. Les atteintes bilatérales sont quasi exclusivement rencontrées après traumatisme crânien ou dans un contexte néoplasique intracrânien [29]. L'HIC idiopathique est compliquée de paralysie du VI dans 12% des cas [30]. Il existe en général un œdème papillaire bilatéral [31]. D'autres causes plus rares peuvent être retrouvées: inflammation, infection, AVC, anévrisme, encéphalopathie de Gayet-Wernicke, syndrome de Miller-Fisher, hypotension intracrânienne, etc. [25,29].
Les atteintes avant 50 ans sont atypiques et associées à une morbidité plus importante (fig. 16-9
Fig. 16-9
Nombre de cas et causes des paralysies du VI, par décennie de vie (population-based study, Rochester, États-Unis).
D'après Patel SV, Mutyala S, Leske DA, et al. Incidence, associations, and evaluation of sixth nerve palsy using a population-based method. 2004;111:369–75.
) [31]. La réalisation systématique d'une IRM peut mettre en évidence une anomalie dans 63% des cas [32]. Après exclusion des causes traumatiques, les étiologies sont dominées par les lésions occupant l'espace (particulièrement dans le sinus caverneux) ou les lésions démyélinisantes de sclérose en plaques (SEP).
Évolution
Le pourcentage de récupération spontanée est variable selon l'étiologie de la paralysie, mais il est globalement meilleur que dans les autres paralysies oculomotrices. Les formes microvasculaires ont un excellent pronostic, avec des taux de récupération de 86 à 100 % entre 6 mois et 1 an [3,8,33]. La durée moyenne de récupération est de 3 mois, et la probabilité de récupération entre 6 mois et 1 an est faible mais significative [3]. La probabilité de récurrence n'est pas nulle (souvent sur un autre nerf crânien), pouvant monter à 31% à 6 ans [33]. Il existe également une récupération spontanée dans 75% des formes «idiopathiques » de l'adulte [25], dans la plupart des formes secondaires à une HIC idiopathique [31] et dans 70 à 80 % des formes post-traumatiques unilatérales [34]. Cependant, le taux de récupération dans les formes post-traumatiques chute à 56% en cas de paralysie complète (33% si l'œil n'atteint pas la ligne médiane) et à 41% en cas d'atteinte bilatérale [35]. La forme «bénigne » de paralysie du VI de l'enfant est rare (5 à 16% selon les séries). L'évolution est le plus souvent favorable dans les 6 mois, avec un risque de récidive d'environ 8 à 30 % [18,36].
Particularités de l'enfant
Son incidence est faible, de l'ordre de 2,5/100 000 [16]. La forme congénitale est en général liée au traumatisme obstétrical, évoluant rapidement et favorablement [16]. Le diagnostic différentiel est le syndrome de Duane de typeI, beaucoup plus fréquent. Les étiologies acquises de l'enfant sont dominées par les tumeurs [36,37], la plupart du temps avant l'âge de 10 ans (tableau 16-8
Tableau 16-8
Étiologies des paralysies du VI de l'enfant.
ÉtiologieMahoney et Liu, 2009 [26] (n = 253)Lee et al., 1999 [37] (n = 64)
Néoplasie40 % (inclus neurochirurgie) 45% 
HIC (non tumorale)11% 15% 
Traumatisme10 % 12% 
Congénital3% 11% incluant Duane 
Inflammation4% 7% 
Autres6% infection 4% vasculaire 1% autres 5% AVC, anévrisme du sinus caverneux, hémangiome cérébelleux 
Idiopathique13% 5% 
AVC: accident vasculaire cérébral ; HIC: hypertension intracrânienne.
). Dans ce cadre, la paralysie du VI est rarement isolée et le plus souvent accompagnée d'autres troubles oculomoteurs ou de signes neurologiques généraux [16,37]. En cas d'HIC idiopathique, la paralysie du VI serait beaucoup plus fréquente chez l'enfant (40 à 50 %) que chez l'adulte [38,39]. La paralysie à bilan négatif (forme idiopathique) est rare (5 à 16%) mais de bon pronostic, classiquement précédée d'une virose. Elle touche préférentiellement le côté gauche, plutôt chez les jeunes filles [18].
Prise en charge des paralysies oculomotrices isolées
Toute paralysie oculomotrice, même isolée, nécessite un bilan en urgence guidé par la clinique qui doit vérifier d'abord que l'atteinte est bien isolée ; il faut pour cela tester toutes les paires crâniennes (y compris le V) et la fonction visuelle, réaliser un examen neurologique clinique minimal et un fond d'œil.
S'il s'agit de paralysies oculomotrices multiples ou associées à une atteinte des autres paires crâniennes, à d'autres signes neurologiques ou généraux, un bilan en milieu hospitalier doit être réalisé immédiatement.
Chez un patient de moins de 50 ans, le bilan d'une paralysie oculomotrice isolée acquise doit être réalisé en urgence et comprend une imagerie cérébrale et orbitaire, un bilan biologique voire une ponction lombaire.
Chez un patient de plus de 50 ans, il faut éliminer en urgence une maladie de Horton par la clinique et un examen biologique (numération formule sanguine, vitesse de sédimentation, C-reactive protein ).
La présence d'antécédents de pathologie neurologique, d'AVC, de néoplasie, de pathologique systémique fait réaliser d'emblée une imagerie et un bilan adaptés.
L'étiologie microvasculaire est évoquée devant l'aspect clinique de paralysie oculomotrice aiguë et isolée, la présence de facteurs de risque cardiovasculaire et l'absence d'autres antécédents significatifs. Devant ce tableau, les pratiques ont changé et sont résumées dans la figure 16-10
Fig. 16-10
Prise en charge d'une paralysie oculomotrice en fonction des signes cliniques et des examens paracliniques.Ac.: anticorps ; CRP: C-reactive protein ; FDRCV: facteur de risque cardiovasculaire ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; NFS: numération formule sanguine ; OP: œdème papillaire ; PL: ponction lombaire ; POM: paralysie oculomotrice ; OIN: ophtalmoplégie internucléaire ; OS: oblique supérieur ; R-ACh: récepteurs à l'acétylcholine ; TDM: tomodensitométrie ; TSH: thyroid stimulating hormone ; VS: vitesse de sédimentation.
.
Quand réaliser un bilan de neuro-imagerie ?
Depuis une vingtaine d'années, deux attitudes s'opposent concernant la prise en charge des paralysies oculomotrices aiguës, et en particulier la date de l'imagerie neuroradiologique. Faut-il réaliser un bilan raisonné en fonction des caractéristiques cliniques de la paralysie oculomotrice ou être systématique ?
Le bilan en fonction de la clinique a été proposé à une époque où la neuro-imagerie était compliquée (voire inexistante), dans le but d'éviter des examens potentiellement dangereux et inutiles à des patients avec une atteinte microvasculaire au pronostic favorable et de réduire également les coûts de santé. Il consiste à ne réaliser une imagerie qu'en cas de signe clinique atypique pour une atteinte microvasculaire : âge inférieur à 50 ans ; atteinte partielle ; atteinte pupillaire (en cas de paralysie du III) ; autres signes cliniques neurologiques ; antécédents neurologiques, de cancer ou d'immunosuppression ; aggravation de la douleur ou des maux de tête ; progression de la vision double ; non-récupération après 3 mois d'évolution [29,40]. Certaines études rétrospectives confortent cette prise en charge. Dans une étude des paralysies du VI fondée sur la population, le groupe des paralysies cliniquement isolées comportait 83% d'atteintes microvasculaires et idiopathiques, alors que le groupe des paralysies atypiques était majoritairement lié à une autre cause [25]. Dans une étude prospective réalisant systématiquement une neuro-imagerie en cas d'atteinte probablement microvasculaire définie par des critères cliniques, une autre atteinte neurologique significative n'était retrouvée que dans 4,3% des cas, dont seulement 1,1% expliquant réellement la paralysie [40].
Cependant, la réalisation prospective d'un scanner  [41] en cas de diplopie isolée ou d'une IRM [1] en cas de paralysie cliniquement isolée retrouve dans respectivement 11% et 14% des cas une étiologie non microvasculaire: tumeur, AVC, anévrisme, pathologie démyélinisante et apoplexie pituitaire. Ces résultats sont confirmés par une étude prospective multicentrique portant sur des paralysies oculomotrices isolées qui retrouve dans 16,5% des cas une étiologie non microvasculaire influençant significativement la prise en charge du patient [2]. Après exclusion des paralysies du III et des maladies de Horton, le taux de ré-orientation diagnostique est encore de 5 à 13% [1,2]. En cas de paralysie brutale isolée du IV ou du VI après 50 ans, le risque de retrouver une autre étiologie est au minimum de 1 patient sur 20, quels que soient les facteurs de risque cardiovasculaire [2].
Les avancées de la prise en charge des pathologies vasculaires et démyélinisantes plaident pour la mise en place rapide d'un traitement pouvant améliorer de manière significative le pronostic évolutif de ces maladies. Ces données ont modifié les recommandations, et il est désormais raisonnable de réaliser une neuro-imagerie chez la plupart voire l'ensemble des patients  [32]. L'angioscanner est aussi efficace qu'une angio-IRM ou une artériographie pour éliminer un anévrisme comprimant le III [32]. Cependant, si le scanner permet d'éliminer les urgences vitales (rupture anévrismale, apoplexie pituitaire, etc.), seule une IRM cérébrale et orbitaire est suffisamment précise pour exclure l'ensemble des diagnostics étiologiques et doit être demandée secondairement même si l'angio-scanner est normal.
Quelles analyses complémentaires réaliser ?
Le bilan biologique dépend du type de paralysie et de son analyse clinique, de l'âge du patient, des circonstances de survenue et des signes associés (tableaux 16-9
Tableau 16-9
Bilan complémentaire en fonction des signes cliniques et des diagnostics possibles.
Signe cliniqueDiagnostic possibleBilan complémentaire
Atteinte présumée microvasculaireHorton si >50ans NFS, VS, CRP (voir Chapitre 4.3)  
Atteinte fluctuanteMyasthénieAc anti-R-ACh (±anti-MuSK), ENMG, test à l'édrophonium, traitement d'épreuve 
Paralysies multiples ou non systématiséesJamais de mydriaseMyasthénieAc anti-R-ACh (±anti-MuSK), ENMG, test à l'édrophonium, traitement d'épreuve 
Maladie de BasedowTSH, T3, T4 ; TRAK, Ac antithyroglobuline, anti-TPO ; relire IRM orbitaire
Mydriase possibleSyndrome de Miller-FisherPL: dissociation albumino-cytologique ; EMG ; Ac antigangliosides 
Encéphalopathie de Gayet-WernickeIRM spécifique
Sinus caverneux/apexVoir bilan sinus caverneux
Botulisme
Apoplexie pituitaireIRM spécifique
Paralysie douloureuseAnévrisme, paralysie oculomotrice microvasculaire, maladie de Horton, atteinte du sinus caverneux/apex (V1), apoplexie hypophysaire, NORD, HIC, orbitopathie
Paralysie du VI +OP bilatéral HIC secondaire ou idiopathiqueIRM +IRM veineuse: syndrome de masse, thrombophlébite du sinus caverneux, etc. ; PL 
Ac: anticorps ; CRP:  ; EMG: électromyogramme ; ENMG: électroneuromyogramme ; HIC: hypertension intracrânienne ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; MuSK: NFS: numération formule sanguine ; NORD: neuropathie optique récurrente douloureuse ; OP: œdème papillaire ; PL: ponction lombaire ; R-ACh: récepteurs à l'acétylcholine ; T3: tri-iodothyronine ; T4: tétra-iodothyronine ; TPO: thyroperoxydase ; TRAK: (anticorps antirécepteurs de la ) ; TSH:  ; VI: nerf VI ou abducens ; VS: vitesse de sédimentation.
et 16-10
Tableau 16-10
Bilan complémentaire en cas d'atteinte du sinus caverneux, de l'apex orbitaire ou de suspicion de neuropathie optique récurrente douloureuse (NORD) [56, 74].
Bilan biologiqueGénéralNFS, biochimie (glycémie, électrolyte, fonction hépatique et rénale), VS, CRP, HbA1c, électrophorèse des protéines plasmatiques
Auto-immunAc antinucléaire, facteur rhumatoïde, Ac anti-SM, Ac anti-ADN, p-ANCA, c-ANCA, dosage des IgG4
InfectionTPHA-VDRL, Quantiféron®, HSV, VZV, CMV
GranulomatoseEnzyme de conversion de l'angiotensine
AutresBilan thyroïdien, vitamine B, folates
Ponction lombaireComptage cellulaire et différentiel, protéine, glucose Culture (bactérienne, fongique, mycobactérienne) HSV, VZV, CMV et TPHA Cytologie, enzyme de conversion de l'angiotensine
IRMPermet d'orienter le diagnostic: soit atteinte de l'apex ou du sinus caverneux (voir syndrome de Tolosa-Hunt et diagnostic différentiel) ; soit atteinte inflammatoire du nerf oculomoteur (voir NORD) 
BiopsieEn fonction de la présentation et du bilan: sinus caverneux ? Nasopharynx ? 
Ac: anticorps ; ADN: acide désoxyribonucléique ; CMV: cytomégalovirus ; c-ANCA:  ; CRP:  ; HbA1c: hémoglobine glyquée ; HSV:  ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; NFS: numération formule sanguine ; p-ANCA:  ; Ac anti-SM: anticorps anti-antigènes nucléaires solubles ; TPHA:  ; VDRL:  ; VS: vitesse de sédimentation ; VZV: .
). Il peut servir à diagnostiquer l'étiologie de la paralysie ou à éliminer les diagnostics différentiels.
Prévention secondaire des atteintes microvasculaires
Les paralysies par atteintes microvasculaires partagent les mêmes facteurs de risque que les artériopathies : âge, hypertension artérielle, diabète, dyslipidémie, tabagisme [2,25]. Dans une étude rétrospective cas-témoin, le risque d'avoir un AVC était significativement plus important après une paralysie oculomotrice (18,9%) par rapport au témoin (7,5%). Ce risque était maximal dans l'année qui suivait la paralysie [42]. Deux grandes études sur bases de données médicales des populations de la Corée du Sud et de Taïwan confirment l'augmentation significative du risque d'AVC (essentiellement ischémique) après paralysie oculomotrice: ce risque augmente de 2,74 et 4,65 selon les études et le type de paralysie [43,44]. L'analyse en fonction du nerf crânien concerné confirme ce résultat pour les paralysies du III et du VI, mais pas toujours pour les paralysies du IV [43]. La prévention primaire, avant le premier événement ischémique vasculaire, par antiagrégant plaquettaire chez les patients présentant des facteurs de risque (diabète et/ou hypertension artérielle) n'est pas recommandée, car elle ne diminue pas le risque de survenue d'une paralysie oculomotrice [45]. Après une paralysie oculomotrice microvasculaire, le thérapeute recommande un contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires: arrêt du tabac ; contrôle de la tension artérielle, du diabète et du cholestérol. L'utilisation d'un traitement hypotenseur diminue le risque de survenue d'un AVC [43]. Par analogie avec les autres événements ischémiques vasculaires, une prévention secondaire par antiagrégant plaquettaire est en général recommandée pour diminuer également ce risque. Cependant, il n'existe aucune étude ciblée uniquement sur les paralysies oculomotrices pour évaluer le bénéfice exact de cette mesure.
Prise en charge orthoptique et ophtalmologique
La prise en charge de la diplopie est détaillée dans le chapitre 21 .
Surveillance
La surveillance orthoptique durant la phase initiale est essentielle. La répétition des bilans vérifie la récupération ou la stabilité du handicap. Une aggravation au-delà du 1er  mois doit remettre en cause le diagnostic d'atteinte microvasculaire et faire compléter le bilan initial. L'orthoptiste adapte les traitements antidiplopiques en fonction de l'évolution spontanée. Il accompagne le patient et lui explique les possibilités de traitement complémentaire en cas de séquelle. La rééducation orthoptique n'a pas apporté la preuve de son efficacité dans l'amélioration de la récupération.
Particularité de certaines étiologies
Atteintes microvasculaires
Les atteintes microvasculaires non artéritiques sont fréquemment évoquées chez un patient de plus de 50 ans, en cas d'atteinte isolée du VI, du IV ou du III (avec épargne pupillaire). À partir de trois études post mortem d'atteintes du III microvasculaires chez des patients diabétiques, il a été observé que l'ischémie survient dans un territoire frontière de la vascularisation du nerf, lorsqu'elle repose essentiellement sur les artérioles intraneurales: espaces sous-arachnoïdien ou intracaverneux. L'ischémie focale provoque alors des lésions de la gaine de myéline associées à une dégénérescence wallérienne, atteintes possiblement réversibles expliquant la fréquente évolution favorable de ce type de paralysie [4].
L'âge apparaît comme le principal facteur de risque des atteintes microvasculaires, 93 % survenant après 50 ans et la médiane étant souvent centrée sur la 7e décennie [6]. Il existe une association fréquente avec des facteurs de risque cardiovasculaire [28], principalement l'hypertension artérielle (51%) ou le diabète (23,7%). Cependant, les études prospectives avec neuro-imagerie retrouvent également un de ces facteurs chez 60 % des patients atteints par une autre cause [1,2].
Il a souvent été enseigné qu'une atteinte microvasculaire non artéritique peut être évoquée devant une présentation clinique typique  [40]: atteinte brutale, d'emblée maximale, isolée, non douloureuse, avec épargne pupillaire (en cas de paralysie du III), chez un patient n'ayant pas d'antécédent significatif autre que cardiovasculaire et avec une résolution spontanément favorable dans les 3 mois. En pratique, la plupart de ces caractéristiques ne sont que rarement rencontrées en cas d'atteinte microvasculaire.
Les atteintes microvasculaires sont en réalité douloureuses dans 62 % des cas, plus souvent en cas de paralysie du III (77%) qu'en cas de paralysie du VI (54%). La douleur est en général localisée dans la tempe ou le globe, et précède de 6jours (±5jours) l'apparition de la paralysie. L'association d'un diabète n'influence pas l'intensité de la douleur [13]. En cas d'atteinte microvasculaire du III, l'atteinte n'est réellement complète que dans moins de la moitié des cas [4]. L'anisocorie est rare dans les atteintes microvasculaires et toujours inférieure à 2mm [4,10]. Les atteintes microvasculaires sont réputées provoquer un déficit maximal d'emblée. Cependant, lorsqu'elles sont examinées précocement, il est fréquent de constater une aggravation initiale dans 50 à 75% dans les 15 à 30 premiers jours [4,26].
L'évolution spontanée des atteintes microvasculaires est bonne voire excellente dans 71 à 95% des cas [6,46]. La durée moyenne de récupération est comprise entre 2 et 3 mois [47], mais 7 à 9% des patients ont une récupération retardée entre 6 mois et 1 an [3,8], d'autant qu'ils présentent plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires ou des lésions ischémiques infracliniques sur l'IRM [47].
Artérite gigantocellulaire (maladie de Horton)
C'est une étiologie rare mais qui doit être systématiquement recherchée après 50 ans, en raison du risque majeur de cécité. Elle représente moins de 1% des causes de diplopie binoculaire consultant en urgence, et jusqu'à 5% des étiologies des paralysies isolées d'un nerf crânien après 50 ans [2]. Un trouble oculomoteur est présent chez 2 à 15% des patients souffrant de maladie de Horton au cours de leur maladie [48]. L'atteinte provoque en général un déficit d'abduction [2], mais la paralysie d'autres muscles oculomoteurs est également rapportée [14]. Le dosage de la C-reactive protein (CRP) peut être négatif, et il ne faut pas hésiter à recourir à une imagerie dédiée et/ou à une biopsie de l'artère temporale en cas de suspicion diagnostique: claudication de la mâchoire, algie du peigne, altération de l'état général, douleurs scapulaires, etc. [14]. Le caractère focal de la paralysie en cas d'atteinte du III, la fréquente épargne pupillaire et la récupération extrêmement rapide sous corticoïdes (1 mois en cas de maladie de Horton versus 3 mois dans les atteintes non atéritiques) font s'interroger sur le mécanisme de la paralysie: réelle paralysie du nerf ou atteinte ischémique du muscle [14] ?
Étiologie traumatique
Le traumatisme est responsable de 12 % des paralysies du III [6], 18% des paralysies du IV [20] et 12% des paralysies du VI [28]. Les paralysies traumatiques touchent dans 20 à 30 % des cas le III, 29 à 31% le IV, 8 à 24% le VI et 27 à 32% plusieurs nerfs crâniens simultanément [24,49]. Les étiologies traumatiques sont marquées par cette forte probabilité d'atteinte combinée des nerfs crâniens, en particulier une paralysie bilatérale du IV [20,21,24].
Le mécanisme de la paralysie est discuté : lésion provoquée par l'onde de choc du nerf à sa sortie du tronc cérébral, à son entrée dans la dure-mère du sinus caverneux ou à son entrée dans la fissure orbitaire ; atteinte axonale diffuse fasciculaire dans le tronc cérébral causée par la décélération. Le VI pourrait en plus souffrir d'une lésion par choc direct contre l'apex pétreux, ou de façon indirecte par étirement (pour une revue, voir [49]). Dans tous les cas, le mécanisme traumatique doit être puissant pour provoquer la lésion et 80 % des patients présentent une perte de connaissance initiale.
En comparant les patients traumatisés crâniens indemnes ou souffrant d'une paralysie oculomotrice, un trouble oculomoteur post-traumatique est significativement associé à un score initial de Glasgow plus bas, un taux plus important d'atteintes organiques associées (nerf optique, atteinte pulmonaire), de fractures craniofaciales (50 % versus 13%) ou d'anomalies intracrâniennes décelées sur l'imagerie (67% versus 4%) [49]. Les paralysies du III sont associées au score de Glasgow le plus sévère et à l'évolution la moins favorable. Elles surviennent presque toujours dans un contexte d'accident de voiture. Les paralysies du VI semblent associées à des traumatismes crâniens plus légers [49].
La récupération spontanée après traumatisme est mauvaise pour les paralysies du III (22 à 44%) et pour les paralysies du IV (23 à 57%) [6,8,21], mais meilleure pour les paralysies du VI (73%) [34], suggérant un mécanisme différent. Cependant, une paralysie du VI complète (l'œil ne passant pas la ligne médiane) ou bilatérale présente un moins bon pronostic de récupération (que le traitement soit conservateur ou par injection de toxine botulique) [35].
Hypertension intracrânienne
Quelle que soit sa cause, l'HIC peut provoquer une paralysie uni- ou bilatérale de la VIe  paire crânienne: elle induirait une descente du tronc cérébral responsable d'un étirement du nerf à son entrée dans le canal de Dorello [50]. Une atteinte du III ou du IV est exceptionnellement rapportée. Une atteinte du VII peut être associée, principalement chez l'enfant. En cas d'HIC idiopathique, 18 à 38% des patients présentent une diplopie intermittente et jusqu'à 12% une paralysie du VI au moment du diagnostic [30,51]. Sa fréquence en cas d'HIC de l'enfant est réputée être supérieure –8 patients sur 10 dans une série avec un âge inférieur à 11 ans [39]–, mais une grande série récente retrouve une fréquence similaire à celle de l'adulte, environ 12%, quel que soit l'âge de l'enfant ou le mécanisme de l'HIC [50]. Le traitement de l'hypertension permet en général la résolution de la paralysie dans les jours qui suivent [30,50].
Étiologies tumorales
Toutes les tumeurs intracrâniennes sont susceptibles de provoquer une paralysie oculomotrice, soit par compression directe du nerf, soit par élévation de la pression intracrânienne. Elles représentent 6 à 11% des paralysies du III [6,52], 5% des paralysies du VI et jusqu'à 30 % lorsque l'âge est inférieur à 50 ans [25,31], mais ne causent qu'exceptionnellement une paralysie du IV isolé [20]. La présentation clinique est en général celle d'une paralysie oculomotrice progressive et non douloureuse. Cependant, toutes les présentations cliniques sont possibles, pouvant également associer d'autres signes neurologiques ou une atteinte multiple des paires crâniennes en fonction de la localisation (voir plus loin les paralysies combinées: sinus caverneux ou apoplexie hypophysaire).
Parmi les causes tumorales, les schwannomes des nerfs oculomoteurs sont rares mais source d'errance diagnostique. Les schwannomes des nerfs crâniens représentent 8 % des tumeurs intracrâniennes, impliquant le plus souvent le V et le VII. L'atteinte des nerfs oculomoteurs est encore plus rare concernant par ordre de fréquence le III, le IV puis le VI. La tumeur peut être asymptomatique ou se manifester par une paralysie isolée et lentement progressive [53]. Cependant, de nombreux cas cliniques rapportent également des épisodes d'aggravation aiguë suivie de régression lente, pouvant mimer une neuropathie ophtalmoplégique récurrente douloureuse (NORD) car l'aspect IRM en phase aigu est identique [54]. Le diagnostic est redressé par la normalisation de l'IRM en phase postcritique en cas de NORD, alors que l'aspect épaissi et rehaussé persiste en cas de schwannome [55,56].
Étiologies inflammatoires
Atteinte inflammatoire du tronc
La diplopie rencontrée dans la SEP est généralement due à une ophtalmoplégie internucléaire, parfois à une atteinte nucléaire ou une skew deviation . Les paralysies oculomotrices sont beaucoup plus rares, résultant de l'atteinte de la portion fasciculaire par une plaque de démyélinisation dans le tronc cérébral. Moins de 1 % des patients présenteront une paralysie du VI. La paralysie du III est encore plus rare, et la paralysie du IV exceptionnelle [57].
Neuropathie ophtalmoplégique récurrente douloureuse
La migraine ophtalmoplégique est désormais dénommée recurrent painful ophthalmoplegic neuropathy (RPON), ou neuropathie ophtalmoplégique récurrente douloureuse (NORD) en français)  [56], en raison d'un mécanisme physiopathologique plus proche des névralgies que de la migraine. Elle se manifeste par plusieurs épisodes associant céphalées puis paralysie oculomotrice graduellement résolutive, avec un bilan négatif. C'est un diagnostic d'exclusion, qui nécessite d'avoir écarté les autres causes de paralysie oculomotrice douloureuse tout en remplissant les critères cliniques définis par l' International Classification of Headache Disorders, 3 edition (ICHD-3): au moins deux attaques ; paralysie d'au moins un des trois nerfs oculomoteurs ; douleur unilatérale du côté de la paralysie. Sa prévalence est extrêmement rare (0,7/1million). Touchant généralement les enfants, l'âge moyen de survenue de la première attaque est de 8 ans (allant de 7 mois à 50 ans), avec une prédominance féminine [58]. La douleur peut être caractérisée comme une douleur périorbitaire dans un tiers des cas ou migraineuse pour deux tiers des cas. Elle débute 1 à 2 jours avant la paralysie, mais n'est pas systématique lors de la première attaque [59]. Les maux de tête durent moins de 1 semaine, et la paralysie régresse en quelques semaines à 3 mois. La récupération n'est pas toujours complète, en particulier après plusieurs épisodes [59]. Soixante-dix-sept pour cent des patients présentent une atteinte de la IIIe paire crânienne, en général une paralysie complète extrinsèque et intrinsèque. Une paralysie du VI survient dans 15% des cas, mais peut représenter la moitié des cas de l'adulte. L'atteinte de plusieurs nerfs oculomoteurs est rapportée dans 6% des cas. Une paralysie du IV isolée ou une paralysie bilatérale est exceptionnelle [58].
La NORD est un diagnostic d'élimination, qui nécessite d'avoir écarté les compressions vasculaires, tumorales ou granulomateuses. Soixante-quinze pour cent des patients présentent un épaississement du nerf oculomoteur associé à un rehaussement après injection de produit de contraste, en général au niveau de sa racine dans la citerne interpédonculaire mais parfois dans la portion intra-orbitaire  [58]. Un rehaussement du VI est également décrit dans sa portion cisternale, parfois fasciculaire. Les anomalies IRM s'améliorent après la crise en quelques semaines à quelques mois. L'IRM permet également d'écarter les principaux diagnostics différentiels de paralysie douloureuse: compression anévrismale ou tumorale, infiltration du sinus caverneux ou schwannome du nerf. Le bilan biologique doit éliminer une maladie de Horton après 50 ans, et l'analyse de la ponction lombaire permet d'éliminer les diagnostics différentiels inflammatoires, infectieux et néoplasiques.
La crise est en général spontanément résolutive, mais la corticothérapie pourrait raccourcir la durée de la paralysie. La littérature rapporte des cas traités par indométacine (anti-inflammatoire non stéroïdien), perfusion d'immunoglobulines par voie intraveineuse, aspirine ou ergotamine. Pour diminuer la fréquence des crises, des traitements préventifs de la migraine ont également été proposés.
La physiopathologie est actuellement débattue. Longtemps catégorisée comme une pathologie migraineuse, différents éléments plaident désormais pour un mécanisme au moins partiellement démyélinisant : hypersignal reversible du nerf en IRM, cinétique amélioration-récidive et corticosensibilité. Un mécanisme mixte est parfois proposé: atteinte trigéminale migraineuse déclenchant un relargage local de médiateurs de l'inflammation dans les citernes de la base du crâne ; vasospasme migraineux de la carotide interne et de ses perforantes vascularisant le nerf causant un œdème vasogénique de sa racine ou, moins probablement, une compression directe du nerf par une structure vasculaire. Il est possible que plusieurs mécanismes causals coexistent, expliquant l'hétérogénéité des présentations et des résultats d'imagerie [56].
Paralysies multiples des nerfs oculomoteurs
Leur prise en charge diffère des paralysies oculomotrices isolées : l'étiologie microvasculaire est exceptionnelle et ce tableau implique toujours un bilan hospitalier urgent. L'examen clinique neuro-ophtalmologique complet est particulièrement important car une atteinte multiple permet plus facilement de localiser la lésion qu'une atteinte isolée, guidant la demande d'imagerie et les bilans complémentaires.
Mécanisme
L'incidence des paralysies multiples des nerfs de la motricité oculaire chez les enfants de moins de 18 ans est de 0,7 pour 100 000 habitants [16], et peut être estimée à environ 1 adulte pour 100 000 habitants [25].
Les paralysies simultanées de plusieurs nerfs oculomoteurs peuvent résulter de l'atteinte unique d'une région anatomique regroupant plusieurs nerfs crâniens comme une volumineuse tumeur intracrânienne, une infiltration carcinomateuse de la base du crâne, ou une lésion du sinus caverneux ou de l'apex orbitaire. Elles peuvent également résulter d'un mécanisme pouvant toucher simultanément plusieurs nerfs crâniens en différents endroits. C'est l'apanage des lésions post-traumatiques, combinant plusieurs déficits oculomoteurs dans 27 à 32% des cas [24,49]: double paralysie du IV, double paralysie du VI ou combinaison des différents nerfs crâniens [24,29]. L'atteinte bilatérale du IV représente 5% des paralysies de l'oblique supérieur, classiquement après traumatisme crânien ou dans les suites d'une neurochirurgie [21]. L'HIC, une méningite ou une polyneuropathie aiguë sont également sources de paralysies combinées.
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke
La triade classique de l'encéphalopathie de Gayet-Wernicke associant trouble oculomoteur, ataxie et encéphalopathie n'est présente dans son ensemble que chez 16 % des patients. Elle résulte d'un déficit en vitamine B1 (thiamine), principalement par non-absorption en cas d'alcoolisme chronique ou de dénutrition sévère: anorexie, chirurgie bariatrique, etc. C'est une affection mortelle chez 17% des patients ; elle peut se compliquer de troubles de la mémoire, avec syndrome de Korsakoff, chez 80 % des survivants. Les anomalies oculomotrices surviennent chez 29% des patients: nystagmus, paralysie uni- ou bilatérale du VI et parfois d'autres nerfs, troubles de la motricité oculaire conjuguées par lésion du tegmentum pontin ou des noyaux du III ou du VI. Une neuropathie optique œdémateuse est parfois associée. L'IRM est assez spécifique, révélant un hypersignal T2 symétrique de la région paraventriculaire des thalami, de l'hypothalamus, des corps mamillaires, de la région périaqueducale et/ou du plancher du 4e ventricule [60]. Elle doit être évoquée devant tout trouble oculomoteur chez un patient alcoolique ou dénutri, en cas de paralysies oculomotrices multiples ou associées à un nystagmus, notamment vertical battant vers le haut.
Syndrome de Miller-Fisher
Le syndrome de Guillain-Barré appartient au groupe des neuropathies auto-immunes aiguës et se manifeste dans sa forme classique par une paralysie aiguë aréflexique des nerfs périphériques épargnant les nerfs crâniens, associée à une dissociation albumino-cytologique lors de l'examen du liquide cérébrospinal (LCS) : augmentation importante de la concentration de protéines, sans anomalie du comptage des cellules. Deux formes atypiques touchant les nerfs oculomoteurs et le tronc cérébral ont été ultérieurement décrites:
  • le syndrome de Miller-Fisher (SMF) : ophtalmoplégie, ataxie et aréflexie ostéotendineuse ;
  • l'encéphalopathie de Bickerstaff (EB) : SMF compliqué d'une atteinte centrale.
Les formes touchant les nerfs oculomoteurs sont classiquement déclenchées par un anticorps s'attaquant à la protéine GQ1b exprimée sur les nerfs III, IV et VI, dans les fuseaux neuromusculaires et dans la formation réticulée du tronc cérébral. Cette agression auto-immune explique la paralysie oculomotrice, l'ataxie et les troubles de conscience. La symptomatologie débute souvent par l'ataxie, empêchant parfois la déambulation [61]. La maladie évolue de façon monophasique, avec une aggravation initiale (1 à 28 jours), puis un plateau clinique, puis une récupération progressive en 2 à 3 mois [62]. Une récurrence est rare dans 10 % des cas.
C'est une pathologie rare qui représente moins de 1 % des causes de consultation en urgence pour diplopie binoculaire [3,41]. Le SMF correspond à 5% (aux États-Unis) à 14% (en Asie) des syndromes de Guillain-Barré [62], dont l'incidence est de 1 à 2 pour 100 000 habitants ; il est 9 fois plus fréquent que l'EB [63].
Les formes de l'adulte touchent autant les hommes que les femmes, se manifestant par une atteinte bilatérale dans 75 % des cas: déficit de l'abduction dans 42% des cas, dont 33% sont bilatéraux, de l'abduction et de l'adduction dans 10 % des cas, ou des mouvements horizontaux et verticaux dans 48% des cas. Un ptosis uni- ou bilatéral est présent dans 33% des cas, et une mydriase dans 7 à 42% des cas [61,64]. Des atteintes supranucléaires avec spasmes en convergence sont exceptionnellement décrites [61]. Il existe des formes avec un ptosis isolé et d'autres avec une mydriase isolée (tableau 16-11
Tableau 16-11
Syndrome de Miller-Fisher et troubles apparentés.
CatégorieCaractéristiques cliniques
ParalysieAtaxieHypersomnolence
Syndrome de Miller-FisherOphtalmoplégieOuiNon
Ophtalmoparésie aiguëOphtalmoplégieNonNon
Ptosis aiguPtosisNonNon
Mydriase aiguëMydriase paralytiqueNonNon
Encéphalite de BickerstaffOphtalmoplégieOuiOui
). Enfin, il a été rapporté des cas de SMF associés à une névrite optique uni- ou bilatérale. La dernière classification proposée inclut différentes formes d'atteintes oculomotrices, en fonction de la présence ou non de l'ataxie et de l'hypersomnolence [62].
Un quart des paralysies du VI isolées à bilan complètement négatif pourraient avoir une positivité des anticorps anti-GQ1b dans la population asiatique, exprimée comme des formes mineures de SMF  [65]. Les formes de l'enfant, majoritairement des garçons [66], sont plus rares et souvent atypiques (fig. 16-11
Fig. 16-11
Syndrome de Miller-Fisher chez un jeune garçon.Déficit d'élévation de l'œil gauche, ptosis gauche, anisocorie avec myosis gauche par atteinte atypique du sympathique gauche en plus du III partiel gauche.
). On peut se demander si le syndrome tardif de Grenet (paralysie de l'accommodation et polyneuropathie ascendante quelques semaines après l'angine à fausses membranes de la diphtérie) n'était pas une forme de SMF.
En plus de l'analyse clinique, le diagnostic repose sur un faisceau d'arguments  [63,64]:
  • antécédents d'infection (81 %) en particulier à Campilobacter Jejuni dans environ 20 % des cas: diarrhée ou infection des voies aériennes supérieures dans les jours ou semaines précédentes ;
  • positivité des anticorps antigangliosides en particulier anti-GQ1b (SMF : 83%, EB: 67%), mais parfois d'autres anticorps anti-GD1b ;
  • dissociation albumino-cytologique à la ponction lombaire (SMF : 76%, EB: 46%) ;
  • présence ou non d'anomalie IRM (SMF : 2%, EB: 11%) ;
  • électroneuromyogramme (ENMG) : disparition du réflexeH, respect de la conduction des nerfs sensitifs.
Aucun élément n'est constant et les analyses (LCS, ENMG) peuvent être mises en défaut lorsqu'elles sont réalisées précocement.
Atteinte du sinus caverneux ou apex orbitaire
Carrefour anatomique, l'atteinte du sinus caverneux peut entraîner simultanément une atteinte d'un ou de plusieurs nerfs crâniens selon le mécanisme de la lésion : III, IV, VI, V1, parfois V2 et nerf sympathique (tableau 16-12
Tableau 16-12
Étiologies des syndromes parasellaires pouvant provoquer une ophtalmoplégie douloureuse d'après [62, 63].
CauseSCAOÉtiologies
VasculaireXAnévrisme carotidien intracaverneux Anévrisme de l'artère cérébrale postérieure Fistule carotidocaverneuse Thrombophlébite du sinus caverneux Fistule durale de la loge caverneuse
NéoplasiqueXXTumeur intracrânienne primitive: adénome hypophysaire, méningiome, craniopharyngiome, sarcome, etc.Tumeur crânienne primitive: chordome, chondrome, tumeur à cellule géante Métastases locales: tumeur nasopharyngée, cylindrome, carcinome spinocellulaire (envahissement périneural) Métastases à distance: lymphome, myélome multiple, métastase carcinomateuse 
InfectieuseXXBactérienne: sinusite, mucocèle, etc. Virale: herpès, zona Fongique: mucormycose, aspergillose Spirochète: syphilis Mycobactérienne: tuberculose 
InflammatoireXXSarcoïdose Granulomatose avec polyangéite Granulomatose éosinophilique avec polyangéite (syndrome de Churg-Strauss) Lupus érythémateux disséminé Maladie de Horton (syndrome de l'apex orbitaire) Syndrome des IgG4
IdiopathiqueXSyndrome de Tolosa-Hunt
TraumatiqueXChirurgie nasosinusienne ou orbitaire
AO: atteinte de l'apex orbitaire ; SC: atteinte du sinus caverneux.
). Cheminant librement dans le sinus, le VI est le plus souvent atteint. Les lésions pituitaires (situées dans sa partie antérosupérieure) peuvent ne toucher que la partie supérieure du III, épargnant parfois les muscles innervés par la branche inférieure et la pupille. L'atteinte du V1 provoque des névralgies du trijumeau et une hypoesthésie cornéenne voire cutanée. Le syndrome de Claude Bernard-Horner par atteinte du sympathique peut être masqué par une atteinte associée du III. Une pupille aréactive mais en semi-mydriase voire de taille normale à la place d'une large mydriase devant un III extrinsèque complet doit faire suspecter une atteinte du sympathique. Une localisation lésionnelle à la partie postérieure ou juste en arrière du sinus caverneux peut toucher le V. Une baisse de vision associée localise le processus dans l'apex orbitaire (fig. 16-12
Fig. 16-12
Syndrome de l'apex orbitaire dans le cadre d'une sarcoïdose.a.Le patient a présenté une paralysie du III gauche, avec récupération partielle et persistance d'un déficit minime d'élévation et d'abaissement, une paralysie du VI gauche avec un déficit d'abduction et une neuropathie optique gauche. b.L'IRM confirme l'infiltration de l'apex orbitaire gauche (haut), du sinus caverneux gauche (milieu) avec une pachyméningite (bas). c.Photographies des nerfs optiques droit et gauche, avec atrophie optique gauche séquellaire.
) [67].
Les étiologies des lésions du sinus caverneux ou de l'apex orbitaire sont répertoriées dans le tableau 16-10. Les lésions peuvent passer inaperçues sur l'IRM cérébrale quand le radiologue n'est pas guidé par les renseignements cliniques (voir chapitre ).
Atteintes vasculaires du sinus caverneux
Un anévrisme de la carotide interne dans sa portion intracaverneuse est responsable d'une compression des structures adjacentes. Il s'agit souvent d'un anévrisme géant dont le risque hémorragique est très limité.
Les fistules carotidocaverneuses post-traumatiques ou consécutives à une rupture anévrismale et les thrombophlébites secondaires à un sepsis local ou général ont une symptomatologie bruyante, ajoutant à l'ophtalmoplégie douloureuse une gêne au retour veineux orbitaire responsable d'une exophtalmie, parfois pulsatile, d'un chémosis et d'une artérialisation des vaisseaux veineux du globe. Cela provoque une tortuosité veineuse conjonctivale et épisclérale, la classique « tête de méduse »,et parfois des signes d'occlusion veineuse au fond d'œil. Elles sont responsables d'un acouphène pulsatile que l'examinateur peut entendre à l'auscultation orbitaire ou temporale.
Les fistules durales de la loge caverneuse surviennent spontanément chez le patient hypertendu ou âgé, parfois à distance d'un traumatisme. Elles sont beaucoup moins bruyantes, responsables d'une injection conjonctivale chronique ou d'une paralysie du VI non résolutive, pouvant passer à tort pour une orbitopathie dysthyroïdienne [68].
Atteintes inflammatoires du sinus caverneux et de l'apex
L'atteinte inflammatoire représenterait 23 % des syndromes du sinus caverneux, et 71% des syndromes de l'apex [67]. Des processus granulomateux atteignent classiquement le sinus caverneux. La neurosarcoïdose se complique d'une paralysie oculomotrice du IV, III et VI dans respectivement 2, 5 et 7% [69]. L'IRM retrouve en général un hypersignal du nerf ; une atteinte du sinus caverneux est une localisation rare mais connue [70]. La granulomatose avec polyangéite (nouvelle dénomination de la maladie de Wegener) peut être responsable d'une infiltration granulomateuse méningée dans le sinus caverneux ou au niveau de l'apex orbitaire. Cette infiltration de l'apex se fait en général sous forme de masse visible, mais parfois comme une infiltration diffuse difficilement détectable sur l'imagerie, source de retard de prise en charge et de pronostic visuel très péjoratif. Le syndrome des IgG4 est un diagnostic récent remplaçant certaines formes jugées idiopathiques, comme les pseudo-tumeurs orbitaires inflammatoires ou les pachyméningites hypertrophiques. Ce syndrome peut provoquer une inflammation orbitaire infiltrative de l'apex, une pachyméningite de la dure-mère bordant le sinus caverneux ou une infiltration compressive hypophysaire [71].
Atteintes infectieuses du sinus caverneux
Un processus infectieux local, en général sinusien, comme une mucormycose ou un granulome aspergillaire peut être responsable d'un envahissement du sinus caverneux et/ou de l'apex orbitaire, éventuellement compliqué de thrombophlébite  [67]. La mucormycose est une infection fongique se développant préférentiellement chez le patient diabétique (69% des cas) ou immunodéprimé. Elle entraîne une ophtalmoplégie par atteinte du sinus caverneux et/ou une orbitopathie avec œdème nécrosant. Elle nécessite un diagnostic urgent et un traitement associant traitement médicamenteux et débridement chirurgical. Son taux de mortalité reste élevé: 43% ou plus selon les séries [72,73]. D'autres causes infectieuses sont rapportées de façon anecdotique: zona, tuberculose [67].
Atteintes tumorales du sinus caverneux
L'atteinte tumorale représente 30 % des syndromes du sinus caverneux [67], soit par l'extension d'un processus tumorale local (méningiomes, adénomes hypophysaires, cancers nasopharyngés), soit par localisation secondaire métastatique d'un lymphome ou d'une infiltration périneurale d'un cancer cutané de la face [67].
Syndrome de Tolosa-Hunt
Le syndrome de Tolosa-Hunt est une entité clinique décrite dans les années 1950 à partir de 7 cas d'ophtalmoplégie unilatérale douloureuse, dont 1 cas présentait une atteinte inflammatoire granulomateuse à l'autopsie et les 6autres une corticosensibilité après explorations complémentaires dont ponction lombaire et artériographie «normales » [74]. Cette définition purement clinique était source d'erreur diagnostique et la version 3 de la Classification internationale des céphalées a tenté de mieux cerner cette entité qui doit répondre aux critères présentés dans l'encadré 16.1
Encadré 16.1
Critères
  • Douleur unilatérale orbitaire ou péri-orbitaire remplissant les critères C
  • Présence des deux éléments suivants :
    • Inflammation granulomateuse du sinus caverneux, de la fissure orbitaire supérieure ou de l'orbite, démontrée par IRM ou biopsie
    • Paralysie d'au moins un des nerfs oculomoteurs : III (atteinte pupillaire occasionnelle), IV ou VI ; quelques cas pourraient associer d'autres nerfs crâniens (V, II, VII)
  • Lien de causalité démontré par les deux éléments suivants :
    • Les douleurs sont ipsilatérales à la lésion granulomateuse
    • Elles ont précédé la paralysie de moins de 2 semaines, ou se sont développées avec elle
  • Absence d'autre explication
.
Il s'agit toujours d'un diagnostic d'exclusion après avoir recherché les autres causes d'infiltration du sinus caverneux et de l'apex orbitaire. La corticosensibilité n'est pas un argument diagnostique, car la plupart des autres atteintes du sinus caverneux y répondent favorablement au moins au début. Cependant, la disparition des douleurs dès la première perfusion est souvent spectaculaire et assez spécifique.
Apoplexie hypophysaire
C'est un syndrome clinique lié à l'expansion brutale dans la selle turcique d'une masse pituitaire, en général un adénome, par saignement hémorragique ou nécrose ischémique (voir chapitre ). Elle est deux fois plus fréquente chez les hommes, en général entre 50 et 60 ans [75]. C'est une urgence médicale potentiellement mortelle, présentant un ensemble de signes brutaux dans sa forme typique (tableau 16-13
Tableau 16-13
Sgnes cliniques de l'apoplexie hypophysaire.
MécanismeSymptômes [, ]
Hypertension intracrânienne ou anomalie endocrinienne brutaleTrouble de la conscience (15%) 
Hémorragie méningéeCéphalée intense en coup de tonnerre (80 à 100 %) Nausée (80 %) et vomissements (69%) Photophobie (40 %) 
Compression sinus caverneuxHypoesthésie faciale (V ou V) Paralysies oculomotrices (40 à 80 %) Syndrome de Claude Bernard-Horner 
Compression chiasmatiqueDéficit visuel (56 à 80 %): hémianospie ou quadranopsie bitemporale supérieure, baisse d'acuité visuelle uni- ou bilatérale 
Insuffisance hypothalamiqueHypotension artérielle Dysautonomie (cardiaque, respiratoire, thermique)
).
La paralysie oculomotrice résulte de la compression des nerfs dans le sinus caverneux, provoquant un trouble oculomoteur en général unilatéral dans 40 à 80 % des cas. Le nerf le plus fréquemment atteint est le III avec une mydriase fréquente [75], suivi du VI isolément ou combiné sous forme d'ophtalmoplégie [76]. Le diagnostic peut être difficile car l'adénome préexistant n'est en général pas connu, une confusion et un syndrome méningés peuvent être au premier plan et mimer une méningite d'autant qu'une fièvre est initialement présente dans 16% des cas [76]. Le scanner cérébral en coupe axiale passe le plus souvent à côté du diagnostic, nécessitant des coupes sagittales ou idéalement une IRM pour visualiser la lésion pituitaire dans 94% des cas [75].
Diagnostics différentiels des paralysies des nerfs crâniens
Atteinte musculaire ou orbitaire
(Voir chapitre 18 )
Myosite
Les causes inflammatoires orbitaires représentent une part non négligeable des consultations d'urgence pour diplopie binoculaire  [3]: 5% pour les orbitopathies dysthyroïdiennes, 3% pour les autres pathologies orbitaires (myosite, cellulite, dacryoadénite ou métastase). Mono- ou plurimusculaire, une myosite peut mimer toutes les formes de paralysie. Provoquant initialement un déficit du muscle inflammatoire, la fibrose –particulièrement en cas de maladie de Basedow–provoque secondairement une restriction dans le champ d'action opposé. Les signes cliniques d'inflammation orbitaire permettent en général d'orienter le diagnostic. La confusion est présente dans les formes séquellaires examinées tardivement ou dans les rares cas se présentant d'emblée par une complication oculomotrice sans inflammation clinique (fig. 16-13
Fig. 16-13
Présentation atypique d'un trouble oculomoteur secondaire à une orbitopathie dysthyroïdienne.Femme de 43ans, consultant pour maux de tête depuis 1 mois et diplopie verticale depuis 15jours. a.Photographies de la motilité oculaire verticale montrant une hypotropie gauche en position primaire avec déficit d'élévation de l'œil gauche. L'absence de ptosis gauche avec une discrète rétraction palpébrale supérieure n'est pas en faveur d'unIII partiel. b.Schémas de Lancaster avec déficit d'élévation de l'œil gauche et hyperaction controlatérale. c.IRM orbitaire avec coupe coronale T1 Fat-Sat retrouvant une hypertrophie des muscles droit inférieur et droit médial gauche, avec réhaussement diffus ; les dosages hormonaux confirment la pathologie basedowienne (TSH <0,01μUI/l ; T4 = 27pg/ml ; T3L = 10,6pg/ml ; anticorps antirécepteurs à la TSH = 14UI/l). Le déficit d'élévation est secondaire à la rétraction du muscle droit inférieur gauche.
). Les éléments évocateurs sont:
  • un contexte de dysthyroïdie ou de maladie auto-immune (granulomatose avec polyangéite, par exemple) ;
  • des signes d'inflammation orbitaire : douleur ; exophtalmie ; chémosis et gonflement palpébral ; hyperhémie conjonctivale, palpébrale et/ou caronculaire ;
  • une rétraction palpébrale ;
  • une limitation isolée de l'élévation sans ptosis ou de l'abduction.
Myopathies
Pathologies rares, elles provoquent une ophtalmoplégie bilatérale et symétrique dans toutes les directions du regard. Les signes évocateurs sont une amimie, une évolution lentement progressive avec une diplopie rarement ressentie, un ptosis bilatéral, une épargne pupillaire.
Traumatisme
Les traumatismes représentent 16,4 % des consultations d'urgence pour diplopie binoculaire [3], soit par fracture orbitaire (4,7%), soit par atteinte des tissus mous (6%), soit par lésion du nerf (5,5%). Le contexte traumatique rend le diagnostic souvent évident. L'enfant peut cependant être incapable de le rapporter, et il ne faudra pas hésiter à l'écarter par une imagerie en cas de déficit d'apparition brutal.
Strabisme du myope fort
Deux types de strabisme du myope fort (voir chapitre 19 ) sont régulièrement rencontrés en consultation de strabologie, mimant le plus souvent une paralysie unilatérale ou bilatérale du VI :
  • une décompensation d'ésophorie  [77]. L'angle de déviation est initialement faible avec une pathologie s'aggravant lentement, mais parfois sous forme d'une décompensation brutale (fig. 16-14
    Fig. 16-14
    Strabisme convergent brutalement décompensé chez une patiente myope forte.Cette femme de 60ans, avec comme antécédents une myopie forte bilatérale et une chirurgie de cataracte, présente une diplopie le soir à la fatigue depuis quelques années en vision de loin. Elle décrit une décompensation brutale avec une déviation importante. Le bilan neurologique et neuroradiologique est sans particularité. Le diagnostic retenu est une décompensation brutale d'un strabisme latent (ésophorie) dans le cadre d'une myopie forte. Un traitement chirurgical permet de retrouver une orthophorie et de supprimer la vision double. a.Photographies de la motilité oculaire dans les 9positions de l'espace. Ésotropie en position primaire. b.Schémas de Lancaster mimant une paralysie bilatérale desVI. c.Photographie des ductions avec limitation modérée de l'abduction surtout de l'œil droit. d.IRM en coupe axiale des orbites avec un allongement de la longueur axiale des deux yeux.
    ) ;
  • un strabisme progressif lié à une malposition des poulies orbitaires. Certains patients présentent en IRM et en peropératoire un déplacement vers le bas du droit latéral et une médialisation du droit supérieur, peut-être en raison d'une ectasie sclérale progressive de la partie temporale supérieure du globe  [78,79]. Le droit latéral perd sa fonction d'abduction et devient abaisseur, et le droit supérieur perd sa fonction d'élévation et devient adducteur. Le patient (fig. 16-15
    Fig. 16-15
    Strabisme fixé du myope fort.Patiente de 65ans présentant une déviation en convergence de l'œil gauche s'aggravant sur une quinzaine d'années. a.Photographies de la motilité oculaire (version horizontale) objectivant un œil gauche fixé dans le canthus interne. b.Après chirurgie, diminution de la déviation en position primaire et amélioration de l'abduction (technique de Yokoyama complété d'un recul du droit médial gauche). c.IRM avec coupe coronale orbitaire préopératoire confirmant la position anormale des muscles, avec une médialisation du droit supérieur et un abaissement du droit médial (flèches). d.IRM postopératoire objectivant une normalisation (flèches) de la position de ces muscles.
    ) présente alors un degré variable d'ésodéviation et/ou d'hypotropie, avec déficit de la motilité pouvant aller jusqu'à l'immobilité complète et un œil fixé en adduction. Le traitement est chirurgical, en rétablissant la ligne d'action des muscles (technique de sanglage de Yokoyama).
Syndrome de Brown
Son incidence est de 1,5/100 000 enfants de moins de 18 ans [15]. Il correspond à une limitation active et passive de l'élévation en adduction (fig. 16-16
Fig. 16-16
Syndrome de Brown de l'œil droit.Hypotropie droite en position primaire, abaissement en adduction et déficit d'élévation en adduction.
). Il s'y associe selon l'importance de l'atteinte un abaissement en adduction, voire une hypotropie dès la position primaire dans les formes les plus sévères. L'enfant peut adopter un torticolis de fixation tête penchée sur l'épaule du côté atteint. Le test de duction forcée confirme la restriction, liée en général à des difficultés de coulissement du tendon de l'oblique supérieur dans la trochlée. La plupart des syndromes de Brown sont congénitaux et une grande majorité régresse avec la croissance. Un contexte traumatique nécessite de vérifier l'intégrité du complexe poulie-trochlée par une imagerie. Des causes inflammatoires sont également décrites.
Le syndrome d'anti-élévation se présente exactement de la même façon. Il correspond à des adhérences se créant dans le quadrant temporal inférieur, en général après chirurgie de l'oblique inférieur. Le contexte postopératoire est évocateur. La paralysie isolée de l'oblique inférieur est tellement rare qu'il s'agit souvent d'un diagnostic d'élimination quand le test de duction forcé est normal.
Atteinte de la jonction neuromusculaire
(Voir chapitre 17 )
Myasthénie
La myasthénie est une cause rare (2,3 à 2,7%) de diplopie binoculaire consultant en urgence [3,41]. Elle peut mimer tout type de paralysie oculomotrice, il faut particulièrement y penser en cas d'atteinte isolée d'un muscle innervé par le III (typiquement un muscle droit supérieur sans ptosis ou un muscle droit médial sans atteinte de l'abaissement) ou d'atteinte simultanée ou successive de muscles. Les autres signes évocateurs sont la variabilité de la présentation clinique, le ptosis, les symptômes bulbaires (voix nasonnée, difficulté de déglutition, etc.) ou la faiblesse musculaire proximale. Le diagnostic est réorienté par la recherche de signes cliniques évocateurs (signe du glaçon, par exemple), l'ENMG et la positivité des tests biologiques (recherche des anticorps anti-R-Ach, parfois complétée par le dosage des anticorps anti-MuSK) et la normalité de l'imagerie neuro-orbitaire [32]. Lorsque l'ensemble des explorations sont négatives, le diagnostic est posé sur l'évolution clinique sous traitement.
Autres atteintes de la jonction neuromusculaire
Ces autres atteintes sont exceptionnelles.
Le botulisme est provoqué par de puissantes neurotoxines (produites par Clostridium botulinum ) ingérées par le tube digestif (typiquement conserves de fabrication familiale) ou se développant dans des blessures abcédées (particulièrement chez les consommateurs de drogues injectées). Souvent précédé d'une gastro-entérite sans fièvre, il provoque une paralysie symétrique des muscles du visage, suivie d'une paralysie flasque et descendante pouvant se compliquer de troubles respiratoires. L'atteinte oculomotrice est précoce et fréquente. Elle débute classiquement par une paralysie de l'accommodation associée à une mydriase (44 % des patients) et se poursuit par un déficit oculomoteur (65%), un ptosis (73%) et une diplopie (91%). Elle se poursuit par une sécheresse buccale et des troubles de déglutition. L'atteinte diaphragmatique met en jeu le pronostic vital [80].
Le syndrome de Lambert-Eatonest une atteinte auto-immune de la jonction neuromusculaire, associée dans 60 % des cas à un contexte paranéoplasique, principalement cancer du poumon à petites cellules. La faiblesse musculaire généralisée domine le tableau clinique. La diplopie est peu fréquente (4 à 20 %), associée à un ptosis (23%) ou une atteinte oculomotrice (16,5%) ou pupillaire (7%). Les signes oculopalpébraux s'aggravent avec la durée de la maladie, passant de 30 à 50 % des patients entre 3 et 12 mois d'évolution [ 81–83 ].
Atteinte du nerf oculomoteur et de son noyau
C. Tilikete
Syndrome d'hyperexcitabilité neurogène
Les syndromes d'hyperexcitabilité neurogène des nerfs oculomoteurs sont rares  [84,85]. Ils rassemblent des troubles le plus souvent paroxystiques ou transitoires d'excès d'activité neurogène dans un nerf oculomoteur, responsable d'une contraction d'un ou de plusieurs muscles oculomoteurs en aval. Ils se manifestent soit par une diplopie paroxystique ou transitoire, soit par une oscillopsie paroxystique monoculaire (myokimie de l'oblique supérieur). Au sein de ces troubles, la myokimie de l'oblique supérieur et la neuromyotonie oculaire sont les plus communs, mais il existe également des phénomènes de diplopie paroxystique dans la SEP, de spasme cyclique du III ou d'ésotropie cyclique. Le mécanisme de ces troubles, notamment pour les atteintes neurogènes du nerf, est proche de celui du spasme hémifacial ou de la névralgie du trijumeau, impliquant une transmission éphaptique d'axone à axone sur une zone démyélinisée.
Myokimie de l'oblique supérieur
Ce trouble oculomoteur rare se caractérise par des oscillopsies monoculaires liées à une contraction intermittente du muscle oblique supérieur (anciennement grand oblique). Ce syndrome est développé dans le chapitre 23 traitant des oscillopsies.
Neuromyotonie oculaire
Cette atteinte est caractérisée par une contraction involontaire (contracture ou spasme) paroxystique d'un ou de plusieurs muscles oculomoteurs liée à une hyperexcitabilité anormale des axones moteurs d'un nerf oculomoteur. Le IIIest le plus souvent atteint, puis le VI et le IV. Le diagnostic clinique repose sur une diplopie transitoire et un strabisme, variant avec la position de l'œil dans l'orbite, qui se développe spontanément ou par la contraction prolongée d'un muscle ( vidéo 16-1). Le spasme s'étend souvent aux autres muscles dépendant du même nerf oculomoteur. Il peut exister une pupille tonique. On peut retrouver un déficit partiel dans le territoire oculomoteur en dehors des crises paroxystiques.
Vidéo 16-1
https://www.em-consulte.com/ecomplementfile/476383/emm1214.mp4
Vidéo 16-1Tableau de neuromyotonie oculaire dans le territoire du III gauche
La neuromyotonie fait suite dans plus de 50 % des cas à une radiothérapie de la région sellaire ou parasellaire, réalisée quelques mois à 18 ans plus tôt. Les autres cas résultent de diverses pathologies compressives d'un nerf oculomoteur. Chez certains patients, aucune lésion compressive ni radiothérapie ne sont retrouvées. Certains cas sont vraisemblablement à attribuer à un syndrome de compression vasculonerveuse, comme dans les spasmes hémifaciaux ou des myokimies de l'oblique supérieur.
La neuromyotonie oculaire est une atteinte focale, faisant partie du cadre des neuromyotonies. L'électromyogramme peut montrer, comme pour le spasme hémifacial et la myokimie de l'oblique supérieur, des signes d'hyperactivité continue des unités motrices.
Sur le plan thérapeutique, en dehors du traitement spécifique des formes compressives, la carbamazépine est le médicament de choix.
Diplopie paroxystique et sclérose en plaques
La SEP peut survenir au début ou pendant la maladie sous forme de manifestations paroxystiques, dont la plus fréquente est la névralgie trigéminale. Le phénomène paroxystique est expliqué par une activation éphaptique des axones démyélinisés au niveau du faisceau nerveux. Dans de rares cas, le trouble peut concerner un nerf oculomoteur et se manifeste par des phénomènes de diplopie paroxystique. Le plus souvent, le tableau rentre dans l'ordre en quelques semaines, mais peut parfois justifier un traitement par carbamazépine.
Paralysie du III avec spasmes cycliques et ésotropie cyclique
Rarement, une paralysie du IIIpeut s'accompagner de spasmes cycliques d'hyperactivité. Ce syndrome peut survenir dans les formes congénitales ou acquises de paralysies du III. Dans les formes acquises, la pathogénie est inconnue, mais attribuée à une atteinte périphérique. De très rares cas d'ésotropie cyclique ont également été décrits, avec des cycles de 24 heures d'ésotropie, résolutifs les 24 heures suivantes. Le mécanisme est inconnu.
Congenital cranial dysinnervation disorder
L'expression congenital cranial dysinnervation disorder (CCDD) regroupe des anomalies de développement d'un ou de plusieurs noyaux ou sous-noyaux des nerfs crâniens survenant dans les premières semaines de la vie embryonnaire  [86]:
  • dysinnervation du VI : syndrome de Stilling-Turk-Duane, syndrome de Möbius (associé à une atteinte du VII), horizontal gaze palsy with progressive scoliosis ou HGPPS (atteinte supranucléaire du VI) ;
  • dysinnervation du III : fibrose congénitale des muscles extra-oculaires ( congenital fibrosis of the extraocular muscles [CFEOM]).
L'atteinte précoce provoque une fibrose du muscle oculomoteur (ancienne dénomination)  [87], parfois associée à une réinnervation aberrante [88]. Ces troubles sont présents dès la naissance et non évolutifs sauf en cas de strabisme surajouté, mais il n'est pas rare que les formes mineures consultent en urgence à l'âge adulte en raison d'une prise de conscience brutale de la diplopie.
Syndrome de Duane
Ce syndrome est le syndrome le plus fréquent des CCDD avec une prévalence de 1/10 000 habitants [89]. Il se présente par un déficit oculomoteur horizontal congénital unilatéral (80 à 90 %), plus souvent sur l'œil gauche (50 à 60 %) avec une prédominance féminine (50 à 60 %). Moins de 10 % sont des formes familiales et une anomalie génétique est rarement mise en évidence: DURS2 (mutation du gène CHN1 ) dans certaines formes isolées ; DURS1, syndrome de Okihiro (mutation du gène SALL4 ) ou maladie du spectre HOXA1 pour les formes syndromiques exceptionnelles [ 90–92 ].
Les trois formes cliniques principales dépendent de la balance entre l'innervation résiduelle du nerf abducens et l'innervation aberrante provenant du rameau inférieur du III vers le muscle droit latéral (tableau 16-14
Tableau 16-14
Syndromes de Duane: mécanismes et conséquences fonctionnelles.
Mécanisme(s)type 1 (80 %) type 2 type 3 
VIAnatomieHypoplasiquePrésentHypoplasique
AbductionAbsente/diminuéeNormaleAbsente/diminuée
IIIIII n (DM)/III ab (DL)III n>III ab III n= IIIab III n =III ab 
AdductionNormale ou légère limitationAbsente ou forte limitationAbsente ou forte limitation
Rétraction palpébrale+++
Balance entre l'innervation résiduelle du nerf abducens (VI) et l'innervation aberrante provenant du rameau inférieur du III vers le muscle droit latéral (DL). IIIab: III aberrante (vers le droit latéral [DL]) ; IIIn: IIInormale (vers le droit médial [DM]).
) [93]. Le type 1 est le plus fréquent, mimant une paralysie du VI avec limitation de l'abduction, mais adduction quasi normale (fig. 16-17
Fig. 16-17
Syndrome de Duane de typeI de l'œil gauche.a.Torticolis de fixation, tête tournée vers l'épaule gauche. b.Déviation très faible en position primaire, déficit d'abduction de l'œil gauche, rétrécissement de la fente palpébrale gauche dans l'adduction.
). Le type 2 mime une paralysie du droit médial avec limitation de l'adduction et abduction quasi normale. Le type 3 combine les deux limitations de l'adduction et l'abduction, parfois associées à une atteinte des mouvements verticaux. Un type 4 exceptionnellement rencontré correspond à une divergence synergistique. Un torticolis de fixation dans le sens qui diminue la déviation et préservant la vision binoculaire, et des mouvements d'élévation ou d'abaissement en adduction (plus par effet bride que par innervation aberrante) sont souvent associés. Un strabisme se surajoute occasionnellement.
Le diagnostic de Duane est conforté par :
  • la rétraction du globe et le rétrécissement de la fente palpébrale lors des tentatives d'adduction, liées à la co-contraction musculaire ;
  • un angle de déviation souvent faible en position primaire, comparativement à l'importance du déficit de motilité ;
  • éventuellement, une confirmation IRM d'un VI non visualisable ou hypoplasique uniquement dans les types 1 et 3 (fig. 16-18
    Fig. 16-18
    a–c. IRM du tronc cérébral chez un patient présentant un syndrome de Duane de typeI de l'œil droit.Sur ces trois coupes axiales fines (2,4mm entre les coupes supérieure et inférieure), leVI gauche est entouré en rouge ; à droite, le VI est absent.
    ).
Congenital fibrosis of the extraocular muscles (CFEOM)
Ce trouble oculomoteur  [94] est beaucoup plus rare avec une prévalence de 1/230 000habitants [91]. Il correspond à une atteinte embryonnaire uni- ou bilatérale d'une partie ou de l'ensemble des sous-noyaux du III [95]:
  • le type 1 (le plus fréquent) correspond à une atteinte élective des sous-noyaux de la branche supérieure, avec hypoplasie du nerf, atrophie du releveur de la paupière supérieure et du droit supérieur, parfois associée à une atteinte du VI [96,97]. L'enfant adopte un torticolis de fixation tête rejetée en arrière, avec un ptosis et une hypotropie bilatérale. Il existe une limitation de la motilité volontaire vers le haut, compliquée par la fibrose importante des droits inférieurs confirmée par les tests de duction forcée. S'y associe parfois une atteinte horizontale, en général une convergence synergistique lors des tentatives d'élévation ;
  • le type 2 est exceptionnel, avec une paralysie complète bilatérale du III: exotropie à grand angle associée à un ptosis bilatéral, limitation importante des mouvements verticaux et horizontaux et pupilles peu réactives ;
  • le type 3 présente la plus grande variabilité clinique inter- et intrafamiliale: atteinte uni- ou bilatérale, ptosis parfois absent, trouble de la verticalité allant de l'anomalie infraclinique de l'élévation à une paralysie complète de la verticalité (élévation et abaissement). L'atteinte est généralement isolée, mais peut s'intégrer dans une pathologie syndromique comme le syndrome de Tukel, associant rigidité congénitale des doigts et des poignets, neuropathies périphériques, atteinte cognitive, etc.
Le caractère congénital et la présentation typique orientent souvent le diagnostic. Il existe très souvent un caractère familial, possiblement confirmé par les analyses génétiques  [90,98]: pathologie autosomique dominante pour le type 1 (mutation KIF21A ), autosomique récessive pour le type 2 (mutation PHOX2A ), autosomique dominante de pénétrance incomplète pour le type 3 (mutation TUBB3 ou plus rarement KIF21A ).
Syndrome de Möbius
Résultant de l'atteinte simultanée des noyaux du VI et du VII, ce syndrome se manifeste par une diplégie faciale associée à une double paralysie de l'abduction, voire du regard conjugué  [99]. L'IRM met en évidence une hypoplasie du tronc cérébral dans la région du VI et du VII, parfois associée à d'autres anomalies de la fosse postérieure. Peuvent s'y associer de manière variable une atteinte des nerfs V, IX, X et XII, provoquant une dysmorphie faciale, une dysfonction linguale et/ou pharyngée et des malformations des membres.
Atteinte supranucléaire
Paralysie nucléaire, internucléaire et supranucléaire
Voir chapitre 15 .
Strabisme convergent
Ésophorie décompensée
Classée parmi les strabismes acquis normosensoriels, l'ésophorie décompensée (voir chapitre 19 ) présente de nombreuses dénominations anglo-saxonnes : divergence insuffisiency esotropia [5], divergence paralysis esotropia [100,101] ou adult-onset age-related distance esotropia [102]. Cette diversité de dénomination est liée aux nombreuses hypothèses proposées pour expliquer son apparition: origine orbitaire par affaiblissement des tissus conjonctifs avec l'âge [103], origine centrale par microlésions vasculaires, dans les centres de contrôle de la divergence au niveau du pont ou du mésencéphale [104], ou par augmentation progressive du tonus du muscle droit médial [105] ou tout simplement diminution progressive des mécanismes de compensation d'un strabisme latent [5].
C'est une pathologie fréquente qui représente 10 % des troubles oculomoteurs de l'adulte [1]. Son incidence est de 6/100 000habitants [5], soit légèrement moins que la paralysie du VI (10,4/100 000) qui est son principal diagnostic différentiel. Elle peut être observée à tous les âges de la vie, mais présente un pic de fréquence après 60 ans. Il existe une prépondérance féminine avec 2,5 femmes pour 1 homme [100,106].
Le patient présente une déviation en convergence initialement de faible amplitude, responsable d'une diplopie apparaissant pour les activités en vision de loin comme la conduite automobile, la télévision, etc. (fig. 16-19
Fig. 16-19
Ésophorie par «insuffisance de divergence ».a.Schémas de lancaster pouvant mimer à tort une paralysie bilatérale chronique du VI. b.Photographies de la motilité oculaire en version horizontale. Noter l'absence de limitation des abductions.
). La faible déviation initiale, son caractère intermittent et les difficultés d'expression du patient qui peut se plaindre plus d'un flou visuel que d'une diplopie entraînent un retard diagnostique fréquent, souvent supérieur à 2 ans [104,106]. La moitié des patients présentent un facteur déclenchant, souvent secondaire à la modification brutale du statut réfractif [106]: chirurgie de cataracte, chirurgie réfractive ou création d'une monovision.
Le bilan orthoptique met en évidence une ésotropie en vision de loin associée à une ésophorie voire parfois une exophorie en vision de près. Les amplitudes de fusion en divergence sont diminuées  [100]. La réalisation d'un coordimètre évoque faussement une double paralysie du VI avec laquelle elle est fréquemment confondue [5,100,106]. Cependant, l'étude des ductions confirme l'absence de limitation de l'abduction. Le bilan neurologique éventuellement complété par une neuro-imagerie est normal, redressant souvent le diagnostic. Les patients sont souvent soulagés par une prismation lorsque la déviation n'est pas trop importante. Cependant, il semble exister une aggravation lente et progressive avec l'âge. Le patient doit être prévenu qu'une majoration du traitement sera probablement nécessaire et un recours à la chirurgie possible [100,104,106].
Spasmes en convergence
Ce trouble oculomoteur peut être confondu avec une paralysie uni- ou bilatérale du VI. Il se caractérise par des épisodes intermittents et répétitifs de stimulation de la syncinésie de près: convergence, accommodation et myosis. Le premier mécanisme provoque une déviation variable d'un moment à l'autre, passant de la rectitude à l'ésotropie, avec une impossibilité de stabiliser l'angle de déviation. S'y ajoute parfois une pseudo-limitation de l'abduction. En général, le spasme disparaît lorsqu'un œil est caché, ce qui permet de vérifier que l'abduction est en réalité intègre. Le deuxième mécanisme provoque un flou visuel lorsque le spasme apparaît, par myopisation accommodative. Le troisième mécanisme permet de confirmer le diagnostic, en observant l'apparition d'un myosis lors des spasmes [107]. Les trois signes cardinaux ne sont pas toujours présents: parfois uniquement spasme accommodatif sans convergence, parfois spasmes en convergence sans baisse de vision. La symptomatologie fonctionnelle peut être riche et variée: céphalée ou douleur oculaire, micropsie ou macropsie, vertiges, etc.
Les deux principales causes de spasmes en convergence sont l'origine psychogène ou les suites d'un traumatisme crânien. D'autres étiologies neurologiques ont été occasionnellement rapportées, justifiant un bilan systématique : encéphalopathie métabolique, malformation d'Arnold-Chiari, lésions démyélinisantes ou compressives, etc. (pour une revue, voir [107]). Le traitement passe par la réassurance, la prise en charge psychologique, les techniques de relaxation parfois renforcées par l'instillation transitoire ou prolongée de collyres cycloplégiques et de verres progressifs. La prise en charge orthoptique, prismatique ou chirurgicale n'est pas efficace et souvent délétère [29,107].
Strabisme divergent
Il arrive parfois qu'une parésie du III lentement évolutive soit confondue avec un strabisme divergent intermittent, car le sujet peut développer son amplitude de fusion en convergence permettant de compenser initialement le déficit en position primaire. Le diagnostic est redressé car la parésie du III s'associe à: un déficit au moins partiel de l'adduction et de la verticalité, une incomitance lors de la mesure de la déviation dans les versions et, souvent, un torticolis de fixation.
Strabisme avec facteurs verticaux
Déviation verticale dissociée
Signe de strabisme précoce, cette déviation provoque une hypertropie de l'œil non fixant et peut être confondue avec une paralysie du IV. Cette élévation est intermittente, se majorant à la fatigue ou au stress. Elle est quasiment toujours bilatérale mais parfois très asymétrique. Elle est provoquée par la diminution du tonus lumineux d'un des deux yeux, typiquement en plaçant un cache devant un œil, réalisant une élévation «lente et majestueuse » de l'œil caché. Les caractéristiques cliniques qui la distinguent d'une paralysie du IV sont: l'absence d'hypotropie controlatérale lors du cover-test alterné, une majoration de la déviation dans l'abduction et une incyclotorsion du fond d'œil.
Syndrome torsionnel
Le syndrome extorsionnel peut être confondu avec une paralysie unilatérale ou bilatérale du IV. Il correspond à une forme particulière de strabisme associant des anomalies bilatérales plus ou moins asymétriques: une élévation en adduction ; un syndrome alphabétique en V ; une excyclotorsion significative du fond d'œil en moyenne de 18° pour une norme de 7°. Son pendant, plus fréquent chez l'adulte et plus rare chez l'enfant, est le syndrome intorsionnel avec: un abaissement en adduction ; un syndrome alphabétique en A ; une incyclotorsion significative de –3° en moyenne du fond d'œil [108]. La torsion objective du fond d'œil évoque souvent le diagnostic qui associe en général un strabisme convergent (parfois divergent). Classiquement associé à des dystopies orbitaires [18] avec une orientation mongoloïde ou antimongoloïde des fentes palpébrales dont la forme extrême correspond au strabisme du syndrome de Crouzon, il s'observe en pratique le plus souvent en dehors de toute anomalie orbitaire.
Un diagnostic topographique en fonction du déficit est proposé à la figure 16-20
Fig. 16-20
Diagnostics différentiels en fonction du déficit de motilité oculaire.Chaque diagnostic est classé selon l'origine topographique du déficit: supranucléaire(SN), nerf(N), jonction neuromusculaire(JNM), muscle(M). CBH: syndrome de Claude Bernard-Horner ; CFEOM: congenital fibrosis of the extraocular muscles ; DM: droit médial ; DVD: déviation verticale dissociée ; POM: paralysie oculomotrice ; PSP: paralysie supranucléaire progressive ; OIN: ophtalmoplégie internucléaire.
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