La néphrectomie unilatérale a rarement été décrite responsable d’une insuffisance surrénalienne (IS) chez les patients ne présentant pas d’IS en préopératoire, considérant que la glande surrénale controlatérale est suffisante pour compenser l’activité de la glande reséquée. Nous rapportons à ce propos une nouvelle observation.

Patiente âgée de 69 ans, hypertendue a été hospitalisée pour exploration de plusieurs épisodes d’hypoglycémie récente. La patiente avait eu une néphrectomie droite, deux mois auparavant pour calcul rénal coralliforme obstructif. L’examen était sans particularités. À la biologie, il y avait une glycémie à 2,5mmol/L concomitante à une cortisolémie à 86nmol/L équivalent à un test à l’hypoglycémie insulinique. La réponse à l’hypoglycémie était inadaptée permettant de retenir le diagnostic d’IS. Il n’y avait pas d’hyponatrémie ni hyperkaliémie. Les dosages de la TSH, FT4, FSH, LH et prolactine étaient normaux. L’ACTH était à la limite supérieure de la normale. Il n’y avait pas de signes d’orientation vers une tuberculose, une pathologie auto-immune ou infiltrative. L’uroscanner préopératoire ne montrait pas d’anomalies des surrénales. La patiente a été substituée par hydrocortisone avec une bonne évolution clinique.

La néphrectomie est rarement responsable d’une IS. Cependant, plusieurs auteurs ont rapporté une élévation de l’ACTH chez les patients ayant eu une néphrectomie unilatérale malgré la normalité de la cortisolémie suggérant que la suppression d’une partie des réserves adréno-corticales peut causer une IS qui serait corrigée par une hypertrophie compensatrice de la glande restante. Cette glande serait stimulée par l’ACTH stimulée à son tour par la baisse brutale de la cortisolémie. Le système de rétrocontrôle positif par l’axe hypothalamo-hypophysaire de cette patiente n’a pas encore été efficace comme en témoigne le taux d’ACTH à la limite supérieure de la normale et la réponse inadaptée de la cortisolémie à l’hypoglycémie.