Position du problème : Les facteurs incitant les médecins à utiliser des recommandations de pratique clinique (RPC) dans le contexte hospitalier public français sont mal connus. L’objectif de ce travail est de préciser quels éléments seraient, du point de vue des médecins et des internes exerçant en service de médecine adulte, les plus à même de favoriser leur utilisation.

Méthodes : Enquête transversale par questionnaire anonyme auto administré à questions fermées, plus un commentaire libre, auprès des deux centres hospitaliers universitaires et des 20 centres hospitaliers bretons, concernant les caractéristiques individuelles et professionnelles des médecins et des internes, leur point de vue sur les recommandations, leur recours à des RPC, leur opinion sur l’utilité et l’impact prévisible d’efforts d’amélioration de leur élaboration et de leur mise en place. L’analyse descriptive dissocie les médecins et les internes ; les opinions et attentes sont croisées avec les caractéristiques des répondants, en utilisant le test du Chi 2.

Résultats : Sur 783 internes et médecins, 390 ont répondu (50 %). Neuf internes et huit médecins sur dix ayant répondu estiment les avantages des recommandations (harmonisation des pratiques, aide à la décision) supérieurs à leurs inconvénients (rigidité, manque de liberté). Un sur trois déclare les utiliser régulièrement. Des recommandations concernant des pathologies courantes, incluant diagnostic et traitement, élaborées au niveau national et adaptées localement, présentées de façon synthétique dans un guide de poche et transmises directement aux internes par les médecins du service, auraient le plus de chance d’être utilisées. Un médecin sur deux utiliserait plus des recommandations diffusées par des sociétés savantes ou mises en place en lien avec une évaluation des pratiques.

Conclusion : Les efforts de développement de l’utilisation de recommandations de pratique clinique dans les services hospitaliers devraient prendre en compte la grande réceptivité des internes mais aussi la nécessaire implication des médecins seniors dans l’accompagnement spécifique de leur diffusion.

Background: Factors facilitating use of clinical guidelines by physicians working in French public hospitals are unknown. We wanted to ascertain the desires of physicians and housestaff working in medical departments.

Methods: A cross-sectional survey using a self-administered questionnaire with closed-ended questions and free comment was conducted in the two academic regional hospitals and the 20 district hospitals of Brittany. The following items were noted: individual and professional characteristics, use of and opinion about clinical guidelines, perceived usefulness of specific attributes of guidelines or implementation efforts.

The results are shown separately for physicians and housestaff. The statistical significance of associations between physician characteristics and their opinions was tested by using the chi-square test.

Results: 390 out of 783 responded (50%). Nine housestaff and eight physicians out of ten responders found more positive than negative points to guidelines (decision making tool, standardization of practices, versus rigidity, lack of freedom in practice). One out of three reported using them regularly. Guidelines focusing on general medicine, covering both diagnosis and treatment, developed at the national level with local adaptation, synthetic and pocket-sized guidebook given directly to the housestaff by the department’s physicians, were more likely to be used. One physician out of two would use more guidelines from specialty organizations, or would use them as a self-training tool in practices evaluation.

Conclusion: Implementation of guidelines in hospital medical departments should take into account the housestaff demands as well as the need for the physicians’ implication.