Transthyrétine : les recommandations françaises du diagnostic de dénutrition sont-elles en adéquation avec la prévalence de la dénutrition hospitalière ? - 16/06/16
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Résumé |
Introduction et but de l’étude |
Le dépistage et l’évaluation de la dénutrition peuvent faire appel à des critères cliniques, anthropométriques et biologiques, en particulier la concentration de transthyrétine (ou préalbumine), dont les valeurs usuelles sont comprises entre 0,20 et 0,40g/L. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), les seuils diagnostiques de dénutrition et de dénutrition sévère de la concentration de transthyrétine sont respectivement de 0,11g/L et 0,05g/L. Ces valeurs semblent bien trop basses en regard de notre pratique bioclinique et, en particulier, les valeurs inférieures à 0,05g/L sont exceptionnelles. Or, la prévalence de la dénutrition hospitalière est de l’ordre de 30 à 60 % chez des patients des services de médecine–chirurgie–obstétrique. Notre hypothèse de travail était que les valeurs seuils de la HAS sont trop faibles et sous-estiment fortement la réalité de la dénutrition hospitalière. Afin de tester cette hypothèse, nous avons repris tous les dosages réalisés sur une période de 4ans et confronté les résultats avec le codage de la dénutrition effectué par notre département d’information médicale.
Matériel et méthodes |
Cette étude de cohorte monocentrique s’appuie sur 23 617 patients ayant eu un dosage de transthyrétine et de protéine C-réactive lors de leur premier bilan d’hospitalisation entre 2010 et 2013. Compte tenu de la relation inverse attendue et observée (r=−0,50 ; p<0,001) entre la transthyrétine et la protéine C-réactive, nous avons exclu les patients présentant un syndrome inflammatoire avec une [CRP]>15mg/L. De plus, nous avons éliminé deux autres facteurs de confusion que sont l’insuffisance rénale (créatininémie supérieure à 150mg/L) et la cytolyse hépatique ([ALAT]>150UI/L) ou une absence de dosage de l’un de ces paramètres.
Résultats |
Des 23 617 patients étudiés, 3455 ne présentaient ni syndrome inflammatoire, ni insuffisance rénale ou hépatique. Les patients étaient majoritairement des femmes (61,9 %), âgés de plus de 60ans (71,7 %), hospitalisés en gériatrie (24,7 %), cancérologie (19,5 %), médecine interne (13,3 %), pneumologie (7,1 %) et hépato-gastro-entérologie (5,9 %). En utilisant les seuils préconisés par la HAS, 3,13 % des patients présentaient une dénutrition et 0,49 % une dénutrition sévère. Le codage « dénutrition » effectué par le département d’information médicale concernait 623 patients, soit 17,9 %, et seuls 39 d’entre eux avaient une concentration de transthyrétine inférieure à 0,11g/L et aucun une concentration inférieure à 0,05g/L.
Discussion |
Si l’on considère que la prescription d’un dosage de transthyrétine répond à une suspicion de dénutrition, les données disponibles, en particulier du Nutrition Day de l’ESPEN, et nos résultats, il est évident que les seuils définis par la HAS sous-évaluent dramatiquement le diagnostic de dénutrition. Par ailleurs, dans un contexte de juste prescription et de maîtrise des coûts liés aux analyses, nous pensons qu’il ne faut pas prescrire la transthyrétine en cas de syndrome inflammatoire.
Conclusion |
Devant la très faible prévalence de la dénutrition hospitalière obtenue avec les seuils de transthyrétine recommandés par la HAS (3,13 %), il est indiscutable que leurs valeurs sont à revoir. Cela est d’autant plus urgent que l’utilisation de ces valeurs dans le codage de la dénutrition en tant que comorbidité conduit à une considérable perte de ressources financières.
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Vol 30 - N° 2
P. 131-132 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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