Utilisation du propofol dans le traitement de l’état de mal épileptique réfractaire : attention danger ? - 02/03/08
P. Latour [1],
L. Gabillet [2],
C. Guitton [2],
A. Magot [1],
B. Nogues [1],
Y. Blanloeil [3],
D. Villers [2],
Y. Péréon [1]
Voir les affiliationsIntroduction. Le propofol, option thérapeutique proposée dans l’état de mal épileptique réfractaire (EMER), peut entraîner une complication rare, généralement fatale, le syndrome de perfusion au propofol (SPP).
Observations. N° 4660, une femme, 17 ans, droitière, 55 kg, sans antécédent, présenta trois crises convulsives sans reprise de conscience survenant après 48 heures d’un syndrome grippal initialement traitées par 10 mg de Valium et 500 mg de Gardenal. Le score de Glasgow persista ensuite entre 3 et 5.
Le diagnostic d’EME occipital gauche fut secondairement établi sur des données électro-cliniques. Il résista aux boli de rivotril nécessitant un traitement par propofol (450 mg/h)/midazolam (20 mg/h) pour obtenir un tracé de type “suppression-bursts” (intervalle interbursts : 10-15 secondes), sans perturbation hémodynamique notable. Le traitement de propofol fut diminué à partir de H 32 sous monitoring-EEG. À H 32 une insuffisance rénale à diurèse conservée fut observée rapportée à une restriction des apports hydriques et à l’aciclovir. À H 56, sous 300 mg/h de propofol, un tableau associant insuffisance rénale anurique, acidose métabolique et lactique, rhabdomyolyse fut constaté. Devant la suspicion d’un SPP, le propofol fut arrêté, remplacé par du pentobarbital. À H 72 une défaillance cardiaque réfractaire au traitement survint conduisant à un arrêt cardio-circulatoire. Une assistance circulatoire de sauvetage (ECMO) fut mise en place. L’évolution fut favorable.
Discussion. Le SPP, complication peu décrite dans la prise en charge des EMER, associe un syndrome métabolique et une défaillance cardio-circulatoire généralement fatale car réfractaire au traitement médical. Les facteurs de risques sont : perfusion > 48 heures, posologie > 5 mg/kg/h, âge ≪ 16 ans, sepsis sévère, traumatisme crânien, recours à de fortes doses de catécholamines et/ou glucocorticoïdes, hyperglycémie. La physiopathologie reste mal connue.
Conclusion. La gravité potentielle du SPP plaide pour la réalisation d’une étude prospective comparative afin de valider l’indication du propofol dans l’EMER. En cas de défaillance circulatoire, une ECMO doit être rapidement envisagée.
Plan
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Vol 163 - N° SUP4
P. 151-152 - avril 2007 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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