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Controverse des estroprogestatifs de 3e et 4e génération : quelle influence sur le comportement des femmes ? - 26/05/16

3rd and 4th generation estroprogestatives French controversy: What effect on women's behavior?

Doi : 10.1016/j.lpm.2015.10.024 
Luis Torres 1, , Christian Frapard 2, Aurélie Daumas 3, Nicolas Guibert 1, Marie-Claude Lagouanelle-Simeoni 1, Jean-Claude Rakoto 2, Patrick Villani 3, Roland Sambuc 1
1 Aix-Marseille université, faculté de médecine de la Timone, laboratoire de santé publique des Prs P. Auquier et R. Sambuc, 27, boulevard Jean-Moulin, 13005 Marseille, France 
2 Aix-Marseille université, département universitaire de médecine générale, faculté de médecine de la Timone, 27, boulevard Jean-Moulin, 13005 Marseille, France 
3 Assistance publique–Hôpitaux de Marseille (AP–HM), hôpital de la Timone, service de médecine interne et thérapeutique, 13385 Marseille cedex 05, France 

Luis Torres, Aix-Marseille université, faculté de médecine de la Timone, laboratoire de santé publique des Prs P. Auquier et R. Sambuc, 27, boulevard Jean-Moulin 13005 Marseille, France.

Résumé

Objectif

L’objectif principal de cette étude était de déterminer les raisons invoquées par les femmes ayant changé ou suspendu leur méthode de contraception en 2013. Quelle influence avait la controverse autour des estroprogestatifs (EP) de 3e et 4e génération de 2013 et l’avis de leur médecin ? Outre les modifications de méthode contraceptive, percevaient-elles des conséquences de la controverse sur leur mode de vie ? Ressentaient-elles un impact sur leur comportement vis-à-vis des professionnels de santé ?

Méthodes

Une enquête a été effectuée auprès de femmes en âge de procréer et domiciliées dans les Bouches-du-Rhône. Le recueil des données avait lieu entre le 4 novembre et le 16 décembre 2013. Étaient inclus les sujets de sexe féminin, d’âge compris entre 18 et 55ans révolus. Les sujets étaient interrogés par le biais d’un auto-questionnaire anonyme distribué dans le cadre d’officines pharmaceutiques. Le protocole prévoyait la construction de regroupements : les patientes déclarant avoir pris connaissance de la controverse constituaient le groupe « exposé », et les autres le groupe « non exposé ». Il devait être comparé entre les deux groupes : le taux de sujets déclarant avoir modifié ou suspendu leur contraception en 2013 et sans ou contre l’avis d’un médecin.

Résultats

L’échantillon comportait 988 sujets. L’âge moyen était de 34ans. Le niveau d’exposition aux débats médiatiques était de 86,5 %. Parmi les femmes interrogées, 19,8 % étaient sous EP de 3e ou 4e génération en 2012, donc directement concernées par les débats et recommandations. Parmi les patientes, 38,5 % déclaraient avoir réalisé une modification ou une suspension de leur contraception en 2013, et lorsqu’elles confirmaient avoir pris connaissance de la controverse, 40,1 % affirmaient avoir mené cette démarche sans ou contre l’avis d’un médecin. Cette proportion chutait à 18,2 % chez celles qui n’étaient pas au fait de la controverse. La médiatisation du sur-risque vasculaire n’était pas plus évoquée chez les patientes ayant suspendu toute contraception médicale que chez les patientes déclarant un simple changement de méthode. Au total, 52,1 % des femmes ayant cessé leur contraception indiquaient que ce choix était en partie le fait d’un changement dans leur sexualité ou vie reproductive. Ce motif n’était invoqué que chez 19,0 % des femmes ayant effectué un simple changement de méthode contraceptive. Parmi les représentations des femmes, la controverse faisait partie des raisons d’un changement de contraception dans 418 % des cas, tandis que l’avis d’un médecin n’entrait en jeu que chez 19,9 % des femmes. Il était constaté un recul de 11,0 % de la contraception orale entre 2012 et 2013, quasiment superposable à celui des EP oraux de 3e et 4e génération (10,6 %). En revanche, l’utilisation d’EP de 1re et 2e génération stagnait : leur hausse était de 0,4 %. Au-delà de tout changement de contraception, 66,9 % des femmes exprimaient l’absence d’un impact quelconque de la controverse sur leur comportement. Parmi les femmes, 6,1 % témoignaient d’une perte de confiance en certains professionnels de santé.

Conclusion

Nous avons mis en évidence comment les patientes ayant changé ou suspendu leur contraception au cours de l’année 2013 plaçaient l’influence de l’affaire au premier rang des raisons de leur décision. Bien qu’un motif médical ait été fréquemment invoqué, une femme sur cinq seulement estimait que l’avis de son médecin avait clairement contribué à son choix. L’influence des médias semblait empiéter sur la relation médecin–patient, fondamentale à la qualité d’une prise en charge au long cours.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Objective

The primary objective of this study was to determine the reasons given by women who have changed or suspended their contraceptive method in 2013. What influence had the 3rd and 4th generation estroprogestatives (EP) French controversy and advices from doctors? Did they notice any consequences of the controversy on their lifestyle? Did they feel an impact on their behavior to health professionals?

Methods

A study was conducted on women of childbearing age. Data collection took place between November 4 and December 16, 2013. The included subjects were between 18 and 55 years old females. Subjects were surveyed through an anonymous self-administered questionnaire distributed through pharmacies. The protocol called for the construction of clusters of subjects by having heard about, or not, of the controversy. Patients reporting having heard about the controversy have formed the “exposed” group while the others have formed the “unexposed” group. We compared two parameters between these two groups: the rate of subjects who reported having modified or suspended their contraceptive method in 2013 on one hand, and the rate of subjects who reported having made a change in their contraceptive method without or against advices from a doctor on the other hand.

Results

The sample included 988 subjects. The average age was 34 years. The level of exposure to media debates was 86.5%. Of the respondents, 19.8% were under 3rd or 4th generation EP in 2012, thus directly involved in the discussions and affected by health recommendations. Of the patients, 38.5% reported having changed their contraception in 2013. In these women, when they confirmed having heard about the controversy, 40.1% of them claimed to have conducted this process without or against advices from a doctor. This number dropped to 18.2% for those who had not heard of it. Media coverage of the 3rd and 4th generation EP vascular risk was not mentioned more by patients who suspended all medical contraceptive method than it was by patients who simply changed their method. In all, 52.1% of women who completely stopped their contraception indicated that this choice was at least partly due to a change in their sexuality or reproductive life. This reason was evoked only in 19.0% of women who have simply made a change of contraceptive method. Among the views of women, the EP controversy was one of the reasons for a change of contraception method in 41.8% of cases, while advices from a doctor did play a role in 19.9% of cases. One has seen a decline of 11.0% of oral contraception between 2012 and 2013, almost superimposed on that of oral 3rd and 4th generation EP (10.6%). However, the use of 1st and 2nd generation EP stagnated: their increase was 0.4%. Beyond any change of contraceptive method, 66.9% of women expressed the absence of any impact of the controversy on their behavior. Of the women, 6.1% showed a loss of confidence in health professionals.

Conclusion

We have shown how patients who stopped or modified their contraception method during 2013 placed the controversy influence in the forefront of the reasons for their decision. Although a medical reason has been widely quoted, only one in five felt that the advice of her doctor had clearly contributed to her choice. The influence of the media seemed to encroach on the doctor–patient relationship, which is fundamental to the quality of healthcare in the long term.

Ce qui était connu

Pas de report des utilisatrices d’EP de 3e et 4e génération vers les 1re et 2e génération.
Impact négatif de la controverse sur le taux d’utilisation des méthodes orales.

Ce qu’apporte l’article

Très forte pénétrance des campagnes médiatiques dans l’opinion publique.
Les représentations des femmes placent le rôle des médias avant celui des professionnels de santé.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 45 - N° 4P1

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