Étiologies des péricardites en médecine interne et bilan diagnostique: une étude rétrospective de 52 patients - 23/11/17
Résumé |
Introduction |
Les péricardites peuvent révéler des maladies systémiques, des maladies infectieuses et des cancers qui sont fréquemment rencontrées en médecine interne. Un bilan étiologique large est souvent pratiqué; malgré tout, la plupart des péricardites restent idiopathiques [1 ]. Les objectifs de cette étude étaient de décrire les étiologies des péricardites rencontrées en médecine interne et de définir les principaux facteurs cliniques et paracliniques associés à la découverte d’une étiologie spécifique de péricardite.
Matériels et méthodes |
Nous avons réalisé une étude monocentrique rétrospective dans le service de médecine interne du CHU Gabriel-Montpied de Clermont-Ferrand de janvier 2010 à décembre 2016. Les patients répondant aux critères de péricardite aiguë étaient inclus. Les paramètres cardiologiques, les données du bilan diagnostique et le diagnostic final étaient recueillis.
Résultats |
Cinquante-deux patients étaient inclus dont 67,3 % de femmes; la moyenne d’âge était de 51,3 ans. Quatorze patients (26,9 %) présentaient un épisode unique de péricardite idiopathique, 6 patients (11,5 %) une péricardite idiopathique récurrente et 32 patients (61,6 %) une péricardite secondaire. Les étiologies principales retrouvées étaient les connectivites (n=12 dont 9 lupus), les vascularites (n=4, 2 granulomatoses éosinophiliques avec polyangéite, 1 artérite à cellule géante et 1 pseudopolyarthrite rhizomélique), les infections non virales (n=5), les cancers (n=3, 1 cancer pulmonaire, 1 cancer du sein, 1 mésothéliome péricardique); 1 patient présentait une possible péricardite tuberculeuse. L’absence d’épanchement péricardique tendait à être associée aux péricardites idiopathiques (p=0,055). Les éléments associés aux péricardites secondaires de façon significative ou en limite de significativité étaient: un élément d’orientation à l’examen clinique (retrouvé chez 71,9 % des patients ayant une péricardite secondaire, p=0,002), une anomalie des gammaglobulines (p=0,038), une anomalie de la formule sanguine (p=0,062), un élément d’orientation au scanner (p=0,053), un âge élevé (p=0,062). Tous les patients ayant une péricardite secondaire présentaient, au moins, un des éléments suivants: péricardite chronique, échec du traitement initial, orientation à l’examen clinique, anomalie de la formule sanguine, anomalie des gammaglobulines, orientation au scanner. Pour l’ensemble de la population, 389 sérologies infectieuses étaient réalisées, mais aucune n’a permis d’établir un diagnostic. La recherche d’anticorps antinucléaires était réalisée chez 41 patients pour 9 diagnostics de lupus (dont 8 présentaient d’autres signes cliniques et 1 une hypergammaglobulinémie polyclonale). Un scanner thoracique était réalisé chez 40 patients; chez 44,4 % des patients ayant une péricardite secondaire, il apportait des éléments d’orientation.
Discussion |
Une péricardite idiopathique constitue actuellement une entité clinique à part entière, ainsi, devant une péricardite, un bilan diagnostique limité est recommandé [1 ]. Les facteurs associés aux péricardites secondaires, et, à risque de complication sont: le sexe féminin, une évolution subaiguë, une fièvre, l’échec au traitement initial, un épanchement abondant et une tamponnade [3 , 2 ]. Dans notre étude, les patients présentant une péricardite récurrente idiopathique se présentaient fréquemment avec un épanchement abondant et un échec au traitement initial; ces facteurs n’étaient donc pas associés aux péricardites secondaires, mais, traduisaient bien un risque de complication. Les paramètres associés aux péricardites secondaires dans notre étude (élément d’orientation à l’examen clinique ou au scanner, anomalie de la formule sanguine, anomalie des gammaglobulines) sont assez logiques. Les péricardites idiopathiques étant forcément le plus souvent dépourvues d’anomalies cliniques ou paracliniques. L’intérêt de mettre en avant ces éléments était de les réunir dans un bilan initial permettant d’orienter le diagnostic.
Conclusion |
Les péricardites prises en charge en médecine interne sont surtout secondaires et les étiologies sont nombreuses avec une forte prévalence des maladies auto-immunes. Les péricardites secondaires s’accompagnent le plus souvent d’anomalies cliniques et paracliniques qui orientent le diagnostic. Un bilan limité devant une péricardite est donc justifié, ce qui est en accord avec les dernières recommandations et les principales publications.
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Vol 38 - N° S2
P. A93-A94 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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