Une podocytopathie acquise mimant celle de la maladie de Fabry - 17/09/18
Résumé |
Introduction |
La maladie de Fabry (MF) est une maladie héréditaire liée à l’X due au déficit en une enzyme lysosomale, l’alpha-galactosidase A, responsable d’une accumulation lysosomale de globotriaosylcéramide (Gb3) dans l’organisme résultant en une affection systémique. L’atteinte rénale histologique est caractérisée par la présence de vacuoles intracytoplasmiques dans les podocytes en microscopie optique et par des inclusions multi-lamellaires denses aux électrons en microscopie électronique (ME). Ces lésions histologiques ne sont cependant pas spécifiques de la MF.
Observation |
Une patiente de 36 ans d’origine sénégalaise, suivie pour un lupus systémique est adressée pour une protéinurie glomérulaire isolée. L’histoire lupique est marquée par des poussées cutanéo-articulaires itératives depuis 2008 et une poussée rénale en 2010 sous la forme d’une glomérulonéphrite lupique de classe V traitée par rituximab et hydroxychloroquine (dose cumulée 1400g). En 2017, apparition d’une protéinurie glomérulaire à 0,5g/j sans hématurie ni insuffisance rénale dans un contexte de poussée cutanéo-articulaire lupique. L’examen clinique était sans particularité. Le bilan immunologique montrait une sérologie lupique positive et une activation de la voie classique du complément. La biopsie rénale révélait une glomérulonéphrite extramembraneuse et la présence de vacuolisations intracytoplasmiques podocytaires. En ME, des inclusions intracytoplasmiques podocytaires en bulbe d’oignon formant des « corps myéliniques » étaient observées (Fig. 1). Il n’y avait pas d’argument clinique ou biologique (activité enzymatique de l’alpha-galactosidase normale) pour une MF. L’étude génétique est en cours.
Discussion |
L’atteinte néphropathologique de la MF est typique mais n’est pas spécifique. Des lésions identiques peuvent apparaître au cours de certains traitements, notamment l’hydroxychloroquine et l’amiodarone. Nous rapportons ici un cas de podocytopathie rénale induite par l’hydroxychloroquine. Il s’agit d’une complication rare de l’hydroxychloroquine, dose-dépendante et généralement réversible à l’arrêt du traitement. Les mécanismes physiopathologiques impliquent une accumulation intralysosomale d’hydroxychloroquine qui entraînerait une inhibition des enzymes lysosomales par modification du pH lysosomal et donc une accumulation intralysosomale de glycosphingolipides comme dans la MF. L’hydroxychloroquine est également un puissant inhibiteur de l’autophagie, processus cellulaire particulièrement important pour le fonctionnement podocytaire.
Conclusion |
Mise en évidence d’une toxicité rénale glomérulaire du plaquenil, peu décrite jusque là, mimant les lésions anatomopathologiques de la MF.
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Vol 14 - N° 5
P. 355-356 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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