Risque de thromboses chez les patients traités par thalidomide pour un lupus érythémateux cutané - 15/01/19
EMSED : Étude des maladies systémiques en dermatologie
Résumé |
Introduction |
Le thalidomide a montré d’excellents résultats dans le traitement des atteintes cutanées sévères des lupus érythémateux cutanés (LEC). Cependant, son utilisation est limitée par le risque d’effets secondaires sévères, comme les neuropathies périphériques et les événements thromboemboliques. La prévalence, ainsi que les facteurs cliniques et biologiques associés au risque d’évènements thromboemboliques demeurent mal connus. L’objectif de l’étude était de mieux estimer le risque de thromboses et de définir les facteurs de risque associés à la survenue de thromboses chez les patients traités par thalidomide pour un LEC.
Patients et méthodes |
Nous avons réalisé une étude rétrospective multicentrique incluant les patients traités par thalidomide pour un LEC ayant des données disponibles concernant la survenue de thromboses entre 1992 et mai 2017. Le risque de thrombose a été estimé pour 100 patients-année. La survenue de thrombose a été évaluée par des courbes de survie de Kaplan-Meier. Un test du Log-Rank et le modèle à risques proportionnels de Cox ont été réalisés pour étudier les facteurs de risque de thrombose.
Résultats |
Un total de 139 patients traités par thalidomide pour un LEC de 5 centres ont été inclus (Annexe A). Huit thromboses étaient observées. Le risque global de thrombose était de 2,74 pour 100 patients-année, le risque de thromboses artérielles de 1,72 et de thromboses veineuses de 1,03 pour 100 patients-année. En analyse multivariée, un antécédent de thrombose artérielle était associé à un risque plus élevé de thromboses (HR : 9,33, IC 95 % : 1,28–48,44) (p=0,0002), ainsi qu’une hypercholestérolémie (HR : 5,29 ; IC 95 % : 1,20–23,03 ; p=0,011). À l’inverse, le risque était plus faible avec une dose initiale de 50mg/j comparé à 100mg/jour (p=0,0012) et pour les patients recevant de l’hydroxychloroquine (HCQ) en association avec le thalidomide (p=0,0032) (Annexe A). Le rôle protecteur d’une thromboprophylaxie par anti-aggrégant plaquettaire faible dose n’a pas été mis en évidence. De même. Il n’y avait pas d’association entre le risque de thromboses et le statut anti-phospholipide.
Discussion |
Dans cette étude, de façon intéressante, le statut aPL n’était pas associé à la survenue de thrombose. Une dose initiale de 50mg/j et la poursuite de l’HCQ qui a des propriétés anti-thrombotiques pourrait permettre de réduire ce risque. La prescription systématique d’un anti-aggrégant plaquettaire ne peut être recommandée sur les résultats de cette étude mais doit être évaluée en fonction des facteurs de risque cardiovasculaire et du statut aPL.
Conclusion |
Il existe un risque substantiel de thromboses chez les patients traités par thalidomide pour un LEC. La poursuite de l’HCQ lors de l’introduction du thalidomide et une dose initiale de 50mg/j pourrait réduire ce risque de thrombose. Une attention particulière doit-être portée aux patients avec des facteurs de risque cardiovasculaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Antiphospholipide, Hydroxychloroquine, Lupus érythémateux cutané, Thalidomide, Thrombose
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.127. |
Vol 145 - N° 12S
P. S118 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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