Impact de la précarité sur l’efficience hospitalière et la balance financière des établissements en pédiatrie - 19/04/19
Résumé |
Introduction |
De nombreuses études chez l’adulte ont montré que la précarité était associée à une durée de séjour augmentée et un surcoût pour les établissements de santé. Dans un système de santé où les tarifs hospitaliers sont fixés autour d’une durée moyenne de séjour (DMS) nationale, les patients précaires pourraient donc être source d’inefficience pour les établissements de santé, en particulier en pédiatrie où les médecins pourraient être plus réticents à faire sortir leurs jeunes patients. De même, les établissements accueillant une large population précaire pourraient voir leur balance financière impactée. Notre objectif était d’étudier l’impact de la précarité sur l’efficience hospitalière ainsi que sur la balance financière des établissements en pédiatrie.
Méthodes |
Une étude a été réalisée à partir du PMSI-MCO 2012-2014. Tous les séjours réalisés en France métropolitaine par des enfants de plus de 28jours (pour exclure la période néonatale) et de moins de 18 ans dans des établissements possédant au moins un service de pédiatrie ont été inclus dans l’analyse, à l’exclusion des séances. La précarité a été évaluée à travers un indicateur écologique de défavorisation sociale, le FDep, évalué au code de résidence du patient et réparti en quintiles. Les indicateurs d’efficience étaient le ratio entre la durée de séjour des patients et la DMS nationale de la racine de leur groupe homogène de malade (pour tenir compte de leur pathologie), le ratio entre la durée de séjour des patients et la DMS nationale de leur GHM (pour tenir compte de leur pathologie et du niveau de sévérité), et le ratio entre dépenses et recettes dans chaque quintile de précarité. Des modèles de régression multiniveaux ont étudié l’association entre le quintile de précarité du patient et les différents indicateurs, après ajustement sur les autres caractéristiques du patient et celles de l’hôpital. Enfin, les dépenses et recettes des séjours ont été agrégées par hôpital afin d’étudier l’impact du case-mix sur la balance financière des établissements.
Résultats |
Au total, 4 124 510 séjours ont été inclus dans l’analyse ; 37,9 % des patients étaient dans les deux quintiles les plus défavorisés. La durée de séjour des plus précaires était allongée de 10 % par rapport aux patients les moins précaires. Cette différence diminuait mais restait présente quand on ajustait sur la pathologie et sur la pathologie et la sévérité. Les patients les plus précaires avaient également des coûts de production plus élevés que les patients les moins précaires pour des recettes similaires. Les modèles de régression multiniveau ont confirmé cette association significative. Au niveau de l’hôpital, les séjours de pédiatrie étaient à l’origine d’un déficit moyen annuel de 289 138€. Il était plus important dans les hôpitaux accueillant entre 25 et 50 % de patients dans les deux quintiles les plus défavorisés.
Conclusion |
Nos résultats montrent que la précarité a un impact sur le bilan financier des séjours pédiatriques. Une réforme de la tarification hospitalière pour mieux prendre en compte la précarité des patients dans le financement des hôpitaux (par une éventuelle pondération des tarifs GHS) doit être envisagée.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Précarité, Pédiatrie, Bases de données médico-administratives, Efficience hospitalière, Impact budgétaire
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Vol 67 - N° S3
P. S128 - mai 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.