La mort inattendue d'un nourrisson jusque-là bien portant est toujours un drame familial lourd de conséquences. Ces décès sont encore trop fréquents, malgré une réelle diminution des chiffres depuis 20 ans. L'épidémiologie, en montrant le rôle majeur des conditions de couchage, a permis dans de nombreux pays la diffusion de conseils de prévention remarquablement efficaces : dormir sur le dos, dans une literie de sécurité, dans une ambiance non surchauffée, pas de partage du lit, pas de tabagisme passif, etc. Toutefois, en France, si la notion de mort inattendue du nourrisson est maintenant davantage connue du public, l'importance de poursuivre la prévention est paradoxalement rejetée par les décideurs en santé publique et minimisée par de nombreux professionnels de santé et du domaine de la petite enfance : ainsi circulent de multiples contre-messages irresponsables, médicaux, commerciaux et publicitaires. Néanmoins, ces progrès ont transformé l'approche pédiatrique du problème, notamment en allégeant les craintes antérieurement focalisées sur des pathologies courantes du nourrisson et sur le suivi ultérieur des fratries. Des difficultés persistent pour suivre et comparer les évolutions statistiques, en raison de la complexité à uniformiser les définitions médicales et à démêler de façon consensuelle, pour chaque décès, le rôle des causes et facteurs de risque identifiables. En pratique, les prises en charge au décours du décès par les centres de références régionaux restent hétérogènes malgré les recommandations de la Haute Autorité de santé de 2007. Pourtant l'uniformisation des démarches diagnostiques ferait progresser la compréhension des mécanismes physiopathologiques intimes en cause, dont la connaissance est encore parcellaire. Les nombreuses pistes de recherche doivent tenter d'élucider ce qui fait si rapidement basculer le fragile équilibre de la vie, afin d'affiner les possibilités de prévention.