Efficacité et sécurité des anti-TNF alpha dans la sarcoïdose oculaire : analyse des données du registre français STAT - 22/11/15
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Résumé |
Introduction |
Les uvéites sont une manifestation fréquente et précoce de la sarcoïdose, pouvant menacer le pronostic visuel, en particulier en cas d’atteinte du segment postérieur. Les anticorps monoclonaux dirigés contre le TNFα sont utilisés pour le traitement des uvéites sarcoïdosiques sévères réfractaires au traitement conventionnel. Trois séries comportant respectivement 25, 17 et 26 patients, ont décrit l’efficacité et la tolérance de l’infliximab et l’adalimumab dans cette indication, avec des résultats contradictoires [1 , 2 , 3 ]. Alors qu’Erckens et al. et Riancho-Zarrabeitia et al. rapportaient une efficacité chez plus de 85 % de leurs patients, ceci en l’absence d’effets secondaires majeurs, Baughman et al. montraient une réponse persistante chez seulement 10 de leurs patients (40 %) et un arrêt du traitement par toxicité chez 11 patients (44 %). Nous présentons ici le sous-groupe de patients présentant une uvéite sarcoïdosique inclus dans le registre national français sarcoïdoses traitées par anti-TNFα (STAT), dont l’objectif est d’évaluer l’efficacité et la tolérance des anti-TNFα, au cours de la sarcoïdose.
Patients et méthodes |
STAT est un registre national, portant sur des patients présentant une sarcoïdose histologiquement prouvée ou une neurosarcoïdose probable et ayant reçu des anti-TNFα.
Résultats |
Parmi les 133 patients inclus dans le registre STAT entre juillet 2014 et juillet 2015, 25 cas d’uvéites sarcoïdosiques ont été identifiés. L’âge moyen était de 40ans (14 à 73ans) avec un sex-ratio F/H de 1,7. La sarcoïdose était histologiquement prouvée chez 18 patients (72 %) et 21 patients (84 %) avaient au moins une atteinte extra-oculaire. La durée médiane d’évolution de la sarcoïdose était de 47 mois (11 à 216 mois) et 88 % des patients avaient déjà reçu au moins un immunosuppresseur. L’atteinte oculaire était bilatérale (64 %) et chronique (92 %), le plus souvent à type de panuvéite (38 %). Six et 12 patients présentaient respectivement un oedème maculaire et une vascularite rétinienne. Les patients ont été traités en première ligne par infliximab (n=19), adalimumab (n=5) ou certolizumab (n=1). À l’initiation des anti-TNFα, 23 patients recevaient une corticothérapie, à la dose journalière moyenne de 26,4mg et 18 recevaient un immunosuppresseur (méthotrexate [n=14], azathioprine [n=2], mycophénolate mofétil [n=2]). Après un suivi médian de 45 mois, la réponse ophtalmologique évaluée par le clinicien était la suivante : 18 patients répondeurs (72 %) (réponse complète [n=8], réponse partielle [n=10]), 6 patients stables et 1 progression. Le score de sévérité de l’atteinte ophtalmique, évalué par l’extrapulmonary Physician Organ Severity Tool (ePOST), était significativement diminué (4,3 vs 2,65, p=0,007), associé à une épargne cortisonique (26,4 vs 5,56mg/j, p=0,0001). Le taux de réponse en première ligne de traitement était meilleur pour l’infliximab (84 %) que pour l’adalimumab (20 %). Aucune différence d’efficacité n’était observée entre le traitement anti-TNF utilisé en monothérapie ou en association avec un immunosuppresseur. Le traitement de première ligne était arrêté chez 16 patients en raison d’une réponse insuffisante (n=7), d’un effet secondaire (n=4), après une réponse initiale (n=3) ou par choix du patient (n=2). Sept patients ont reçu une seconde ligne d’anti-TNFα, sans différence d’efficacité significative constatée avec la première ligne. Au total, 11 patients (44 %) ont présenté des effets secondaires conduisant à l’arrêt du traitement chez 8 d’entre eux (32 %). Il s’agissait essentiellement d’infections (n=8), sévères chez 5 patients, de réactions d’hypersensibilité (n=4), de réaction paradoxale (n=1) et de pathologie démyélinisante (n=1). Quatre patients répondeurs ont présenté une récidive sous traitement, nécessitant le rapprochement des cures d’anti-TNF, et parmi les 8 patients répondeurs qui ont arrêté le traitement, 75 % ont présenté une rechute après une médiane de suivi de 20 mois. En fin de suivi, les anti-TNFα étaient poursuivis chez 16 patients (64 %).
Conclusion |
Le registre STAT confirme l’efficacité des anti-TNFα, en particulier l’infliximab, pour le traitement des uvéites sarcoïdosiques sévères et réfractaires : 72 % des patients présentent une réponse, qui est associée à une épargne cortisonique significative. Cependant, le traitement est responsable d’effets secondaires importants, notamment infectieux, à l’origine de l’arrêt de la thérapeutique chez près d’un tiers des patients. La fréquence importante de rechutes nécessite le suivi rapproché des patients après l’arrêt du traitement.
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Vol 36 - N° S2
P. A92-A93 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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