Le cancer du poumon (CBP) est aujourd’hui la première cause de décès par cancer en France. Même si le tabac est de loin le premier facteur de risque de ce cancer, 10 à 20 % des CBP auraient une origine professionnelle. Une sous déclaration du CBP en maladie professionnelle est actuellement observée en France, ce qui entraîne un défaut de réparation des patients au titre de la maladie professionnelle indemnisable (MPI). La plupart des CBP reconnues en maladie professionnelle, sont associés à une exposition professionnelle à l’amiante, alors que, 10 autres agents cancérigènes du poumon sont identifiés dans les tableaux de maladies professionnelles du régime général. L’objectif de cette étude, est de faciliter chez des patients présentant un CBP, le repérage des expositions professionnelles antérieures potentielles à des agents cancérigènes du poumon (ACP) inscrits dans les tableaux de MPI, en créant et en validant un auto-questionnaire, simple et rapide d’utilisation.

Un auto-questionnaire court (30 questions), reprenant les situations d’expositions aux ACP inscrits dans les tableaux de MP, a été élaboré par des médecins oncologues, pneumologues et des médecins du travail. Une phase pré-test d’évaluation de la compréhension et de l’acceptabilité de l’auto-questionnaire a été réalisée auprès de 10 patients présentant un CBP. Pour la phase test, 70 patients salariés ou anciens salariés, hospitalisés pour un CBP primitif au CHU de Saint-Étienne ou à l’institut de cancérologie Lucien Neuwirth ont été inclus. Chacun de ces patients complétait l’auto-questionnaire. Un médecin du travail interrogeait ensuite le patient en utilisant comme guide d’entretien directif, le questionnaire de repérage des CBP d’origine professionnelle validé par la société de pneumologie de langue française (SPLF) et la société française de médecine du travail (SFMT). La sensibilité et la spécificité de l’auto-questionnaire ont été évaluées en comparant les réponses aux items de l’auto-questionnaire avec celles du questionnaire de la SPLF et de la SFMT, considéré comme « gold standard ». La fiabilité a été évaluée par l’analyse de concordance des items entre les deux questionnaires à l’aide du coefficient kappa.

Le temps moyen de remplissage de l’auto-questionnaire est de 3,1 minutes (versus 8,12 minutes pour le questionnaire gold standard). La concordance entre les réponses aux deux questionnaires est de 85,7 % avec un coefficient kappa de 0,695 [0,52–0,87]. La sensibilité de l’auto-questionnaire est de 0,85 et la spécificité de 0,875. Une exposition potentielle professionnelle à un ACP (amiante, arsenic, dérivés du chrome, hydrocarbures aromatiques polycycliques, cobalt) a été identifiée chez 54 % (n=38) des patients inclus. Suite à la prise en compte des caractéristiques de l’exposition aux ACP, une démarche de reconnaissance du CBP en MPI a été conseillée à 29 de ces patients.

Cet outil devrait contribuer à favoriser les demandes de reconnaissance du CBP en MPI et ainsi réduire la sous déclaration de cette pathologie en MPI notamment pour les ACP autres que l’amiante. Les modalités de passation de cet auto-questionnaire intégré au parcours de soin du patient, font l’objet d’une étude qualitative en cours de réalisation.