Le terme de burnout – signifiant combustion totale – apparaît dans les années 1970 avec l’observation de travailleurs des centres de soins médicosociaux d’urgence aux États-Unis. Le mot a connu une forte exposition médiatique au cours de ces dernières années, jusqu’à passer dans le langage courant. Cette banalisation s’est accompagnée d’une dérive notable du sens que le grand public attribue désormais à ce terme.

L’objectif principal est de contribuer à clarifier les pourtours du burnout, et de préciser les notions qui lui sont connexes. Cette analyse est destinée au médecin du travail, dans son exercice diagnostique mais aussi dans son rôle de conseiller sur les questions de santé au travail, afin de lui permettre de proposer à ses interlocuteurs l’acquisition d’une culture et d’un vocabulaire communs sur ce sujet.

Les auteurs s’appuient sur une revue de la littérature scientifique pour décrire ce phénomène individuel trouvant sa source dans les interactions sujet–conditions de travail, ainsi que son évolution, fruit de la capitalisation d’études de terrain venant enrichir un travail de conceptualisation progressive. Les trois dimensions descriptives, les facteurs de risques, les différents modèles explicatifs, les états différentiels et les pistes de prise en charge sont présentés. Les controverses autour de la notion sont également évoquées.

Le burnout est décrit comme une réponse à un stress chronique relationnel et émotionnel au travail. Il peut être envisagé comme l’issue de stratégies échouant à protéger le sujet. Le modèle le plus largement reconnu dans le cadre scientifique est celui posé par Christina Maslach englobant trois dimensions : l’épuisement émotionnel, la « dépersonnalisation » au sens d’une distanciation du sujet, et le défaut d’accomplissement par sentiment d’inefficacité professionnelle. Il est ici retenu parmi d’autres pour sa robustesse et l’outil d’évaluation qui s’y rapporte : le Maslach Burnout Inventory dans sa version généraliste. Les auteurs proposent parallèlement une approche qui combine plusieurs modèles employés pour l’analyse des risques psychosociaux afin d’explorer dans la pratique le phénomène d’épuisement professionnel.

Probablement du fait de la pluralité des définitions et de la forte composante sociale et relationnelle de sa description, le terme de burnout connaît une dérive de ses acceptions que le médecin du travail doit être en mesure de recentrer pour une meilleure adéquation des mesures de prévention.