S'abonner

Anémie hémolytique auto-immune au cours du lupus érythémateux systémique - 15/11/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2016.10.012 
M. Francois 1, , A. Hot 2, J. Ninet 2, G. Salles 3, M. Michel 4, C. Broussolle 5, M. Ruivard 6, E. Descloux 7, A. Deroux 8, M.E. Langlois 2, I. Durieu 1, J.C. Lega 9
1 Médecine interne, centre hospitalier Lyon Sud, Pierre-Bénite 
2 Médecine interne, hôpital Édouard-Herriot, Lyon 
3 Département d’hématologie, CHU Lyon Sud, hospices civils de Lyon, Lyon 
4 Médecine interne, CHU Henri-Mondor, Créteil 
5 Médecine interne, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon 
6 Médecine interne, CHU Estaing, Clermont-Ferrand 
7 Médecine interne, CHU Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Calédonie 
8 Médecine interne, CHU Grenoble, boulevard de la Chantourne, La Tronche, France 
9 Médecine interne et vasculaire, chemin Grand-Revoyet, 69310 Pierre-Bénite 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Si l’anémie est fréquente au cours du lupus érythémateux systémique (LES), l’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) ne concerne que 10 % des patients. Cette étude vise à décrire les caractéristiques de l’AHAI au cours du lupus, la réponse aux traitements et la fréquence des rechutes, en les comparant aux AHAI idiopathiques.

Patients et méthodes

Dans cette étude rétrospective multicentrique, nous avons inclus les patients adultes (≥16 ans) porteurs d’un LES (≥4 critères SLICC) ayant présenté pendant la période 1999–2015 au moins un épisode d’anémie (hémoglobine (Hb)<120g/L chez l’homme ou 110g/L chez la femme) hémolytique (haptoglobine basse ou élévation conjointe de la bilirubine libre et des LDH) auto-immune (test direct à l’antiglobuline positif). La réponse hématologique était définie comme réponse complète (RC) si : Hb120g/L (homme) ou 110g/L (femme) sans stigmate d’hémolyse ; réponse partielle (RP) si : 100Hb<120g/L chez l’homme ou : 100Hb<110g/L chez la femme ou si Hb120g/L chez l’homme et 110g/L chez la femme avec signes d’hémolyse persistante ; échec dans les autres cas. Nous avons pris pour témoins les patients adultes chez lesquels a été porté, pendant la période 1999–2015, le diagnostic d’AHAI idiopathique. Le caractère idiopathique était défini par l’absence de néoplasie (hématologique ou solide), d’infection virale, de cause médicamenteuse ou de maladie auto-immune associée.

Résultats

Nous avons inclus 64 patients : 38 dans le groupe LES et 26 dans le groupe idiopathique. Le groupe LES était plus jeune au diagnostic d’AHAI que le groupe témoin (âge médian : 37 ans contre 63 ans, p<0,001) et comptait plus de femmes (95 % contre 65 %, p<0,001). Dans le groupe LES, le lupus précédait l’AHAI dans 42 % des cas, était concomitant dans 34 %, et postérieur dans 24 % des cas. Un syndrome des antiphospholipides était associé au LES dans 29 % des cas. L’AHAI était symptomatique chez 87 % des patients lupiques, et chez tous les témoins. L’anémie était plus profonde (hémoglobine médiane au diagnostic : 64g/L, IQ : 57–70 vs 70g/L, IQ : 62–90 ; p<0,001) et plus régénérative (médiane des réticulocytes : 200G/L, IQ : 166–358 vs 110G/L, IQ : 40–199 ; p<0,001) dans le groupe témoin que dans le groupe LES. Le VGM était plus élevé chez les témoins (VGM médian : 104fL, IQ : 94–115) que dans le groupe LES (VGM médian : 91fL, IQ : 83–103 ; p<0,001). Une thrombopénie (<100G/L) était plus souvent concomitante de l’AHAI au diagnostic chez les patients lupiques (24 %) que chez les témoins (8 %, p=0,08) ; une leucopénie (<3G/L) était notée chez 19 % des patients LES et 5 % des témoins (p=0,13).

Tous les témoins et 95 % des patients LES ont reçu un traitement spécifique pour l’AHAI. La transfusion de concentrés globulaires était nécessaire chez 64 % des témoins et 42 % des patients LES (p=0,11). La corticothérapie systémique était utilisée en première ligne chez 96 % des témoins et chez tous les patients lupiques nécessitant un traitement spécifique. Les taux de RC étaient similaires entre les 2 groupes à un mois (groupe LES : 50 %, groupe idiopathique : 47 %, p=0,85), et à 3 mois (groupe LES : 71 %, groupe idiopathique : 85 %, p=0,31). Une corticorésistance (absence de réponse hématologique à 3 mois ou rechute précoce avant le 3e mois) était aussi fréquemment observée dans les 2 groupes, représentant 25 % des patients.

Parmi les 26 patients du groupe LES répondeurs à la corticothérapie à 3 mois, 10 ont rechuté (38 %), nécessitant un traitement de 2e ligne : rituximab (n=1), cyclophosphamide (n=2), azathioprine (n=3), mycophénolate mofétil (n=1), danatrol (n=1), splénectomie (n=2). Le taux de RC était à 71 % à 6 mois, avec une rechute ultérieure dans 60 % des cas. Parmi les 21 témoins répondeurs à la corticothérapie à 3 mois, 5 ont rechuté (24 %), nécessitant un traitement de 2e ligne : azathioprine (n=2), rituximab (n=1), immunoglobulines polyvalentes (n=1), splénectomie (n=1). Le taux de RC à 6 mois était à 75 %. Le taux de RC aux dernières nouvelles était de 80 % chez les patients lupiques, et de 88 % chez les témoins (p=0,39). La médiane de survie sans rechute n’était pas significativement différente entre les deux groupes (p=0,75).

Conclusion

En comparaison à l’AHAI idiopathique, l’AHAI au cours du lupus est moins profonde et moins régénérative avec une réponse identique à la corticothérapie, mais des rechutes plus fréquentes. Le traitement de seconde ligne des AHAI lupiques reste à ce jour non consensuel.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2016  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 37 - N° S2

P. A64 - décembre 2016 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Anémie hémolytique auto-immune à anticorps chauds chez l’adulte : une série monocentrique de 146 patients consécutifs
  • M.E. Langlois, Q. Reynaud, G. Salles, A. Hot, P. Sève, A. Duclos, I. Durieu, J.C. Lega
| Article suivant Article suivant
  • Anémie hémolytique auto-immune chez le sujet âgé de plus de 75 ans : étude rétrospective. Résultats préliminaires
  • A.A. Zulfiqar, T. Chaara, L. Estibaliz, G. Moulis, J.F. Viallard, M. Michel, J.L. Pennaforte, E. Andres, B. Godeau

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.