L’immolation par le feu est dans certains pays tels que l’Iran ou la Tunisie une pratique couramment employée afin de mettre fin à ses jours. Des études ont été réalisées sur ce sujet dans de nombreux pays développés et en voie de développement, permettant de faire ressortir des sujets à risque selon les pays. Cependant nous n’avons pas à ce jour de données récentes sur la population d’immolés par le feu en France. Nous avons réalisé une étude épidémiologique rétrospective sur les immolations entre 2011 et 2016 au centre de traitement des brûlés de l’hôpital Saint-Louis à Paris, en nous appuyant sur les facteurs favorisants retrouvés dans la littérature. Nous avons étudié la prévalence, et les caractéristiques des patients entrant en hospitalisation pour ce motif. Entre 2011 et 2016, 1098 patients ont été hospitalisés dans notre service. Cinquante patients ont été admis pour cause d’immolation, soit 5 % de la population hospitalisée. L’âge moyen à l’entrée était de quarante-six ans, majoritairement des hommes (62 %). La surface cutanée totale brûlée moyenne était de 34,5 %, et la durée moyenne de séjour de cinquante-trois jours. Neuf décès sont survenus dans cette population (18 %), chez des patients des deux sexes, brûlés à 62,5 % en moyenne et d’un âge similaire à celui de notre cohorte. Il s’agissait d’un passage à l’acte suicidaire pour quarante-neuf patients, avec seulement un cas d’immolation criminelle. Des antécédents psychiatriques ont été retrouvés chez trente-cinq patients (70 %). Vingt et un d’entre eux avaient déjà tenté de se suicider précédemment (42 %). Neuf patients étaient alcooliques chroniques et quatre toxicomanes. Les motifs fréquents de passage à l’acte étaient une rupture sentimentale, un décès ou des problèmes financiers. Les produits utilisés étaient le white spirit, l’alcool à brûler et l’essence. La prévalence des immolations dans notre étude est très faible par rapport à celle retrouvée dans les pays en voie de développement. La majorité de notre cohorte est composée de patients ayant des antécédents de troubles de l’humeur. Les antécédents de tentative de suicide sont également un facteur de risque majeur de passage à l’acte suicidaire par immolation. Des mesures de prévention devraient être mises en place pour prévenir ce risque.

The prevalence of immolation by fire in France is uncertain. We carried out a retrospective epidemiological study on immolations between 2011 and 2016 at the burn treatment centre at the hôpital Saint-Louis in Paris. We studied the prevalence and characteristics of patients entering hospital for this reason. Between 2011 and 2016, a total of 1098 patients were hospitalized in the centre, of which 50 were admitted for immolation, i.e. five percent of the hospitalized population. The average age at entry was 46 years, and they were mostly men (62%). All but one was a suicide attempt. The average total burn area was 34.5%, and the average length of stay in the centre was 53 days. The products used for the immolation were mostly white spirit, alcohol or gasoline. Nine (18%) out of the 50 patients died, burned at 62.5% on average. A psychiatric history was reported in 35 patients and 21 had previously attempted suicide; nine patients were chronic alcoholics and four were drug addicts. The most frequently reported reasons for the suicide attempt were sentimental breakdown, death of a relative or financial problem. The prevalence of immolation in our study is very low compared to that found in developing countries. The majority of our cohort is composed of patients with a history of psychiatric disorders. The history of attempted suicide is also a major risk factor for committing suicidal acts by immolation. Prevention measures should be implemented to reduce this risk.