La lèpre lépromateuse représente la forme anergique de l’infection à Mycobacterium leprae dont l’évolution est habituellement émaillée d’accident immunoallergiques. Le phénomène de Lucio en est une forme inhabituelle. Nous rapportons un cas.

M. S, 62ans, consulte en dermatologie pour des plaies chroniques diffuses. La maladie a débuté, deux ans auparavant, par un éclaircissement spontané du visage. Au fur et à mesure que l’éclaircissement progressait, apparaissaient de petites taches rouges qui s’ulcéraient secondairement ; initialement localisées aux jambes, s’étendaient aux bras et au thorax. Un antécédent familial de lèpre chez une tante paternelle était noté. L’examen physique retrouvait un malade dysphonique, apyrétique et maigre (IMC=17,32kg/m²). La peau était recouverte de multiples ulcérations et des croutes par endroit, de taille variable à base infiltrée au tronc et aux membres. Une infiltration du lobe des oreilles et un élargissement de la base du nez une muqueuse nasale congestive. L’examen neurologique retrouvait une hypertrophie de plusieurs troncs nerveux périphériques. Le reste de l’examen clinique était normal. La bacilloscopie était positive à 5+ à plusieurs sites. En dehors d’une anémie à 9gr/dL, le reste du bilan biologique est normal. Le diagnostic de phénomène de Lucio sur lèpre lépromateuse était évoqué. L’administration d’une polychimiothérapie (PCT) OMS MB et de thalidomide ont entraîné une nette amélioration au bout de 10jours.

Le phénomène de Lucio est une forme violente d’érythème noueux lépreux. Elle survient généralement après traitement chez des malades lépromateux connus. Sa survenue chez un sujet naïf de tout traitement anti-lépreux, comme dans notre cas est un fait inhabituel qui doit attirer notre attention.