Retour
Chapitre 26
Particularités de la neuro-ophtalmologie pédiatrique

M. Robert

26.1
Orientations diagnostiques en neuro-ophtalmologie pédiatrique
Points importants
  • Toute suspicion de malvoyance chez le nourrisson doit être évaluée dans les plus brefs délais, car la rapidité de prise en charge peut avoir un impact direct sur le devenir visuel et/ou développemental. Dans ce cadre, l'électrophysiologie (EEG, ERG, PEV), parfois urgente, est reine ; la normalité de l'imagerie (OCT, IRM) peut être faussement rassurante : une imagerie normale n'élimine pas une dysfonction sévère. Le retard isolé de maturation des voies visuelles (syndrome de Beauvieux) est un diagnostic d'élimination. Le pronostic du syndrome de West est lié à la précocité de sa prise en charge.
  • Les tableaux oculomoteurs suivants doivent faire éliminer en urgence une pathologie neurologique : opsoclonus, nystagmus non horizontal, nystagmus dissocié, nystagmus associé à des signes neurologiques, nystagmus apparu après l'âge de 4 mois.
  • La majorité des déviations de l'enfant sont dues à des pathologies strabiques ou à une paralysie de l'oblique supérieur. Tout strabisme ou paralysie d'apparition brutale nécessite un bilan en urgence. Les étiologies paralytiques sont dominées par les traumatismes et les néoplasies, les causes bénignes étant minoritaires. La réfraction, l'examen attentif du fond d'œil et la lutte contre l'amblyopie sont les pierres angulaires de la prise en charge.
  • Les examens indispensables devant une déviation du regard du nourrisson sont l'examen de la courbe de croissance du périmètre crânien, l'examen clinique ophtalmologique et neurologique, puis selon les signes cliniques : IRM cérébrale, EEG, ERG si association à un nystagmus.
  • Devant un œdème papillaire :
    • les grandes urgences sont : l'hypertension intracrânienne par hydrocéphalie obstructive sur tumeur de la fosse postérieure et par thrombose veineuse des sinus duraux ; la névrite optique dans le cadre du spectre des neuromyélites optiques ;
    • les spécificités de l'enfant sont l'absence ou une moindre importance de l'œdème papillaire de stase dans les hydrocéphalies avant la fermeture des sutures (macrocrânie), une pression d'ouverture du liquide cérébrospinal anormale si elle est supérieure à 28cm H2O, la fréquence des papillites dans les uvéites postérieures.
  • Devant une atrophie optique, il faut toujours évoquer une cause compressive, puis une maladie systémique, une maladie inflammatoire du système nerveux central, une leucoencéphalopathie, avant d'orienter le bilan vers une neuropathie optique héréditaire non syndromique. Les atteintes unilatérales requièrent un bilan urgent en raison du risque d'atteinte controlatérale.
Anomalies de développement de la fonction visuelle : le nourrisson «apparemment aveugle »
N. Voide, M.Robert
La moitié des causes de déficience visuelle (19 millions d'enfants dans le monde) sont évitables ; toute suspicion de malvoyance chez un nourrisson nécessite donc une prise en charge rapide. Celle-ci a pour buts de répondre à l'anxiété des parents, d'arriver rapidement au diagnostic à l'aide d'examens adaptés et d'apporter un pronostic, allant d'un potentiel visuel maximal en cas de retard de maturation des voies visuelles de type 1 jusqu'à la cécité complète. Une altération des capacités visuelles du nourrisson peut être secondaire à une lésion oculaire congénitale ou acquise, ou à une atteinte centrale le long des voies visuelles antérieures et/ou postérieures (tableau 26-1
Tableau 26-1
Anomalies de développement de la fonction visuelle chez un nourrisson de plus de 3 mois.
Présence ou non d'un nystagmus ?Manifestations associéesExamens complémentairesOrientations diagnostiques
Malformation visible cliniquementMalformations cornéennes, cristalliniennes ou rétiniennes bilatérales
Hypopigmentation cutanée, transillumination irienne, hypopigmentation rétinienneHypoplasie fovéale (OCT)Hyperdécussation chiasmatique (PEV)Albinismes
Aspect typique des papilles et de la vascularisation rétinienne au FOERG normal, PEV altérésHypoplasie papillaire bilatérale
Signe de Franceschetti Signe de l'éventail Photophobie Aspect variablement évocateur du FO: pâleur papillaire, vaisseaux grêles, mottes pigmentaires, altération du reflet fovéolaire ERG global altéréAttention, tous les signes cliniques associés au nystagmus peuvent être absents. Seule l'altération des réponses de l'ERG conduit alors au diagnosticAmaurose congénitale de Leber et autres dystrophies rétiniennes mixtes précoces Dysfonctions stationnaires de la rétine
Aucune : diagnostic d'exclusionERG normalNystagmus idiopathique
NOC: absence de phase rapide Déviation alternante du regard Modification du tableau clinique à l'âge de tenue de tête IRM: dysplasie vermienne supérieure Apraxie oculomotrice de type Cogan
Ésotropie précoce Déviation tonique du regard vers le bas Contexte de souffrance anténataleLeucomolacie périventriculaire à l'IRM(ERG normal, PEV altérés)Malvoyance sous-corticale
Exotropie précoce Déviation horizontale conjuguée du regard Contexte de souffrance périnataleEncéphalomalacie à l'IRM(ERG normal, PEV altérés)Malvoyance corticale
Révulsions oculaires (=spasmes subtils) IRM variable, peut être normaleEEG pathologiqueEncéphalopathie épileptique
Examens ophtalmologique et pédiatrique normauxPEV normauxRetard de maturation des voies visuelles isolé (syndrome de Beauvieux de type 1) 
EEG: électro-encéphalogramme ; ERG: électrorétinogramme ; FO: fond d'œil ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; NOC: nystagmus optocinétique ; OCT:  ; PEV: potentiels évoqués visuels ;
). L'examen anatomique de l'œil permet d'écarter les étiologies manifestes. En cas d'absence de signe évident, s'adjoindront des examens complémentaires, à savoir l'électrophysiologie (électrorétinogramme [ERG], potentiels évoqués visuels [PEV], électro-encéphalogramme [EEG]) en tenant compte des spécificités pédiatriques liées au développement et à la maturation cérébrale, la neuro-imagerie, voire le diagnostic moléculaire pour les pathologies génétiques définies. Enfin, la prévention des causes de malvoyance a un effet bénéfique sur la survie infantile globale.
Spécificités de l'interrogatoire
L'interrogatoire s'accompagne d'une observation de l'interaction du nourrisson avec ses parents et de son attitude face à eux. Il comprend l'histoire obstétricale, développementale et familiale (antécédent de malvoyance, consanguinité). La cinétique d'installation des signes de malvoyance est essentielle : sont-ils présents depuis la naissance ou existe-t-il une régression ? Le tableau 26-2
Tableau 26-2
Symptômes et signes cliniques à rechercher à l'anamnèse en cas de suspicion de malvoyance infantile.
Signes cliniquesRemarques
PhotophobiePeut être associée à: une atteinte rétinienne ou du nerf optique, un glaucome congénital, une inflammation ou des opacités des milieux, un albinisme, une aniridie ou un contexte neurologique (méningite ; HSA ; tumeurs comprimant les voies visuelles antérieures ; cécité corticale dans un tiers des cas) 
Attrait des lumièresFréquente dans les premiers mois de vie d'un nourrisson avec malvoyance quelle qu'en soit la cause et dans les cas de cécité corticale
HéméralopiePeut se traduire chez le tout petit par une peur du noir dans les cas de dystrophie rétinienne de type bâtonnets-cônes ou dans les héméralopies congénitales essentielles
Comportements stéréotypés:
  • signe oculodigital de Franceschetti
  • signe de l'éventail
  • balancement du corps ou du chef
Signe une malvoyance précoce et sévère, notamment dans l'ACL et dans les cas de ROP sévères Chez les enfants atteints de dystrophie rétinienne, d'épilepsie photoconvulsive ou d'autisme
Phénomène d': l'enfant semble regarder au-dessus de la cible Lié à des scotomes centraux, notamment dans les cécités corticales
Tendance à se rapprocher des objetsPeu spécifique: beaucoup d'enfants avec une vision normale adoptent cette attitude en raison d'un pouvoir accommodatif élevé 
Révulsions oculaires, spasmes subtils ou hypotonie axialeRencontrés dans les encéphalopathies épileptiques du nourrisson, dont le syndrome de West
ACL: amaurose congénitale de Leber ; HSA: hémorragie sous-arachnoïdienne ; ROP: rétinopathie du prématuré.
résume les symptômes et signes cliniques à rechercher lors de l'anamnèse. La reconnaissance de ces signes est fondamentale: elle dictera la rapidité de prise en charge et aura un impact direct sur le pronostic développemental à long terme.
Spécificités de l'examen clinique
Dès la naissance, le nourrisson né à terme est capable de fixer. Un examen ophtalmologique est requis dès qu'une suspicion de malvoyance est évoquée, idéalement avant 2 mois. Le tableau 26-3
Tableau 26-3
Âges d'acquisition des principales étapes du développement visuel durant la première année de vie.
ÂgeAcquisition
30 semaines de gestationRéaction pupillaire mature
NaissanceFixation, oculomotilité libre
1–4 semainesReconnaissance du visage maternel, réaction à la lumière vive
4–8 semainesPoursuite, absence de réaction à l'occlusion, sourire-réponse
8–12 semainesFixation intense, exploration de l'entourage
12–16 semainesAccommodation, stéréopsie
16–20 semainesCoordination entre les systèmes visuel et de préhension
24–28 semainesÉlargissement du champ visuel
48–72 semainesConvergence volontaire, bonne coordination oculomotrice
des principales étapes du développement visuel durant la première année de vie. Tout nourrisson qui ne suit pas du regard, dont le contact visuel est absent, qui présente une errance du regard, une absence de réponse au sourire, une déviation oculaire ou un nystagmus doit être évalué rapidement.
L'examen commence par l'observation du comportement de l'enfant dans les bras de ses proches : y a-t-il des signes évidents de dysmorphie faciale, d'asymétrie des globes ou des orbites, des comportements stéréotypés, un clignement à la menace ou une gêne évidente dans des conditions lumineuses spécifiques ?
Le réflexe photomoteur , aisé à réaliser en l'absence de coopération, peut mettre en évidence une réaction pupillaire paradoxale face à une amaurose congénitale de Leber (ACL) ou une achromatopsie. La réaction pupillaire est normale en cas de lésion centrale rétrogéniculée, notamment lors de cécité corticale.
En testant le réflexe vestibulo-oculaire (RVO), on peut observer la durée du nystagmus inverse à l'arrêt de la manœuvre (qui est physiologiquement au maximum de 5 secondes) et de ce fait exclure un trouble oculomoteur ou une malvoyance profonde.
La réponse à la stimulation du nystagmus optocinétique (NOC) en binoculaire avec un tambour de Barany ou en maintenant le nourrisson à bout de bras sur un tabouret en rotation constante – les premières réponses étant celles du RVO– sert à évaluer indirectement le potentiel visuel: en cas de cécité complète, le NOC ne peut être généré ; en cas de malvoyance, le NOC sera anormal. L'absence de phase rapide du NOC est caractéristique des apraxies oculomotrices de Cogan où la dérive oculaire lente n'est pas suivie d'une correction rapide inverse, par incapacité à générer des saccades horizontales.
Après évaluation de l'oculomotricité (alignement oculaire inclus), l'examen en lampe à fente recherche une malformation (cataracte, colobome, aniridie, etc.), une transillumination irienne (albinisme). Une asymétrie des reflets rouges après dilatation peut se rencontrer en cas d'opacités des milieux, d'anisométropie sévère ou de lésion au fond d'œil (FO). L'évaluation du FO recherche des signes de dystrophie rétinienne, en fait rares chez le nourrisson, ou une hypoplasie de la fovéa qui peut se rencontrer dans l'albinisme oculaire, l'aniridie ou de manière isolée. L'examen se termine par une réfraction, après cycloplégie , à la recherche de vices de réfraction marqués, comme une hypermétropie forte dans l'ACL ou une myopie forte en cas d'héméralopie congénitale essentielle, dont la correction précoce améliorera le devenir visuel. Enfin, si l'anamnèse familiale est évocatrice, un examen des parents peut aider à l'établissement du diagnostic.
Démarche diagnostique
Avant l'âge de 3   mois , l'examen ophtalmologique a pour but principal d'éliminer une cause oculaire de cécité curable (par exemple, cataracte congénitale bilatérale). Les nystagmus à début précoce apparaissent entre 4 et 12 semaines de vie. S'il n'existe pas de nystagmus, que l'examen ophtalmologique est strictement normal et que le développement du nourrisson est normal, notre attitude est de revoir le nourrisson à l'âge de 3 mois.
À partir de l'âge de 3   mois , il est alors possible de distinguer trois grandes situations cliniques (voir tableau 26-1) :
  • persistance d'un comportement visuel anormal avec syndrome du nystagmus précoce: la présence d'un nystagmus signe une atteinte des voies visuelles antérieures (entre la cornée et les ganglions géniculés). Un ERG global doit être programmé entre 5 et 12 mois de vie dans l'hypothèse d'une dystrophie rétinienne congénitale mixte sévère ;
  • persistance d'un comportement visuel anormal sans nystagmus ; l'absence de nystagmus, après avoir éliminé une apraxie oculomotrice de Cogan, oriente vers une atteinte « cérébrale », c'est-à-dire rétrogéniculée. On recherche à nouveau des spasmes à l'interrogatoire ; un examen neuropédiatrique est indiqué ; un EEG doit être réalisé en urgence au moindre doute dans l'hypothèse d'un syndrome de West ;
  • récupération complète (et souvent « explosive ») du retard visuel depuis la précédente consultation et examen clinique normal ; on parle de retard de maturation isolé. Si cette récupération se fait avant la consultation des 3 mois, nous ne réalisons pas d'examen complémentaire. Sinon, en l'absence de nystagmus, il est nécessaire d'éliminer une cause cérébrale de malvoyance par la clinique neurologique, l'électrophysiologie (EEG) et l'imagerie (imagerie par résonance magnétique [IRM] cérébrale) avant de retenir le diagnostic de retard de maturation des voies visuelles, qui sera confirmé rétrospectivement devant une amélioration explosive de la fonction visuelle avant l'âge de 6 mois. Plus on avance en âge, moins ce diagnostic est probable. L'enfant autiste ou présentant un retard psychomoteur significatif peut par ailleurs présenter une inattention visuelle malgré des voies visuelles intactes.
Conclusions
Devant une malvoyance infantile, une évaluation souvent multidisciplinaire par un ophtalmologiste, un neuropédiatre et un radiologue permet d'aboutir à une étiologie et de proposer une prise en charge appropriée. La thérapeutique est évidente en cas de cataracte congénitale bilatérale où la chirurgie doit avoir lieu avant 8 semaines ou dans des cas d'épilepsies infantiles. La prise en charge des dystrophies rétiniennes est en pleine mutation avec l'avènement des thérapies géniques. Le suivi clinique régulier de l'évolution de la fonction visuelle est essentiel et permet de mettre en place des aides et un soutien adaptés au développement infantile.
Nystagmus et autres mouvements oculaires anormaux spontanés chez le nourrisson
P.-F. Kaeser
Les mouvements oculaires anormaux spontanés (encadré 26-1
Encadré 26-1
Nystagmus et autres mouvements oculaires anormaux spontanés chez l'enfant
Nystagmus : phase lente de perte de fixation, suivi d'un mouvement de refixation rapide (nystagmus à ressort) ou lent (nystagmus pendulaire)
  • Nystagmus précoce : sensoriel, idiopathique*
    *
    Diagnostics d'exclusion.
  • Nystagmus latent : strabisme précoce
  • Spasmus nutans : tumeur suprasellaire congénitale, idiopathique*
  • Nystagmus de fin de course, épuisable : physiologique
  • Nystagmus acquis/neurologique :
    • dissocié : lésion voies visuelles antérieures
    • vertical ( up-/downbeat ), alternant périodique, à bascule ( see-saw ), du regard excentré : lésion tronc cérébral/cervelet.
Mouvements saccadiques : phases rapides uniquement
  • Ondes carrées : lésion fosse postérieure/cervelet, idiopathiques*
  • Flutter   : lésion du pont, « nystagmus volontaire », flutter idiopathique*
  • Opsoclonus : neuroblastome, syndrome paranéoplasique, post-infectieux
) ne doivent jamais être banalisés, puisqu'ils peuvent signer la présence d'une pathologie tumorale ou neurologique sous-jacente.
Examen clinique
L'examen doit être systématique (encadré 26-2
Encadré 26-2
Examen systématique des mouvements oculaires anormaux spontanés chez le petit enfant
  • Torticolis ?
  • Mouvements de la tête ?
  • Nystagmus, mouvements saccadiques, ou déviations du regard ?
  • Mouvements oculaires conjugués, dissociés, monoculaires ?
  • Nystagmus :
    • direction (horizontal (vers la droite/gauche), vertical (vers le haut/bas), rotatoire (horaire/antihoraire)
    • forme (à ressort, pendulaire)
    • amplitude (petite ≤ 5°, moyenne 5–15°, grande >15°)
    • fréquence (basse ≤ 2Hz, moyenne 2–5Hz, haute > 5Hz)
  • Examen du nystagmus :
    • en binoculaire et en monoculaire, à distance et de près
    • en position primaire : torticolis adopté et tête forcée en rectitude
    • dans les regards excentrés : haut, bas, droite, gauche
    • en convergence
    • modification de direction, de forme, d'amplitude ou de fréquence ?
    • zone d'accalmie ?
    • accalmie en convergence ?
  • Strabisme manifeste, phorie ?
) afin de déterminer le type de mouvement anormal et d'en préciser les caractéristiques, qu'il est utile de consigner sur un schéma (e-fig. 26-1 ). Un enregistrement vidéo des mouvements oculaires est également conseillé.
e-fig. 26-1
Schéma permettant de noter les caractéristiques cliniques d'un nystagmus.
Nystagmus de début précoce
Le syndrome du nystagmus précoce (tableau 26.4
Tableau 26.4
Caractéristiques cliniques des nystagmus à début précoce.
Nystagmus précoceNystagmus latentSpasmus nutans
Âge début2–3 mois 2–3 mois (avec ésotropie précoce) 6–12 mois 
TypePendulaire ou à ressortÀ ressortAsymétrique ou monoculaire (dissocié), pendulaire, faible amplitude, haute fréquence, intermittent, ±dysconjugué 
DirectionHorizontal (aussi dans le regard en haut), parfois petite composante rotatoire et/ou verticale Bat dans la direction du regardHorizontal Change de sens en fonction de l'œil fixateur, vers lequel il batHorizontal (parfois vertical ou torsionnel, parfois multidirectionnel)
Augmenté par: Regards latéraux Fixation, attention visuelleOcclusion monoculaire: présent en binoculaire si amblyopie unilatérale (= nystagmus manifeste de type latent) Abduction de l'œil fixateur 
Calmé par: ±Convergence ±Zone d'accalmie (associée à torticolis si excentrée) Adduction de l'œil fixateur
TorticolisSelon zone d'accalmiePour fixer en adduction de l'œil dominantInconstant: <50 % 
Dodelinement du chefChez 10 % des enfants Combinaison de mouvements verticaux et horizontaux Augmente avec effort visuel
AutresPas d'oscillopsie Astigmatisme dans la règle Réponses inversées au nystagmus optocinétiqueAV meilleure en binoculaireAV généralement bonne Pas d'oscillopsie
Pathologie associée>50 % anomalies oculaires:
Ésotropie précoce ±amblyopie±DVD >50 % pathologie associée:
  • gliome du chiasma
  • dystrophie ou dysfonction stationnaire de la rétine (ex.: achromatopsie, CSNB)
  • syndrome dysmyélinique
InvestigationsERG ±OCT ±PEV si photophobie, réflexe pupillaire paradoxal, forte amétropie, signe digito-oculaire IRM si hypoplasie ou atrophie du nerf optiqueIRM si signes neurologiquesIRM en urgence ERG si IRM normale (ou suivi)
ÉvolutionDiminution de l'amplitude au cours des 5 premières années de vie, puis stable Peut s'améliorer avec traitement de l'amblyopie ou du strabismeDisparition après 1–3 ans si idiopathique 
AV: acuité visuelle ; CSNB:  ; DVD: déviation verticale dissociée ; ERG: électrorétinogramme ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; OCT:  ; PEV: potentiels évoqués visuels.
) apparaît le plus souvent entre 8 et 12 semaines. Une pathologie oculaire compromettant la vision est présente dans environ 50 % des cas, sans que l'âge d'apparition du nystagmus ou le type de mouvement, à ressort ou pendulaire, ne permettent de les différencier. Un examen de la morphologie oculaire doit être systématiquement réalisé. Un examen normal ne permettant pas d'exclure une dystrophie rétinienne, un ERG doit être réalisé en présence de signes ou symptômes évocateurs (photophobie, forte amétropie, signe digito-oculaire de Franceschetti), ou pour certains systématiquement en l'absence de cause diagnostiquée cliniquement.
La présence d'une atrophie ou hypoplasie papillaire doit faire réaliser une IRM à la recherche d'anomalies cérébrales associées, précédée en cas d'hypoplasie par un bilan endocrinien afin d'exclure une insuffisance hypophysaire : cortisol à jeun, glucose à jeun, thyroid stimulating hormone (TSH), thyroxine libre (T4L), insulin-like growth factor type   1 (IGF-1), insulin-like growth factor binding protein-3 (IGFBP-3), prolactine ; si âge inférieur à 6 mois: luteotrophic hormone (LTH), follicle stimulating hormone (FSH) et/ou testostérone.
Le nystagmus latent, associé à un strabisme précoce, est facilement identifié par ses caractéristiques cliniques, et ne nécessite aucune investigation.
Une imagerie cérébrale doit être réalisée en urgence en présence d'un nystagmus de type spasmus nutans afin d'exclure un gliome du chiasma. En cas d'IRM normale, un ERG doit être réalisé à la recherche d'une dystrophie rétinienne, avant de pouvoir conclure à une forme idiopathique qui se résoudra en 1 à 3 ans.
Les formes particulières de nystagmus neurologique (vertical, rotatoire, à bascule, du regard excentré, retractorius) ont parfois la même valeur localisatrice que chez l'adulte, et nécessitent souvent des investigations en urgence, de même que tout nystagmus accompagné de signes ou symptômes neurologiques, ou acquis après l'âge de 4 mois.
La conduite à tenir devant un nystagmus est résumée dans la figure 26-1
Fig. 26-1
Conduite à tenir devant un nystagmus de début précoce.ÉlectrophysiologieCSNB: congenital stationary night blindness ; ERG: électrorétinogramme ; FSH: follicle stimulating hormone ; IGF-1: insulin-like growth factor type 1 ; IGFBP-3: insulin-like growth factor binding protein-3 ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; LTH: luteotrophic hormone ; OCT: optical coherence tomography ; PEV: potentiels évoqués visuels ; T4L: thyroxine libre ; TSH: thyroid stimulating hormone.
.
Mouvements oculaires saccadiques chez le nourrisson
Les mouvements anormaux saccadiques horizontaux ( flutter ) sont, chez le nourrisson, le plus souvent idiopathiques et banals ; ils sont rarement l'expression d'une pathologie sous-jacente (tableau 26-5
Tableau 26-5
Caractéristiques cliniques des mouvements anormaux saccadiques.
Ondes carréesOpsoclonus
TypeSaccadesSaccades en salveSaccades intermittentes, irrégulières, chaotiques, grande amplitude
Pause intersaccadiqueOuiNonNon
DirectionHorizontal purHorizontal purMultidirectionnel
ÉvolutionSuivi indispensable pour exclure évolution vers opsoclonusÉvolution sur plusieurs jours: flutter intermittent →constant →opsoclonus 
Signes et symptômes associésTroubles de l'humeur Ataxie cérébelleuse Myoclonies
Forme pathologique/associationsLésion fosse postérieure/cerveletLésion pontique (exceptionnel)Neuroblastome Syndrome paranéoplasique Post-infectieux
Forme bénigne (diagnostic d'exclusion)Ondes carrées idiopathiquesFlutter idiopathiqueOpsoclonus bénin transitoire chez nouveau-nés sains et prématurés, résolution <6 mois 
InvestigationsExamen neuropédiatrique IRM cérébraleExamen neuropédiatrique IRM cérébrale si signes associésHospitalisation en urgence pour investigations
PronosticDépend de l'étiologieDépend de l'étiologieDépend de la rapidité de la prise en charge ; séquelles cognitives, troubles du comportement
IRM: imagerie par résonance magnétique.
). C'est l'évolutivité qui doit guider le clinicien : soit le flutter est présent depuis longtemps, sans modification, chez un nourrisson en bonne santé et il convient simplement de surveiller cliniquement, soit les épisodes sont de plus en plus fréquents et/ou longs, et s'accompagnent d'une modification de l'humeur de l'enfant et c'est alors une grande urgence. La grande urgence est l'opsoclonus (mouvements anormaux saccadiques multidirectionnels), qui après l'âge de 6 mois est toujours pathologique et qui peut débuter par un flutter intermittent, puis constant, puis qui s'associera à des myoclonies (syndrome opsomyoclonique). La rapidité de la prise en charge est un facteur pronostique clé, des séquelles cognitives ou comportementales étant fréquentes.
Anisocories chez le nourrisson
C. Orssaud
Démarche à suivre devant une anisocorie chez le nourrisson
Devant une suspicion d'anisocorie chez le nourrisson, plusieurs étapes doivent être respectées :
  • première étape : éliminer les anomalies iriennes responsables de déformations de la pupille ou de troubles du jeu pupillaire non neuro-ophtalmologiques. À cet âge, ces anomalies sont principalement congénitales: aniridie, colobomes iriens et polycories, membrane pupillaire de Wachendorf. Les synéchies iridocristalliniennes ou iridocornéennes avec corectopie ou déformation pupillaire sont principalement d'origine génétique dans le cadre des dysgénésies du segment antérieur. Les causes acquises sont dominées par les causes traumatiques ;
  • deuxième étape : l'interrogatoire des parents permet de préciser l'âge et le contexte de découverte de cette anisocorie. Une découverte fortuite à 4 ou 6 semaines voire plus tard n'élimine pas une forme congénitale. L'anisocorie passe souvent inaperçue chez les enfants ayant des iris foncés. Il faut préciser les conditions de l'accouchement (traumatique ou non) et les éventuelles lésions crâniofaciales et cervicales observées à la naissance. Enfin, il faut rechercher, en lien avec le neuro-pédiatre, toute anomalie du développement neurologique et moteur de cet enfant ;
  • troisième étape : il faut préciser la pupille pathologique. Cela repose sur la comparaison de la taille des pupilles à la lumière et à l'obscurité. La pupille pathologique est la moins variable. Ces éléments sont souvent d'autant plus difficiles à préciser que l'enfant est plus jeune, les muscles dilatateurs et sphincter de l'iris étant alors peu matures.
La présence de signes associés peut aider à préciser le diagnostic :
  • mydriase associée à un ptosis, une paralysie oculomotrice, témoin d'une mydriase par atteinte du III intrinsèque ;
  • myosis associé à un ptosis, une hétérochromie irienne, l'élévation de la paupière inférieure, une pseudo-énophtalmie dans le cadre d'un syndrome de Claude Bernard-Horner (CBH).
Mydriase pathologique : l'anisocorie augmente à la lumière
Les formes congénitales sont exceptionnelles et il s'agit plus volontiers de formes acquises. Comme chez l'adulte, en présence d'un III, il faut rechercher une atteinte compressive par une IRM cérébrale. Chez les enfants plus grands, lorsque la mydriase et la paralysie de l'accommodation sont strictement isolées, la prise en charge est identique à celle de l'adulte (voir chapitre 22 ). Il s'agira le plus souvent d'une atteinte pharmacologique car la pupille tonique d'Adie est rare à cet âge.
Myosis pathologique : l'anisocorie augmente à l'obscurité
Il faut différencier un myosis isolé, ne nécessitant pas de bilan, d'un CBH, imposant d'en trouver la cause. Il faut procéder par étapes :
  • recherche de signes associés (voir plus haut) et palpation (aisselles, cou et abdomen) ;
  • devant un myosis isolé, réaliser un test à la cocaïne (apraclonidine contre-indiquée chez le jeune enfant ; voir fiche n°32) ;
  • en cas de test à la cocaïne positif (majoration de l'anisocorie) ou si CBH évident, l'attitude actuelle est de réaliser une IRM cérébrale et cervicothoracique pour éliminer un neuroblastome devant tout CBH, y compris congénital, y compris associé à la notion de traumatisme obstétrical. L'hétérochromie est très évocatrice de CBH congénital, mais non pathognomonique (fig. 26-2
    Fig. 26-2
    a, b. Syndrome de Claude Bernard-Horner droit congénital.La pupille droite est plus petite que la gauche, l'anisocorie est plus marquée à l'obscurité car la pupille droite dilate mal. Il existe un discret ptosis droit. L'hétérochromie irienne (iris droit dépigmenté) est très en faveur de l'atteinte congénitale.
    Source: C.Vignal Clermont.
    ). L'exploration de ces jeunes enfants est réalisée en milieu neuropédiatrique. Le dosage des catécholamines urinaires expose à des faux négatifs.
Anisocorie physiologique
Il s'agit d'un diagnostic d'élimination, avec une anisocorie inférieure à 1 mm. Une surveillance peut être conseillée pendant quelques mois en cas de myosis réactif isolé et de test à la cocaïne négatif (dilatation de la petite pupille).
Malformations congénitales de la papille
D. Denis, M.Beylerian, J.Hugo, P.Ramtohul
Les anomalies congénitales de la papille optique sont des malformations structurelles pouvant être à l'origine d'une déficience visuelle congénitale voire d'une cécité. Les circonstances de découverte diffèrent selon la latéralité de l'anomalie : bilatérale, l'anomalie se manifeste par un comportement de malvoyance et/ou par un nystagmus infantile ; unilatérale, l'anomalie sera découverte soit précocement lors d'un dépistage systématique (à 9–10 mois), soit plus tardivement en période préscolaire devant un strabisme sensoriel. Le bilan doit être précis, d'une part en raison de l'association à des malformations et/ou pathologies neurologiques, endocriniennes ou systémiques, d'autre part parce qu'il existe des complications pouvant menacer le pronostic visuel et justifiant d'une surveillance à long terme. Ces anomalies congénitales peuvent conduire à une amblyopie dont la part fonctionnelle doit impérativement être rééduquée le plut tôt possible.
Anomalies de la taille de la papille optique
L' aplasie du nerf optique est une malformation exceptionnelle, non héréditaire, d'étiologie inconnue (fig. 26-3
Fig. 26-3
Aplasie bilatérale du nerf optique.Présence d'une cavité profonde blanchâtre à l'emplacement de la papille, entourée d'une atrophie choriorétinienne circulaire, associée à un réseau vasculaire rétinien anarchique, et à une absence de différenciation maculaire.
Source: M.Robert.
). Des mutations du gène OTX2 ont été identifiées chez des patients présentant des malformations oculaires sévères associées.
L' hypoplasie du nerf optique est l'anomalie congénitale de la papille la plus fréquente. Elle se caractérise par la diminution du diamètre papillaire, une papille pâle ou grise, le signe du « double anneau » en péripapillaire et une tortuosité vasculaire (fig. 26-4
Fig. 26-4
Hypoplasie unilatérale gauche du nerf optique.
). Les facteurs de risque sont le diabète gestationnel, le syndrome d'alcoolisme fœtal et l'exposition in utero à des substances tératogènes. L'IRM cérébrale évalue le degré d'atteinte des voies visuelles qui est prédictif de la sévérité du déficit visuel et permet de poser certains diagnostics, comme le syndrome de de Morsier ou la dysplasie septo-optique, devant l'association suivante: hypoplasie des voies visuelles antérieures, absence de septum pellucidum, agénésie du corps calleux. Ce syndrome est parfois associé à un hypopituitarisme ; cette association justifie une évaluation précoce endocrinologique en raison du risque de complications hormonales à court et à long terme. D'un point de génétique, des mutations homozygotes du gène HESX1 ont été retrouvées chez les enfants avec une dysplasie septo-optique.
Il existe aussi des hypoplasies sectorielles du nerf optique : l'hypoplasie supérieure ( topless disk ), l'hypoplasie en bande de type chiasmatique (devant faire rechercher une malformation ou lésion chiasmatique) et l'hypoplasie de type rétrochiasmatique, en bande d'un côté et en sablier de l'autre (devant faire rechercher une malformation ou lésion des tractus optiques).
Excavations papillaires congénitales pathologiques
L' hypoplasie papillaire liée à la prématurité n'est pas rare ; il s'agit bien d'une excavation papillaire malformative donc stable, en rapport avec l'existence d'une leucomalacie périventriculaire avérée ou infraclinique ; l'excavation est centrée, bilatérale et symétrique évoquant une papille glaucomateuse ; il convient d'éliminer un glaucome congénital, en sachant qu'il peut lui être associé.
La papille en fleur de liseron ( morning glory disc anomaly ) se définit cliniquement par une excavation congénitale papillaire, le plus souvent unilatérale, en forme d'entonnoir, entourée d'un anneau large d'altérations pigmentaires choriorétiniennes, et recouvert en son centre par un matériel glial. Les vaisseaux sanguins généralement plus nombreux ont une disposition caractéristique radiaire, émanant souvent de la périphérie du disque optique (fig. 26-5
Fig. 26-5
Papille en fleur de liseron de l'œil droit.
). Elle peut s'associer à une persistance de la vascularisation fœtale qui grève le pronostic fonctionnel et, dans 45 % des cas, à une vasculopathie cérébrale (syndrome moya moya ) nécessitant une angio-IRM. C'est une affection sporadique, sans facteur de risque génétique identifié.
La fossette colobomateuse ( optic disc pit ) est une anomalie congénitale rare ayant l'aspect d'une dépression blanc grisâtre, ronde ou ovalaire, située au niveau de la tête du nerf optique (fig. 26-6
Fig. 26-6
Fossette colobomateuse.a.Fossette colobomateuse temporale de l'œil droit. b.Fossette colobomateuse nasale inférieure de l'œil gauche. c.Fossette colobomateuse nasale inférieure compliquée d'un schisis de la rétine externe associée à un décollement séreux rétinien.
). Unilatérale dans 85 % des cas, sa localisation classique est dans le quadrant papillaire inférotemporal. Elle reste asymptomatique tant qu'elle ne se complique pas de maculopathie.
Le syndrome papillorénal associe une excavation papillaire bilatérale à une hypoplasie rénale. Il s'agit le plus souvent d'un syndrome génétique, de transmission autosomique dominante. Des mutations du gène PAX2 seraient impliquées dans environ 50 % des cas. L'élément caractéristique est la présence de multiples artères ciliorétiniennes émanant de la périphérie de la papille, associée une hypoplasie ou atrophie de l'artère centrale de la rétine (fig. 26-7
Fig. 26-7
Papille du syndrome papillorénal.
).
Le colobome papillaire apparaît comme une excavation blanchâtre, bien délimitée, au sein d'un disque optique élargi. L'élément caractéristique réside dans sa localisation inféromédiane. La classification d'Ida Mann indique ses différentes variantes (fig. 26-8
Fig. 26-8
Colobomes.a.Classification d'Ida Mann. b.Colobome papillo-chorio-rétinien de type 1 (englobe la papille et s'étend au-dessus d'elle). c.Colobome papillo-chorio-rétinien de type 2 (englobe la papille mais ne la dépasse pas en supérieur). d.Colobome papillo-chorio-rétinien de type3 ou colobome à pont (une zone de tissu sain sépare la partie supérieure de la partie inférieure). e.Colobome papillo-chorio-rétinien de type4 (le colobome est localisé au bord inférieur de la papille sous forme d'un croissant).
). L'acuité visuelle dépend essentiellement de l'intégrité du faisceau inter-maculo-papillaire. De nombreuses mutations de gènes PAX6 , CHX10 , MAF , SHH , CHD7 , GDF6 et SOX2 ont été identifiées. Les associations systémiques sont nombreuses ; du fait de la fréquence et la multiplicité de syndromes génétiques associés, un examen pédiatrique pluridisciplinaire s'impose, ainsi qu'une échographie cardiaque, rénale, des radiographies de rachis, l'exploration d'une anomalie de l'audition et pour certains une IRM cérébrale.
Autres anomalies papillaires congénitales
Les dysversions papillaires ( congenital tilted disc syndrome ) s'accompagnent d'anomalies campimétriques supérieures dans les zones du champ visuel correspondant au déficit dû à la malformation le plus souvent en inférieur et en temporal.
La duplication papillaire est une anomalie exceptionnelle dans laquelle deux papilles optiques vraies, rapprochées, sont visibles au FO.
Le staphylome péripapillaire (fig. 26-9
Fig. 26-9
Staphylome péripapillaire de l'œil gauche chez un enfant de 4ans.La papille blanchâtre est d'allure normale, au sein d'un staphylome péripapillaire bordé d'une couronne d'atrophie choriorétinienne.
), généralement unilatéral, justifie de la réalisation d'une IRM cérébro-orbitaire à la recherche de malformations associées. Les fibres à myéline (fig. 26-10
Fig. 26-10
Fibres à myéline parapapillaires de l'œil gauche.On note la progression des fibres à myéline (a, 2012 ; b, 2013 ; c, 2014).
Source: P.Lebranchu.
) entrent pour les formes étendues dans le cadre d'un syndrome fibre à myélines-myopie-amblyopie ; elles peuvent être évolutives.
Stagnation de l'acuité visuelle sans cause évidente chez l'enfant
M. Robert, D.Brémond-Gignac
La stagnation de l'acuité visuelle est souvent qualifiée à tort de « baisse d'acuité visuelle », par habitude ; c'est une erreur: on se trouve ici face à une «acuité visuelle basse », sans qu'il soit possible de dater une altération de celle-ci et sans qu'il existe d'argument pour penser que l'acuité visuelle (AV) a baissé. Il n'existe pas de nystagmus (voir plus haut) ; l'AV est comprise entre 4/10 et 8/10 ; en deçà de ces chiffres, soit il existe un nystagmus précoce, soit on peut raisonnablement estimer que l'AV a baissé. Le contexte n'est pas celui d'une malvoyance cérébrale, le développement psychomoteur et intellectuel est normal. Il n'existe pas non plus de cataracte non obturante –parfois visible au mieux en observant le reflet pupillaire rouge–, ni d'ectopie cristallinienne. Enfin, il ne s'agit pas d'une AV basse unilatérale secondaire à une amblyopie sur microstrabisme. Le FO semble normal.
La réalisation de tomographies par cohérence optique (OCT) centrées sur la fovéa et d'OCT peripapillary retinal nerve fiber layer (pRNFL) et ganglion cell layer (GCC) permet souvent de suspecter la cause de cette AV basse, non évolutive, qui peut augmenter un peu avec la croissance mais restera inférieure à la norme.
Dans certains cas de dystrophie maculaire ou rétinienne, ou d'atrophie optique très lentement évolutive, on peut avoir l'impression d'une AV basse, en raison de la lenteur de l'altération de l'acuité visuelle. Ces situations sont distinguées rétrospectivement ; elles sont traitées dans les chapitres qui leur sont consacrés.
Hypoplasies fovéales apparemment isolées
La situation la plus fréquente est la mise en évidence d'une hypoplasie fovéale (fig. 26-11
Fig. 26-11
Hypoplasie fovéale.On note la persistance des couches hyper-réflectives des rétines interne et moyenne au niveau de la fovéa, avec cependant présence d'une dépression fovéale (grade1, classification de Thomas).
) sur des coupes OCT dont il est essentiel qu'elles soient faites en stimulant l'enfant afin qu'il fixe précisément la cible, en balayant soi-même la zone fovéale, afin de ne pas prendre une coupe parafovéolaire pour une coupe fovéolaire (attention aux faux positifs !). On ne parle pas ici de fovea plana , terme d'anatomie descriptive, parfois assortie d'une fonction visuelle normale, mais bien d'hypoplasie fovéale, puisqu'une fonction visuelle anormale accompagne le manque de différenciation fovéale.
En l'absence de nystagmus et en l'absence de prématurité, ces hypoplasies fovéales peuvent s'inscrire dans le cadre de trois entités diagnostiques distinctes :
  • l'hypoplasie fovéale peut être le seul signe d'un albinisme oculocutané ou oculaire fruste. On recherche alors d'autres signes parfois très discrets, parfois absents : un angle kappa positif, une transillumination irienne, une hypopigmentation du FO, éventuellement un coefficient de décussation chiasmatique aux PEV en faveur d'un excès de décussation chiasmatique ;
  • en faveur d'une mutation dans PAX6 , des anomalies du segment antérieur sont recherchées, notamment des anomalies de l'iris, parfois aussi très discrètes ;
  • une hyploplasie fovéolaire idiopathique, mais en l'absence de signes associés, une certitude étiologique passe par une étude génétique en biologie moléculaire.
Hypoplasies papillaires apparemment isolées
Le terme « hypoplasie papillaire » est utilisé quand un «manque » de fibres ganglionnaires s'accompagne d'une fonction visuelle inférieure à la norme. Les OCT pRNFL et GCC confirment le manque en cellules ganglionnaires. Cependant, la corrélation entre le nombre des fibres ganglionnaires et la fonction visuelle est très imparfaite. Dans certaines situations d'AV basse, les papilles optiques sont anormalement petites/colorées, sans qu'il s'agisse d'une atrophie optique, qui est un processus dynamique de diagnostic différentiel parfois difficile. Un bilan d'atrophie optique pourra être réalisé en fonction de l'aspect des papilles et en cas de doute diagnostique. Rétrospectivement et devant l'absence d'évolution, on retiendra ce diagnostic d'élimination.
Baisse d'acuité visuelle sans cause évidente chez l'enfant
C. Speeg-Schatz, M.Robert
Une des difficultés en consultation pédiatrique est celle de l'enfant qui présente une baisse d'acuité visuelle (BAV) uni- ou bilatérale, voire des signes visuels positifs, une amputation du champ visuel ou une éventuelle diplopie, mais chez qui l'examen clinique du segment antérieur et du FO est a priori normal. L'enjeu est alors avant tout d' éliminer une pathologie organique , l'ophtalmologiste devant avoir recours à des examens cliniques ou paracliniques pour poser rapidement un diagnostic de certitude, avant d'évoquer une cause anorganique ou psychogène. Parmi les signes fonctionnels possiblement associés, la présence d'une photophobie est fréquente à la fois dans les dystrophies affectant les cônes maculaires et dans certaines atteintes non organiques.
Baisse d'acuité visuelle de cause organique « non évidente »
Chez l'enfant d'âge verbal qui consulte pour une BAV isolée, dont l'examen clinique est par ailleurs normal (reflet rouge strictement normal, absence de lenticône), les OCT maculaires et du nerf optique et les clichés en autofluorescence sont les premiers examens à réaliser. Ils permettent le diagnostic des maculopathies occultes ou avec signes très discrets (formes uni- ou bilatérales : syndromes des taches blanches, impacts lasers récents ; formes bilatérales: dystrophies maculaires, dystrophies des cônes). Il faut savoir analyser l'OCT avec rigueur, à la recherche d'un discret émiettement ou épaississement de la zone ellipsoïde (fig. 26-12
Fig. 26-12
Émiettement de la zone ellipsoïde sous-fovéale.Aspect discrètement pathologique de la fovéa en OCT(a) et en autofluorescence(b) chez une jeune fille de 12ans avec acuité visuelle à3/10 aux deux yeux ; l'ERG global est normal, les ERG maculaires et multifocaux sont altérés ; le diagnostic final est celui de «maculopathie occulte ».
). Au moindre doute, une électrophysiologie sera réalisée. Ils permettent aussi de détecter une atrophie optique débutante, parfois non cliniquement évidente. Une IRM est demandée en urgence quand l'OCT met en évidence une atteinte des fibres ganglionnaires ou d'emblée s'il existe des signes neurologiques, endocriniens (petite taille, obésité) et/ou des troubles évocateurs du champ visuel.
Baisse d'acuité visuelle anorganique
Les troubles visuels anorganiques désignent deux entités distinctes : d'une part, les simulations, où l'enfant produit consciemment le trouble ; elles sont exceptionnelles ; d'autre part, les troubles «de conversion », au cours desquels l'enfant ne produit pas «volontairement » le trouble visuel. Ceux-ci sont extrêmement fréquents et ils se distinguent des conversions chez l'adulte par leur bénignité et leur réversibilité dans la grande majorité des cas.
Conduite à tenir de première intention
Si le trouble est unilatéral ou asymétrique, on s'assure bien de l'absence de déficit pupillaire afférent relatif. Systématiquement, on évoque la nécessité d'une correction optique, en conservant une attitude confiante et on réalise immédiatement une réfraction objective sous cyclopentolate suivie d'une réfraction subjective avec brouillard, sous cyclopentolate, en encourageant l'enfant (l'immense majorité de ces troubles ne résistent pas à cette réfraction subjective).
Généralement, l'AV remonte , beaucoup plus que ce que l'absence de correction parfois minime aurait pu expliquer, pour se normaliser. On prescrit ensuite une correction optique, totale ou subtotale, la correction totale correspondant aux valeurs de correction subjective sous cyclopentolate. On profite de cette consultation pour recueillir à l'interrogatoire d'éventuels signes de gravité associés. On fixe un rendez-vous de contrôle systématique, afin de s'assurer que tout demeure normal. Cette situation est très fréquente et doit être connue, c'est quasiment l'unique indication chez l'enfant d'une correction optique négligeable. Une attitude différente, comportant des propos inquiétants, des examens complémentaires d'emblée, une prise de rendez-vous spécialisés, n'est pas justifiée dans un premier temps car elle risque d'entraîner une aggravation et/ou une chronicisation du symptôme et en rendra le traitement plus difficile.
Beaucoup plus rarement, la réfraction subjective sous cyclopentolate ne permet pas d'améliorer l'AV , tandis que l'examen clinique est normal, ainsi que l'imagerie rétinienne de première intention. Si on évoque une éventuelle cause psychogène, il faut d'abord mettre l'enfant en confiance, en l'encourageant lors de la mesure de l'AV, éventuellement en lui assurant de l'aide par « des loupes »: +0,50D et –0,50D auxquelles l'enfant croit, pour le libérer de son blocage. Chez l'enfant plus grand, un test de Thibaudet peut éventuellement être proposé. L'enfant est alors suspecté de BAV anorganique. Parfois, il ne s'agira pas d'une BAV, mais d'un trouble visuel d'autre nature. C'est dans tous les cas une double urgence car d'une part certains diagnostics différentiels doivent être éliminés rapidement (atteintes maculaires ou des voies visuelles), d'autre part il est très probable qu'un long délai, avec de multiples rendez-vous et de nombreux examens, avant de parvenir au diagnostic, constitue un facteur de risque de mauvais pronostic évolutif.
Parfois, la situation est plus compliquée, lorsque ces troubles font suite à un antécédent d'affection ophtalmologique organique , faisant craindre une rechute ; c'est un vrai piège. Ce sera alors la dissociation entre la stabilité ou l'absence de signe de rechute de l'affection initiale et les signes fonctionnels qui permettra de suspecter puis de confirmer le diagnostic.
Ces troubles anorganiques constituent toujours une « alerte », soit le plus souvent d'un désir d'attention que la seule visite chez l'ophtalmologiste, la prescription d'une paire de lunettes, le choix de la monture, etc. peut combler, soit plus rarement de conflits psychiques plus sévères, pouvant s'inscrire dans un contexte de troubles de la personnalité ou de maltraitance.
Conduite à tenir devant une forme ayant résisté à la première étape du diagnostic-traitement
À ce stade, un examen du champ visuel, de la vision des couleurs (VC), de la fonction de sensibilité aux contrastes, puis un complément d'imagerie multimodale, une IRM cérébrale et des examens électrophysiologiques sont réalisés, notamment afin d'éliminer les difficiles diagnostics de certains troubles neurovisuels et d'établir le diagnostic différentiel de cécité corticale.
On peut soit pratiquer l'ensemble des examens requis lors d'une hospitalisation qui sera la plus brève possible (idéalement une hospitalisation de jour). La priorité absolue est d'obtenir tous les examens dans un délai le plus bref possible. Ces examens ont pour but d'éliminer formellement les diagnostics différentiels. Dans les formes unilatérales, on craint toujours le diagnostic de neuropathie optique héréditaire de Leber (NOHL) – d'autant qu'il peut ne pas y avoir de déficit pupillaire afférent relatif–, même s'il est improbable en l'absence de toute modification de l'aspect du nerf optique. Dans les formes bilatérales, on craint classiquement les dystrophies des cônes, les maculopathies (type Stargardt), les neuropathies optiques, les affections des voies visuelles pré- ou rétrochiasmatiques.
Au terme de ce bilan, s'il est normal, le diagnostic de trouble visuel anorganique peut être confirmé. On peut considérer que la forme est relativement sévère, puisqu'elle justifie d'un tel bilan complémentaire. À ce stade, nous n'avons plus d'« arme ophtalmologique » et justifions le rendez-vous en pédopsychiatrie de la sorte: «Non seulement il est important de se poser la question de conflits psychiques associés, mais le fait de mal voir retentit également sur le psychisme et il est donc important que vous puissiez rencontrer à cet effet un pédopsychiatre. » Il est essentiel d'avoir des correspondants pédopsychiatres spécialisés dans ce domaine bien spécifique, qui puissent assurer la prise en charge de ces enfants en urgence. La prise en charge ultérieure est donc multidisciplinaire.
Strabismes « neurologiques » chez le nourrisson et l'enfant
P. Lebranchu
La déviation n'est pas toujours évidente, et l'étude de photographies peut aider. En cas d'intermittence, la déviation apparaît-elle dans certaines positions du regard ou plutôt en fonction des moments de la journée ? Les circonstances d'apparition sont essentielles : début brutal ou progressif, antécédents, âge d'apparition, contexte. L'examen oculomoteur doit préciser: le sens de la déviation en position primaire: éso-, exo-, hyper- et/ou hypo-phorie ou -tropie sa variation dans les différents champs du regard. Des anomalies du port de tête ou des signes neurologiques seront recherchés.
Déviation convergente
Il faut distinguer les strabismes (déviation « concomitante ») des paralysies («incomitante »). Tout strabisme nécessite une cycloplégie et un FO à la recherche d'une cause organique:
  • ésotropie précoce, dès la première année, « avant 6 mois »: fixation croisée, déviation souvent importante, pseudo-limitation de l'abduction ; ±nystagmus manifeste latent ±déviation verticale dissociée (DVD) visible vers 2–3 ans ; pas de vision binoculaire quel que soit le traitement ;
  • ésotropie accommodative, entre 1 et 5 ans : hypermétropie significative dont la correction diminue totalement ou partiellement la déviation ;
  • ésotropie acquise non accommodative, ésotropie aiguë normosensorielle, ésotropie acquise associée à une pathologie neurologique : ces entités se présentent comme un strabisme aigu, concomitant, acquis, sans composante accommodative. Il ne s'agit pas non plus de la décompensation d'une microtropie précoce: la correspondance rétinienne sous-jacente est normale. Il faut savoir éliminer une anomalie de fosse postérieure associée: malformation de Chiari, lésion cérébelleuse tumorale, inflammatoire ou dégénérative.
Les autres ésotropies sont en général incomitantes :
  • la paralysie du VI augmente dans l'abduction, diminue ou disparaît dans l'adduction. Le déficit ne disparaît pas à la manœuvre des yeux de poupée contrairement au pseudo-déficit du strabisme précoce. Les étiologies pédiatriques sont dominées par les causes traumatiques et néoplasiques, imposant un bilan systématique. Un traumatisme minime, souvent proposé par les parents comme cause des symptômes, n'est pas une cause de paralysie du VI chez l'enfant et ne dispense pas d'un bilan étiologique. On recherchera systématiquement une paralysie du VII qui oriente vers un gliomemalin infiltrant du tronc cérébral, puis un œdème papillaire (OP) de stase qui oriente vers une hypertension intracrânienne, avant de réaliser une IRM cérébrale. Une fois ces urgences éliminées, il faut évoquer une cause inflammatoire ou infectieuse, dont le diagnostic étiologique passe par la réalisation d'un bilan comportant une ponction lombaire ;
  • le syndrome de Duane de type I est le principal diagnostic différentiel (voir plus loin le paragraphe «Syndromes de rétraction et fibroses congénitales »).
L'examen clinique écartera les faux strabismes (épicanthus) ou les rares spasmes en convergence.
Déviation divergente
  • Strabisme divergent intermittent (SDI) fréquent : alternance de moments de rectitude et de divergence prédominant de loin (forme la plus classique) ou, rarement, de près ; vision du relief préservée initialement, avec une évolution stable ou lentement défavorable.
  • Strabisme divergent précoce (rare) : il se distingue du SDI par son caractère constant et un angle de déviation souvent important ; signes de précocité possibles (nystagmus manifeste latent, DVD) ; contexte neurologique fréquent de séquelles corticales de souffrance périnatale notamment, à explorer s'il n'est pas connu.
  • Les autres causes de divergence sont paralytiques et beaucoup plus rares :
    • paralysie du III : déficit de l'adduction rare isolément (voir bilan plus loin) ;
    • syndromes de Duane de types II et III (voir plus loin le paragraphe «Syndromes de rétraction et fibroses congénitales ») ;
    • ophtalmoplégie internucléaire : déficit d'adduction d'un œil et pseudo-nystagmus dans l'abduction de l'autre œil ; déficit cédant à la convergence ;
    • atteinte musculaire ou de la jonction neuromusculaire : rare chez l'enfant en dehors du traumatisme, à évoquer de principe en cas de déficit isolé de l'adduction.
Déviation verticale
Parmi les hauteurs associées en général à un strabisme, on peut observer :
  • une DVD, souvent signe de précocité du strabisme : élévation «lente et majestueuse » d'un œil, spontanément sur l'œil non fixateur ou provoquée par l'occlusion ; pas d'hypotropie controlatérale ; incyclotorsion parfois au FO ; souvent bilatérale mais asymétrique, augmente classiquement dans l'abduction ;
  • un syndrome extorsionnel : élévation en adduction bilatérale sans limitation de l'abaissement lors des ductions,incomitance alphabétique en V ; excyclotorsion ;
  • un syndrome intorsionnel : abaissement en adduction bilatéral sans limitation de l'élévation lors des ductions ; incomitance alphabétique en A ; incyclotorsion ;
  • une hyperfonction isolée de l'oblique inférieur : élévation en adduction isolée sans DVD ni syndrome alphabétique.
Les autres hauteurs sont liées à un mécanisme paralytique ou restrictif. Si les signes sont anciens (pas de vision du relief, torticolis de fixation connu), aucun bilan en urgence n'est nécessaire. Dans le cas contraire, un avis pédiatrique et une imagerie sont recommandés :
  • paralysie de l'oblique supérieur : hypertropie augmentant dans l'adduction et le regard en bas ; torticolis tête penchée sur l'épaule opposée au déficit ; signe de Bielschowsky positif ;
  • paralysie du III complète ou focale ; souvent congénitale ou post-traumatique ; une IRM «normale » impose une relecture (schwannome, anomalie du sinus caverneux notamment) ; diagnostic rare de migraine ophtalmoplégique (renommée neuropathie ophtalmoplégique récurrente douloureuse [NORD]) touchant préférentiellement l'enfant ;
  • syndrome de Brown : congénital (voir plus loin le paragraphe «Syndromes de rétraction et fibroses congénitales »), rarement post-traumatique ou inflammatoire ;
  • fibroses congénitales des muscles oculomoteurs ( congenital fibrosis of the extraocular muscles ou CFEOM ; voir plus loin le paragraphe « Syndromes de rétraction et fibroses congénitales »).
Cas particuliers des paralysies multiples ou combinées
Il faut soit savoir rechercher une cause locale touchant plusieurs nerfs au même endroit (IRM tronc cérébral ou sinus caverneux/orbite), soit évoquer un mécanisme touchant simultanément plusieurs complexes muscles-nerfs (syndrome de Miller-Fisher, myasthénie, myopathie, encéphalopathie de Gayet-Wernicke).
Torticolis du nourrisson et de l'enfant
M.-A. Espinasse-Berrod
Le torticolis de l'enfant est une situation fréquente, il peut être secondaire à une pathologie connue ou apparaître au premier plan. Son diagnostic est capital pour sa prise en charge. Ses principales causes sont résumées dans l'encadré 26-3
Encadré 26-3
Principales causes de torticolis chez l'enfant
Causes non ophtalmologiques de torticolis
I
Congénitales
  • Musculaires (torticolis congénital, postural, absence de muscles cervicaux)
  • Osseuses (déformation osseuse atlanto-axiale, syndrome de Klippel-Feil, anomalie de Sprengel, etc.)
II
Acquises
  • Traumatiques :
    • osseuses
    • ligamentaires, musculaires ou par atteinte des tissus mous
  • Non traumatiques :
    • osseuses (inflammation, tumeurs)
    • posturales
    • neurologiques (pathologies spinales et de la fosse postérieure, dystonie, infections)
    • ORL (infections nasopharyngées, torticolis paroxystique bénin du nourrisson devant faire rechercher une canalopathie calcique, surdité, ocular tilt reaction )
    • Autres : gastroentérologiques, métaboliques, pharmacologiques, psychogènes/fonctionnelles
Causes ophtalmologiques de torticolis
  • Anomalie de la réfraction
  • Strabisme précoce
  • Paralysie oculomotrice
  • Incomitance alphabétique
  • Syndromes de rétraction (syndrome de Duane, syndrome de Brown)
  • Fibroses
  • Nystagmus
.
Justification du torticolis d'origine ophtalmologique
Le torticolis peut avoir une origine ophtalmologique binoculaire ou monoculaire. Il peut s'expliquer par une meilleure AV soit dans le cadre d'un nystagmus avec une position de moindre nystagmus, soit dans le cadre d'une anomalie de réfraction. Il peut aussi témoigner d'une recherche de vision binoculaire et/ou d'annulation de diplopie : paralysie oculomotrice, syndrome de rétraction. Cependant, il ne permet parfois qu'une microtropie avec une stéréoscopie imparfaite. Dans certains cas, la position de tête est justifiée par un meilleur confort de fixation monoculaire: fibrose ou anomalie motrice sous-jacente, fixation en adduction des strabismes précoces. Dans certaines pathologies comme la DVD, l'explication du torticolis reste plus incertaine. Enfin, les causes peuvent parfois être associées.
Interrogatoire et inspection
Torticolis
Il faut préciser l'ancienneté du torticolis, son caractère permanent ou intermittent, stable ou variable. Des photographies anciennes peuvent permettre de juger de l'ancienneté. Les photographies de classe où tous les enfants sont debout, fixant droit devant, sont idéales. Des photographies ou vidéos peuvent aussi permettre de visualiser un torticolis intermittent dans un syndrome de Brown intermittent par exemple. Un torticolis alternant peut s'expliquer par un changement d'œil fixateur (strabisme précoce) ou par un nystagmus périodique alternant. Certains tableaux sont tellement caractéristiques que le diagnostic est en général fait dès la simple inspection : ainsi, l'apraxie oculomotrice de Cogan avec des mouvements de tête induits par l'initiation des saccades horizontales.
Contexte général
On s'interroge sur un autre signe ophtalmologique noté par la famille (basse vision ? nystagmus ? strabisme ?) et on élimine une pathologie générale évidente pouvant être responsable de torticolis (voir encadré 26-3).
Examen du torticolis
Le premier temps est l'observation de la tête qui peut être déviée dans trois directions : menton levé ou abaissé ; tête tournée sur un côté ; tête penchée sur une épaule. Le torticolis peut être complexe car associant deux ou trois directions. Le sens de la déviation est capital pour orienter le diagnostic ( fig. 26-13, fig. 26-14, fig. 26-15, fig. 26-16
Fig. 26-13
Démarche diagnostique devant un torticolis tête tournée.NML: nystagmus manifeste latent.
Fig. 26-14
Démarche diagnostique devant un torticolis tête penchée.
Fig. 26-15
Démarche diagnostique devant un torticolis tête fléchie.
Fig. 26-16
Démarche diagnostique devant un torticolis tête défléchie.
). Dans les cas difficiles, il ne faut pas oublier de regarder la position de tête, en binoculaire puis en monoculaire droit et gauche. Un torticolis qui disparaît en monoculaire droit et en monoculaire gauche est certainement d'origine binoculaire: paralysie oculomotrice, par exemple. On examine ensuite le patient la tête droite à la recherche d'un strabisme ou d'un nystagmus et parfois de signes fonctionnels: diplopie, tiraillement.
Enfin, il est capital d'examiner le patient dans la position inverse au torticolis, on peut alors voir un nystagmus augmenter, un strabisme apparaître ou se majorer : paralysie du VI, paralysie d'un oblique supérieur à la manœuvre de Bielschowsky, incomitance alphabétique, notamment. Une forte résistance au regard forcé dans la direction du torticolis évoque plutôt un problème moteur monoculaire ou un trouble binoculaire. En cas de nystagmus, la résistance au regard forcé est moindre mais avec un retour rapide à la position de torticolis.
On peut mesurer le torticolis à l'aide d'un goniomètre orthopédique et/ou de prismes mais, en pratique, sont surtout réalisées des photographies pour objectiver la position de tête. Il est parfois utile de réaliser des photographies les deux yeux ouverts puis en monoculaire en veillant à bien garder les mêmes conditions de fixation.
Bilan ophtalmologique
Inspection
Un ptosis très important peut expliquer un menton levé. Il faut aussi rechercher une asymétrie faciale qui peut évoquer une craniosténose ou une paralysie d'un oblique supérieur. Dans ce dernier cas, la distance entre le canthus externe et le coin de la bouche est plus grande du côté de la paralysie.
Réfraction et acuité visuelle
Une myopie ou un astigmatisme non corrigés peuvent expliquer une position de tête anormale. Sinon en cas de recherche de nystagmus, il faut comparer l'AV tête droite et dans la position de torticolis, en faisant fixer les optotypes les plus petits possible.
Recherche de pathologie oculomotrice
La recherche de strabisme doit être réalisée, dans un premier temps, tête droite en position primaire. Les strabismes précoces s'accompagnent par exemple de torticolis de fixation en adduction et en incyclotorsion. Il s'agit alors d'un torticolis persistant voire s'aggravant en monoculaire et souvent alternant avec inversion du sens du torticolis en fonction de l'œil fixateur. La fixation en adduction est souvent associée à un nystagmus manifeste latent.
L'étude de la motilité doit être soigneuse dans les différentes directions du regard à la recherche d'incomitance et/ou de limitation des ductions. Cette étude de motilité sera bien sûr influencée par le type de torticolis. Si le menton est levé, la position des yeux regard en haut doit être particulièrement visualisée. De même, une tête penchée sur l'épaule gauche fait rechercher une élévation en adduction de l'œil droit qui n'est pas toujours facile à mettre en évidence chez un petit enfant. Rappelons que l'importance du torticolis n'est pas toujours proportionnelle à l'importance du déficit oculomoteur. L'examen avec un écran peut permettre de mieux visualiser une tropie ; parfois le verre rouge objective une déviation minime dans une direction du regard.
Recherche de nystagmus
Sa mise en évidence est facilitée par l'observation des yeux dans la direction de la position anormale de tête. Une occlusion monoculaire peut permettre d'augmenter et de rendre plus visible un nystagmus manifeste latent. Si le nystagmus est minime, sa visualisation est plus facile à la lampe à fente ou à l'ophtalmoscope indirect.
Examens complémentaires
Un champ visuel met exceptionnellement en évidence une anomalie campimétrique à l'origine du torticolis (notamment dans le cas d'une hémianopsie latérale homonyme congénitale alors souvent associée à une exotropie précoce avec torticolis paradoxal de fixation en abduction tête tournée vers le côté de l'hémianopsie). L'examen du FO peut révéler une torsion qui peut aider au diagnostic de cyclotropie. Enfin, un examen par coordimètre, avec torche de Kratz ou à la paroi de Harms, peut être indiqué pour objectiver un déséquilibre oculomoteur minime ou complexe.
Une cause non ophtalmologique de la position de tête doit être réenvisagée quand le bilan ophtalmologique est totalement négatif.
Déviation du regard chez le nourrisson et l'enfant
D.-T. Nguyen
Les déviations du regard chez le nourrisson et l'enfant sont rares, mais avec une fréquence probablement sous-estimée. La déviation du regard se définit par une position (déviation constante) ou un mouvement (déviation paroxystique) anormal conjugué des deux yeux, vers le haut ( upgaze ), vers le bas ( downgaze ) ou sur les côtés (déviation latérale). La déviation peut résulter d'une parésie oculomotrice (voir le paragraphe « Torticolis du nourrisson et de l'enfant») ou non ; on parle alors de déviation «tonique » du regard. Dans la majorité des cas, la déviation du regard est une manifestation bénigne, transitoire, ne nécessitant pas de traitement, mais il convient d'éliminer les étiologies d'origine neurologique, dont le pronostic est conditionné par le délai de prise en charge (tableau 26-6
Tableau 26-6
Principales causes des déviations non parétiques du regard chez le nourrisson.
Déviation du regard vers le basDéviation du regard vers le hautDéviation latérale du regard
  • Déviation tonique du regard vers le bas paroxystique bénigne (eye popping reflex)
  • Malvoyance sous-corticale
  • Déviation en «coucher de soleil »: HIC, hydrocéphalie (d'origine obstructive, tumorale, malformative, etc.)
  • Déviation associée à un nystagmus (soit intermittent bénin du nourrisson, soit héméralopie essentielle)
  • Déviation tonique du regard vers le haut paroxystique bénigne (syndrome de Billson et Ouvrier)
  • Révulsions oculaires dans les encéphalopathies épileptiques du nourrisson
  • Diagnostics différentiels:
  • Déviation paroxystique oculocéphalogyre dans les crises d'épilepsie occipitales
  • Malvoyance corticale
  • Déviation alternante du regard: apraxie oculomotrice «de Cogan »
HIC: hypertension intracrânienne.
).
Devant une déviation du regard, l'interrogatoire précise le terrain (âge gestationnel, âge d'apparition de la déviation du regard), les facteurs déclenchant (changement de position, tétées, stress, fatigue, fièvre, etc.), le mode de survenue (brutal ou progressif, durée des crises, présence de salves), les signes associés (signes neurologiques, troubles de la vigilance, nystagmus, torticolis, troubles oculomoteurs, rétraction palpébrale).
Déviation tonique du regard vers le bas bénigne ( eye-popping reflex )
Il s'agit d'une forme bénigne transitoire, spontanément résolutive avant l'âge de 6 mois. Elle concerne les nouveau-nés à terme ou les jeunes nourrissons, qui présentent une déviation du regard vers le bas, de quelques secondes à quelques minutes, favorisée par des augmentations de luminosité, les changements de position de la tête. Le nourrisson peut faire un à plusieurs accès par jour, sans salve. L'association avec des salves de nystagmus upbeat est possible. Le reste de l'examen oculomoteur et neurologique est strictement normal. Il s'agit d'un diagnostic d'élimination.
Déviation en « coucher de soleil »
Il s'agit d'une forme spécifique au nouveau-né et au nourrisson de paralysie supranucléaire du regard vers le haut (forme de syndrome de Parinaud) par compression de la portion supérieure du mésencéphale postérieur sur hydrocéphalie quelle qu'en soit la cause. On retrouve une déviation tonique du regard vers le bas, avec un signe de Collier (rétraction palpébrale supérieure) et une macrocrânie (croissance excessive du périmètre crânien).
Déviation tonique du regard vers le haut paroxystique du nourrisson
Dans cette entité (aussi nommée benign paroxysmal tonic upgaze of childhood ou syndrome de Billson et Ouvrier), on retrouve des accès récurrents, en salves, de déviation tonique et conjuguée du regard vers le haut, durant de quelques secondes à quelques heures, et une flexion compensatrice de la nuque et du cou. Les épisodes surviennent avant l'âge de 2ans et se résolvent spontanément en moins de 1an. Les crises sont exacerbées par le stress, la fatigue et la fièvre. Une ataxie du tronc peut être retrouvée, mais la vigilance est préservée pendant les crises. L'examen neurologique et les examens complémentaires sont normaux. L'évolution, autrefois réputée «bénigne », ne le serait pas toujours ; le syndrome entre parfois dans le cadre d'une canalopathie calcique ( calcium voltage-gated channel subunit alpha1   A [CACNA1A]) dont l'évolution peut se faire vers une ataxie cérébelleuse et un déficit cognitif. Le diagnostic différentiel à éliminer est celui des révulsions oculaires, qui ont valeur de spasmes subtils quand ils s'intègrent dans le contexte d'un syndrome de West, dont ils sont parfois le premier signe et dont les autres signes doivent être soigneusement recherchés.
Malvoyance corticale
Une déviation horizontale du regard ipsilésionnelle peut être retrouvée dans les lésions du système nerveux central suite à une hypoxie-ischémie (accident vasculaire cérébral, traumatisme, infection, maladie métabolique, etc.). Elle est souvent accompagnée d'une déviation de la tête du même côté, d'une négligence visuospatiale et d'une exotropie précoce.
Apraxie oculomotrice « de Cogan »
Il s'agit en fait d'une anomalie de l'initiation des saccades volontaires horizontales. La poursuite horizontale – et apparemment le suivi oculaire– est absente chez le nouveau-né, puis dès que le nourrisson tient sa tête et son cou, on constate des mouvements de tête particuliers (la tête est «jetée » amplement sur le côté où un objet d'attention est présenté, la cible est dépassée et la fixation du regard se fait sur le côté désormais opposé). Une dysplasie du vermis supérieur est recherchée à l'imagerie (à l'extrême signe de la «dent molaire »), pour poser le diagnostic de ciliopathie (syndrome de Joubert), dont les autres signes seront également recherchés (dont des dystrophies rétiniennes).
Œdème papillaire chez l'enfant
G. Martin, M.Robert
La découverte d'un œdème papillaire (OP) chez l'enfant constitue une double urgence neuro-ophtalmologique : étiologique, afin d'écarter les causes mettant en jeu le pronostic vital, et fonctionnelle, un OP important et/ou prolongé pouvant conduire à une atrophie optique. Les particularités de l'OP de l'enfant sont principalement épidémiologiques et doivent être connues, afin d'éviter d'orienter trop vite vers un diagnostic erroné. La conduite à tenir devant un aspect d'OP de l'enfant doit être systématisée en trois points (fig. 26-17
Fig. 26-17
Démarche diagnostique devant un aspect d'œdème papillaire chez l'enfant.AV: acuité visuelle ; BAV: baisse de l'acuité visuelle ; HIC: hypertension intracrânienne ; OP: œdème papillaire.
):
  • confirmer l'OP (œdème « vrai » ou «pseudo-œdème » ?) ;
  • quantifier l'OP selon les classifications de Frisén (quantitative) et de Hoyt et Beesten (évolutive) ;
  • qualifier l'OP (œdème de stase, papillite ou névrite ?).
De ces trois étapes découlent les explorations à réaliser ainsi que leur degré d'urgence.
L'œdème de stase uni- ou bilatéral est toujours une urgence neuroradiologique (fig. 26-18
Fig. 26-18
Démarche diagnostique devant un œdème papillaire de stase chez l'enfant.Gliomedu tronc cérébral de l'enfantHIC : hypertension intracrânienne ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; LCS : liquide cérébrospinal ; TDM: tomodensitométrie.
). Une IRM cérébrale avec angiographie par résonance magnétique (ARM) ou, à défaut, un scanner avec injection doit rapidement éliminer un processus expansif intracrânien, mais aussi les causes secondaires d'hypertension intracrânienne (HIC) pouvant engager le pronostic vital : thrombose veineuse cérébrale et méningite principalement. En l'absence de syndrome de masse et de thrombose veineuse, l'enfant doit être rapidement orienté vers un service de neuropédiatrie pour bilan d'HIC qui doit être confirmée par la ponction lombaire (PL) avec mesure de pression d'ouverture, dont la valeur limite de 28cm H2O n'est pas consensuelle chez l'enfant. La recherche des causes d'HIC secondaire doit être exhaustive avant de conclure à une HIC idiopathique. Cette dernière présente quelques particularités chez l'enfant (tableau 26-7
Tableau 26-7
Hypertension intracrânienne idiopathique: différence entre enfant et adulte.
EnfantAdulte
Sex-ratioHomme =femme avant puberté, puis prédominance féminine Prédominance féminine (10 pour 1)
Paralysie du VIFréquente: 80 % avant 11ans Plus rare
Surpoids, obésité43% avant 10 ans 90 % chez les 15–17ans Oui, rarement absent
Rémission spontanéeHabituelleRare, souvent associée à une hypertension intracrânienne résiduelle asymptomatique
Risque de perte visuelle définitiveOui: 10 % baisse d'acuité visuelle, 20 % altération du champ visuel Oui
) et sera prise en charge en collaboration avec les neuropédiatres.
Les tableaux d'uvéite postérieure avec papillite et de névrite optique doivent bénéficier d'un bilan étiologique complet (e-tableau 26-1) et rapide afin de traiter la cause au plus vite et d'éviter l'atrophie séquellaire. Enfin, le tableau de névrite « post-virale », spécifique à l'enfant, doit être connu, bien que n'étant pas le plus fréquent et demeurant un diagnostic d'élimination. Il s'agit généralement d'une névrite bilatérale, survenant dans les suites d'un épisode infectieux ou d'une vaccination, de bon pronostic fonctionnel avec récupération de la fonction visuelle.
Atrophie optique chez l'enfant
O. Xerri, M.Robert
Les modes de découverte d'une atrophie optique chez l'enfant sont multiples : exploration d'un nystagmus précoce, bilan de malvoyance ou de BAV du grand enfant uni- ou bilatérale, ou encore de manière fortuite. Le diagnostic étiologique, après avoir éliminé une cause compressive, est souvent long et difficile ; l'interrogatoire est alors capital ; le raisonnement doit être systématisé (fig. 26-19
Fig. 26-19
Démarche diagnostique devant une atrophie optique chez l'enfant.AO: atrophie optique ; ERG: électrorétinogramme ; FO: fond d'œil ; HIC: hypertension intracrânienne ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; OCT: optical coherence tomography ; PEV: potentiels évoqués visuels ; PL: ponction lombaire ; pRNLF: peripapillary retinal nerve fiber layer ; TDM: tomodensitométrie.
).
Difficultés du diagnostic positif et des diagnostics différentiels
Tout d'abord, il s'agit de confirmer que l'aspect pâle des papilles est réellement en lien avec une atrophie optique . Il faut ainsi éliminer les diagnostics différentiels tels que les dystrophies rétiniennes précoces, principale cause de papille pâle chez le nourrisson, les dystrophies progressives des cônes, où il existe initialement une pâleur papillaire temporale isolée, les albinismes, dans lesquels les papilles ont souvent un aspect grisâtre à l'ophtalmoscope, les phototypes clairs où les papilles peuvent avoir un aspect pâle sans qu'il existe en réalité une atrophie optique. Les rétinophotographies peuvent aider à évaluer le degré d'une atrophie optique, mais les couleurs sont cependant très variables en fonction des appareils et des réglages. Un autre diagnostic différentiel clinique est le glaucome au stade terminal, et il faudra bien différencier une papille complètement excavée (au stade de « chaudron ») d'une papille globalement pâle, plus ou moins excavée, sachant cependant que certaines neuropathies optiques héréditaires peuvent évoluer vers l'excavation.
Diagnostic étiologique
Causes compressives
Il faut demander une imagerie cérébrale en semi-urgence pour éliminer tout processus compressif intracrânien . La qualité de l'imagerie a une importance cruciale et, en fonction de l'âge, il sera nécessaire de réaliser une sédation plus ou moins profonde afin d'éviter tout mouvement qui nuirait à l'interprétation. Si l'imagerie détecte une lésion compressive des voies optiques ou une cause d'HIC, il est nécessaire d'obtenir rapidement un avis neurochirurgical et/ou oncopédiatrique. En l'absence d'anomalie cérébrale, on réalise dans un second temps un scanner cérébral et orbitaire pour éliminer toute cause de compression osseuse des nerfs optiques comme une ostéopétrose.
Hypertension intracrânienne « idiopathique »
L'HIC idiopathique peut aboutir à une atrophie optique secondaire, après une phase d'OP, plus ou moins longue en fonction de son importance. L'aspect des papilles dans ce cadre précis est souvent particulier avec une atrophie optique globale et parfois un léger flou papillaire séquellaire. Une PL avec manométrie est essentielle en cas de suspicion diagnostique.
Atrophies optiques primitives d'origine génétique isolées ou syndromiques
Lorsque l'atrophie optique est isolée, c'est l'enquête généalogique qui oriente le diagnostic, le plus souvent vers une atrophie optique autosomique dominante (AOD) ou vers une NOHL qui se manifeste fréquemment d'emblée par une atrophie optique bilatérale chez le jeune enfant. Les atrophies optiques peuvent s'associer à une surdité dans l'AOD et à un syndrome de Wolf-Parkinson-White dans la NOHL. Les atrophies optiques récessives ou liées à l'X isolées sont beaucoup plus rares et de présentation habituellement plus précoce et plus sévère, associées à un nystagmus et une malvoyance profonde.
Les atrophies optiques syndromiques (AOS) sont généralement de transmission autosomique récessive ou liée à l'X et, quel que soit leur âge d'apparition, dominées par le tableau neurologique. Elles affectent le plus souvent le grand enfant ou l'adolescent. Le syndrome de Wolfram est la plus fréquente des AOS, associant dans l'ordre chronologique habituel d'apparition des symptômes : un diabète sucré de type 1, une atrophie optique, un diabète insipide, une surdité, des troubles urinaires, des troubles neurologiques et/ou psychiatriques. L'atrophie optique peut néanmoins être isolée dans certains cas. C'est la mise en évidence d'une mutation dans le gène WFS1 ou CISD2 qui permettra de confirmer le diagnostic.
Affections rétiniennes
Des atrophies optiques précoces peuvent être associées à des pathologies rétiniennes telles que l' incontinentia pigmenti ou dans le cadre de la grande prématurité.
Névrites optiques au stade séquellaire
Il est rare qu'elles se présentent au stade d'atrophie, car les formes du petit enfant sont souvent bilatérales et symptomatiques et celles du grand enfant, explorées devant un OP. Il existe bien sûr des exceptions, et une atrophie optique uni- ou bilatérale peut conduire au diagnostic de sclérose en plaques, de neuromyélite optique de Devic ou de séquelles de névrite optique récidivante liées aux anticorps anti-myelin oligodendrocytes glycoprotein (anti-MOG).
Atrophies optiques post-traumatiques
La dernière cause d'atrophie optique à évoquer chez l'enfant est l'atrophie optique post-traumatique. Le traumatisme initial doit avoir été violent ; il s'accompagne souvent mais non nécessairement d'une plaie de globe ou de la conjonctive et/ou de la membrane de Tenon. Parfois, aucun diagnostic n'est retrouvé devant une atrophie optique vraie, unilatérale, chez un enfant dont l'interrogatoire ne retrouve pas de traumatisme évocateur. Ce diagnostic est alors cependant évoqué de façon rétrospective, mais il reste toujours alors un diagnostic d'élimination.
Conclusion
Les causes des neuropathies optiques sont donc multiples chez l'enfant et nécessitent de suivre une démarche systématisée afin d'aboutir au diagnostic final. En fonction de la cause, la prise en charge sera adaptée à chaque situation : consultation d'ophtalmo-génétique et dépistage familial, suivi neurologique associé, suivi multidisciplinaire, traitement spécifique quand disponible.
26.2
Quelques maladies
Points importants
  • Les syndromes de rétraction et les syndromes de fibrose congénitale sont des troubles oculomoteurs congénitaux généralement secondaires à des anomalies innervationnelles avec le développement anormal d'un nerf oculomoteur et/ou de son noyau.
  • Les maladies métaboliques sont des maladies rares dont les manifestations neurologiques inaugurales sont rarement spécifiques mais peuvent orienter le diagnostic. L'électrophysiologie visuelle (PEV, ERG) est précieuse chez l'enfant avec un retard développemental ou une régression du comportement. Elle nécessite une prise en charge multidisciplinaire, prenant en compte le handicap de l'enfant, les réseaux existants et les associations de patients.
  • L'examen ophtalmologique est important pour la confirmation du diagnostic de neurofibromatose de type 1: recherche de nodules de Lisch, neurofibromes plexiformes de la paupière supérieure, nodules de la choroïde. Un suivi annuel ou biannuel est nécessaire jusqu'à l'adolescence pour détecter les gliomes des voies optiques.
  • Il est important de différencier craniosténoses isolées et craniosténoses syndromiques. Une plagiocéphalie antérieure peut mimer une paralysie congénitale du IV. Dans ce cadre, il faut surveiller le nerf optique régulièrement (FO et OCT) et dépister l'amblyopie.
  • Quand l'épilepsie survient dans un organisme en voie de développement, il existe un risque de retard psychomoteur séquellaire. Chez un enfant épileptique, l'examen ophtalmologique est important dans le diagnostic étiologique : nodules de Lisch (neurofibromatose de type 1), hamartomes astrocytaires (sclérose tubéreuse de Bourneville), tache rouge cerise (maladie de Tay-Sacks), lacunes rétiniennes (syndrome d'Aicardi), apraxie oculomotrice (maladie de Gaucher), etc. Les grandes urgences sont les suivantes: diagnostiquer une encéphalopathie épileptique sur des symptômes ophtalmologiques (syndrome de West) ; hospitaliser en urgence en cas d'état de mal convulsif.
Syndromes de rétraction et de fibrose congénitale
F. Audren
Les syndromes de rétraction et les syndromes de fibrose congénitale sont des troubles oculomoteurs congénitaux généralement secondaires à des anomalies innervationnelles : développement anormal d'un nerf oculomoteur et/ou de son noyau. Ces anomalies sont aujourd'hui classées dans les désordres dysinnervationnels des paires crâniennes ( congenital cranial dysinnervation disorders [CCDD]), qui comprennent également certains ptosis congénitaux, certaines paralysies faciales congénitales, le syndrome de Moebius (paralysie du VI associé à une paralysie faciale bilatérales) et l'exceptionnel syndrome de paralysie de l'horizontalité du regard associé à une scoliose ( horizontal gaze palsy with porgressive scoliosis [HCPPS])[1]. L'appartenance aux CCDD de certaines formes de syndrome de Brown et de certaines paralysies congénitales du IV est également possible.
Syndromes de rétraction
Syndrome de Duane
Il s'agit d'une forme classique de strabisme (environ 1 % des strabismes), le plus souvent unilatéral (et du côté gauche), touchant le plus souvent les sujets de sexe féminin[2]. Il est secondaire à des anomalies innervationnelles du VI, avec une réinnervation aberrante variable par le III.
Il existe trois types principaux : le type   1 , le plus fréquent, est caractérisé par une limitation d'abduction, associée à une rétraction du globe et une fermeture de la fente palpébrale en adduction (en raison d'une co-contraction des droits latéral et médial innervés par le III). Dans le type   2 , l'abduction est normale ou presque, avec une adduction limitée. Dans le type   3 , adduction et abduction sont très limitées. Le trouble est le plus souvent sporadique, plus rarement familial, avec une grande variabilité de l'atteinte des ductions. Les principaux points d'appel cliniques sont un strabisme patent ou un torticolis de fixation (en raison de la position de l'œil touché dans l'orbite et de sa mobilité réduite), qui peut parfois lentement s'aggraver. Le déficit de l'abduction fait du syndrome de Duane de type 1 un diagnostic différentiel de la paralysie du VI, pour laquelle il est souvent pris par les non-ophtalmologistes. Outre les éléments caractéristiques déjà cités, la déviation en position primaire est cependant minime, proportionnellement à l'importance de la limitation de l'abduction, ce qui explique que le diagnostic de ce trouble congénital puisse être fait à l'école maternelle ou même primaire, et ce qui permet de distinguer les deux diagnostics. Le traitement , généralement chirurgical, est indiqué en cas de torticolis invalidant ou de strabisme inesthétique. Il permet de recentrer l'œil touché, mais n'améliore pas la mobilité oculaire. Des malformations associées ont été rapportées (notamment ORL et osseuses cervicales et des extrémités), mais la grande majorité des syndromes de Duane sont sporadiques et isolés et ne justifient pas de bilan spécifique.
Syndrome de Brown
Ce syndrome est beaucoup plus rare et se caractérise par une limitation de l'élévation en adduction d'un œil ou des deux yeux. Le mécanisme n'en est pas bien compris mais on estime qu'il s'agit le plus souvent d'une limitation de la mobilité du tendon de l'oblique supérieur dans sa poulie. Cela explique que le syndrome puisse s'améliorer voire disparaître à l'âge adulte, en raison des modifications des rapports anatomiques avec la croissance.
Syndromes de fibrose congénitale des muscles oculomoteurs
Les syndromes de fibrose congénitale sont très rares. Ils sont secondaires à une dysgénésie du III, voire du IV, avec des phénomènes de réinnervation aberrante. Leur présentation est variable. L'atteinte est souvent bilatérale, avec une atteinte élective des muscles innervés par le III (notamment sa branche supérieure), avec souvent un ptosis, une fibrose des droits inférieurs (yeux bloqués vers le bas avec torticolis tête penchée vers l'arrière) et/ou des droits latéraux (yeux bloqués en divergence). Trois principaux types génétiques ont été identifiés ( congenital fibrosis of extraocular muscles type   1, 2, 3 [CFEOM1, 2, 3]). Des malformations cérébrales peuvent être associées et justifient, hors des formes familiales connues, la réalisation d'une IRM.
Maladies métaboliques avec des signes neuro-ophtalmologiques
V. Smirnov
Les maladies métaboliques sont des maladies rares dont les manifestations neurologiques inaugurales sont rarement spécifiques mais peuvent alors orienter le diagnostic [ 3–6 ]. On les classe habituellement en fonction du type d'organelle atteint (e-tableau 26-2 ). L'électrophysiologie visuelle (PEV, ERG) est précieuse chez l'enfant avec un retard développemental ou une régression du comportement. Les atteintes systémiques de ces maladies requièrent une prise en charge multidisciplinaire, prenant en compte le handicap de l'enfant, les réseaux existants et les associations de patients.
Atteintes rétiniennes des maladies métaboliques
Ces atteintes sont parfois hautement spécifiques, notamment une macula rouge cerise ou une rétinopathie à ERG électronégatif. D'autres atteintes évocatrices sont : un aspect réticulé ou «poivre et sel » de la rétine chez un grand enfant, en «œil de bœuf » chez un nourrisson. Enfin, des atteintes peu spécifiques peuvent se voir, elles sont peu informatives quant au diagnostic mais nécessitent une prise en charge spécifique, tel un tableau clinique de rétinopathie pigmentaire «standard » (e-tableau 26-3 ).
Maladies métaboliques avec atteinte prédominante du nerf optique
Il s'agit généralement d'une neuropathie optique axiale progressive, qui aboutit à une atrophie optique, occurrence fréquente des maladies métaboliques de la substance blanche et des cytopathies mitochondriales (tableau 26-8
Tableau 26-8
Maladies métaboliques comportant une neuropathie optique.
MaladieSignes distinctifsDéfaut métabolique/gène
Leucoencéphalopathies métaboliques
Adrénoleucodystrophie infantile liée à l'XDégénérescence de la substance blanche débutant chez le nourrisson ou l'enfantPeroxysomopathie:
  • taux élevé des acides gras à très longue chaîne
  • gènes (ALD infantile, AR), (ALD-LX)
Maladie de CanavanHypotonie précoce →spasticité, comitialitéAtrophie de la substance blancheSpectro-IRM: pic de NAA Asparto-acylase Gène (17p13.3), AR 
Maladie de KrabbeTDM/IRM: hypertrophie des nerfs optiques Galactosyl-céramidase Gène (14q31), AR 
Leucodystrophie métachromatiqueIRM: aspect tigroïde de la substance blanche périventriculaire Arylsulfatase A Gène (22q), AR
Cytopathies mitochondriales
Maladie de LeighÉpisodes d'acidose lactique avec anomalies neurologiques multiples IRM: atteinte de la substance grise (noyaux de base, périaqueducale) et blanche Mutations de l'ADN nucléaire codant pour la mitochondrie: (AR), (RLX)Mutations ponctuelles de l'ADN mitochondrial (m.8993 T>G) 
ADN: acide désoxyribonucléique ; ALD: affection de longue durée ; AR: autosomique récessif ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; NAA: acide N-acétylaspartique ; TDM: tomodensitométrie.
). L'OCT du complexe ganglionnaire maculaire est parfois possible, l'OCT pRNFL plus rarement ; ils sont très utiles pour le suivi.
Maladies métaboliques avec des anomalies oculomotrices
Les troubles oculomoteurs des maladies métaboliques neurodégénératives sont résumés dans le tableau 26-9
Tableau 26-9
Maladies métaboliques comportant des troubles oculomoteurs.
MaladieAtteinte oculomotriceDéfaut métabolique/gène
Cytopathies mitochondriales
Maladie de LeighOphtalmoplégie progressive Nystagmus du regard excentréMutations de l'ADN nucléaire codant pour mitochondrie ou mutation ponctuelle de l'ADN mitochondrial
Maladies lysosomiales
Maladie de Gaucher de type 2 et 3 (neuronopathie) Apraxie oculomotrice Paralysie supranucléaire des saccades horizontales Ésotropie «fixée » Glucocérébrosidase Gène AR
Maladie de Niemann-Pick type C ou DAF Ralentissement puis perte des saccades verticales Saccades vers le bas plus atteintes Préservation de poursuites et mouvements oculocéphalogyresAnomalie de transport de lipides entre les endosomes et lysosomes Gènes , AR
Leucoencéphalopathies métaboliques
Adrénoleucodystrophies Maladies de Canavan Maladie de Pelizaeus-MerzbacherNystagmus, souvent
Atteintes métaboliques des noyaux de base
PKAN ou syndrome de Hallervorden-SpatzPoursuites saccadiques Ondes carrées Saccades verticales ralenties et hypométriquesPantoténate-kinase 2 Gène AR
Maladie de WilsonParalysies supranucléaires du regard Apraxie oculomotrice Saccades verticales ralenties Apraxie de l'ouverture palpébrale Crises oculogyresSurcharge en cuivre Gène AR
ADN: acide désoxyribonucléique ; AR: autosomique récessif ; DAF: .
.
Manifestations neuro-ophtalmologiques des syndromes neuro-cutanés
C. Cassiman, M.Robert
Les syndromes neuro-cutanés (encore appelés phacomatoses, neuro-ectodermoses, syndromes neuro-ectodermiques, neuro-ectodermoses congénitales) sont un ensemble hétérogène de maladies héréditaires et congénitales caractérisées par des malformations de la peau et du système nerveux central/périphérique d'origine ectodermique [7,8]. Leur nom traditionnel «phacomatoses » vient du grec ( phakos : lentille) et désigne un groupe de maladies caractérisées par des «phakomes » rétiniens, semblables à des petits tas de lentilles. Ce groupe était initialement constitué des neurofibromatoses (de type 1 et 2) et de la sclérose tubéreuse de Bourneville. Il a ensuite été élargi jusqu'à désigner une trentaine de maladies (encadré 26-4
Encadré 26-4
Liste non exhaustive des entités désignées comme phacomatoses
  • Neurofibromatoses de type 1 et 2
  • Sclérose tubéreuse de Bourneville
  • Maladie de von Hippel-Lindau
  • Syndrome de Sturge-Weber-Krabbe
  • Ataxie-télangiectasie
  • Syndrome de Wyburn-Mason (ou Bonnet-Dechaume-Blanc)
  • Syndrome Léopard
  • Syndrome de Noonan
  • Syndromes de Wardenburg
  • Incontinentia pigmenti
). Les manifestations des trois syndromes classiques et du syndrome de Sturge-Weber seront ici abordées.
Neurofibromatose de type 1
La neurofibromatose de type 1 (NF1), ou maladie de von Recklinghausen, est une des maladies génétiques les plus fréquentes, transmise sur le mode autosomique dominant. La pénétrance est de 100 %, mais l'expressivité varie beaucoup. Le diagnostic est établi cliniquement et confirmé par l'analyse moléculaire qui retrouve une mutation dans le gène NF1 (17q11.2), qui code la neurofibromine, une protéine «suppresseur de tumeur ». C'est pourquoi les patients avec NF1 ont pendant leur vie un risque accru de développer des tumeurs bénignes et malignes dans tout leur corps, à partir de cellules issues de la crête neurale [9]. Les critères diagnostiques de la NF1 ont été établis par le National Institutes of Health à Bethesda en 1988 (encadré 26-5
Encadré 26-5
Critères diagnostiques de la neurofibromatose
L'enfant doit avoir au moins deux des critères suivants :
  • ≥ 6 taches café au lait >5mm dans leur plus grand diamètre chez les individus prépubères ou >15mm après la puberté́ ;
  • ≥ 2 neurofibromes quel que soit le type ou ≥ 1 neurofibrome plexiforme ;
  • « éphélides » axillaires ou inguinales ;
  • 1 gliome des voies optiques ;
  • ≥ 2 nodules de Lisch ;
  • ≥ 1 lésion osseuse caractéristique: dysplasie du sphénoïde, amincissement de la corticale des os longs avec ou sans pseudarthrose, etc. ;
  • ≥ 1 parent du 1er degré́ atteint de NF1 selon les critères précédents.
)[10].
La place de l'ophtalmologue est importante pour la confirmation du diagnostic : on cherchera des nodules de Lisch (fig. 26-20
Fig. 26-20
Nodules de Lisch sur iris clair.
), qui apparaissent à la surface de l'iris dès l'âge de 6ans, et des neurofibromes plexiformes de la paupière supérieure souvent associés à des lésions osseuses du sphénoïde (fig. 26-21
Fig. 26-21
Neurofibrome plexiforme de la paupière supérieure: aspect clinique(a) et IRM(b).
). Ces dernières années, les nodules de la choroïde ou taches de Yasunari ont été décrits comme un signe diagnostique additionnel détectable par des images en infrarouge (fig. 26-22
Fig. 26-22
Nodules de la choroïde.a.Photographie en couleurs: lésions multiples jaunâtres. b.Photographie en infrarouge: lésions hyperréflectives nodulaires. c.Photographie en autofluorescente: lésions hyperréflectives nodulaires.
), ils apparaissent plus tôt, sont plus fréquents mais aussi plus spécifiques que les nodules de Lisch [11]. Un suivi régulier annuel ou biannuel, avec une évaluation de la vision et un FO, est nécessaire jusqu'à l'adolescence pour détecter et éventuellement traiter les gliomes des voies optiques qui peuvent irréversiblement altérer la fonction visuelle: 20 % des patients NF1 développent un gliome, la majorité avant l'âge de6ans. Le diagnostic suspecté cliniquement est confirmé par une IRM sans et avec injection de gadolinium. La majorité des gliomes sont asymptomatiques et ne requièrent qu'une surveillance clinique sans traitement ; les décisions concernant leur prise en charge sont discutées en réunion de concertation pluridisciplinaire de neuro-oncologie pédiatrique [12].
Neurofibromatose de type 2, syndrome de Sturge-Weber-Krabbe et sclérose tubéreuse de Bourneville
La neurofibromatose de type 2, le syndrome de Sturge-Weber-Krabbe et la sclérose tubéreuse de Bourneville sont décrits en ligne (e-encadré 26-1 et e-fig. 26-2 et 26-3 ).
e-Encadré 26-1
Neurofibromatose de type
Neurofibromatose de type 2 (NF2)
Cette maladie génétique, rare, se caractérise par des schwannomes acoustiques et des méningiomes ; elle est causée par une mutation autosomique dominante dans le gène NF2 (chromosome 22). Les manifestations ophtalmologiques sont: une cataracte juvénile, des hamartomes de la rétine, des membranes épirétiniennes précoces[1,2].
Les critères diagnostiques de la NF2 sont les « critères de Manchester » du syndrome de Sturge-Weber-Krabbe. Un des critères cliniques suivants est nécessaire pour la confirmation diagnostique:
  • schwannomes vestibulaires bilatéraux ;
  • un parent au premier degré atteint et schwannome vestibulaire unilatéral ou deux anomalies suivantes : méningiome, schwannome, neurofibrome, gliome, cataracte ;
  • schwannome vestibulaire unilatéral et deux anomalies suivantes : méningiome, schwannome, neurofibrome, gliome, cataracte ;
  • multiples méningiomes et schwannome vestibulaire unilatéral ou deux anomalies suivantes : schwannome, neurofibrome, gliome, cataracte.
Syndrome de Sturge-Weber-Krabbe (SSW)
Le syndrome de SSW est une maladie congénitale sporadique, aussi connue sous le nom d'angiomatose cérébrofaciale ou encéphalotrigéminée. Le signe caractéristique cutané est une malformation capillaire du visage de couleur lie de vin, anciennement désigné sous le nom d'« angiome plan », dans les territoires V1 et/ou V2 du nerf trijumeau. Un «angiome » leptoméningé associé est retrouvé dans 90 % des cas. Ce dernier est responsable des complications neurologiques (épilepsie, déficits neurologiques focaux, handicap intellectuel). L'hyperpression veineuse orbitaire, présente quand la malformation capillaire concerne la paupière supérieure, augmente la sécrétion et diminue la résorption de l'humeur aqueuse, d'où le risque de glaucome à angle ouvert chez 25% des patients. La lésion typique du fond d'œil est un «hémangiome » de la choroïde qui peut se compliquer de décollement de rétine exsudatif souvent à partir de l'adolescence (e-fig. 26-2). Un suivi ophtalmologique est donc impératif dès la naissance, afin de détecter et traiter le glaucome dès son apparition.
Sclérose tubéreuse de Bourneville (STB)
Cette maladie génétique est de transmission dominante. Les mutations du gène TSC1 (9q34), qui contrôle la production d'hamartine, ou du gène TSC2 (16p13.3), qui contrôle la production de tubérine, sont responsables de la formation de multiples hamartomes dans de nombreux organes. La triade du STB comprend : adénomes sébacés sur le visage, spasmes infantiles ou convulsions, déficience intellectuelle. Le signe caractéristique ophtalmologique est l'hamartome astrocytaire de la rétine (e-fig. 26-3) sous la forme d'une petite boule plate, grise et translucide et qui se transforme graduellement en une lésion multilobulaire, jaune et calcifiée, comparée à une mûre jaune ou à une grappe de raisin. Le traitement est symptomatique ; l'évérolimus a des indications en cas de tumeurs du système nerveux central.
e-fig. 26-2
e-fig. 26-3
Hamartome astrocytaire de la rétine.
Manifestations neuro-ophtalmologiques des craniosténoses
R. Touzé, M.Robert
Les craniosténoses ou craniosynostoses impliquent la fusion prématurée (synostose) d'une ou de plusieurs sutures crâniennes. Ces synostoses s'opposent à la croissance normale du cerveau, entraînant un conflit entre crâne et encéphale, à l'origine de séquelles diverses tant sur le plan neurologique et du développement neuropsychologique que sur le plan ophtalmologique.
La plagiocéphalie positionnelle est secondaire au positionnement sur le dos des bébés, où l'inclinaison préférentielle de la tête d'un côté plutôt que de l'autre entraîne une déformation progressive du crâne. Plus un bébé est hypotone, plus la probabilité d'une plagiocéphalie positionnelle est importante. Dans ces cas, la plagiocéphalie positionnelle résulte de l'hypotonie et non pas le contraire. Dans la plagiocéphalie positionnelle, toutes les sutures sont ouvertes : ce n'est pas une craniosténose et il n'en sera plus question ici.
Les enfants atteints de craniosténoses requièrent un réseau de soins multidisciplinaire impliquant de nombreux spécialistes et paramédicaux. Compte tenu du fort risque d'HIC aux complications redoutables, le rôle de l'ophtalmologiste est déterminant. L'examen du FO étant un examen non invasif et non irradiant, il peut être répété chez ces jeunes patients. De plus, de nombreuses complications ophtalmologiques peuvent apparaître et grever le pronostic visuel de ces enfants.
Classification et étiologie des craniosténoses
Différentes classifications existent, mais la plus usuelle et pratique consiste à distinguer les craniosténoses syndromiques des craniosténoses isolées (fig. 26-23
Fig. 26-23
Schéma synthétique des différents types de craniosténoses non syndromiques(a).Les lignes en pointillés indiquent les sutures prématurément fusionnées. b.Trigonocéphalie (suture métopique). c.Scaphocéphalie (suture sagittale). d.Plagocéphalie postérieure (suture lambdoïde). e.Brachycéphalie (sutures bicoronales). f.Plagiocéphalie antérieure (suture coronale).
et tableau 26-10
Tableau 26-10
Résumé des principales caractéristiques des craniosténoses syndromiques.
Craniosténoses syndromiquesSutures atteintesCliniqueManifestations ophtalmologiques
CrouzonBicoronale ou plusHypoplasie maxillaire supérieure Hydrocéphalie Troubles respiratoires Acanthosis nigricansExorbitisme Hypertélorbitisme Exotropie +syndrome V Atteinte cornéenne Neuropathie optique 
ApertBicoronale seuleHypoplasie maxillaire supérieure Syndactylie doigts/orteils totaleExorbitisme Hypertélorbitisme Fentes palpébrales antimongoloïdes Ésotropie +syndrome V Atteinte cornéenne Glaucome congénital Neuropathie optique 
Saethre-ChotzenVariableAnomalie auriculaire: crux cymbae Syndactylie membraneuse partielle doigts/orteils Ptosis Hypertélorbitisme Strabisme vertical Neuropathie optique
PfeifferBicoronaleSyndactylie membraneuse doigts/orteils Brachydactylie Synostose des coudes «Crâne en trèfle » Hydrocéphalie sévère Exorbitisme Neuropathie optique Atteinte cornéenne
MuenkeVariableTrès variable Difficile à distinguer des autres syndromes Diagnostiqué par la mutation P250R du gène Variable selon la déformation Strabisme Exorbitisme Neuropathie optique
) [ 13–16 ].
Les origines de ces malformations craniofaciales restent encore inconnues à ce jour. Plusieurs mutations ont été identifiées mais le lien entre génotype et phénotype reste très difficile à établir, ce qui rend complexe la compréhension de ces malformations.
Quelques grandes lignes se dessinent cependant [17]. D'une part, une recherche portant sur les fibroblast growth factor receptors (FGFR1, 2, 3) et le gène TWIST1 peut être réalisée chez les patients porteurs d'une craniosténose coronale, ou complexe, ou syndromique. D'autre part, en cas de synostose coronale, une recherche portant sur le facteur de transcription TCF12 et le ETS2 repressor factor (ERF) est justifiée si la recherche de mutation est négative pour les FGFR ou le gène TWIST1 . Toutefois, un traitement autre que chirurgical de ces malformations n'est toujours pas disponible, mais pourrait l'être dans le futur.
Manifestations ophtalmologiques
Amblyopie
L'amblyopie (fonctionnelle, au sens strict) est en fait malheureusement la cause la plus fréquente d'acuité visuelle basse chez ces enfants. En effet, ils présentent plus souvent un ou plusieurs facteurs de risque d'amblyopie : troubles réfractifs, strabismes, atteintes cornéennes et neuropathie optique. Il est donc essentiel de réaliser systématiquement une réfraction sous cycloplégique, un test à l'écran, une prescription de correction optique, un dépistage et un traitement d'une amblyopie fonctionnelle.
Neuropathie optique
On estime que 65 % des enfants atteints de craniosténoses syndromiques ont au moins un œil avec une acuité visuelle inférieure ou égale à 5/10, dont 40 % ont une acuité visuelle inférieure ou égale à 5/10 de leur meilleur œil [18]. La neuropathie optique est, après l'amblyopie, la complication ophtalmologique la plus fréquente [15]. Elle est très variable selon le type de craniosténose et est bien plus sévère et fréquente en cas de craniosténoses syndromiques. Plusieurs mécanismes peuvent aboutir à une neuropathie optique chez ces patients: avant tout, l'HIC chronique entraîne un OP de stase pouvant amener à une atrophie optique ; peuvent également y contribuer: une compression voire une élongation chronique des nerfs optiques au sein de l'orbite ou du canal optique et l'hypoxie résultant des apnées du sommeil obstructives.
Troubles oculomoteurs
Les troubles oculomoteurs sont très fréquents chez ces patients et varient en fonction du type de craniosténose [19,20]. Ces troubles sont nettement plus fréquents et sévères dans les craniosténoses syndromiques et les plagiocéphalies antérieures où leur prévalence est estimée entre 40 et 70 % [15,18]. Ils se caractérisent par une atteinte verticotorsionnelle (syndrome excyclotortionnel avec incomitance alphabétique en V) et une atteinte horizontale où l'exotropie apparaît être la plus fréquente [15]. Dans les plagiocéphalies antérieures (craniosténoses unicoronales), il existe un tableau de pseudo-paralysie congénitale du IV, constituant un piège diagnostique: le tableau clinique peut être discret ; la déformation de la face est ici la cause de la pseudo-paralysie congénitale du IV et non pas la conséquence d'une paralysie congénitale du IV vraie. L'IRM n'a pas plus d'intérêt que dans une vraie paralysie congénitale du IV ; elle ne montre pas les anomalies de l'os.
Explorations neuro-ophtalmologiques
La surveillance est cruciale afin de dépister/surveiller l'atteinte cérébrale et la neuropathie optique. Dès que l'âge de l'enfant le permet (très jeune chez certains), on réalise des rétinophotographies centrées sur les nerfs optiques et un OCT pRNFL afin de dépister/quantifier un OP débutant ou une atrophie optique [21,22]. L'OCT pRNFL réalisé seul et ponctuellement n'a aucune valeur, car œdème et atrophie vont en sens inverse! Assorti à un examen clinique et au suivi, il a cependant changé la prise en charge de l'HIC dans les craniosténoses, en aidant au diagnostic des œdèmes frustes et en permettant une quantification des atrophies. Dans certaines craniosténoses syndromiques, il existe des anomalies constitutionnelles des nerfs optiques et l'OP n'est pas toujours aussi franc que chez des enfants exempts de craniosténoses [23]. Des PEV peuvent être réalisés en cas de doute diagnostique sur une neuropathie optique. Enfin, l'imagerie craniofaciale par tomodensitométrie (TDM) et par IRM permet de réaliser le bilan préopératoire neurochirurgical, recherche les complications neurologiques, recherche une atteinte des nerfs optiques et permet l'analyse de l'orbite et de son contenu.
Principes de prise en charge
La base du traitement des craniosténoses est fonctionnelle et esthétique. La chirurgie craniofaciale doit intervenir avant l'âge de 1 an afin d'obtenir les meilleurs résultats. En cas de craniosténoses simples sans complication neurologique, la chirurgie sera réalisée entre 6 mois et 1 an afin d'obtenir les meilleurs résultats morphologiques possible ; dans les craniosténoses complexes ou syndromiques avec HIC ou risque d'HIC, la chirurgie sera idéalement réalisée dans les six premiers mois de vie [13].
La prise en charge ophtalmologique doit être précoce à cause de l'amblyopie. Un examen sous cycloplégie doit être réalisé de façon biannuelle jusqu'à l'âge de 8 ans afin de dépister un trouble réfractif, notamment du côté opposé de la synostose [24]. Concernant les craniosténoses complexes ou syndromiques, l'ophtalmologiste doit s'efforcer de rechercher les signes d'HIC qui guideront la prise en charge globale. La prise en charge du strabisme chez les enfants avec craniosténose est complexe, car il s'agit de strabismes multifactoriels, avec déformation orbitaire, anomalies positionnelles des muscles oculomoteurs, parfois absence de certains muscles oculomoteurs. La chirurgie du strabisme intervient après la chirurgie craniofaciale ; elle peut bénéficier de l'imagerie orbitaire [25,26].
Manifestations neuro-ophtalmologiques des épilepsies
J. Bursztyn
Une crise épileptique est provoquée par une décharge électrique transitoire synchrone d'un groupe de neurones cérébraux. Les manifestations cliniques sont fonction de sa localisation, de son importance et de sa cause, mais elles sont le plus souvent brèves, stéréotypées, paroxystiques et peuvent récidiver [27].
Diagnostic positif
Le diagnostic positif de crise épileptique doit être évoqué devant la survenue brutale et inopinée d'un événement clinique bref, dont les différentes séquences semblent s'enchaîner selon une progression logique et se reproduire de façon stéréotypée d'un épisode à l'autre chez un même patient. La description des signes, parfois par le patient, le plus souvent par l'entourage, revêt une importance capitale ; elle permet d'affirmer le diagnostic, de classifier le type d'épilepsie et de diriger les explorations en suspectant le point de départ de la crise.
Le diagnostic d'une crise d'épilepsie, fait par l'interrogatoire et l'observation de la crise (possiblement sur une vidéo), est confirmé par l'EEG, examen clé qu'il faut savoir demander. La lumière est exceptionnellement un facteur déclenchant d'une crise épileptique, facteur qui est recherché systématiquement à l'EEG par une stimulation lumineuse intermittente. Une protection par verres teintés ou photochromiques est indispensable en prévention si la sensibilité à la lumière est avérée. Du fait des difficultés diagnostiques et du caractère le plus souvent intermittent des crises, les épileptologues pédiatriques ont régulièrement recours à un enregistrement sur 24 heures en hospitalisation. S'il existe un foyer déclencheur, il peut exister une indication à une chirurgie de l'épilepsie. Le neurochirurgien spécialisé complète le bilan par un stéréo-EEG réalisé en neurochirurgie avec des électrodes implantées directement sur et autour de la zone suspecte. L'imagerie cérébrale est réalisée à la recherche d'une image superposable au foyer ou d'un diagnostic associé. La sémiologie clinique et l'EEG permettent de distinguer les crises d'épilepsie généralisées des crises partielles.
Une crise d'épilepsie généralisée touche tous les neurones cérébraux ; elle peut être généralisée d'emblée ou secondairement au décours d'une crise localisée : son expression se modifie alors entre le début et la fin de la crise. Dans les crises généralisées, on retrouve une fixité du regard ou plus souvent une révulsion oculaire et si la crise est asymétrique, une déviation latérale de la tête et des yeux. Il faut savoir rechercher des révulsions oculaires chez un nourrisson ayant un retard de développement de la fonction visuelle ; elles peuvent être le premier signe d'un syndrome de Westet ont alors valeur de «spasmes subtils ».
Une crise d'épilepsie partielle se manifeste par des symptômes en rapport avec la zone cérébrale en cause. Chez le nourrisson , les crises partielles peuvent s'exprimer dans la sphère ophtalmologique : motrice (clonies des paupières et oculoclonies, déviation conjuguée de la tête et des yeux), automatique (fixité du regard) ou végétative (mydriase).
Chez l'enfant, les mouvements oculaires anormaux sont les signes ophtalmologiques les plus visibles. Le signe le plus fréquent est la crise oculogyre, déviation tonique involontaire du regard et parfois de la tête, qui résiste à toute tentative de redressement. Certaines absences s'accompagnent de déviations vers le haut du regard, souvent associées à des clignements ou des myoclonies palpébrales. D'autres crises sont induites par un clignement palpébral. Des pseudo-tics ou un nystagmus palpébral sont possibles.
Dans les épilepsies partielles avec participation occipitale , les manifestations visuelles fréquentes sont classées de la manière suivante :
  • hallucinations élémentaires : taches lumineuses, flashs, étoiles, cercles, rectangles papillotants, le tout volontiers coloré, sont les plus retrouvés ;
  • troubles visuels, rétrécissement concentrique du champ visuel, scotome ou perte de la vision ;
  • illusions visuelles : métamorphopsies, syndrome d'Alice au pays des merveilles, achromatopsie, dyschromatopsie, palinopsie (persistance d'image après sa disparition) ;
  • hallucinations visuelles complexes : perception de visages, de personnages ou de scènes plus élaborées.
Dans les épilepsies temporales , des sensations de déjà vu, de déjà vécu, d'état de rêve peuvent être signalées. Les crises pariétales s'accompagnent parfois d'impressions de transformation corporelle et de membre fantôme, d'illusions de déplacement, d'agnosie spatiale, d'héminégligence, mais aussi quand le point de départ est plus postérieur de macropsie, de micropsie, de métamorphopsie et d'illusion de mouvement.
Diagnostics différentiels
Le diagnostic différentiel d'une crise épileptique est dominé par les syncopes, les troubles comportementaux, les hypoglycémies et, souvent le plus délicat, les migraines . Les crises à point de départ occipital sont à différencier des absences, qui les accompagnent parfois, et des migraines avec aura visuelle. Des hallucinations visuelles latéralisées, élémentaires, colorées ou non, des flashs lumineux, des étoiles, un éblouissement, des troubles du champ visuel, surtout s'ils sont suivis de maux de tête, évoquent la migraine avec aura visuelle. La description des phénomènes est longtemps non verbalisée, parfois avec des expressions qui sont propres à l'enfant qu'il nous faut décrypter.
Grands pièges en imagerie neuro-ophtalmologique chez l'enfant
D. Ramond, M.Robert, N.Boddaert
Lors d'un retard de développement de la fonction visuelle sans syndrome du nystagmus précoce , les voies visuelles sont scrutées avec attention, mais la cause peut parfois se situer plus bas. Les apraxies oculomotrices de Cogandébutent par un retard du développement de la fonction visuelle, avant que l'enfant ne puisse tenir sa tête et ne développe les grands mouvements de tête caractéristiques. Une dysplasie vermienne, de type syndrome de Joubert (fig. 26-24
Fig. 26-24
Retard de développement visuel: dysplasie vermienne supérieure avec «dent molaire ».a.IRM d'un bébé de 9mois avec une apraxie oculomotrice de Cogan. b.IRM d'un témoin de 9mois. Cette dysplasie du vermis supérieur se caractérise par une horizontalisation des pédoncules cérébelleux supérieurs et un aspect de «dent molaire » en coupe axiale.
), est généralement associée aux apraxies oculomotrices de Cogan.
Une paralysie du   VI est plus fréquemment présente en cas d'HIC chez l'enfant que chez l'adulte. Les gliomes malins infiltrants du tronc cérébral sont presque toujours révélés par une paralysie du VI, alors «localisatrice », associée à une parésie duVII qu'il faut savoir rechercher cliniquement. Sur un scanner cérébral, ils se caractérisent par un œdème diffus de la fosse postérieure qui peut parfois être difficilement visible (fig. 26-25
Fig. 26-25
Paralysie du VI: tumeur infiltrante du tronc cérébral.Les gliomes infiltrants malins du tronc cérébral se caractérisent au scanner(b) par un œdème diffus de la fosse postérieure qui peut parfois être difficilement visible, une hypodensité spontanée, un aspect d'élargissement du pont. Sur l'IRM(a), ils sont en hypersignal T2, iso- ou hypo-T1, présentant une prise de contraste variable, et envahissant plus de 50 % du tronc cérébral.
).
Devant une paralysie du   III lentement progressive, les anévrismes sont exceptionnels chez l'enfant ; en revanche, les schwannomes du III peuvent être de diagnostic difficile ; ils doivent être recherchés tout le long du trajet du nerf III, y compris dans le sinus caverneux (fig. 26-26
Fig. 26-26
Paralysie progressive duIII droit: schwannome dans le sinus caverneux.Les paralysies lentement progressives, unilatérales, duIII, à imagerie dite normale sont en fait le plus souvent des schwannomes, en général situé au niveau du sinus caverneux et difficiles à mettre en évidence.
). Devant une paralysie aiguë, parfois récidivante, constituant le tableau classique de «migraine ophtalmoplégique », le III apparaît anormal à sa sortie apparente du tronc, dans sa portion cisternale (fig. 26-27
Fig. 26-27
Paralysie aiguë duIII gauche («migraine ophtalmoplégique »): anomalie duIII dans sa portion cisternale.La lésion est bien limitée, oblongue ou arrondie, apparaissant en iso- ou en hypo-signal T1 et hypersignal T2, avec un rehaussement intense après injection de gadolinium.
). La signification de ces anomalies (possibles schwannomes) est encore débattue.
Devant un nystagmus pendulaire du nourrisson ou de l'enfant , il convient d'éliminer un volumineux gliome du chiasma, mais aussi un syndrome dysmyélinique, tel le syndrome de Pelizaeus-Merzbacher, leucodystrophie liée à l'X avec arrêt prématuré (vers l'âge de 3 mois) de la myélinisation (fig. 26-28
Fig. 26-28
Nystagmus pendulaire du nourrisson: syndrome de Pelizaeus-Merzbacher.a.IRM d'un bébé de 9mois avec syndrome de Pelizaeus-Merzbacher: il existe une hypomyélinisation, la myéline anormale apparaît en hypersignal T2 et en hyposignal T1. b.IRM d'un témoin de 9mois: la myéline normale apparaît en hyposignal T2 et en hypersignal T1.
).
Devant un nystagmus du regard excentré , en cas d'absence de tumeur du cervelet, il peut s'agir d'une atrophie cérébelleuse (fig. 26-29
Fig. 26-29
Nystagmus du regard excentré chez une enfant de 5ans: atrophie cérébelleuse.Les sillons sont trop bien vus pour l'âge de l'enfant ; l'IRM n'est pas normale: il existe une discrète atrophie vermienne.
), responsable d'un syndrome cérébelleux parfois discret.
Devant un OP de stase , on recherche une masse intracrânienne sus- ou sous-tentorielle comprimant les voies d'écoulement du liquide cérébrospinal. On recherche ensuite des signes de sténose de l'aqueduc : réduction focale du diamètre de l'aqueduc avec dilatation concomitante du troisième ventricule et des ventricules latéraux, avec un quatrième ventricule de taille normale sur l'IRM cérébrale (fig. 26-30
Fig. 26-30
Céphalées et œdème papillaire de stase: hydrocéphalie et sténose de l'aqueduc.Réduction focale du diamètre de l'aqueduc avec dilatation concomitante du 3eventricule et des ventricules latéraux, tandis que le 4eventricule est de taille normale.
). Devant une HIC sans masse intracrânienne, on complète le bilan par une IRM médullaire avec injection à la recherche d'une tumeur médullaire. En imagerie cérébrale, les signes dans les HIC idiopathiques chez l'enfant sont semblables à ceux retrouvés chez l'adulte.
En cas de névrite optique , l'épaississement du ou des nerfs optiques, souvent plus important que chez l'adulte, ne doit pas être confondu avec une tumeur (fig. 26-31
Fig. 26-31
Baisse d'acuité visuelle aiguë droite: névrite optique droite.Cette enfant de 10 ans a déjà bénéficié d'une IRM avant son arrivée, qui a fait évoquer une tumeur du nerf optique droit. Il s'agit en fait d'une névrite optique, avec augmentation importante du calibre du nerf optique (a). Le rehaussement du signal après injection de gadolinium (a, b) aurait été encore mieux vu sur des séquences avec suppression de graisse.
).
Devant une atrophie optique , l'imagerie cérébrale peut apporter des arguments en faveur d'une mitochondriopathie. Au-delà du nerf optique, des hypersignaux des noyaux gris centraux et/ou de la substance blanche périaqueducale, la présence d'un pic de lactates à la spectroscopie TE long orientent vers une mitochondriopathie (fig. 26-32
Fig. 26-32
Strabisme et atrophie optique: mitochondriopathie.L'aspect d'atrophie des voies visuelles n'est pas informatif quant à son étiologie, chez ces enfants âgés de9 et 7ans adressés pour exotropie et par ailleurs en bonne santé. L'association d'un hypersignal péri-aqueducal au niveau de la lame tectale et d'un pic de lactates permet de suspecter une mitochondriopathie (une mutation MT ND5 sera mise en évidence chez chacun de ces enfants).
).
26.3
Prises en charge pratiques en neuro-ophtalmologie pédiatrique
Névrite optique de l'enfant
M. El-Dairi
Présentation clinique chez l'enfant
Le diagnostic peut être fait au stade d'atrophie optique, sauf dans les situations aiguës bilatérales ou chez le grand enfant [28]. Des papilles pâles chez un nourrisson doivent d'abord faire éliminer une dystrophie rétinienne avant d'évoquer une névrite optique. Typiquement, la perte de vision est souvent initialement sévère (<20/200 chez 90 à 95% des enfants) et fréquemment bilatérale (33 à 86%), en particulier avant l'âge de 10 ans [29]. Les douleurs oculaires majorées à la mobilisation du globe sont rapportées dans 30 à 77% des cas selon les séries et, à la différence de l'adulte, les maux de tête sont décrits chez la moitié des enfants, en sachant qu'ils sont probablement parfois difficiles à différencier des douleurs rétro-oculaires. Bien qu'un déficit pupillaire afférent relatif soit invariablement présent dans les cas asymétriques, qu'ils soient unilatéraux ou bilatéraux, il n'est rapporté que chez 67% des enfants, probablement en raison de la difficulté de l'examen ou de la fréquence des cas de névrite optique (inflammatoire) bilatérale [30]. La vision des couleurs est altérée dans environ 50 % des cas, avec généralement une dyschromatopsie acquise d'axe rouge-vert. Un OP est observé dans la moitié voire dans les trois quarts des cas de névrite optique, le terme de «rétrobulbaire » est alors évidemment impropre [31].
Examen clinique
L'interrogatoire médical détaille comme chez l'adulte les maladies antérieures, les déficits neurologiques, les antécédents familiaux et la liste des médicaments. L'examen ophtalmologique est identique à celui de l'adulte et évalue la vision, la vision des couleurs, la motilité ; une biomicroscopie à la lampe à fente recherche une uvéite antérieure, une pars planite, qui peuvent se présenter de manière similaire à une névrite optique inflammatoire subaiguë. Au FO, un OP modéré est fréquent à la phase aiguë ; le reste de l'examen est généralement normal. La neurorétinite est caractérisée par un OP associé à un décollement séreux rétinien et/ou à une étoile maculaire qui peut être absente initialement.
Avant 8 ans et quand l'acuité visuelle est inférieure à 3/10, les champs visuels de Goldmann sont préférés ; sinon les champs visuels automatisés peuvent être utilisés. Les schémas de défauts visuels dans la névrite optique inflammatoire peuvent varier et inclure une constriction centrale (40 %), cæcocentrale (10 %) ou périphérique (15%).
L'OCT est utile pour exclure d'autres maladies, telles que les pathologies de la rétine trop subtiles pour être détectées lors d'un examen de routine. L'OCT pRNFL permet d'identifier un œdème ou une atrophie infracliniques du nerf optique controlatéral. L'OCT maculaire permet d'identifier un décollement séreux de contiguïté au stade précoce, une neurorétinite ou un œdème maculaire non vu au FO.
Examens complémentaires
Les PEV sont rarement nécessaires sauf dans certains cas particuliers, notamment pour confirmer une neuropathie optique chez des enfants non verbaux. Les réponses des PEV sont initialement absentes ou présentent une amplitude diminuée dans environ 83 % des yeux atteints de névrite optique aiguë.
Une IRM cérébrale et orbitaire sans et avec contraste avec suppression du signal de la graisse ( fat saturation [FAT-SAT]) permet de confirmer la neuropathie optique inflammatoire et d'éliminer une pathologie orbitaire et une compression. Elle précise la taille et la localisation de l'hypersignal et la présence d'une périnévrite excluant une sclérose en plaques (SEP) et fréquente dans les myelin oligodendrocytes glycoproteins (MOG). L'IRM encéphalique élimine une sinusite sphénoïdale, une compression et une prise de contraste méningée. Elle recherche des lésions de la substance blanche pour déterminer le risque futur de SEP. Un scanner n'est pas recommandé dans les névrites optiques pédiatriques comme chez l'adulte.
Une IRM médullaire peut être obtenue en même temps que l'IRM encéphalique s'il existe une forte suspicion de névrite optique et si une sédation/anesthésie est nécessaire pour effectuer l'IRM. Elle est indispensable en cas de symptômes médullaires et si les anticorps anti-aquaporine 4 (anti-AQP4) sont positifs. La présence de lésions du cordon sur l'IRM du rachis cervical est révélatrice d'une SEP, d'une acute disseminated encephalomyelitis (ADEM) ou d'un spectre de neuromyélite optique (NMO).
Chez les enfants présentant un premier épisode de névrite optique, le bilan biologique comprend le dosage de l'enzyme de conversion de l'angiotensine ( angiotensin converting enzyme [ACE]) pour la sarcoïdose, les sérologies de la syphilis, de la bartonellose et de la maladie de Lyme (selon qu'ils vivent ou non dans une région d'endémie), la recherche par technique de cell-based-assay des anticorps du spectre NMO (anti-AQP4 et anti-MOG) [32].
Une ponction lombaire est recommandée pour écarter toute étiologie infectieuse ou infiltrative. La détection de bandes oligoclonales dans le liquide cérébrospinal (LCS) est souvent observée dans la SEP et moins fréquemment dans la NMO [33].
Diagnostic étiologique
Les étiologies infectieuses incluent la neurorétinite à Bartonella henselae , la syphilis, la maladie de Lyme, la tuberculose, la toxoplasmose et la toxocarose. Une névrite optique peut être idiopathique et isolée (syndrome clinique isolé) ou associée à une ADEM, une NMO, une SEP ou d'autres pathologies inflammatoires comme la sarcoïdose.
Encéphalomyélite aiguë disséminée
L'encéphalomyélite aiguë disséminée ( acute disseminated encephalomyelitis [ADEM]) est une maladie démyélinisante inflammatoire du système nerveux central qui affecte fréquemment les enfants âgés de 6 à 10 ans et se présente généralement 1 à 6 semaines après une infection le plus souvent virale ou une vaccination. L'ADEM se manifeste fréquemment par une confusion, des troubles de la vigilance, des paresthésies et de multiples symptômes neurologiques qui dépendent de la région où se situent les lésions [34]. La névrite optique associée à l'ADEM est souvent bilatérale [34]. L'IRM montre plusieurs lésions de la substance blanche qui présentent un schéma de prise de contraste similaire à toutes les lésions (fig. 26-33
Fig. 26-33
Encéphalomyélite aiguë disséminée.IRM axiale séquence T2(a) et FLAIR(b). Nombreuses lésions diffuses de la substance blanche dans le cadre d'une encéphalomyélite aiguë disséminée chez un petit enfant.
). L'analyse du LCS révèle une pléocytose et la présence de bandes oligoclonales à la phase aiguë qui disparaissent plus tard. L'ADEM est généralement une maladie monophasique ; cependant, l'existence de formes récurrentes et multiphasiques est possible [35].
Neuromyélite optique
La NMO peut se manifester chez l'enfant et se caractérise par une névrite optique et/ou une myélite aiguë transverse (lésion de la moelle épinière supérieure à 3 segments de vertèbres). Une présentation avec des symptômes neurologiques indiquant un dysfonctionnement du tronc cérébral ou de l'hypothalamus (nausées, vomissements, vertiges ou neuropathies crâniennes) est fréquente en pédiatrie. Les critères diagnostiques sont identiques chez l'enfant et l'adulte [36]. Les crises peuvent être simultanées ou séquentielles, parfois séparées par plusieurs années. La NMO du Devic est une affection au pronostic sévère. Une NMO sans traitement peut entraîner une invalidité physique et visuelle importante [37]. Le diagnostic, outre la clinique et l'imagerie, repose sur la mise en évidence des anticorps spécifiques anti-AQP4.
Sclérose en plaques
Chez l'adulte, la relation entre névrite optique et SEP est bien établie, avec un risque stratifié en fonction de l'IRM initiale. À ce jour, les résultats d'une étude similaire sont toujours manquants chez les enfants. Les données actuelles concernant l'association entre la SEP et la névrite optique chez l'enfant sont fondées sur des collections de plusieurs études rétrospectives [ 29–32 ,38,39], avec un taux de conversion rapporté entre 0 à 33%. Chez l'enfant, le diagnostic de SEP nécessite la documentation de multiples attaques de démyélinisation du système nerveux central séparées dans le temps et dans l'espace. Ces événements doivent être différents de ceux de l'ADEM (preuve d'encéphalopathie ou altération de la conscience). Si un enfant présente une ADEM en tant que premier événement démyélinisant, un deuxième événement cliniquement isolé non ADEM nécessite un autre événement non ADEM ou une modification de l'IRM au moins 3 mois après le deuxième événement pour le diagnostic de SEP. L'étude rétrospective sur les névrites optiques pédiatriques avec la plus longue période de suivi de 22 ans a montré un taux de conversion en SEP cliniquement définie de 13% à 10 ans, 19% à 20 ans, 22% à 30 ans et 26% à 40 ans [40]. Il ne semble pas exister de corrélation entre le caractère uni- ou bilatéral de la névrite optique et le risque de développer une SEP [41]. Les neuropathies optiques inflammatoires bilatérales sont plus fréquentes chez les enfants plus jeunes ; le risque de SEP est plus élevé chez les enfants plus âgés (pour chaque année d'âge, la probabilité de développer la SEP augmente de 32%) ; enfin la présence de lésions de la substance blanche cérébrale à l'IRM initiale est associée à un risque accru de SEP[ 41–43 ].
Anticorps et névrites optiques chez l'enfant
  • La tendance consiste à demander le dosage des anticorps de plus en plus souvent : systématiquement devant tout épisode de névrite optique pour certaines équipes ; devant les formes atypiques seulement pour d'autres.
  • Anticorps anti-aquaporine 4 (AQP4) : ils sont associés aux NMO et constituent donc à la fois un facteur de mauvais pronostic et une indication à un traitement de fond.
  • Anticorps anti- MOG ( myelin oligodendrocyte glycoproteine ) : ils sont associés à des ADEM chez les petits enfants, à des névrites optiques isolées ou récidivantes chez des enfants plus grands, ou à des ADEM suivies de névrite(s) optique(s). Ils ont été initialement inclus dans le « spectre NMO », mais sont rarement responsables de NMO chez l'enfant. Ils laissent des séquelles importantes sur le plan anatomique (atrophies optiques importantes) mais souvent associées à des acuités visuelles préservées (facteurs de moins mauvais pronostic que les anti-AQP4).
Évolution et traitement
L'amélioration spontanée de la vision débute généralement dans les 3 semaines et peut se poursuivre jusqu'à 6 mois, voire parfois 1 an. La récupération visuelle est excellente. La grande majorité des enfants recouvrent une acuité visuelle jusqu'à une vision finale de 20/20, mais la pâleur du nerf optique persiste. Jusqu'à 15% des patients peuvent avoir une acuité visuelle <1/10 et environ 7% entre 2/10 et 4/10. Les enfants les plus jeunes (<6 ans) semblent avoir un meilleur pronostic visuel que les enfants plus âgés.
En dehors des diagnostics étiologiques sus-cités, de nombreux enfants (généralement de plus de 10 ans) vont présenter, soit à la suite d'une ADEM, soit à la suite d'une névrite optique souvent bilatérale, un ou plusieurs épisodes de névrite optique. Ces tableaux sont parfois appelés CRION pour chronic relapsing inflammatory optic neuropathy . Ils sont très souvent associés à une positivité des anticorps anti-MOG.
Il n'y a pas de recommandations actuelles pour le traitement des neuropathies optiques inflammatoires chez les enfants. La plupart des cliniciens suivent les résultats de l' Optic Neuritis Treatment Trial (ONTT) et administrent 30 mg/kg/jour sans dépasser 1000mg/jour de méthylprednisolone par voie intraveineuse (IV) pendant 3 à 5 jours, suivis d'une diminution de la prednisone par voie orale sur 15 jours pour accélérer la récupération. Le traitement de la névrite optique est le même pour les cas d'ADEM ou de SEP établis.
En cas de NMO établi ou soupçonné, en première intention : méthylprednisoloneIV pendant 5 jours (1 000mg/jour ou 30mg/kg/jour), et si la vision s'aggrave ou ne récupère pas, un traitement supplémentaire par immunoglobulines IV (2g/kg/jour) ou un traitement avec plasmaphérèse peuvent être proposés. Le pronostic à long terme dépend de la probabilité de développement de la SEP. En cas d'IRM normale, la plupart des experts recommandent un examen physique tous les 3mois par un pédiatre ou un neuropédiatre. Il n'existe pas de consensus sur la nécessité d'une IRM de suivi, mais nous répétons généralement l'IRM 1an après le diagnostic initial. En cas suspicion de SEP, un neuropédiatre discutera des options avec la famille. Bien qu'à ce jour, il n'y ait eu aucun essai clinique randomisé pour les traitements de fond chez les enfants atteints de SEP, les traitements actuellement acceptés à long terme chez l'enfant incluent l'interféronβ, l'acétate de glatiramer et des associations avec des stéroïdes ou des immunoglobulines IV. La sécurité de ces médicaments n'est pas encore établie chez les enfants. En cas de suspicion de NMO, la recommandation est celle d'un traitement à long terme pour prévenir les récidives avec: mycophénolate mofétil, immunoglobulines IV, rituximab, des stéroïdes à faible dose et même parfois de l'azathioprine ou de la mitoxantrone.
Conclusion
La névrite optique pédiatrique peut être un signe de présentation d'une pathologie démyélinisante du système nerveux central ou représenter un unique événement idiopathique isolé. La gestion à long terme des enfants atteints de névrite optique nécessite une approche multidisciplinaire avec un neuropédiatre et parfois un rhumatologue ou un infectiologue.
Tumeurs des voies visuelles de l'enfant
C. de Marcellus, M.Robert
Les tumeurs des voies visuelles de l'enfant peuvent concerner les voies visuelles depuis la papille optique jusqu'au cortex occipital avec un développement extracrânien et/ou intracérébral. Les signes cliniques associés, le type histologique et les modalités thérapeutiques sont dépendants de la localisation tumorale [44,45]. L'e-tableau 26-4 présente une synthèse de la prise en charge des tumeurs intra-orbitaires de l'enfant, il s'agit de situations rares. L'e-tableau 26-5 présente une synthèse de la prise en charge des tumeurs de la selle turcique de l'enfant, à l'exception des gliomes qui sont développés dans ce chapitre.
Les gliomes des voies optiques(GVO) font partie des gliomes de bas grade pédiatriques ( pediatric low-grade glioma [PLGG]), la forme la plus commune de tumeur cérébrale de l'enfant, représentant un tiers de toutes les tumeurs primaires du système nerveux central chez les enfants de moins de 18 ans. Ils se développent dans plus de 90 % des cas avant l'âge de 18 ans. Les GVO peuvent se développer tout le long des voies optiques de la papille optique jusqu'aux corps géniculés et peuvent également impliquer l'hypothalamus et/ou le diencéphale (fig. 26-34
Fig. 26-34
Gliomes des voies optiques.a, b.Gliome intra-orbitaire droit dans le cadre d'une neurofibromatose de type 1 chez un grand enfant. c, d.Volumineux gliome du chiasma non associé à une neurofibromatose de type 1 chez un nourrisson.
). Leur présentation est extrêmement variable (nystagmus pendulaire chez un nourrisson, exophtalmie, BAV avec OP, atrophie optique, ou papille apparemment normale, etc.). Les formes du nourrisson sont rares mais souvent sévères en raison de leur localisation hypothalamo-chiasmatique et/ou de la présence d'HIC et d'hydrocéphalie. Sur le plan histologique, l'astrocytome pilocytique est de loin la tumeur la plus fréquente chez l'ensemble des patients avec une croissance potentielle considérée comme moindre après l'adolescence.
Examen et suivi ophtalmologique
Une évaluation ophtalmologique complète est indispensable, au diagnostic puis généralement tous les 3 à 6 mois, selon les recommandations prises en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) de neuro-oncologie pédiatrique.
L'acuité visuelle demeure, pour des raisons de simplicité pratique, la principale mesure d'évaluation visuelle et de résultat fonctionnel des enfants atteints de GVO. Outre les difficultés d'évaluation chez le petit enfant (examens répétés indispensables) et outre les erreurs réfractives (cycloplégie systématique), il ne faut pas mettre sur le compte d'un gliome la part fonctionnelle d'une amblyopie strabique, souvent associée au diagnostic. La BAV liée au gliome entraîne un strabisme, lui-même responsable d'une amblyopie qui devra être impérativement traitée afin de mesurer la part organique de la BAV, parfois bien moindre que ce qu'initialement suspecté. La BAV peut résulter du GVO soit directement, soit par le biais d'une HIC qui peut bénéficier d'un traitement chirurgical spécifique non oncologique.
En cas de GVO, il importe de rechercher des signes de neurofibromatose de type 1 (NF1) car leur présence peut modifier la prise en charge (notamment l'indication à une biopsie tumorale). Le champ visuel est, dès que sa réalisation est possible, un complément crucial à l'évaluation du retentissement fonctionnel de la tumeur. L'OCT pRNFL et/ou GCC est généralement réalisable avant le champ visuel ; c'est aujourd'hui un élément indispensable de l'évaluation du retentissement anatomique de la tumeur. Il n'y a pas d'atteinte chronique des nerfs optiques ou du chiasma sans atrophie papillaire. Un enfant avec une tumeur de la selle turcique ou un gliome peut présenter une mauvaise acuité visuelle qui ne résulte pas de la lésion, celle-là ne constituant pas une indication à traiter. Les photographies de papille sont intéressantes en complément de l'examen clinique quand l'OCT n'est pas encore réalisable.
Prise en charge
Une IRM encéphalique initiale avec et sans injection de gadolinium est indispensable. Compte tenu du risque fonctionnel chirurgical et afin de préserver la fonction des voies optiques, de nombreux enfants atteints de gliomes des voies optiques ne subissent pas de biopsie diagnostique si l'imagerie est caractéristique du diagnostic de gliome de bas grade et surtout s'il existe un diagnostic préalable de NF1.
Les décisions de traitement sont prises en RCP. La figure 26-35
Fig. 26-35
Algorithme simplifié de prise en charge des gliomes des voies optiques.HIC: hypertension intracrânienne ; NF1: neurofibromatose de type 1.
représente un algorithme simplifié de prise en charge des GVO. La chirurgie est rarement indiquée comme traitement de première ligne pour les tumeurs chiasmatiques et hypothalamiques diffuses, l'objectif est alors d'obtenir une résection subtotale la plus satisfaisante possible. Lorsque la vision est normale ou proche de la normale et que les autres critères non visuels d'initiation d'un traitement sont absents, les enfants atteints de GVO peuvent bénéficier d'une surveillance ophtalmologique rapprochée. Un déficit unilatéral de l'acuité visuelle supérieur à 0,5logMAR (<3/10), attribuable au GVO chez un enfant avec un diagnostic récent, est un critère pour commencer un traitement adjuvant au moment du diagnostic, sans attendre une aggravation de l'acuité visuelle. Un déficit bilatéral ou une menace pour la vision globale définis comme supérieurs à 1 logMAR dans le meilleur œil lorsque l'autre œil est également atteint sont un critère pour commencer un traitement adjuvant au moment du diagnostic.
Paralysies oculomotrices chez l'enfant
L. Postolache, C.Parsa
L'encadré 26-6
Encadré 26-6
Spécificités pédiatriques de la prise en charge des paralysies oculomotrices
Prise en charge de la diplopie
  • Absente lors des paralysies congénitales.
  • La diplopie est rarement signalée ou peut être présente uniquement au début de la paralysie (amblyopie).
  • L'enfant en bas âge va neutraliser rapidement en cas de paralysie acquise.
  • Le traitement par prismes n'est pas nécessaire ou possible chez les enfants en bas âge.
Prise en charge de l'amblyopie
  • L'occlusion se fait sur l'œil fixateur de l'enfant, d'habitude l'œil non paralytique, pour prévenir une amblyopie.
  • L'occlusion doit être poursuivie jusqu'à la fin de la période de maturation visuelle si la binocularité n'a pas été rétablie spontanément ou par chirurgie.
  • Il faut éviter de rendre l'œil paralysé fixateur par occlusion excessive, sinon une déviation secondaire plus importante se développera.
  • La présence d'un torticolis est généralement un signe de vision binoculaire dans la position du torticolis. Il faut alors laisser l'enfant garder cette position.
Prise en charge chirurgicale et usage de toxine botulinique
  • Le test de duction active, qui aide à différencier une paralysie complète d'une contracture importante, est rarement possible chez l'enfant.
  • L'estimation clinique de la vélocité des saccades distinguera une parésie persistante du nerf (mouvement aussi bien limité que lent) d'une contracture consécutive (mouvement limité mais rapide).
  • L'utilisation de la toxine botulinique reste possible pour des parésies résolues chez des enfants avec une possibilité de fusion quand une contracture secondaire d'un muscle persiste. Dans ces conditions, une résolution spontanée est à anticiper.
Prise en charge étiologique
Elle se fait en collaboration étroite avec le pédiatre/neuropédiatre.
présente les spécificités pédiatriques de la prise en charge des paralysies oculomotrices.
Prise en charge de la paralysie du nerf oculomoteur (III)
En règle générale, la prise en charge de la paralysie totale du nerf III est difficile et assez peu satisfaisante. Un muscle sans aucune innervation ne pourra pas garder de tonus et toute procédure pour accroître son effet par résection ne sera que de courte durée. Seule une procédure de transposition des muscles permet un effet plus durable avec souvent une chirurgie en plusieurs étapes ou par sutures ajustables [46]. En cas de parésie, les résultats peuvent être bien plus satisfaisants car une innervation cliniquement décelable, même minime, ouvre la possibilité d'une correction par résection de muscle.
En cas de paralysie congénitale du III, la paralysie peut récupérer spontanément, partiellement ou même totalement. Souvent des phénomènes de régénération aberrante (témoignant d'une cause initialement compressive) accompagnent ces paralysies congénitales. Le traitement de l'amblyopie est essentiel, le traitement chirurgical est effectué plus tard.
En cas de paralysie acquise du III, la recherche et le traitement de la cause sont la première étape. La prévention de l'amblyopie chez l'enfant de bas âge et le traitement de la diplopie chez le grand enfant sont essentiels au début. Le traitement chirurgical est à effectuer après un délai minimal de 6 à 18 mois, période pendant laquelle une récupération est toujours possible. L'e-figure 26-4 résume les attitudes thérapeutiques proposées [3,47].
e-fig. 26-4
Paralysie du nerf trochléaire (IV)
Comme dans les atteintes du III, il faut bien faire la distinction entre une paralysie et une parésie. De plus, une sous-action du muscle oblique supérieur due à un déplacement relatif de la trochlée [48] ou à une hypoplasie du muscle [3,49,50] est souvent appelée «parésie » du nerf IV congénitale. Dans les «parésies » du nerf IV congénitales, l'occlusion est rarement nécessaire, car l'enfant adopte une position de torticolis modérée pour pouvoir maintenir la fusion/binocularité. Il est donc important qu'une prise en charge inadaptée et intempestive ne vienne pas induire un strabisme amblyogène. Le torticolis n'a probablement pas de conséquences sur les articulations cervicales avant l'âge de 30 ans [51].
Les paralysies acquises du IV sont exceptionnelles, elles peuvent être une indication à des prismes verticaux chez le grand enfant. Le traitement chirurgical, après un délai d'au moins 1an pour permettre toute récupération possible, varie en fonction de la motilité oculaire [46], comme détaillé dans l'e-figure 26-5 et dans l'e-encadré 26-2.
e-fig. 26-5
e-Encadré 26-2
Options possibles dans le traitement chirurgical d'une paralysie du nerf
  • Recul bilatéral des muscles obliques inférieurs. Le recul peut être de grande magnitude, voire un recul maximal du muscle (dénervation et extirpation de Parks), sans risque de surcorrection à long terme.
  • Procédure d'affaiblissement des muscles obliques inférieurs + recul des muscles droits supérieurs bilatéral avec transposition temporale.
  • Plissement des muscles obliques supérieurs bilatéral. Résultats moins prévisibles, avec une quasi-certitude de provoquer un phénomène de Brown iatrogénique. Peu indiqué chez les enfants.
  • Procédure d'Harada-Ito (transposition antérieure et inférieure de la portion antérieure du tendon du muscle oblique supérieur, impliquée dans la torsion) : elle n'a d'effet que sur la torsion et est donc également peu indiquée chez les enfants.
Paralysie du nerf abducens (VI)
La paralysie du VI est rarement congénitale, parfois due à un traumatisme lié à l'accouchement ou, comme lors d'autres parésies, due à un micro-embole dans le vasa nervorum [49]. Comme l'enfant en bas âge neutralise rapidement, une paralysie du VI, même transitoire, peut avoir comme conséquence une amblyopie et un strabisme permanents. Dans les cas acquis chez l'enfant d'âge ambulatoire, l'enfant peut parfois conserver sa fusion en adoptant une position de torticolis, tête tournée du côté de l'œil paralysé.
Comme toute paralysie, un traitement étiologique est important au début, suivi d'un traitement orthoptique. Si aucune récupération spontanée n'a lieu dans un délai de 12 à 18 mois, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Le protocole chirurgical est alors établi en fonction de la présence d'une paralysie versus une parésie du nerf, et de la déviation (e-fig. 26-6 )[3,52].
e-fig. 26-6
Myopathies et myasthénies de l'enfant
C. Orssaud
Myasthénies de l'enfant
Il s'agit dans la majorité des cas de myasthénies auto-immunes, liées à la présence des mêmes auto-anticorps que chez l'adulte : anticorps (Ac) anti-R-ACh (récepteurs à l'acétylcholine), Ac anti-MuSK ( muscle specific kinase ) et Ac anti-LRP4 ( LDL receptor related protein   4 ). Néanmoins, la présence d'Ac anti-MuSK est plus rare dans les formes infantiles et est associée à des formes plus sévères. Les troubles oculomoteurs sont très fréquents à cet âge et fluctuants dans le temps. L'existence d'un ptosis est un élément important et son absence doit faire reconsidérer le diagnostic. Les myasthénies congénitales, dues à des mutations dans les différentes protéines entrant dans la constitution et le fonctionnement de la jonction neuromusculaire, sont plus rares et ont une symptomatologie souvent plus sévère (tableau 26-11
Tableau 26-11
Myasthénie de l'enfant.
Myasthénie néonataleMyasthénie juvénileMyasthénie congénitale
MécanismePhysiopathogénie non totalement élucidée Le passage transplacentaire d'Ac maternels (anti-R-ACh, anti-MuSK ou anti-LRP4) n'explique pas tous les casMAI avec Ac anti-R-ACh et parfois d'anti-MuSK (formes plus sévères: atteinte faciale et bulbaire) Séronégativité (1/2 des formes OcP et 1/3 des formes généralisées) par Ac anti-R-ACh «à affinité faible » (difficiles à mettre en évidence) Mutation dans les gènes des protéines impliquées dans la transmission entre le nerf et le muscle strié dont CHRNE, RASP, CHAT, MuSK, COLQ et DOK7 et (récepteur nicotinique à 5 sous-unités, ACh, ect.) 
Âge de début48 à 72 heures après la naissance Persiste 3 mois environ De la naissance à l'adolescence Différence si début avant ou après 12 ans De la naissance à l'adolescence (ou adultes)
Épidémiologie9 à 30 % des enfants nés de mères avec myasthénie auto-immune active ou en rémission 1 à 5 cas /1 000 000 habitants 25/1 000 000 à 125/1 000 000 habitants 
ClassificationPrépubertaire: plutôt des garçons ; souvent OcP et rémission à la puberté (30 % cas) Post-pubertaire: différentes formes adultes 
Signes cliniquesFaiblesse de la succion, de la tétée et des cris, hypotonie, troubles respiratoires et diplégie faciale Troubles oculomoteurs rares Anomalies anténatales: hydramnios, diminution des mouvements fœtaux ou arthrogrypose Déficits oculomoteurs fluctuants dans 55% des cas Ptosis ±rétraction de la paupière supérieure dans 96% des cas Paralysie oculomotrice (droit médial++), exotropie intermittente et diplopie Si généralisation →atteinte pharyngée (dysphonie, dysphagie) et squelettique Présentation et évolution variables:
  • de symptôme mineur à déficit moteur rapidement invalidant
  • une présentation minime peut s'exacerber avec insuffisance respiratoire en cas de fièvre, infections ou fatigue
Examens complémentairesNéantDosage Ac (souvent négatif si jeune ou OcP) Électromyogramme Test à l'édrophonium (Tensilon®) ou à la néostigmine (Prostigmine®)Recherche mutation Dosage Ac en règle négatif Électromyogramme Test à l'édrophonium (Tensilon®) ou à la néostigmine (Prostigmine®)
TraitementAccouchement en structure ayant des soins intensifs de néonatalogie Inhibiteurs de l'acétylcholinestéraseInhibiteurs de l'acétylcholinestérase Immunomodulateur ou immunosuppresseur ou immunoglobuline/plasmaphérèse ThymectomieInhibiteurs de l'acétylcholinestérase 3,4-diaminopyridine, fluoxétine et quinidine
Ac: anticorps ; LRP4: LDL receptor related protein 4 ; MAI: myasthénie auto immune ; MuSK:  ; OcP: forme oculaire pure ; R-ACh: récepteurs à l'acétylcholine.
).
Myasthénies auto-immunes de l'enfant
Diagnostic
La mise en évidence des anticorps aide au diagnostic mais aucun d'eux n'est retrouvé chez près de la moitié des enfants ayant une forme oculaire pure et chez près d'un tiers ayant une forme généralisée. Cette séronégativité serait en partie due à la présence d'anticorps anti-R-ACh « à affinité faible », difficiles à mettre en évidence. Le diagnostic repose donc avant tout sur les tests ou signes cliniques: test du glaçon, signe de Cogan, etc. (voir chapitre 17 ). Devant une forte suspicion diagnostique, un bilan complet comprenant un électroneuromyogramme et des tests médicamenteux (test au chlorure d'édrophonium ou à la néostigmine) est réalisé en milieu spécialisé [53].
Traitement
Le traitement repose sur les inhibiteurs de l'acétylcholinestérase, très efficaces sur le ptosis, particulièrement dans les formes séronégatives ou en cas d'Ac anti-R-ACh, moins efficaces en cas d'Ac anti-MuSK. En cas d'échec ou d'insuffisance des inhibiteurs de l'acétylcholinestérase, il faut discuter des traitements immunomodulateurs ou immunosuppresseurs : azathioprine ou ciclosporineA, qui ne sont pas anodins chez l'enfant et n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM), les corticoïdes étant évités pour des traitements à long terme. Les immunoglobulines intraveineuses ou la plasmaphérèse, toutes deux indiquées lors de crises myasthéniques graves, sont des alternatives aux traitements immunomodulateurs ou immunosuppresseurs. En cas de thymome, une thymectomie peut être envisagée dans les formes graves. L'enfant doit avoir sur lui en permanence une carte indiquant qu'il est porteur d'une myasthénie auto-immune contre-indiquant certains traitements.
Myasthénies congénitales chez l'enfant
Toutes les protéines impliquées dans la transmission entre le nerf et le muscle strié peuvent être responsables de myasthénie congénitale, dont il existe plus de 20 formes. C'est pourquoi leur présentation clinique et paraclinique n'est pas univoque et est parfois sévère. Une aggravation brutale peut survenir en cas de fièvre ou d'infection pouvant conduire à l'insuffisance respiratoire. La variabilité des symptômes dans le temps peut manquer. La réponse aux tests paracliniques est plus ou moins perturbée, compliquant le diagnostic qui peut être aidé par la biopsie musculaire et la recherche de mutations. Celle-ci est aidée par la clinique, notamment les réponses de l'électroneuromyogramme ou l'utilisation de panels de séquençage génétique. La réponse aux inhibiteurs de l'acétylcholinestérase est souvent négative et peut même être une aggravation des symptômes dans certaines formes. Le 3,4-diaminopyridine, la fluoxétine et la quinidine ont démontré une efficacité.
Myopathies de l'enfant
Les myopathies de l'enfant constituent un groupe hétérogène (tableau 26-12
Tableau 26-12
Les myopathies de l'enfant.
Syndrome de Kearns-SayreCPEOSyndrome de LeighMELAS
GèneDélétions de grande taille de l'ADN mitochondrial5gènes des complexes II, III, IV et V de la chaîne respiratoire 
TransmissionMitoMitoRA ou MitoMito
Âge d'apparition10 à 20 ans10 à 20 ans1 semaines 5 à 15 ans 
Signes ophtalmologiquesPOM progressive Ptosis Rétinopathie sans BAVPOM progressive PtosisOIN, strabisme, paralysies horizontales du regard, lenteur des saccades, secousses nystagmiquesPOM progressive Ptosis
ÉvolutionLente vers globe fixéLenteDécès en quelques mois
Manifestations neurologiquesParésie facio-pharyngée, ataxie cérébelleuse, hyperprotéinorachieRaresRetard psychomoteur, crises comitiales, troubles de la conscience, ataxie cérébelleuse, syndrome pyramidalCéphalées, crises comitiales, accidents déficitaires pseudo-AVC régressifs
Autres manifestationsSurdité, anomalies vestibulaires, BdBRaresVomissements diffus, perte de poids, anomalies respiratoires, cardiomyopathie
Bilan neuro-radiologiqueHypersignaux de la substance blanche, des noyaux gris de la base et du thalamus en T2 RaresAnomalies de la substance grise, des ganglions de la base, des pédoncules cérébraux et de la région de l'aqueduc de SylviusŒdème de la substance blanche →dégénérescence spongiforme, anomalies des noyaux gris centraux (pallidum et thalamus) 
Examens complémentaires à la biopsie ENMGEMG↑du rapport lactate/pyruvate sanguin et LCS ↑du rapport lactate/pyruvate sanguin et LCS Acidose lactique
TraitementPacemaker, chirurgie ptosis
e-Tableau 26-1
Uvéite postérieure avec papillite et névrite optique chez l'enfant.
Uvéite postérieureNévrite optique
Examens complémentaires
  •  
  • Biologie: Bartonella
Étiologies
  • Idiopathique
  • Toxocarose
  • Toxoplasmose
  • Maladie des griffes du chat
  • Neurorétinite aiguë diffuse unilatérale
  • Tuberculose
  • CMV, HSV, VZV
  • Syphilis
  • Maladie de Vogt-Koyanagi-Harada
  • Maladie de Behçet
  • Lupus
  • Maladie de Kawazaki
  • Sarcoïdose
  • Périartérite noueuse
  • Granulomatose avec polyangéite (ex-Wegener)
  • Ophtalmie sympathique
  • Syndrome CINCA
  • Névrite isolée dite «post-virale »: rougeole, oreillons, rubéole, varicelle, brucellose, coqueluche, mononucléose infectieuse, griffes du chat, toxoplasmose, fièvreQ, entérovirus, HSV, maladie de Lyme, post-vaccinale (diphtérie, tétanos, coqueluche)
  • Sclérose en plaques
  • Encéphalomyélite aiguë disséminée (ADEM)
  • Neuromyélite optique de Devic
  • Neurosarcoïdose
  • Tuberculose
ADEM:  ; ALAT: alanine-aminotransférase ; ANCA:  ; ASAT: aspartate-aminotransférase ; CINCA: chronique, infantile, neurologique, cutané, articulaire ; CMV: cytomégalovirus ; CRP:  ; EBV:  ; HSV:  ; IDR: intradermoréaction ; IRM: imagerie par résonance magnétique ; MOG:  ; NFS: numération formule sanguine ; NMO: neuromyélite optique ; TDM: tomodensitométrie ; VIH: virus de l'immunodéficience humaine ; VZV: .
).
e-Tableau 26-2
Classification des principales maladies métaboliques.
Organelle atteinteMaladies typesSymptômes neuro-ophtalmologiques
Maladies lysosomales: accumulation des macromolécules non clivées 
  • Sphingolipidoses:
  • Mucopolysaccharidoses (MPS1-7) et sialidoses
  • Céroïde-lipofuscinoses (CLN1-8)
  • Atteintes «afférentes »:
  • Atteintes «efférentes »:
Peroxysomopathies: perte d'une ou de toutes les fonctions oxydatives 
  • Anomalies de la biogenèse des peroxysomes:
  • Anomalies enzymatiques spécifiques:
  • Atteintes «afférentes »:
  • Atteintes «efférentes »:
Cytopathies mitochondriales: insuffisances énergétiques 
  • Monosymptomatiques:
  • Polysymptomatiques (encéphalomyélopathies):
  • Atteintes «afférentes »:
  • Atteintes «efférentes »:
Anomalies du métabolisme des petites molécules:
  • métaux (cuivre, fer)
  • acides aminés
  • sucres
  • neurotransmetteurs
  • vitamines
  • Métabolisme du cuivre: maladie de Wilson
  • Neurodégénérescence avec accumulation du fer: NBIA13 (ou syndrome d'Hallervorden-Spatz)
  • Acides aminés : maladie du «sirop d'érable »
  • Atteintes «afférentes »:
  • Atteintes «efférentes »: troubles des poursuites et des saccades
MELAS:  ; MERFF:  ; NBIA1:  ; OIN: ophtalmoplégie internucléaire.
e-Tableau 26-3
Atteintes rétiniennes d'origine métabolique.
Atteintes rétiniennesMaladiesSignes inaugurauxDéfaut métabolique/gène
Amaurose de Leber-
  • Nystagmus
  • Cécité
  • ERG plat
Peroxysomes
  • Syndrome de Zellweger
  • Adrénoleucodystrophie infantile
  • Maladie de Refsum infantile
  • Hypotonie+++
  • Absence ou retard psychomoteur sévère
  • Dysfonction hépatique
  • Surdité
  • Augmentation:
  • Gènes:
Macula rouge cerise (MRC) Lysosomes GM1 infantile généralisée (MRC 50 %) 
  • Hypotonie
  • Dysmorphie, organomégalie
  • Convulsions
  • Oligosaccharides urinaires
  • GM1 β-galactosidase
  • Gène (3p22.3), AR
GM2 type 1: maladie de Tay-Sachs (MRC 100 %) 
  • Hypotonie, RPM aboli (6 mois)
  • Sursaut au moindre bruit
  • Convulsions
  • Macrocéphalie (18mois)
  • Hexosaminidase A
  • Gène (15q23), AR
GM2 type 2: maladie de Sandhoff (MRC 50 %) 
  • Idem maladie de Tay-Sachs
  • Visage «poupin », organomégalie
  • Infections respiratoires
  • HexosaminidasesA etB
  • Gène (5q13), AR
Maladie de Nieman-PickA etB (MRC 30–50 % typeA et 10 % typeB) 
  • Hépatosplénomégalie
  • RPM, retard staturo-pondéral
  • Convulsions
  • Hypotonie
  • Sphyngomyélinase
  • Gène , AR
Sialidose  
  • BAV révélatrice (8ans)
  • Épilepsie myoclonique
  • Trouble de la marche
  • α-D-neuraminidase
  • Gène , AR
Rétinopathie à ERG négatif CLN3 juvénile (maladie de Spielmeyer-Vogt ou maladie de Batten)
  • Début : 5–10 ans
  • BAV inaugurale à FO normal ; ERG négatif, maculopathie puis RP, cécité en 3 ans
  • Troubles du comportement, mémoire, épilepsie
CLN3, AR
Maculopathie en œil de bœuf précoce (nourrisson) CLN1 infantile précoce (maladie de Santavuori-Haltia-Hagberg)
  • Début : 3mois–2ans
  • Hypotonie
  • Microcéphalie (atrophie cérébrale)
  • Cécité, RP ; ERG plat: 11mois
Palmytyl protéine thioestérase, AR
CLN2 infantile tardive classique (maladie de Jansky-Bielschowsky)
  • Début: 2–4 ans
  • Épilepsie myoclonique
  • BAV: 4–6ans
Tripeptidyl peptidaseI, AR 
Déficit en cobalamineC 
  • Début chez nourrisson
  • Hypotonie sévère et difficulté d'alimentation
  • Maculopathie vers 2ans
  • Nystagmus
  • Déficit en cobalamineC le plus fréquent (acidurie méthyl malonique avec homocystinurie)
Rétinopathie «poivre et sel », «réticulations » 
  • Ophtalmoplégie progressive externe (dont syndrome de Kearns-Sayre)
  • Neuropathie–ataxie–rétinite pigmentaire (NARP)
  • Diabète et surdité d'hérédité maternelle (MIDD)
  • Début variable
  • Déficit énergétique global (hypotonie, faiblesse musculaire, ptosis, strabisme divergent)
  • Désordres métaboliques (diabète, acidose lactique)
  • Atteinte multi-organe
Mutations de l'ADN mitochondrial:
  • ponctuelles
  • délétions
  • déplétion
Mutations des gènes nucléaires codants pour mitochondrie:– –
Rétinopathie pigmentaire «standard »  NBIA1 (syndrome de Hallervorden-Spatz)
  • Début dans la petite enfance
  • Atteinte des noyaux de base: dystonie, rigidité, choréo-atétose
  • Régression intellectuelle
  • IRM: «œil de tigre »
Gène (20p13), AR
MPS, stades finals de CLN, déficit en cobalamine, etc.
Myopathies par mitochondriopathie
Le diagnostic du syndrome de Kearns-Sayre et de l' ophtalmoplégie externe chronique progressive ( chronic progressive external ophthalmoplegia [CPEO]), souvent considérée comme sa forme incomplète puisque sans atteinte cardiaque, rétinienne ou neurologique, repose sur l'électroneuromyogramme et plus encore la biopsie musculaire retrouvant des fibres rouges déchiquetées parfois au-delà des territoires atteints. Le traitement chirurgical vise si besoin à corriger le ptosis et la déviation oculaire [54].
Le syndrome de Leigh , lié à des mutations autosomiques ou mitochondriales, aboutit à des lésions focales de démyélinisation, gliose et nécrose cérébrale. De début précoce, l'évolution est généralement rapidement péjorative. Les anomalies oculomotrices, précoces, sont parfois au premier plan.
Le MELAS ( mitochondrial encephalopathy, lactic acidosis and stroke-like episodes ) est responsable d'un tableau proche du CPEO, quoique d'apparition plus précoce. Les modifications biologiques (rapport lactate/pyruvate altéré, acidose lactique dans le sang et le LCS), la biopsie musculaire et l'IRM permettent le diagnostic.
Au sein du groupe des ophtalmoplégies externes progressives , seules deux débutent parfois dans l'enfance. Elles sont liées à des gènes autosomiques participant à la réparation de l'acide désoxyribonucléique (ADN) mitochondrial.
Myopathie de Duchenne
Transmise selon un mode récessif lié au chromosome X, elle peut débuter dès avant 3 ans. L'atteinte ophtalmologique est limitée à un ralentissement des saccades et à une électronégativité asymptomatique à l'électrorétinogramme global. L'évolution est péjorative avant 20 ans.
Myotonies congénitales
Ce sont les seules myotonies responsables d'atteintes à début pédiatrique.
Bibliographie
26.1. Orientations diagnostiques en neuro-ophtalmologie pédiatrique : du signe au diagnostic
Brodsky, 2016
Brodsky M.C., Pediatric neuro-ophthalmology,
Bourges, 2018
Bourges J.L., Urgences en ophtalmologie. Rapport de la Société française d'ophtalmologie, 2018, Elsevier Masson Issy-les-Moulineaux,
Denis, 2017
Denis D., Ophtalmologie pédiatrique. Rapport de la Société française d'ophtalmologie, 2017, Elsevier Masson Issy-les-Moulineaux,
26.2. Quelques maladies
[1]
Gutowski N.J., Chilton J.K., The congenital cranial dysinnervation disorders, Arch Dis Child 2015; 100 : 678 - 681.
[2]
Goberville M., Audren F., Syndrome de Stilling-Duane. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Ophtalmologie 2016; ; 21-550-A-14
[3]
Brodsky M.C., Neuro-ophthalmologic manifestations of neurodegenerative disease in childhood, Pediatric neuro-ophthalmology, 2016, Springer New York, London,
[4]
Chabrol B, Lonlay P de. Maladies métaboliques héréditaires. Rueil-Malmaison
[5]
Defoort-Dhellemmes S., Maladies rétiniennes métaboliques, Hérédo-dégénérescences rétiniennes.,, 2013, Médecine sciences publications-Lavoisier Coll. Rétine. Paris, 212 - 216.
[6]
Menache CC, Haenggeli CA, Safran AB. Affections neuropédiatriques d'origine métabolique ou dégénérative. In
[7]
American Academy of Ophthalmology. Basic and Clinical Science Course. Section
[8]
Grigg J., Jamieson R., Phakomatoses, Hoyt, 2005, Elsevier Saunders Philadelphia, 675 - 689.
[9]
Brems H., Beert E., de Ravel T., et al. Mechanisms in the pathogenesis of malignant tumours in neurofibromatosis type 1, Lancet Oncol 2009; 10 : 508 - 515.
[10]
National Institutes of Health Consensus Development Conference Statement: neurofibromatosis , Bethesda, Md., USA, July 13–15, 1987, Neurofibromatosis 1988; 1 : 172 - 178.
[11]
Cassiman C., Casteels I., Jacob J., et al. Choroidal abnormalities in café-au-lait syndromes, Clin Genet 2017; 91 : 529 - 535.
[12]
Listernick R., Ferner R.E., Liu G.T., et al. Optic pathway gliomas in neurofibromatosis-1, Ann Neurol 2007; 61 : 189 - 198.
[13]
Renier D., Lajeunie É., Catala M., et al. Craniosténoses. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Pédiatrie – Maladies infectieuses, 4-096-B-10, 2008, 19.
[14]
Kreiborg S., Cohen M.M., Ocular manifestations of apert and crouzon syndromes, J Craniofac Surg 2010; 21 : 1354 - 1357.
[15]
Tay T., Martin F., Rowe N., et al. Prevalence and causes of visual impairment in craniosynostotic syndromes, Clin Experiment Ophthalmol 2006; 34 : 434 - 440.
[16]
Morax S., Oculo-motor disorders in craniofacial malformations, J Maxillofac Surg 1984; 12 : 1 - 10.
[17]
Lattanz W., Barba M., Di Pietro L., Boyadjiev S.A., Genetic advances in craniosynostosis, Am J Med Genet A 2017; 173 : 1406 - 1429.
[18]
Khan S.H., Nischal K.K., Dean F., et al. Visual outcomes and amblyogenic risk factors in craniosynostotic syndromes, Br J Ophthalmol 2003; 87 : 999 - 1003.
[19]
Nischal K.K., Ocular aspects of craniofacial disorders, Am Orthopt J 2002; 52 : 58 - 68.
[20]
Péchereau A., Denis D., Speeg-Schatz C., Strabisme. Rapport de la Société française d'ophtalmologie 2013, 2013, Elsevier Masson Issy-les-Moulineaux,
[21]
Dagi L.R., Tiedemann L.M., Heidary G., et al. Using spectral-domain optical coherence tomography to detect optic neuropathy in patients with craniosynostosis, J AAPOS 2014; 18 : 543 - 549.
[22]
Swanson J.W., Aleman T.S., Xu W., et al. Evaluation of optical coherence tomography to detect elevated intracranial pressure in children, JAMA Ophthalmol 2017; 135 : 320 - 328.
[23]
Bannink N., Joosten K.F.M., van Veelen M.L.C., et al. Papilledema in patients with Apert, Crouzon, and Pfeiffer syndrome, J 2008; 19 : 121.
[24]
Nischal K.K., Visual surveillance in craniosynostoses, Am Orthopt J 2014; 64 : 24 - 31.
[25]
Clark R.A., Orbital imaging in strabismus, J Binocul Vis Ocul Motil 2018; 68 : 87 - 98.
[26]
Diamond G.R., Katowitz J.A., Whitaker L.A., et al. Variations in extraocular muscle number and structure in craniofacial dysostosis, Am J Ophthalmol 1980; 90 : 416 - 418.
[27]
Chabrol B., Mancini J., ODulac O., et al. Neurologie pédiatrique. Médecine-Sciences Flammarion, 2009, ; chapitre 13  ; : épilepsies
26.3. Prises en charge pratiques en neuro-ophtalmologie pédiatrique : du diagnostic au traitement
[28]
El-Dairi M.A., Ghasia F., Bhatti M.T., Pediatric optic neuritis, Int Ophthalmol Clin 2012; 52 : 29 - 49. ; xii
[29]
Bonhomme G.R., Waldman A.T., Balcer L.J., et al. Pediatric optic neuritis, Neurology 2009; 72 : 881 - 885.
[30]
Tekavcic-Pompe M., Stirn-Kranjc B., Brecelj J., Optic neuritis in children – clinical and electrophysiological follow-up, Documenta Ophthalmologica 2003; 107 : 261 - 270.
[31]
Absoud M., Cummins C., Desai N., et al. Childhood optic neuritis clinical features and outcome, Arch Dis Child 2011; 96 : 860 - 862.
[32]
Wilejto M., Shroff M., Buncic J.R., et al. The clinical features, MRI findings, and outcome of optic neuritis in children, Neurology 2006; 67 : 258 - 262.
[33]
Borcher M., Liu G.T., Pineles S., Waldman A.T., Pediatric optic neuritis, J Neuroophthalmol 2017; 37 : S14 - S22.
[34]
Poser C.M., Brinar V.V., Disseminated encephalomyelitis and multiple sclerosis, Acta Neurol Scand 2007; 116 : 201 - 206.
[35]
Young N.P., Weinshenker B.G., Lucchinetti C.F., Acute disseminated encephalomyelitis, Semin Neurol 2008; 28 : 84 - 94.
[36]
Lock J.H., Newman N.J., Biousse V., Peragallo J.H., Update on pediatric optic neuritis, Curr Opin Ophthalmol 2019; 30 : 418 - 425.
[37]
Collongues N., Marignier R., Zéphir H., et al. Long-term follow-up of neuromyelitis optica with a pediatric onset, Neurology 2010; 75 : 1084 - 1088.
[38]
Hwang J.M., Lee Y.J., Kim M.K., Optic neuritis in Asian children, J Pediatr Ophthalmol Strabismus 2002; 39 : 26 - 32.
[39]
Alper G., Wang L., Demyelinating optic neuritis in children, J Child Neurol 2009; 24 : 45 - 48.
[40]
Lucchinetti C.F., Kiers L., O'Duffy A., et al. Risk factors for developing multiple sclerosis after childhood optic neuritis, Neurology 1997; 49 : 1413 - 1418.
[41]
Waldman A.T., Stull L.B., Galetta S.L., et al. Pediatric optic neuritis and risk of multiple sclerosis, J AAPOS 2011; 15 : 441 - 446.
[42]
Mikaeloff Y., Suissa S., Vallée L., et al. First episode of acute CNS inflammatory demyelination in childhood, J Pediatr 2004; 144 : 246 - 252.
[43]
Liu G., Pediatric optic neuritis and risk of multiple sclerosis, Vancouver 2011;
[44]
Schick U., Hassler W., Pediatric tumors of the orbit and optic pathway, Pediatr Neurosurg 2003; 38 : 113 - 121.
[45]
Sievert A.J., Fisher M.J., Pediatric low-grade gliomas, J Child Neurol 2009; 24 : 1397 - 1408.
[46]
Kassem A., Xue G., Gandhi N.B., et al. Adjustable suture strabismus surgery in infants and children, J AAPOS. 2018; 22 : 174 - 178.
[47]
Hoyt C.S., Taylor D., Pediatric ophthalmology and strabismus, 2012, Saunders Philadelphia, 942 - 955.
[48]
Bagolini B., Campos E.C., Chiesi C., Plagiocephaly causing superior oblique deficiency and ocular torticollis. A new clinical entity, Arch Ophthalmol 1982; 100 : 1093 - 1096.
[49]
Parsa C.F., Robert M.P., Thromboembolism and congenital malformations, JAMA Ophthalmol 2013; 131 : 439 - 447.
[50]
Kaeser P.F., Brodsky M.C., Fourth cranial nerve palsy and Brown syndrome, Curr Neurol Neurosci Rep 2013; 13 : 352.
[51]
Hoyt C.S., Amblyopia, J Neuroophthalmol 2005; 25 : 227 - 231.
[52]
Rosenbaum A.L., Santiago A.P., Clinical strabismus management, 1999, W.B. Saunders Philadelphia,
[53]
Peragallo J.H., Pediatric myasthenia gravis, Semin Pediatr Neurol 2017; 24 : 116 - 121.
[54]
Goldstein A, Falk MJ. Mitochondrial DNA deletion syndromes. GeneReviews® 1993. [update 2019]. En ligne