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Grippe sévère, un terrain favorable pour les infections aspergillaires ? - 16/09/17

Doi : 10.1016/j.mycmed.2017.04.030 
Cécile Angebault 1, 2, 8, , Christine Bonnal 1, Christophe Rodriguez 3, Raphael Lepeule 4, Frédéric Schlemmer 5, Jean-Winoc Decousser 6, Françoise Foulet 1, 2, Nicolas De Prost 7, Françoise Botterel 1, 2
1 Unité de parasitologie-mycologie, département de bactériologie, virologie, hygiène, mycologie, parasitologie, UT2I, DHU VIC, hôpital Henri-Mondor, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France 
2 EA 7380 DYNAMYC, université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC), École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), faculté de médecine de Créteil, 8, rue du Général-Sarrail, 94010 Créteil, France 
3 Unité de virologie, département de bactériologie, virologie, hygiène, mycologie, parasitologie, UT2I, DHU VIC, hôpital Henri-Mondor, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France 
4 Unité transversale du traitement des infections, département de bactériologie, virologie, hygiène, mycologie, parasitologie, UT2I, DHU VIC, hôpital Henri-Mondor, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France 
5 Unité de pneumologie, service de réanimation médicale, hôpital Henri-Mondor, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France 
6 Unité de bactériologie-hygiène, département de bactériologie, virologie, hygiène, mycologie, parasitologie, DHU VIC, hôpital Henri-Mondor, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France 
7 Service de réanimation médicale, hôpital Henri-Mondor, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Contexte

Les infections aspergillaires regroupent un ensemble de tableaux cliniques souvent en lien avec la perte de l’intégrité de l’épithélium des voies aériennes et le statut immunitaire des patients. La survenue d’aspergilloses secondaires (souvent invasives) après un tableau de grippe sévère a été rapportée de façon occasionnelle, notamment durant la pandémie grippale de 2009. Dans ce travail rétrospectif monocentrique, nous nous sommes intéressés à la fréquence de survenue et aux conséquences d’une co-colonisation ou co-infection aspergillaire chez des patients hospitalisés pour la prise en charge d’une grippe pendant 5 périodes hivernales (2011–2016).

Matériel et méthodes

Tous les patients hospitalisés au CHU Henri-Mondor (Créteil, France), entre 2011 et 2016 et ayant fait une infection à virus influenza A/B ont été recensés. La grippe a été documentée par PCR (Influenza A/B r-gene®, Biomérieux) à partir d’un écouvillon nasopharyngé ou d’un lavage broncho-alvéolaire (LBA). Les patients ayant un prélèvement respiratoire positif à Aspergillus sp. et/ou un antigène galactomannane positif (GM, Platelia Aspergillus, Biorad) dans le sang ou le LBA, de façon concomitante (entre j7 et j+15) au diagnostic de grippe, ont été inclus. Pour chaque patient, un ensemble de données clinico-biologiques a été recueilli et le statut vis-à-vis de l’aspergillose établi selon les critères EORTC/MSG [1].

Résultats

Quatre cent soixante-quinze épisodes de grippe ont été recensés (359 grippes A, 98 grippes B et 18 grippes mixtes A+B) sur les 5 périodes hivernales. Parmi ces patients, 26 (5,5 %) avaient des critères mycologiques orientant vers une possible colonisation ou infection aspergillaire avec :

– une culture (n=10) ou un marqueur antigénique unique (n=1) ;

– une association culture(s) et marqueur(s) antigénique(s) (n=9) ;

– des marqueurs antigéniques multiples (n=6).

Les cultures positives étaient essentiellement à Aspergillus fumigatus (17/19). L’âge moyen des 26 patients était de 59 ans [26–83 ans] et le sex-ratio de 1,6. Une immunodépression était présente chez 73 % des patients, dont les 3/4 étaient des transplantés d’organes solides ou des patients traités pour une hémopathie. Sur les 26 patients, 20 (92 %) ont fait un épisode de grippe sévère (19 séjours en réanimation et un épisode de SDRA sans réanimation) et 14 ont présenté une co-infection pulmonaire bactérienne (n=10), virale (n=2) ou mixte (n=2). Au total, 46 % (12/26) des patients présentant un critère mycologique positif avaient une infection aspergillaire probable (10 API, 1 sinusite aspergillaire, 1 aspergillome) et tous ont reçu un traitement par voriconazole. Un quart d’entre eux (3/12) sont décédés dans les 30 jours. Chez 10/12 de ces patients, au moins 2 critères mycologiques étaient positifs, contrairement aux patients colonisés (p=0,02).

Conclusion

La présence de critères mycologiques orientant vers une aspergillose chez un patient hospitalisé pour la prise en charge d’une grippe n’est pas un évènement rare (5,5 %) et, dans près de la moitié des cas, elle est le témoin d’une réelle infection aspergillaire au pronostic souvent sévère. Une étude multicentrique permettrait de donner quelques recommandations quant à la prise en charge des patients ayant des prélèvements positifs concomitants à Aspergillus et à Virus Influenza.

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Vol 27 - N° 3

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  • Apport du séquençage nouvelle génération au typage MLST de Pneumocysits jirovecii, dans le cadre d’une épidémie chez des patients transplantés d’organe solide
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