Utilisation en réanimation des alternatives aux carbapénèmes pour le traitement des bactériémies à entérobactéries productrices de beta-lactamase à spectre étendu - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
En 2010, l’EUCAST a changé les recommendations pour l’interprétation de l’antibiogramme des entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu (E-BLSE), autorisant la prescription d’une céphalosporine de 3e génération ou de l’association d’une bétalactamine et d’un inhibiteur de bétalactamase comme alternatives aux carbapénèmes (AC). L’objectif de cette étude est d’évaluer la fréquence et les facteurs associés à la prescription en réanimation d’une AC pour le traitement des bactériémies à E-BLSE.
Matériels et méthodes |
Étude rétrospective des patients traités pour une bactériémie à E-BLSE entre 2011 et 2017 au sein de 5 services de réanimation. Une analyse descriptive et comparative des patients traités par une AC ou par carbapénème a été réalisée.
Résultats |
Au total 148 patients ont été inclus. Ils étaient majoritairement des hommes (73 %) avec un âge médian de 64 ans. Au diagnostic de la bactériémie, le score SOFA médian était de 6, le score de Pitt médian de 3, et 85 patients (57 %) présentaient un état de choc. Les isolats d’E-BLSE étaient sensibles à au moins une AC dans 51 % des cas. Un traitement empirique était débuté chez 144 patients, avec une AC chez 53 patients (37 %). Une bithérapie avec un aminoside était prescrite chez 74 patients (51 %). La proportion de traitement initial approprié était de 87 % (100 % avec un traitement par un carbapénème vs 75 % avec une alternative, p<0,001). Les facteurs associés à la prescription empirique d’une alternative étaient une durée d’hospitalisation plus courte avant la bactériémie (14±17 vs 31±30jours, p<0,001), l’acquisition communautaire de l’infection (19 % vs 5 %, p=0,025), une porte d’entrée urinaire (53 % vs 33 %, p=0,03).
Après l’obtention des résultats de l’antibiogramme, un traitement documenté était prescrit chez 140 patients, par une AC chez 43 patients (31 %). Dix patients traités initialement par un carbapénème ont reçu un traitement définitif par une AC. Les facteurs associés à la prescription d’une AC après documentation étaient une infection par une E-BLSE sensible à au moins une alternative (84 % vs 41 %, p<0,001) et un traitement probabiliste par une AC maintenu (79 % vs 18 %, p<0,001). Le taux de mortalité en réanimation était de 34 % au total, 39 % avec un traitement probabiliste par un carbapénème et 30 % par une AC (p=0,2).
Conclusion |
Le traitement par une alternative aux carbapénèmes en probabiliste puis de manière orientée en réanimation représente un tiers des patients. Il ne semble pas que cette stratégie entraîne un taux de mortalité plus élevé. Ce travail souligne que les réanimateurs sont sensibles à la politique d’épargne des carbapénèmes. La publication récente de l’étude MERINO aura probablement un impact sur leur pratique.
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Vol 49 - N° 4S
P. S62 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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